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23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 11:27

             « Rien n’est moins douteux que le sensible, rien de plus douteux que la pensée ».  L’inconnu – infini, car on ne peut évidement en définir des limites - vous envahit dans l’un de ses innombrables aspects, vous êtes le récepteur, vous, pas un autre ou d’autres peu importe, quand vous le recevez, cette réception peut être forte ou faible, d’un niveau qui répond à la fois au récepteur et à l’émetteur, à leur concordance à cet instant-là.

 

            Mais, vous êtes un être humain, un être pensant et, de suite, la pensée prend le relais, s’interroge, doute car il lui faut aller dans l’autre sens (il ne s’agit pas de spatial évidemment), pour savoir d’où vient la sensation, comment elle a pu parvenir jusqu’à vous, et là c’est le questionnement, le doute...jusqu’à ce que vous ne doutiez plus, que vous arriviez à vous « faire une raison », vous y croyez au point de ne plus la soumettre au doute.

 

            Vous êtes alors repassé du stade « pensée » au stade croire, savoir, qui se confond avec vous-même comme les perceptions sensibles. C’est de l’acquis d’où vous partirez ensuite pour penser sur d’autres sujets sans jamais plus le remettre en cause. Ne peut-on pas considérer qu’il s’agit là de votre présent à vous, qui déborde largement du présent coincé entre un passé et un futur que l’on considère habituellement ,vous et tout ce qui vous habite à ce moment. Vais-je dans votre sens ? 

 

             Les questionnements créent les notions de futur, et de passé, les réponses, même quand elles existent,  ne sont  pas dans le présent, elles sont ailleurs, on les attend. Pour celui qui ne penserait pas, qui ne douterait pas, qui ne s’interrogerait pas, il n’y aurait ni passé ni futur, il ne vivrait que dans son présent. Un observateur lui attribuerait les trois temps, mais ce serait les temps de l’observateur, pas le temps propre de l’observé.

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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 14:23

            Définir ce que n’est pas l’humanité au lieu de définir ce qu’elle est, qualifier l’inhumain au lieu de l’humain, peut-être en effet est-ce préférable, car définir est toujours réduire. Mais peut-être qu’alors aussi il ne faille pas rechercher celui qui partage le plus de choses avec nous, mais bien celui avec lequel le moins de choses nous séparent, pour diminuer le risque que parmi elles, il en est de fondamentales. Certes définir ce qu’on n’est pas, ce qu’on n’a pas n’est pas dans nos habitudes, et peut-être structurellement impossible. Je veux parler de la structure même de notre cerveau. De la partie logicielle en tout cas, car pour ce qui est de la partie sensibilité (pour utiliser votre distinction que je trouve très intéressante, notamment à mettre les croyances côté logiciel),  c’est sans doute du tout inconnu que l’on parte avant de se ramener sur le connu. A développer, cette distinction-là, il y a de quoi en tirer, des idées.              


            On avait  coutume de classer en rationnel et en irrationnel les raisonnements et les actions humaines. Pour ce qui est des croyances, on les plaçait plutôt dans l’irrationnel, constatant qu’aucun raisonnement rationnel ne pouvait faire changer d’avis un convaincu, lequel ne pouvait convaincre autrui de la rationalité de sa croyance. On admettait que science et religions par exemple constituaient deux domaines différents, le rationnel dans le réel et l’irrationnel dans le virtuel. Un modus vivendi qui permettaient aux deux parties de vivre en paix en s’ignorant. Mais, avec le développement de l’informatique, de l’intelligence artificielle, on ne voit plus très bien comment maintenir une telle distinction.

 

            Peut-on seulement distinguer ce qui est réel de ce qui est virtuel ? Alors pourquoi pas, « Être sensible, c’est se comporter en être vivant. Croire, c’est se comporter en logiciel ». En être vivant, irrationnel puisque ne répondant pas obligatoirement à des critères universels ou reconnus comme tels, et se retrouvant souvent dans l’incertitude, le doute, et croire, partant de là réagissant comme un logiciel, les données une fois entrées entraînant un certain résultat, un résultat certain, logique, rationnel.

 

            Sachant que nous ne sommes plus dans le statique, l’état, on est rationnel ou on ne l’est pas, on n’a pas de croyances ou  on en a, mais dans le dynamique, la construction, le déroulement de la pensée humaine dans la logique ou dans le sensible.

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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 13:47

            Puisqu’on en est au sens, « l’humanité est justement ce qui produit du sens en ce monde », je profite de l’occasion qui m’est offerte pour relater le thème d’une conférence à laquelle j’assistais ces jours derniers. Il s’agissait de « l’objectivité des médias et la véracité de l’information (qui) nourrissent des débats récurrents. Ces questions sont-elles vraiment les bonnes questions ? Objectivité de l’information ou pluralisme véritable des médias ? Presse d’information ou presse d’opinion ? L’enjeu de l’information : refléter « fidèlement » le monde ou nous aider à lui donner du sens » (UPL) ?  C’est évidemment ici la toute dernière phrase qui importe.   

 

            « L’humanité est justement ce qui produit du sens en ce monde, sans l’homme le monde est seulement nécessaire », je ne sais, je pense que cette idée est création humaine justifiant son existence et sa la supériorité de l’espèce sur les autres espèces animales, mais ce serait un tout autre débat, admettons-le, mais qui donne alors un sens à ce monde ? Pas un consensus unanime de tous les hommes, chacun pouvant avoir un avis différent. Mais alors qui donne un sens (unique ?) à ce qui se produit dans le monde ?

 

            Un fait arrive, les médias sont là pour nous en informer, mais n’est-ce que de l’information à partir de laquelle chacun d’entre nous donnera un sens, celui qui lui convient et fonction sans doute du sens qu’il donne à son existence, s’agissant pour lui d’intégrer un fait nouveau plus ou moins correctement ? Les journalistes sont des hommes et impriment déjà un sens, le leur, aux informations qu’ils nous diffusent ?

 

            Et comme nous sommes submergés d’informations les plus diverses, et déjà dotées de sens par ceux qui nous les communiquent, pensez-vous que l’homme commun, l’individu, donne son propre sens aux faits ? Où n’est-il que fidèle (ou rebelle, ce qui finalement revient au même) au sens donné par d’autres ? Et le sens que donne l’humanité au monde en serait alors réduit qu’à n’être qu’une expression médiatique. Aider les lecteurs ou les auditeurs à donner un sens n’est-ce pas déjà la plupart du temps imposer le leur ?

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20 juin 2010 7 20 /06 /juin /2010 14:26

            « Telles la vaillance d’Ulysse, la colère d’Achille, la détresse d’Andromaque. S’y reconnaître, c’est éduquer l’humanité en soi ».

 

            Certes, pour nous qui sommes d’une civilisation particulière, nous sommes heureux, nous nous sentons privilégiés d’être les produits de cette civilisation gréco-romaine, qui alors rayonnait sur le monde, mais seulement le monde connu de nous. Les autres civilisations, dont certaines n’ont rien à nous envier, n’ont pas d’Ulysse, d’Achille ou d’Andromaque, nous n’avons pas (nous n’avons plus serait plus juste tant fut grande la volonté de domination occidentale) à leur imposer notre Antiquité.

 

            Elles ont la leur, pas moins importante à leurs yeux que la nôtre ne l’est pour nous. De quoi éviter les oppositions, parfois délirantes, et au contraire apprécier nos différences, les rechercher, tenter de les comprendre et pas seulement leur manifester une certaine tolérance plus ou moins bienveillante. 

 

            « Il n’est pas si naturel de reconnaître un semblable quand son visage, ses croyances, ses mœurs diffèrent largement des nôtres. Ce sont les différences qui sautent aux yeux, et souvent les blessent, suscitant haine ou méfiance. Rien n’est mieux caché que notre commune humanité, qui ne consiste justement en aucun trait observable ».

 

            La cause, les grandes différences, l’effet, la méfiance. Mais pourquoi pas l’inverse : la cause, la méfiance à l’égard de ce qui n’est pas soi, l’effet, la recherche, la mise en exergue de différences a priori secondaires qui deviennent alors essentielles, afin de se sentir davantage soi, tandis que les autres ne sont que des inconnus et l’inconnu fait peur... La cause, l’effet ? Peut-être pas, mais une étroite corrélation. Une fois dans un sens, une fois dans l’autre.

 

            Pas seulement relatif à l’individu lui-même, jugé constant dans ses réactions, mais à son ressenti au moment du contact. Deux êtres se rencontrent. Ils sont ce qu’ils sont à cet instant-là. A priori, le contact peut être indifférent, bon ou mauvais. Vont-ils rechercher ce qu’il y a d’humanité dans l’autre, passant outre les différences apparentes,  ou, partant du fait de leur humanité commune, rechercher ce qui les différencie, soit pour s’opposer, soit pour s’enrichir de leur diversité  ? 

 

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19 juin 2010 6 19 /06 /juin /2010 15:56

            La surprise, à supposer qu’elle soit heureuse, n’est par définition pas préméditée, on ne l’attend pas, même si on s’est mis dans les conditions telles qu’elle puisse nous arriver, qu’on est resté ouvert à ce qui pouvait nous atteindre, sans être blindé dans une insensibilité à toute surprise précisément. La surprise, à supposer qu’elle ne soit pas heureuse, n’est pas attendue non plus, mais pour un optimiste est plus ou moins bien acceptée, et alors réduite au moindre désagrément possible, tandis que pour un pessimiste, elle prend des proportions considérables.

 

            Optimiste et pessimiste pouvant être tous deux des êtres humains « normaux », ayant des trois temps, passé, présent, futur, la même notion. Mais l’optimiste aura tendance à estimer que les bonnes choses sont faites pour durer, et les mauvaises de s’atténuer avec le temps, le temps universel, le pessimiste pensera le contraire. Et le premier sera probablement heureux et le second certainement malheureux.

 

            Le premier heureux parce que son temps propre consacré à ce qui lui convient s’étire et que celui consacré à ce qui lui est désagréable se réduit. Le second malheureux parce que c’est l’inverse. Et cette notion de temps propre peut ne pas être constante, c’est ainsi. Qui fait que l’optimiste peut devenir pessimiste, hélas, et le pessimiste optimiste...par bonheur.

 

            La vie n’a rien de statique, de figé en fonction du temps qu passe. Elle ondule en permanence autour d’une certaine moyenne (c’est la définition d’une moyenne), pas par paliers comme les marches d’un escalier, ainsi que le pensent sans doute beaucoup et que la société tend à faire croire. Avec une marche qu’il nous faudrait atteindre, et une fois cet objectif atteint, trembler d’en descendre tout en vivant dans la transe de ne jamais  parvenir à  accéder à la suivante. C’est alors être malheureux.

 

            Alors que dans un chemin pourtant montant, ces sensations malheureuses perdent de leur intensité dans la continuité. Voyez ces bacheliers à l’épreuve de philosophie, avant et après. Le bonheur n’est pas du côté de ceux qui réussissent, mais de ceux qui intègrent cette épreuve, leur succès comme leur échec, dans la continuité de leur existence.    

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18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 15:11

            Qu’est ce que la philosophie ? Pourquoi faudrait-il la définir ? Parce que notre esprit ne peut échapper à ce besoin, cet impératif de la définition ? Mais définir, n’est-ce pas limiter, imposer des barrières, envisager un dedans et un dehors et passer ensuite son temps à modifier la ligne de séparation entre ce qui en serait et ce qui n’en serait pas ? Et à s’interroger sur le dehors, pourquoi ne serait-ce pas encore philosopher ?

            On peut, certes, toujours définir une philosophie, même plusieurs, s’y résoudre quand c’est absolument nécessaire, quand on ne pense plus pouvoir faire autrement, par exemple pour l’Education nationale définir la philosophie comme celle qui est au programme et à ses prolongements, et en dénier l’appellation à tout ce qui n’en est pas.

            C’est alors inscrire la philosophie dans le temps, la rendre mortelle si on la veut vivante, puisque la vie inclut la mort, mais philosopher n’est-ce pas  échapper à la fuite du  temps ? Lui accorder une échappée vers l’éternité, hors du temps qui passe. Peu importe que celui qui a dit ou écrit ceci ou cela l’ait fait récemment, il y a quelques siècles ou quelques millénaires, peu importe même celui à qui on l’attribue si la pensée ainsi émise est éternelle.

                  L'homme ordinaire essaie de démêler le vrai du faux, de corriger ses erreurs de point de vue ». Est-ce si sûr que l’homme ordinaire recherche le vrai et refusant l’erreur, change de point de vue ? Peut-être pour ce qui le concerne directement, personnellement, et encore.  Quand il connaît l’échec, il cogite, en recherche une cause, modifie donc éventuellement son point de vue.

             Mais quand cela ne le concerne pas directement, et même alors parfois, il en rend responsable autrui, la malchance, tout sauf lui-même et ses erreurs ou ses errements, ce qui l’ancre dans le sentiment que son point de vue n’est pas mauvais, pire, qu’il rend service à la société en dénonçant le comportement supposé négatif des autres.

            « Les savants à qui on doit les découvertes ont eu à s’affranchir de la vérité établie de leur époque, à lutter contre les autorités en place ». On ne peut que se montrer en accord avec ce point de vue qui est pourtant loin d’être universellement partagé. Il manque en effet à la plupart d’entre nous cette « cette interrogation des présupposés de notre ‘savoir’ » qui permettrait d’avancer valablement.

            Nous sommes tous victimes de cette paresse de l’esprit qui  nous fait prendre pour argent comptant de la monnaie de singe. Dans un domaine ou dans un autre. Même à nous contrôler, à vraiment méditer, aussi loin que nous remontons, nous partons de prémisses qui ne sont vraies que parce que nous les prenons comme telles. Mais à le faire, nous ne rendons pas service qu’à nous-mêmes, mais à l’espèce toute entière, en toute modestie évidemment.   

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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 21:49

            La philosophie, apprise en une année en tant que lycéen...est-ce la philosophie ? Je ne permettrais pas de répondre à cette question... Toujours est-il qu’on peut philosopher sans être passé par là, alors qu’il semble impossible de faire des maths ou de la physique sans en y avoir appris auparavant au moins les rudiments. Il me semble, mais c’est un avis tout à fait personnel, que l’on est parfaitement conscient de faire des maths lorsqu’on s’y adonne, que c’est déjà moins évident pour la physique, que ça peut ne pas être le cas en philosophie.

 

            Les maths et la physique, des sciences exactes, c’est ce que l’on affirmait haut et fort avant, mais aujourd’hui où en sont-elles, ces sciences exactes ? Les maths certes, découlent logiquement de « prémisses vérifiables », mais s’appliquent-elles pour autant à toutes les circonstances ? Pas fausses par et pour elles-mêmes, mais, aboutissant à des résultats qui peuvent être discutables. Pensez à la géométrie euclidienne qu’il a bien fallu accompagner d’autres géométries. Quant à la physique, le dernier siècle a montré que les prémisses les mieux établies pouvaient être remis en  cause.

 

            Pour la philosophie, si « sa réflexion se base sur de prémisses difficilement vérifiables » sans se refuser d’être avant tout une science, nécessitant une démarche rigoureuse et logique, faudrait-il la qualifier de science inexacte, puisqu’à n’être pas certain des prémisses, on ne peut faire crédit au résultat ?   

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16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 20:02

            La réaction (virtuelle) à un message extérieur serait instantanée, mais la durée de sa mise en forme différente d’un individu à l’autre. Ce qui fait que, lors de la mise en forme de la pensée d’un individu donné, celle d’un autre peut être plus rapide et influencer alors la mise en forme du premier. S’il n’y avait pas ce déroulement, la pensée initiale ne pourrait varier, la décision une fois formulée ne pourrait varier, et nous serions tous des intégristes, incapables de changer d’avis en prenant connaissance des raisons d’autrui. Il en résulte aussi que le premier qui s’exprime sur  un sujet donné entraîne les autres dans son sillage, qui approuvent ou repoussent mais ne peuvent rester indifférents aux arguments avancés.  

 

            Et si la prise en compte d’un message extérieur est instantanée, cela explique aussi les « pensées vagabondes », que l’on est certain d’avoir perçues mais dans l’instantanéité, avec impossibilité d’en retenir le contenu et donc de pouvoir les formuler. Pensées auxquelles nous attachons d’autant plus d’importance que nous n’avons pu les retenir, n’étant pas en résonance suffisante avec elles.   

 

            C’est sans doute mon expression de « pensées vagabondes » qui, même mise entre guillemets, a dû influencer la suite. J’y reviens donc. « Pour s’exprimer, la formulation doit faire appel à autre chose que le pré-sentiment  ». C’est, me semble-t-il, prendre le point de vue de l’individu émetteur, comme origine, géniteur de la pensée qui va ou non ensuite se formuler. J’entendais par « pensées vagabondes » ces pensées qui flottent dans l’air (sans y voir un aspect spatial ou temporel) qui sont captées par l’individu récepteur, un certain individu qui se trouve alors (on revient dans l’espace-temps) en état de résonance donc récepteur.

 

            Récepteur sans pouvoir « accrocher » ou suffisamment « accrocheur » pour faire suite à cette réception par une formulation toute intérieure dans un premier temps. Se la formuler à lui-même en quelque sorte. En utilisant son propre langage. Et d’autres individus peuvent capter la même « pensée vagabonde » et l’exprimer dans leur langage propre. N’importe où et n’importe quand, comme une transmission de pensée classique, mais qui, elle, se fait généralement en même temps et dans le même lieu, comme si elle se transmettait matériellement d’un organisme à l’autre.

 

            Ces « pensées vagabondes » (le terme est peut-être mal choisi) n’appartiennent à personne, à aucun être vivant, c’est le fait d’être en position de les formuler le premier qui suggère une paternité. Ce qui appartient en propre, c’est la formulation et les développements qui lui sont donnés. Einstein et quelques autres n’ont pas créé la relativité du temps, ils avaient les dispositions pour en assurer le développement. De la formuler en eux-mêmes (l’essentiel) et de la transmettre à d’autres (accessoirement).  

 

            On peut à la fois s’intéresser à la formation de la pensée et à la durée de cette formation, sans pour autant ne pas considérer que « l’important est dans son rapport à la pensée, dans le degré d’adhésion, d’identification à la pensée. Dans le degré d’investissement de la pensée ».

 

            « La chose capitale, selon moi, c’est la liberté, la non - dépendance ».Ce que personnellement j’ai du mal à intégrer, c’est comment on passe de l’accord avec une certaine pensée, qui répond à nos aspirations, qui entre dans le cadre de ce que nous admettons, voire défendons, à la soumission à celui qui l’exprime et qui n’est qu’un semblable, un être humain comme vous et moi. 

 

            Qu’on l’apprécie, oui, mais qu’on en devienne dépendant, que parce que c’est lui qui le dit ou l’écrit, qu’on en vienne à considérer que tout ce qu’il dit ou écrit ne peut qu’être le mieux, alors là je ne suis plus. La pensée avant d’être formulée n’appartient à personne, une fois mise en forme à celui qui la ainsi formée, et une fois publiée, non plus à son auteur, mais en co-propriété à ceux à qui il l’a transmise, comme un passage de relais.

 

            S’il peut en rester le propriétaire exclusif, qu’il évite de la publier. Encore que, personnellement, je crois qu’une pensée une fois formulée ne peut plus rester secrète. N’entre-t-elle pas à son tour dans les « pensées vagabondes » qu’un jour ou l’autre, d’autres capteront, peut-être en croyant alors qu’ils sont géniteurs ?

 

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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 15:36

            Avec la conception du temps qui est la nôtre, nous sommes tenus à considérer trois phases : le passé, le présent, le futur. Trois phases qui ne sont pas universellement les mêmes, contrairement à ce que nous estimons sans réfléchir à cette situation. En fait, chacun, disons chaque être pensant, sans limiter la pensée à la seule espèce humaine évidemment, répartit (parfois très) différemment ces trois phases.             

 

            Pour l’un, le présent sera l’instant Maintenant, le passé ce qu’il est en train d’oublier («  le passé est mort ») et le futur l’inconnu sur lequel il n’est pas nécessaire de rêver (« après, on verra bien... »). Pour l’autre, le présent est immense : ce n’est pas seulement ce qu’il est ou fait maintenant, mais tout ce qu’il a fait et qu’il projette de faire ou de vivre.

 

            C’est son présent à lui, il vit littéralement dedans, quand il vous parle de Napoléon ou des dinosaures, c’est dans son présent, et quand il aborde ce qui n’est pas encore, le pied sur Mars par exemple, il s’y voit déjà ! Absurde, évidemment pour le premier, comme pour beaucoup d’autres, mais pas pour lui. Il concédera sans doute que son présent est à la fois du réel et du virtuel, et alors ? On n’en est plus à opposer le réel et le virtuel comme contradictoires, mais plutôt comme complémentaires.

 

            Ce que l’on apprend au cours du temps, n’est-ce pas rogner à la fois le passé qui était inconnu et le futur qui l’était tout autant ? Ce que l’on désapprend au cours du temps, l’oubli, n’est-ce pas le passé ou le futur qui viennent rogner le présent ? Un présent donc, mais évolutif et personnel, différent d’un être pensant à un autre. « Or, volonté et instant présent sont incompatibles », oui, bien sûr, l’instant présent, l’instantané, mais pas le présent vécu et ressenti comme tel ?   

 

            « Constatons que si nous ne pensons pas au passé ou au futur, à une action passée et terminée ou future, si c’est absent de notre esprit, cette action peut rester ignorée », elle est ignorée parce qu’elle n’est pas dans notre présent vécu ou ressenti, elle a peut-être été dans ce qu’on appelle le passé, mais comme elle n’est pas dans notre esprit, elle n’a pas d’existence, elle sera peut-être dans ce qu’on appelle le futur, mais dans un cas comme dans l’autre, lorsqu’on y pensera elle sera dans notre présent, non pas d’ailleurs telle que les autres l’ont vu ou le verront dans leur propre présent.

                                                                                                                       ----

            « La volonté, l’intention, la décision implique du temps » On peut le constater en effet, le constater oui, mais en est-on certain ? Peut-être que la volonté, l’intention, la décision  sont prises instantanément, et que le temps qui s’écoule n’en est que la mise en forme, une mise en forme parfois longue et pénible ? On ne revient toujours à la conception humaine (et probablement de toute vie réfléchie) du temps. Mais on décide peut-être d’emblée, et ensuite il faut interpréter, se justifier, faire travailler ses neurones dans la durée  lors d’une formalisation qui demande du temps...

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 16:36

            « Est-ce éthiquement (et déontologiquement) défendable » de se moquer de copies de la part d’enseignants en philosophie ? Je comprends votre réaction, mais ne faudrait-il pas la tempérer ? Chaque année, un bataillon de correcteurs s’attaque à une armée de copies de bac, quelques centaines je crois.  On ne peut certes leur reprocher d’en relever quelques citations d’élèves. Serait-ce éthiquement critiquable qu’ils profitent de leurs rencontres pour se les échanger dans la bonne humeur faisant suite à un travail assez contraignant ? Certainement pas.

 

            Devraient-ils conserver pour eux, en petit comité, les citations relevées, en faire un bréviaire de ce qu’ils considéreraient comme témoin de leur indiscutable supériorité sur les élèves, d’une différence d’intelligence ? Je ne crois pas. Pourquoi, à une époque où tout finit toujours par se savoir, ne pas au contraire opérer dans la transparence et les livrer (anonymement s’entend) à la lecture de tous ? Et d’autant plus, que, derrière ces perles d’apparence, se cache souvent, au second degré, des réflexions qui n’ont rien de ridicule, ni  d’absurde.

 

            De quoi dégoûter celui qui s’y reconnaît à faire de la philosophie ? S’il réagit ainsi, c’est que vraiment la philosophie ne l’intéresse pas. Sinon, en quoi l’autodérision des « philosophes «  entre eux ne serait-elle pas bénéfique à la philosophie elle-même ? Et pour en revenir  aux perles, on en trouve bien ailleurs que dans les copies de philo du bac, n’est-ce pas ? Voyez chez nos hommes (et femmes) politiques tout ce qu’ils peuvent parfois sortir !   

 

            J’apprécie le terme « déformations professionnelles », car il donne la priorité à l’individu lui-même sur la fonction qu’il exerce, ce n’est pas parce que l’on est affilié à telle ou telle profession, fut-ce celle d’enseignant, que l’on n’est pas, que l’on ne devrait pas être avant tout soi-même.

 

            Ce n’est que dans le cadre de l’observation des autres que l’on cherche à les classer ainsi, professionnellement notamment, par souci de simplification. Les fonctionnaires sont comme ceci, les militaires comme cela, e t c... Mais on retrouve, et c’est heureux, et sans doute davantage dans l’espèce humaine que dans les autres espèces animales, toute la variété des tempéraments, des comportements, à l’intérieur d’une même classe.

 

            Sans négliger évidemment l’importance du milieu professionnel, mais qui n’est qu’un élément parmi d’autres, secondaire chez certains mais aussi primordial chez d’autres, les « pauvres », qui ne sont plus eux-mêmes mais des membres inconditionnels d’une certaine organisation, victimes au plus haut degré de « déformations professionnelles ». .

 

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