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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 09:11

            Il n’y a pas si longtemps, on montrait ou on ne montrait pas, on publiait une photo ou on s’en gardait, c’était un choix conscient dont on assumait la responsabilité. L’informatique permet aujourd’hui de jouer tout à loisir pour trouver le cadrage et le zoom les plus évocateurs, ceux qui montrent sans montrer, de tricher en respectant par exemple des valeurs de moralité ou de bienséance tout en laissant le soin au lecteur, au voyeur puisqu’il s’agit de vision, non seulement d’imaginer, ce qui est un droit élémentaire, mais de voir ce qu’il a envie de remarquer. 

            Quand, encore, vous ne disposez que d’un tirage, vous êtes revenu au cas précédant, celui de la photo classique (rappelons-nous les montages qui n’échappaient pas à un œil exercé), mais pour peu que vous disposiez de l’image informatique elle-même, libre à vous d’en tirer n’importe quoi. Vous pouvez aujourd’hui quasiment tout faire des prises de vues, alors qu’il n’y a pas si longtemps elles constituaient des preuves irréfutables, de flagrant délit par exemple. Quelle époque ?

            Quelle époque terrifiante pour certains qui manquent quelque peu d’esprit critique puisqu’ils ne peuvent plus se fier à rien et surtout pas aux images qu’on leur présente à flot continu, alors que notre culture insistait sur la forte probabilité de vérité de l’écrit, et davantage encore de l’image « fixée à jamais sur la pellicule ».

            Quelle époque merveilleuse pour d’autres, ceux  qui produisent ces écrits certes mais aussi ceux qui ressentent le sentiment de leur liberté à les interpréter à leur manière. Car ce qui n’a pas changé, c’est ce passage de relais entre celui qui émet et celui qui reçoit, avec à chacun sa propre valeur de consigne, les écrits et les images, une fois publiés, n’appartenant plus à leurs auteurs mais devenant la propriété de ceux qui  les lisent ou les visionnent. 

            A se demander d’ailleurs dans quelle mesure un écrit engage la responsabilité de son auteur et pas plutôt celle du lecteur. De quoi remettre au goût du jour la phrase, alors empreinte d’ironie, « Les opinions exprimées ici n’engagent que la responsabilité  de ceux qui les écoutent », sous réserve quand même de donner au verbe écouter le sens fort de « se complaire, tenir compte des paroles de… »  et non  simplement celui de « prêter l’oreille ».  

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 07:52

 C’est celle d’une grenouille qui, cuite à feu doux, s’accommode parfaitement de ce traitement pourtant destructeur. 

 

            Cuire à feu doux est une recommandation que l’on trouve souvent dans les recettes de cuisine, comme quoi il ne suffit pas dispenser des calories, mais de le faire pendant un certain temps, comme inversement on ne fera jamais bouillir de l’eau à feu trop doux même en y mettant le temps ou cuire un œuf en le tenant dans une main à 37°. Tout est dans le respect d’un certain équilibre. De même, en voiture, à vitesse constante, rien ne se ressent, ce n’est qu’en accélérant qu’on ressent quelque chose, et à partir d’une certaine accélération, encore faut-il que cette accélération soit perceptible, supérieure à une valeur minimale qui varie suivant les circonstances, la route, le véhicule, les individus concernés…Il n’existe pas de valeurs théoriques universelles…comme on peut trouver des êtres vivants plus ou moins réactifs à des variations de leur environnement, ces réactions n’étant elles-mêmes variables chez les individus  eux-mêmes. On ne tire des lois générales que statistiquement, et plus la loi est générale, moins elle risque se s’appliquer à  un individu donné. 

 

            « Les propositions mathématiques sont reçues comme vraies parce que personne n’a intérêt qu’elles soient fausses », écrivait Elysée Reclus, ce qui d’ailleurs permet une bonne définition de la vérité : ce que personne n’a intérêt à ce que ce soit faux. Une vérité toute relative, moins sécuritaire apparemment qu’une vérité qualifiée de révélée, mais qui permet, en d’autres circonstances, de permettre l’adaptation à l’intérêt de la majorité du moment et du lieu considérés.  La physique relativiste  n’a pas mis à bas celle de Newton, comme celle de Copernic celle d’Aristote, la plus récente fait de celle qui précède un cas particulier puisqu’elle se prétend toujours plus générale que l’autre.  

 

            Pour en revenir à la cuisson à feu doux, elle ne semble agir que sur la durée pour obtenir le résultat désiré, mais tout le déroulement de l’opération s’en trouve bouleversé, car à l’action correctement dosée ne s’oppose aucune réaction. Ce n’est pas une opération qui se fait simplement à cadence plus lente que si le feu était plus fort, mais une opération différente, régulière alors que l’autre se fait par à-coups. Elle présente les caractères de la réversibilité, c’est-à-dire que l’on pourrait opérer dans l’autre sens, passer le film à l’envers sans qu’apparaissent des absurdités théoriques. Comme certaines scènes de film que l’on peut passer en marche arrière pendant plusieurs secondes ou d’autres avec inversion de sens alternés où l’on ne retrouve pas le bon. On comprend le manque de réaction des victimes de telles manœuvres. Tout cela se fait « à l’insu de leur plein gré », suivant la formule employée dans une certaine affaire de dopage…Il n’a pas toujours une goutte qui fasse déborder  le vase à temps.  

 

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 10:42

            « Si les astres étaient immobiles, le temps et l’espace n’existeraient plus » (M.Maeterlynck)

 

            Les astres, pour nous terriens, ce ne sont pas les étoiles de notre Voie Lactée ni les milliards de galaxies qui constituent l’univers, mais tout simplement le soleil et la lune. Imaginons donc, ce n’est pas facile mais pas une raison pour ne pas le tenter, que la lune occupe un coin du ciel tandis que le soleil en occupe un autre, qu’une lumière nous illumine en permanence ... que pourrait seulement signifier ce mot de permanence ? Est permanent, ce qui dure sans intermittence, ni changement, mais cela ne peut se constater que par  rapport à d’autres choses qui changent.

 

            Lorsque nous constatons un changement, c’est dans le temps, à un moment donné l’objet de notre attention se présentait d’une certaine façon, l’instant d’après, il se présentait autrement, il avait donc changé à nos yeux. Il pouvait d’ailleurs très bien ne pas avoir changé à d’autres yeux que les nôtres. Ou le changement peut se faire dans l’espace : placés à deux endroits différents, nous n’avons pas la même vue du même paysage. Pour qu’il y ait perception d’un changement, il faut qu’il y ait variation dans le temps et/ou dans l’espace.

 

            Et pour que tous aient la même sensation, les référents doivent être les mêmes. Pour tout être vivant sur cette terre, ce sera le soleil et la lune. Sauf pour quelques espèces, et peut-être pour certains d’entre nous,  comme ceux qui ont perdu ce repère provisoirement, comme les spéléologues par exemple ou ceux qui ne vivent qu’à la lumière artificielle. Mais avec une simple montre à leur poignet leur permet de rétablir la sensation naturelle de l’alternance du jour et de la nuit. Au-delà du cercle polaire, l’alternance vécue n’est pas de six mois de jour et de six mois de nuit. 

 

            Mais sans alternance du jour et de la nuit, sans mouvement de la terre autour du soleil, la vie aurait-elle pu exister ? N’est-ce pas ce mouvement des astres qui a permis le passage de la matière inerte à la vie ? La vie est le mouvement, aurait-elle pu éclore sur une terre immobile, sans mouvement autour du soleil ? La vie peut-être, mais la vie consciente, celle qui est basée sur la perception du changement ? Mais, objecterez-vous, les animaux vivent comme nous vivons et pourtant ils n’ont pas conscience de leur existence, ils vivent dans l’espace et le temps, mais ne le savent pas.

 

            Ne pourrions-nous pas dire que la notion  du temps qui passe n’est pas liée aux mouvements des astres, mais à notre propre conscience humaine ?  Que  notre cerveau  devenu apte, par sa complexité, à saisir les trois temps, passé, présent et futur, aurait fait de même si les astres étaient immobiles ? C’est admettre alors que l’écoulement du temps est une pure création de l’esprit. De l’esprit humain certes, mais avant lui, dans l’arbre de l’évolution, de beaucoup d’autres espèces, Car comment pourrait-on raisonnablement refuser à l’animal, au moins à partir d’un certain degré de complexité, d’agir en ayant connaissance, ou comme s’il avait cette connaissance, en vivant dans la durée ?

 

            Au lieu de raisonner dans des relations de causalité, le développement du cerveau a entraîné le prise de conscience d’exister et ensuite, pour ceux qui avaient atteint ce stade de développement, la perception d’un temps qui s’écoule, restons dans la corrélation de ces aspects, en négligeant cette tentation d’établir des seuils infranchissables entre les niveaux de développements. Ne réduisons donc pas l’évolution à une marche par à-coups au cours du temps, comme on pourrait être tenté de le faire, pas toujours à bon escient, pour un objet donné (créé, neuf, en bon état, usagé, hors d’usage, supprimé…) en un état répondant à des normes établies par d’autres, c’est déjà bien aventureux de la faire pour un être vivant quelconque, ce l’est encore de plus en plus dans le sens de la complexité de l’être. Si encore, au cours du temps, les espèces les moins évolutives disparaissaient, mais ce n’est pas le cas, aussi disparates apparemment qu’elles soient, les espèces cohabitent sur la même planète. N’ont-elles pas toutes, certes à des degrés divers, la notion du temps qui passe ? Parce que c’est cela la vie.

 

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 09:21

         Cannelle, l’ourse abattue par un chasseur dans les Pyrénées, a fait la Une en son temps, non pas tant par elle-même, le chasseur a peut-être agi en état de légitime défense, cette attitude qui justifie tant d’assassinats, mais parce que son ourson n’avait que dix mois et qu’à cet âge il était trop jeune pour se débrouiller seul, qu’il n’avait pas encore suffisamment d’acquis… de quoi relancer la vieille querelle des instincts et de l’intelligence, l’homme est intelligent et à la limite est toujours capable d’innover pour se sortir de n’importe quelle situation, l’animal n’a que les instincts de son espèce et, livré à lui-même, ne peut s’en tirer que s’il s’agit d’une situation préalablement inscrite dans la mémoire de l’espèce.

            Une théorie qui a certainement été mise au point par quelqu’un qui n’avait jamais regardé un animal de près, ou plus probablement par un religieux qui, au fond de son ermitage, s’est demandé comment justifier les  premières lignes de la genèse qui semble établir une barrière infranchissable entre l’homme et l’animal. Seul l’homme a pu pécher, l’animal ne pouvant qu’être irresponsable de ses actes. L’homme donc peut réagir suivant ses acquis, l’animal n’obéit qu’aux instincts, innés, de son espèce. 

            Les hommes, à leur début si tant est qu’on puisse employer ce terme, devaient se sentir les êtres les plus faibles de la nature. C’est d’ailleurs peut-être ce constat qui est à l’origine de la pensée humaine. Avant eux, les animaux ne pensaient peut-être qu’à leur présent qu’ils traversaient avec l’expérience qu’ils tiraient de leur passé, avec eux la première réflexion originale a dû être, devant les dangers multiples, « Que va –t-il se passer maintenant ? », un maintenant qui augurait d’un avenir.

            Dans la chaîne alimentaire, des animaux en mangeaient d’autres en attendaient d’être mangés par d’autres encore, chacun faisait son propre trou en quelque sorte, dans le présent, avec les hommes et le recul qu’ils pouvaient prendre, la perception d’un futur ne pouvait qu’être angoissant. 

            Mais les animaux avaient déjà cette pensée sur l’avenir. Si le tout jeune faon est poussé par sa mère à se mettre debout sur des pattes démesurées et flageolantes, ce n’est pas par un simple instinct automatique, mais parce que la mère connaît les dangers, elle imagine ce qui se passera très vite si son rejeton ne tient pas sur ses pattes, les prédateurs rôdent. Comment imaginer alors la première pensée vraiment humaine ?  Ne faudrait-il pas mieux raisonnablement  renoncer à trouver un seuil perceptible  entre l’animal et l’homme, admettre une continuité, une perte progressive de certains réflexes étant compensée par l’acquisition et le développement d’autres capacités ? Toujours notre incapacité à imaginer que quelque chose puisse exister sans pouvoir en repérer le commencement, à admettre des corrélations plutôt que des relations de cause à effet, à repousser le déterminisme tant celui-ci est satisfaisant pour notre esprit. Toujours ces tentatives plus ou moins maladroites de trouver une fin à cette angoisse du lendemain !

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14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 10:12

Cheveux longs et tenues décadentes

 

            On peut sourire, en occident, nous qui nous croyons toujours à la pointe de toute civilisation, de déclarations prétendant que les cheveux longs consomment beaucoup d’éléments nutritifs et peuvent priver le cerveau d’une partie de son énergie. A contrario, nous avons eu la légende de Samson qui trouvait sa force dans son abondante chevelure, et perdait tout dans le coupe, mais, dans le même sens, que les femmes ont en général les cheveux longs, et que longtemps on leur a refusé l’existence même d’un cerveau, mais ce n’était pas uniquement pour ce motif.

 

            Il n’empêche qu’il n’y a pas si longtemps les cheveux longs étaient mal considérés, rappelons-nous la période hippie, qu’une tenue soignée n’a jamais nui à personne et qu’une tenue débraillée est souvent . Evidemment tout n’est pas lié à l’apparence, il y des gens bien qui peuvent ne pas se couper les cheveux régulièrement. Pensons à ces scientifiques du type astronomes.

 

            L’habit ne fait pas le moine, mais, au moins jusqu’à une époque récente, il y avait les moines qui portaient l’habit, et des faux moines qui le portaient aussi, des faux moines qui voulaient qu’on les prenne pour des moines. De toute manière, quatre possibilités : des moines en habit, des non moines en habit, des moines sans l’habit, des non moines sans l’habit, si on se limite à la question de l’habit des moines. Pas de relation de cause à effet absolue entre le port de l’habit et la qualité de moine, mais une corrélation certaine, une forte probabilité entre porter l’habit et être moine.

 

            La même corrélation se fait entre les cheveux longs (que l’on assimile très vite, même exceptionnellement à tort aux cheveux négligés et sales) des hommes et de proche en proche on en arrive à assimiler la tenue débraillée au caractère de celui qui l’arbore. L’habit ne fait pas le moine, mais y contribue. Depuis que les prêtres ne portent plus la soutane, que rien, ou presque, ne les différencie des autres hommes, la prêtrise ne se porte pas mieux, loin de là. 

 

            Evidemment, la tenue n’apparaît négligée qu’en fonction de l’époque et du lieu dans lequel on se trouve. Il y quelques décennies, il aurait été impensable de se présenter autrement qu’en  chemise blanche et cravate sobre sur  son lieu de travail pour peu qu’on était employé ou cadres, comme au collège ou au lycée d’ailleurs, et le contrevenant se faisait aussitôt remarquer, parfois réprimander. Ne sourions donc pas de la remarque coréenne selon laquelle « les gens qui portent des vêtements d'un style et mènent une vie qui ne sont pas les leurs vont devenir des idiots et provoquer la ruine de la nation ».

 

            Sans tomber pour autant dans l’excès contraire, car l’habit ne fait pas, automatiquement, le moine. Pensons à tous ces rites qui parfois sont pris pour des manifestations de qualités plus profondes et personnelles, et ne sont que coutumes désuètes sans guère de significations actuelles. Comme l’écrit, avec une jolie pointe d’humour, Louis Pauwels, se référant peut-être aux « grenouilles de bénitier » :

            « S’il suffisait de s’installer en position du lotus pour accéder à l’illumination, toutes les grenouilles seraient des bouddhas »

 

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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 15:53

            Etre utile, se rendre utile ou exercer une activité inutile, peut-on prendre pour critère l’utilité ? A quel niveau ? A jouer, ne nous rendons-nous pas utile en utilisant des jeux que d’autres ont inventés ou fabriqués, le tourisme aujourd’hui est devenu la première activité mondiale, mais n’est-ce point les touristes, pour se distraire, qui permettent le développement de cette industrie ? On peut jouer en ne consommant rien, mais notre détente n’est-elle pas productrice de bonheur ou de joie et est-ce inutile de diffuser le bonheur et le joie autour de nous ?

 

            Et même pour celui qui joue seul, en égoïste, sans rien  consommer, s’il ne le faisait pas sans doute en ennuierait-il d’autres, il peut donc paraître qu’il se distraie. Toute activité, quelle qu’elle soit peut être utile, nuisible ou indifférente suivant le point de vue que l’on adopte. Le caractère d’utilité est toujours relatif. Nous le ramenons toujours aux êtres humains que nous sommes, ce n’est qu’aune apparence, une activité semblant utile à un certain moment et en un certain lieu  peut se révéler nuisible ailleurs. On peut par exemple penser à se protéger en exposant davantage son voisin. A s’amuser en embarrassant notre environnement.

 

            Raisonnons au niveau individuel. On assimile souvent un travail à ce que l’on doit,  que l’on est obligé de faire (sans définir la plupart du temps le caractère impératif de cette obligation), c’est-à-dire que si nous avions le choix, nous occuperions notre énergie et notre temps à autre chose. Peut-on résumer en opposant le jeu (plutôt inutile) ou la création (un jeu plutôt utile) qui répond à ce que l’on désire faire, au travail qui répond au désir qu’à autrui (ou la nécessité) de nous voir faire, alors que nous préférerions faire autre chose ? Un peu simpliste ; en effet il y a des jeux, pourtant choisis, qui rapidement nous lassent, ou des travaux auxquels nous rechignons au départ et pour lesquels nous prenons ensuite plaisir ou tout au moins que nous exécutons ensuite sans le moindre déplaisir. 

 

            Mais définissons ce qu’est le travail : « effort, application pour faire une chose ; occupation rétribuée ; ouvrage qui est à faire ou que l’on fait actuellement » et le jeu. « Jouer, c’est s’amuser, se livrer à des divertissements intéressés ». Tout semble donc se polariser sur le sentiment que nous avons de l’activité que nous exerçons et non sur l’activité en elle-même. N’opposons pas travail et jeu mais plutôt activité imposée, qui devient corvée au sens actuel du terme, obligation pénible (mentalement plus que physiquement) et fastidieuse, et activité facilement acceptée ou délibérément recherchée.

 

            Cette distinction apparaît dés l’enfance. Une activité donnée est à réaliser, présentée ou perçue comme un travail imposé, elle devient une corvée, à laquelle on tente d’échapper et que de toute manière on exécute mal et à regret, présentée ou perçue comme un jeu, ou librement consentie, elle est s’exécute bien et facilement. L’effort est moins physique que mental, le même effort physique peut-être corvée ou plaisir.

 

            Derrière le travail, on sous-entend le plus souvent rétribution généralement financière, « toute peine mérite salaire », mais le bénévolat ne se différencie pas du travail rétribué dans ses résultats, le désintéressement financier n’entraîne pas une dévaluation du travail fourni, bien au contraire le plus souvent. Et on peut faire toute une carrière professionnelle sans (presque) jamais avoir considéré son travail comme une corvée.     

 

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 11:35

           Nous sommes en 2010 ! Un siècle et demi – cent cinquante ans, ce n’est pas rien quand même – après Darwin et la théorie de l’évolution qui mettait fin à la fixité des espèces, un chien est un chien et un homme un homme, et l’on retrouve encore ce seuil infranchissable entre l’animal et l’homme, avec, étrangement,  le «  retour au stade animal (qui) est garanti », par contre, pour l’être humain qui se laisse aller à toutes sortes de choses que la morale humaine réprouve...

 

            C’est un regard bien désarmant que celui-là qui consiste encore à se représenter l’animalité comme le pire des états, alors que « l’intolérance, la discourtoisie, le mensonge, le rapport de forces et le chacun pour soi » sont des caractéristiques bien humaines que des siècles, des millénaires de « civilisation » ont bien implantés en nos esprits. N’est-ce pas plutôt l’animal qui répond  à  une espèce de morale naturelle, plus simple que la nôtre...et moins sujette à des débordements ? 

 

            Jadis, à de rares exceptions près, on excusait les animaux, on leur trouvait des prétextes du type « pardonnez-leur car ils ne savent ce qu’ils font », et lorsque l’on appliquait la même formule à certains humains, cela voulait bien dire qu’on se considérait comme supérieur par rapport à ces...pauvres irresponsables. Que les êtres humains se considèrent comme des êtres semblables en dignité, non parce qu’ils ont des tas de points communs, mais au contraire parce qu’ils ont chacun leur personnalité propre, qu’ils ne sont pas interchangeables, on n’en est pas encore là.

 

            Il existe toujours, aux deux extrémités pourrait-on dire, des difficultés à s’entendre sur la dignité humaine universellement admise. Ou les êtres sont très éloignés, d’une culture différente et des deux côtés c’est l’incompréhension, chacun se refusant à remettre en question ses propres préjugés. Ou les êtres, apparemment semblables, vus comme tels de l’extérieur, avec une certaine objectivité, se chicanent sur des détails ...qui n’en sont pas pour eux.

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11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 08:36

            « Sauriez-vous dire quand, pour vous, le temps a cessé de couler paisiblement ? » Qu’est-ce à dire ? Que les mois d’automne s’écoulent plus vite que les autres mois, ceux du printemps et de l’été ? Que c’est l’approche de l’hiver (lequel est bien précoce cette année !), que les jours, en raccourcissant, passent trop vite, mais alors en s’allongeant dans quelques jours, ils devraient nous faire passer l’hiver dans des conditions de plus en plus agréables.  Tout cela, en fait, c’est surtout en nous que ça se passe, là, quelque part dans le dédale de nos neurones, ce n’est pas la peine d’aller voir dehors ce qu’il advient pour être ou ne pas être dans un temps qui s’écoule ou ne s’écoule pas paisiblement.

 

            Sauriez-vous dire quand, pour vous, le temps a cessé de couler paisiblement ? Mais peut-être que la question ne portait pas sur les semaines de fin d’année, sur un rythme saisonnier, mais sur la vie humaine en général, ce qui laisserait supposer que le temps a d’abord coulé paisiblement  avant de cesser de le faire. Il s’agit peut-être de comparer une époque, la notre, actuelle, avec une autre époque, dans le passé, et de déterminer à quel moment  la notion du temps a changé.

 

            C’est alors, semble t-il mettre l’accent sur le temps vécu dans la société en général, plus que celui ressenti individuellement. Si, aujourd’hui, beaucoup prétendent de « ne jamais avoir le temps », ce qui s’oppose au temps paisiblement vécu, et d’autant plus que c’est devenu un préjugé que de le dire, il en est pourtant qui vivent le temps paisiblement, qui n’ont jamais perdu ce caractère du temps, ou qui l’ont retrouvé.

 

            « Plonger vers le passé, aussi récent soit-il que le début de l’année qui s’achève, figurez-vous que ça donne aussi un coup de vieux ! ». Oui, dans le cas où l’on voit ce début d’année comme un autre temps, un temps révolu, un temps sur lequel on revient pour le comparer à celui qui est, on mesure alors ce qui a changé, on se met à comparer l’état d’avant à celui de maintenant, et alors ça peut donner un coup de vieux dans ce qui était et qui n’est plus, ou dans ce qui n’était pas et qui est.

 

             Mais à penser en continuité, tout au plus en lente évolution, le passé du début d’année et le présent de cette fin d’année ne font plus qu’un, du présent qui s’est étalé jusqu’à absorber ce passé-là. Et alors, ça ne donne pas un coup de vieux par un changement d’époque, j’étais, je suis le même. Pas du tout le même raisonnement de penser : j’étais un tel alors, j’en suis un autre maintenant, avec cette rupture entre passé et présent.

 

            C’est un choix, dans le film de la vie, sélectionner un cliché de temps à l’autre, ou ne pas les différencier de l’un à l’autre, prendre la projection dans son ensemble, une série de photos, sautant de l’une à l’autre, ou  une vidéo en toute continuité, où placerait-on alors le moment du vieillissement ? C’est comme celui que l’on voit tous les jours, on ne le voit pas vieillir, à le voir de temps en temps on peut s’en apercevoir.   

 

           Même chose vis-à-vis du  futur, à y penser comme étant un autre état, une autre époque, ce serait bien si l’on appréciait alors notre  jeunesse de maintenant, mais le plus souvent il ne s’agit qu’espérer avoir alors ce que l’on n’a pas maintenant, de se retrouver donc différent de ce que l’on est aujourd’hui, différencier les deux temps au lieu d’établir entre eux une certaine continuité, un passage de l’un à l’autre pratiquement insensible, d’intégrer le futur, une partie tout au moins, à notre présent. Et c’est ainsi que l’on peut toujours avoir le temps, sans pour autant le perdre évidemment.

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 14:11

            Parmi les électeurs, il y a ceux qui ne se posent jamais la question, ils iront voter, quoiqu’il arrive, peu importe l’enjeu, ils ne croient pas que c’est par citoyenneté, car croire c’est toujours un peu douter, et eux ne doutent pas, voter fait partie de leur vie, comme de s’alimenter le jour, dormir la nuit et tant d’autres choses encore.

 

            Parmi les électeurs, il y a ceux qui ne se posent jamais la question, ils n’iront pas voter, quoiqu’il arrive, peu importe l’enjeu, ils ne croient pas que c’est parce qu’ils sont de mauvais citoyens, car croire... Dans la vie qu’ils mènent, le vote n’existe pas.

 

            Parmi les électeurs, il y a les autres, de loin sans doute maintenant les plus nombreux, qui croient un jour que voter en vaut la peine, que ce n’est pas peut-être pas un devoir, mais au moins un droit, ou l’inverse, qui croient un autre jour que ça n’en vaut pas la peine, que ça ne changera rien à rien.

 

            C’est parmi ceux-là qu’un effort est à faire de la part des politiques, mais pour que l’action ait une chance d’être efficace, encore faudrait-il que, en campagne électorale notamment, et c’est quasiment tout le temps, l’effort des candidats soit dirigée beaucoup moins vers ce qui les distinguent donc les opposent, et beaucoup plus vers ce qu’ils ont en commun donc les rapprochent.

 

            Car c’est quand même aux électeurs, majeurs donc sensés être responsables, de choisir en conscience. L’essentiel est qu’ils votent, leur choix final ne vient qu’en deuxième position.      

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9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 08:02

            A la télévision, un film sorti en  1952, il y plus d’un demi-siècle, avec notamment Bourvil, Noël Roquevert et Brigitte Bardot. Un vieux film donc, vieux parce qu’ancien, mais qui ne date pas et conserve toute la fraîcheur qu’il devait avoir à sa sortie. Tant d’autres vieillissent, sont démodés en quelques années, notamment ceux  dont on fait un tapage médiatique important, qui sont considérés au moins comme le spectacle de l’année et apparaissent bien quelconques lorsqu’ils passent ensuite sur le petit écran.

 

            Il faut dire qu’aujourd’hui les films sont diffusés dans toutes les salles simultanément alors qu’auparavant les bobines passaient de salle en salle, des années durant, ce qui leur assurait une place dans la mémoire collective, alors que maintenant, après quelques semaines tout au plus, ils sont chassés par d’autres qu’on présente comme encore plus extraordinaires.

 

           Il faut préciser, pour le Trou normand, que l’action se déroule, notamment à l’école, en 1952 dans un environnement de 1952, c’est-à-dire sans chercher à retrouver plus ou moins artificiellement ce qui se passait cinquante ans auparavant ? Chacun des spectateurs seniors peut donc retrouver l’ambiance de l’époque comme s’il la revivait à un demi-siècle d’intervalle, se mettre à la place de l’acteur qui vivait lui-même cette époque.

 

           Les films tournés aujourd’hui, avec des acteurs de maintenant, dans une époque qui n’est pas la leur, peuvent avoir un grand succès, comme les Choristes, mais en auront-ils encore dans cinquante ans, souhaitons-le sans en être certains. Tandis qu’un film qui, cinquante ans après n’a pas vieilli inspire le respect. Tant d’autres, promis à de brillantes carrières, se sont faits oublier, comme par exemple les Fernandel qu’on nous sort de temps à autre, sans doute parce que leur mise à l’antenne ne doit pas coûter très cher et que les budgets se doivent d’être équilibrés.

 

            Mais, au lieu de ne penser qu’à nous, spectateurs souvent exigeants tant le choix est grand, songeons à ce que doivent ressentir ceux qui tournaient alors et qui aujourd’hui sont toujours parmi nous. Nous retrouvons de temps à autre notre propre passé, au moyen de quelques rares photos, mais pour des acteurs qui se retrouvent ainsi, cinquante après, quels sentiments peuvent-ils avoir de l’écoulement du temps ? Ne parlons pas de ceux qui par amour du métier, par nécessité financière ou parce qu’ils ne savent pas décrocher tournent toujours, sans trop envisager de retour en arrière, mais de ceux qui se revoient, des  décennies plus tard, avec une période révolue de leur existence.

 

           Assistent-ils à un dédoublement de leur personnalité, se voient-ils comme s’il s’agissait de quelqu’un  d’autre, presque une personne étrangère, ou parviennent-ils à assurer la continuité de leur moi profond ? Sans doute la réponse n’est-elle pas unique. Certains assument et d’autres pas, comme ces gens qui vous déclarent qu’ils étaient idiots ou naïfs, ou tout ce que vous voulez d’autre, quand ils étaient plus jeunes, laissant ainsi sous-entendre qu’ils ne se considèrent plus comme cela aujourd’hui, comme s’ils avaient subi une mue complète entre temps.

 

            Mais ceux qui assument, qui se considèrent comme étant toujours intérieurement eux-mêmes dans un environnement extérieur qui change, comment se retrouvent-ils à la rediffusion d’une partie intégrante de leur vie ? En acteurs ou en spectateurs ? 

 

           Mais est-ce une partie intégrante de la vie de la vie d’un artiste que d’avoir jouer un certain rôle à un certain moment ? Le cas doit être rare d’un acteur qui s’est tant assimilé à son personnage qu’il ait pu parvenir à le considérer comme faisant partie de lui-même. Il nous arrivé, à chacun d’entre nous, de jouer, de prendre la place d’un personnage qui n’était pas nous, aussi peut-on, avec recul, le dater, le repositionner hors de notre propre personnalité,  sans pour autant introduire une discontinuité dans notre propre « moi ». Ce doit être le cas des acteurs de théâtre, de cinéma. Ils peuvent trouver certaines de leurs représentations déplacées, comme sublimées d’ailleurs, sans se renier ou s’illusionner sur eux-mêmes. A moins de tomber dans la paranoïa.

 

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