A l’âge de pierre, alors que la population se répartissait entre de petites tribus isolées les unes des autres, chacune cherchait s’alimenter du mieux qu’elle pouvait, et tandis que certaines avaient fait une bonne chasse et de fructueuses cueillettes, d’autres faisaient la diète, et cela s’inversait rapidement, toujours est-il que l’obésité n’était jamais un problème. Les graisses n’avaient guère le temps de s’accumuler. Dans la nature, même de nos jours, la surcharge pondérale animale n’existe pas, sauf chez des animaux domestiques gavés...comme des oies.
La moitié de la terre que nous occupons est un pays de cocagne...qui pleurniche parce qu’il mange trop, mais ce n’a pas toujours été le cas ; il y a encore quelques décennies, les années quarante du siècle qui vient de se terminer ont vu pas mal d’entre nous souffrir d’un manque de nourriture, d’où ce marché noir qui sévissait alors. Un marché noir facile à critiquer au nom de la morale d’alors, mais qui était pratiqué par tous ceux qui en avait les moyens, la faim étant un besoin élémentaire à satisfaire. Que de vieilles bicyclettes n’ont elles pas été utilisées pour transporter, de la campagne vers la ville, des sacs de pommes de terre et des tas d’autres denrées et aussi du combustible pour alimenter la cuisinière à charbon ou à bois qui chauffait tant bien que mal l’ensemble de la maison.
Mais cette moitié de la terre aujourd’hui regorge de nourritures, pas seulement des aliments de base, ce qui aurait été une bonne chose, une belle victoire sur les famines que nos ancêtres ont connues, mais de toutes sortes d’aliments et de boissons inutiles, avec une profusion telle que la plupart de nos concitoyens ne s’y retrouvent plus, passent de l’un à l’autre suivant la publicité qu’on leur fait, incapables de développer uj quelconque esprit critique, à se gaver et à s’enivrer, à se mettre à table sans avoir faim ni soif, plus parce que c’est une habitude ancestrale que par appel de l’estomac.
Et, pendant ce temps, une autre moitié de la terre souffre de manque d’eau et de nourritures de base, ainsi d’ailleurs qu’une partie des habitants de nos pays de cocagne, les laissés pour compte. Comment est-ce possible ? Comment les techniques que nous avons mises au point et qui pourraient satisfaire, et au delà, les besoins fondamentaux de toute l’humanité ne permettent-elles pas d’assurer à chacun au moins le minimum ? N’avons nous pas honte de nous gaver de tout et de nous démolir la santé, nous, nos chiens et nos chats, les pauvres, alors que cet excédent dévastateur devrait être distribué à ceux qui en ont tant besoin ?