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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 20:16

            Métaphysique, au-delà de la physique…Souvenons-nous  de cette fin du XIXème siècle, où les physiciens de l’époque, et les scientifiques en général, estimaient, sans que la chose ne paraisse incroyable au public tant les avances avaient été conséquentes, que nous arrivions au bout, qu’à part quelques détails qui restaient à examiner, rien ne resterait dans l’ombre, que la raison humaine avait, dans le domaine des connaissances matérielles, atteint son but.

            Comme si on allait pouvoir établir une encyclopédie, laquelle servirait de base d’enseignement pour les siècles è venir, ad vitam aeternam, chacun se situant alors à un certain niveau dans l’échelle des connaissances. De métaphysique, nenni, pouvaient alors proclamer certains, puisque, au-delà il n’y avait plus rien que le néant. Le XXème siècle allait massacrer toute cette certitude.    

 

            Et à briser cette notion du tout connu, à n’en faire qu’une limite tout à fait provisoire, que chaque nouvelle découverte ou invention (difficile parfois de choisir lequel des deux termes convient), faisait reculer, on en revenait à ce que nous pourrions schématiser par une demi-droite. L’absence totale de connaissances, c’est le zéro, le point de départ, les connaissances du moment un point sur la demi-droite,  qui s’éloignait certes constamment du zéro, mais ne pourrait jamais atteindre…l’infini.

 

            Un zéro, c’est déjà difficile à concevoir, qu’est-ce ne rien connaître sinon déjà connaître, même inconsciemment, qu’on ne sait rien, mais à l’autre bout, si l’on peut dire, l’infini des connaissances, parce qu’il est infini devient inatteignable, sauf par ceux qui, au lieu de partir de zéro, imaginant l’infini, partent de là pour en faire découler tout le reste, partent de la métaphysique pour expliquer la physique… 

            On connaît bien le procédé en mathématiques. On ne parvient pas à trouver la solution d’un problème, supposons-le résolu…et ça marche parfois. Ça peut même marcher toujours dans le cas où le chemin est unique, partir d’un côté ou de l’autre quelle importance puisque entre l’introduction et la conclusion ou entre la conclusion et l’introduction, on ne risque pas de se perdre dans un chemin fini, mais s’approprier l’infini pour en déduire le fini, est-ce la même chose que de partir du fini et s’aventurer vers l’infini ?   

 

            Et l’infini, est-ce un infini absolu et n’est-il que relatif à la perception que nous en avons ? N’est-il que ce qui est au-delà de ce que nous connaissons, ce qui se passe derrière notre horizon ? Qu’importe alors si c’est du fini ou de l’infini, l’important est de l’imaginer infini afin de ne pas ressentir de frein dans notre soif de connaissance, car tendre vers un but est motivant, l’atteindre est satisfaisant, mais imaginer qu’il en existe d’autres permet à l’esprit humain de ne pas se reposer sur ses acquis et de poursuivre son chemin…

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 15:45

            Le propre du jeu, c’est qu’il ne laisse pas de trace, il ne produit rien contrairement à l’industrie et à l’artisanat…mais la machine qui produit des objets se retrouve chaque fois dans le même état qu’elle était avant de les produire, irions-nous jusqu’à dire qu’elle joue ? Certes, il reste une trace, le produit qu’elle fabrique, mais cette trace est pour les autres, pas pour elle.

            L’échiquier ne conserve pas de trace des parties qui s’y jouent, mais ailleurs, dans l’esprit des joueurs ou des spectateurs, ne reste-t-il pas trace de la partie après son déroulement. Trace immatérielle, pourrait-on dire, mais dans une partie à enjeu matériel, la trace est matérielle. L’échiquier n’en sait rien, mais l’industriel ou l’artisan qui produit connaît-il toujours ce que deviennent les produits de fabrication ? Ne faisons-nous pas alors quantité de choses inutiles sans pour autant avoir le sentiment de jouer ?

            Le résultat du jeu serait qu’il n’en reste rien, et de la fabrication qu’il en reste quelque chose qui dure…Le jeu échapperait donc au temps qui passe, à la durée, serait intemporel, éternel (au sens du temps qui cesse de s’écouler, pas dans celui plus répandu d’immortalité, du temps qui n’en finit plus de s’écouler) puisque, entre le début du jeu et sa fin, rien ne change. Mais si rien ne change, on ne peut le conserver en mémoire, et alors comment peut-on parler de recommencer quelque chose qui n’existe pas, puisque tout est après comme avant, ne serait-ce pas dénué de sens ? Pour re-commencer quelque chose, il est nécessaire de l’avoir déjà fait, mais alors c’est qu il en restait une trace…

            On pourrait croire que ce qui différencie le jeu des autres activités humaines, ce soit la liberté que l’on prend à le pratiquer. On pourrait ne jamais jouer ou jouer beaucoup suivant le degré de liberté dont on dispose. Les jeux seraient alors des interludes entre les obligations de toutes sortes relatives à notre condition humaine. On effectue un travail ou on joue (sommeil mis à part). C’est une façon de voir les choses.

 

            On joue en toute liberté, comme les jeunes enfants le font dès qu’on leur laisse la liberté…de ne rien faire certes, mais au sens où l’entendent les adultes. Car jouer, est-ce ne rien faire ou, au contraire, se réaliser pleinement, laisser vagabonder son imagination ou prendre conscience de son univers, de la place qu’on occupe dans le monde, même si ce n’est pas le monde réel, plutôt que de rester prisonnier, hors du jeu, des contraintes imposées de l’extérieur ?

 

              Mais alors, notre désir d’évasion par le jeu ne serait qu’une conséquence des obligations auxquelles nous voulons échapper, et non l’expression de notre liberté. Pour désirer s’évader, il faut être prisonnier et être prisonnier, c’est d’évidence ne pas être libre. Un jeu ne peut être qualifié de jeu en soi, ce qui est jeu pour l’un peut être contrainte pour l’autre. Certains même, et ce sont à la fois les plus heureux et les plus libres, considèrent comme un jeu de travailler, et, faisant fi des contraintes, y trouvent à exprimer leur liberté. 

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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 10:59

             « Il faut bien se délasser, se divertir, parfois même prendre le temps de se laisser aller…Oui mais dans quelle mesure ? » Et se délasser, se divertir, est-ce quitter le labeur quotidien, celui qui fait de nous des êtres humains à part entière, participant à l’élaboration et le maintien d’une vie collective de l’espèce humaine, pour sombrer dans ces niaiseries que sont la plupart des divertissements offerts par une société de consommation effrénée qui, comme pour le reste, produit des spectacles d’une profusion telle qu’à passer de l’un à l’autre, le temps de loisir, aussi étendu soit-il, manque pour qu’on puisse opérer un choix judicieux et se réserver des plages dans lesquelles nous organiserions nos propres distractions.

                             

            Non des spectacles de masse qui nous réduisent à l’état primaire d’individus quelconques, indifférenciés dans une foule anonyme, d’être à peine capables de dire après coup que c’était bien ou non, sans pour autant ne pas s’y abonner par paresseuse habitude, mais des distractions personnalisées, répondant aux nécessités physique et mentale propres à chacun. Un choix raisonné, non une acceptation passive, génératrice d’insatisfactions ou de plaisirs fugaces laissant un goût amer.

 

            Si l’absence de choix ne serait pas à souhaiter, car l’ennui accablerait un grand nombre de nos compatriotes incapables de se divertir par eux-mêmes, notre société en produit tant que ce n’est plus un choix. Car qu’est-ce que choisir en pleine liberté ? C’est avoir quelques possibilités mais pas trop ! Pour prendre exemple de la télévision, qui constitue pour beaucoup la source des spectacles, le « progrès » est d’aller vers des dizaines, des centaines de chaînes de manière à accaparer totalement le temps disponible des individus pour les enchaîner, consciemment ou non, à un type unique de loisir. Ne parlons pas des spectacles de variétés dont le premier constat qu’on  peut en tirer, même en ne prenant que peu de recul, est que c’est toujours à très peu près la même chose !                   

 

            « Les spectacles ne sont peut-être qu’un moyen sournois de véhiculer les idéaux du Pouvoir », c’est fondamentalement vrai pour certains régimes politiques dont nous avons la chance d’être épargnés dans un pays démocratique, mais n’est-ce pas le rêve de tout pouvoir en place, même le plus démocratique, de voir les citoyens plus absorbés par les spectacles, quels qu’ils soient, que par la critique des actions politiques. Du pain et des jeux, une formule qui n’a pas disparu avec l’empire romain. Et pourtant, n’est-ce entre des citoyens conscients de leur rôle dans la société que devrait s’organiser une véritable démocratie ?      

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2 juin 2009 2 02 /06 /juin /2009 21:03

            Les forts en maths ont-ils vraiment l’esprit plus agile ou ceux qui ont l’esprit plus agile sont-ils forts en maths ? Ce n’est pas du tout la même chose. La relation de causalité est inversée. Dans le premier cas, on insinue que ce sont les études mathématiques que l’on entreprend qui permettent d’acquérir un esprit agile, on en déduira qu’au plus les études mathématiques sont poussées, au plus l’esprit devient agile, que dire de ceux qui acquièrent la médaille Fields ? Dans le second cas, on en déduira que ceux qui ont l’esprit agile révéleront des dispositions en mathématiques. Pourquoi toujours raisonner en relation de cause à effet, plutôt que de convenir que les choses vont de pair, simplement, parallèlement pourrait-on dire ?   

 

            Les nombres ne trompent pas, ils ne sont rien d’autre que ce qu’ils sont…c’est pourquoi les calculs sont infaillibles…c’est peut-être aller un peu vite en besogne et négliger le fait qu’on ne précise jamais les axiomes et postulats qui sont à la base de cette science, ce qui d’ailleurs entraîne un certain nombre de difficultés. Les mathématiques ne sont pas une science qui nous aurait révélée toute d’un bloc, qu’on aurait découverte, bien emballée. Elles se sont constituées peu à peu et continuent aujourd’hui à se construire. Pensons aux différentes géométries par exemple.

 

            Il ne faudrait sacraliser cette science qui n’est que laborieuse (et merveilleuse) création du cerveau humain. Et nos grands savants sont les plus étonnés à ce qu’elle réponde de manière aussi satisfaisante à tant de problèmes posés. 23 ne devient jamais 24 par convention…mais 2 et 2 font-ils toujours 4, la question mérite d’être posée dès que l’on s’aventure dans le réel ?  Il n’empêche que si nos idées avaient toujours la clarté des nombres…

 

            Cessons donc d’opposer les matheux à ceux qui ne le sont pas, les scientifiques aux philosophes, les amateurs de précision et d’exactitude à ceux qui aiment naviguer dans le flou, ceux qui sont toujours à l’avance à ceux qui accusent toujours du retard, ce qui nous amène toujours à envisager l’existence d’êtres parfaitement catalogués comme s’il s’agissait de produits de consommation. Certes, on peut rencontrer de temps à autre un être définissable par une formule lapidaire, mais combien sommes-nous à être ainsi typés ?  

 

            Toute définition est restrictive, dire d’un homme qu’il est ceci ou cela, c’est vraiment le réduire à peu de chose. Les circonstances peuvent l’imposer, mais n’en abusons pas. N’allons pas conclure par exemple qu’une certaine formation initiale classe un individu dans tel ou tel tiroir, comme on le ferait d’un objet qu’on voudrait retrouver sans avoir à le chercher. L’être humain n’est pas à notre disposition, il est complexe et le cataloguer trop vite n’est pas que le desservir, mais surtout témoigner de nos propres insuffisances face à autrui. Mais, pour en venir à la conclusion de l’article, nul doute que les mathématiques soient le pilier de toute éducation raisonnable, on n’a encore rien trouvé de mieux comme modèle de discours rationnel, de cette raison qui parfois fait défaut à certaines communications, même de la part de gens par ailleurs plein de non sens et désireux de se faire comprendre.    

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29 mai 2009 5 29 /05 /mai /2009 16:47

            La recherche du plaisir est une opération à court terme, que vais-je faire tout à l’heure pour que le temps s’écoule d’une façon qui me soit la moins pénible possible, et encore alors on peut trouver satisfaction à le rechercher, mais ces plaisirs fabriqués qu’on vous sert sur un plateau comme incontournables ( ?) et qui donc vous emprisonnent dans la passivité, sont-ils dignes de l’être humain que vous êtes et qui mériterait mieux que toutes ces fadaises ? Oui, sans doute, il faut vouloir devenir fort, au lieu de se laisser aller à la facilité destructrice de toute action réfléchie. Alors seulement, on devient capable de donner un sens à sa  propre vie.                

 

            Comment y voir un sens ? En vous remémorant ce que vous étiez et ce que vous être devenu ? En pensant à ce que vous êtes et à ce que vous voudriez devenir ? Pour déterminer un sens à quoi que ce soit, il faut au moins considérer deux moments différents et s’interroger sur ce qui s’est passé dans l’intervalle, s’il est passé, ou sur ce qui s’y passera s’il est futur. Le temps, toujours le temps !

 

            Ne serait-ce pas plus raisonnable, avant de s’interroger sur le sens de la vie passée ou future, de vivre son présent, non plus ce présent fugace coincé entre un passé dévorant mais révolu et un futur inquiétant mais hypothétique, mais un présent pleinement vécu, au point de ralentir la marche du temps et y trouver – parfois, quelle satisfaction !- le sens de l’éternité. « Oh, temps suspend ton vol, et vous, heures propices, suspendez votre cours… » C’est de Lamartine, mais plus que jamais d’actualité, et à méditer.      

 

            Ne pas se laisser déborder, avaler par le temps qui passe, prendre son temps, pas dans le sens de le sens de remettre au lendemain ce que l’on peut faire aujourd’hui, ce qui ne fait que donner au temps une importance qu’il ne devrait pas avoir, ni dans celui de ne rien faire, la pire méthode qui soit pour sombrer dans l’ennui et les plaisirs futiles, mais prendre d’abord conscience que ce ne sont pas les aiguilles de l’horloge qui ont à régler la cadence de votre existence. Vos secondes, vos heures, ce sont les vôtres pas celles de l’horloge parlante. Vous en faîtes ce que vous  voulez, songez à leur donner la durée qui vous convient.

 

            A regretter un moment passé qui ne se représentera plus, à aspirez à une situation que vous risquez de ne jamais connaître, vous détruisez ce qu’il y a de plus précieux : votre présent. Certes, on vous rétorquera que pour avancer, il faut se fixer un but, qu’il faut donc donner un sens, une direction à votre vie, que sans cela vous errerez lamentablement « comme une âme en peine », mais n’est-ce pas jouer sur l’ambiguïté du mot que de donner au sens la signification d’une direction, d’une progression dans le temps qui passe, et non celle d’une manière d’être, dans son présent ?   . 

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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 15:01

            Le casier judiciaire relève les condamnations criminelles ou correctionnelles dont un individu a fait l’objet. Mais lorsque l’on a, et nous sommes très nombreux dans ce cas, un casier judiciaire vierge, cela signifie que l’on a pu désobéir aux lois, soit sans se faire prendre, soit en ayant acquitté notre dette. Car on n’a pas peut-être pas le droit de désobéir à la loi, la même pour tous, mais on lui désobéit pourtant fréquemment. Il y a des quantités de choses que l’on n’a pas le droit, qu’il est donc illégal de faire et que l’on fait, plus ou moins couramment.

 

            Quel est l’automobiliste qui n’a jamais dépassé la vitesse autorisée, qui ne s’est jamais garé sur un emplacement interdit, qui…la liste est longue. Deux cas : ou il est « passé au travers » ou il a été sanctionné. Dans le premier cas, de loin le plus courant, il s’est mis, presque toujours volontairement mais de toute manière nul n’est parait-il censé ignorer le loi, en état d’infraction et, alors qu’il se prétend honnête citoyen, donc respectueux de la loi, l’a violé impunément. Dans le second, il a été sanctionné, a payé pour sa faute, par exemple une amende, et s’est alors trouvé quitte vis-à-vis de la loi.

 

            Mais alors on peut désobéir à la loi, on a parfaitement le droit de le faire, on peut même se demander si les pouvoirs publics n’y sont pas favorables, voir les radars automatiques qui font rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat. En fait, il semble bien qu’en toute logique on ait le droit de désobéir à la loi, et de s’acquitter de cette désobéissance que de temps à autre, si on se fait prendre. Une vraie loterie.

 

            Et cela quelle que soit la faute commise : un meurtrier est condamné à vingt ans de prison, il effectue sa peine, paye ainsi sa dette à la société et s’estime alors revenu au point zéro, avant son meurtre. Pire, un innocent, condamné à tort pour un meurtre qu’il n’a pas commis, peut-il, la peine effectuée, en commettre un pour que la société n’ait plus de dette à son égard  ? 

 

            On est bien dans une société de consommation, le troc en quelque sorte, un produit vous intéresse, moyennant paiement, vous pouvez l’acquérir, si vous le volez et vous faîtes prendre, vous vous en acquittez dans d’autres conditions. Dès l’instant qu’une sanction est prévue à un acte délictueux,  c’est que la désobéissance est autorisée moyennant cette sanction. C’est sans doute pour cette raison que certaines sanctions ne sont pas automatiques, et que c’est à la justice de trancher, dans de très larges proportions.

 

            Un assassin peut espérer être acquitté, au bénéfice du doute par exemple. Et plus la faute commise est grave, au plus le coupable a de chances de passer au travers. Pour des fautes vénielles, peu importe que vous soyez condamné alors que vous êtes innocent, penseront certains, mais envoyer en prison, ou pire, un innocent, il y a de quoi réfléchir et mieux vaut, pour la conscience des jurés par exemple, laisser filer un coupable…  

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21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 11:28

            On peut ne pas se convaincre d’être plus tolérant à l’égard d’autres manières de vivre que la sienne, au contact de communautés différentes, alors qu’en ne les côtoyant pas, on se disait prêt à en convenir, car entre adopter une attitude compréhensive quelque peu abstraite et se trouver dans la nécessité de coexister, la marge est grande, et les exemples sont innombrables.

 

            Sans remonter à l’époque du colonialisme – les colons étaient-ils prêts à admettre que les colonisés continuent à vivre comme ils l’entendaient ? – voyons ce qui se passe, non seulement au Moyen Orient ou  en Afrique, mais près de chez nous, en Belgique où deux ethnies, les Flamands et les Wallons, qui connaissant bien pourtant leurs caractéristiques respectives, ne se supportent guère. Connaître l’autre peut permettre de le comprendre mieux, l’inconnu toujours fait peur,  mais aussi peut exaspérer, car c’est souvent de détails que naissent les antipathies.

 

            Il n’est peut-être pas nécessaire de faire le globe-trotter pour parvenir à admettre les coutumes différentes des siennes, l’essentiel est sans doute de partir d’un principe simple : tous les êtres humains se valent, même si ce qui est bon pour l’un peut ne pas l’être pour l’autre. Mais pour cela, il faut prendre  conscience de la relativité des choses, ce qui n’exclut pas la valeur qu’on leur attribue.

 

            On peut s’échanger  des produits, lesquels peuvent être culturels, et chacun y  trouver son compte, dès l’instant que l’un ne cherche pas à tromper l’autre, donc à se croire supérieur, ce qui est ridicule car il est aisé de mentir à un menteur. Le troc en toute transparence.      

 

            Evidemment, pour agir ainsi, il faut déjà se sentir « bien dans sa peau » et ce n’est pas le cas de tous. Comment un enseignant, par exemple, pourrait-il inciter les jeunes dont il a la charge à s’ouvrir sur le monde et, non seulement à tolérer mais à comprendre l’autre s’il est lui-même, imbu des connaissances qu’il possède dans une matière donnée, convaincu de la justesse de ses préjugés et de l’absurdité  de ceux  des autres?

 

            Non seulement tolérer, mais comprendre !  Ne confondons pas tolérance et compréhension. Certes la tolérance est le premier pas du processus de rapprochement, l’intolérance ne mène à rien, mais il ne suffit pas de tolérer l’autre, de supporter les différences qui nous distinguent, de respecter ses croyances, souvent parce qu’on ne peut faire autrement, « pardonnez leur car ils ne savent ce qu’ils font », de s’enterrer davantage encore dans ses certitudes, mais de le comprendre. Non, comme on le dit parfois, de se mettre à sa place, la chose est impossible et estimer y parvenir est une manifestation de supériorité mentale que rien ne justifie, mais, fondamentalement, de faire l’effort de repousser ses propres préjugés, ce qui amène un enrichissement de part de d’autre. Pas de dupes, un échange équitable.
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16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 08:14

            Je n’irai pas jusqu’à dire, comme Hannah Arendt, que l’élaboration d’une théorie en science n’exige pas de tournure d’esprit particulière. Certes la plupart des scientifiques n’ont ont guère besoin puisqu’ils ne font, et cela n’a rien de péjoratif, que persévérer dans la branche de la science qui les intéresse et, au mieux, y ajouter un élément, en continuité avec ce qu’ils avaient appris de leurs prédécesseurs. La plupart, mais pas tous.


           
Certes l’originalité de quelques-uns aurait pu se trouver chez d’autres s’ils n’avaient pas existé, mais ceux-là, pour rompre précisément avec le courant de pensée (car un scientifique pense aussi) de leur époque avaient une tournure d’esprit particulière, laquelle était nécessaire, indispensable pour, non seulement émettre une idée de base et s’en tenir là, mais aussi et surtout, construire toute une théorie nouvelle et la défendre, bec et ongles, et retourner ainsi toute la communauté scientifique. Galilée, Descartes, Newton, Einstein évidement, pour ne retenir que ceux-là, avaient bien chacun une tournure d’esprit très particulière.       


           
Une théorie scientifique est soumise à un jugement sans appel : qu’elle se montre en contradiction avec les faits  et elle doit s’adapter ou s’écrouler. Ce couperet n’existe pas en philosophie, des doctrines parallèles, concurrentes, contradictoires ont toutes le droit, la possibilité d’exister, et c’est heureux, où en serions-nous si une doctrine philosophique entraînait la disparition des autres ?

            D’où la profusion des philosophies, même si l’époque actuelle n’est pas prolifique, chacun peut prendre un peu chez l’un, un peu chez l’autre, à sa convenance (d’où peut-être donc le besoin de les personnaliser), chose qu’on ne pourrait faire en science, à quelques exceptions près, comme les créationnistes face à l’évolution. Deux écoles peuvent se disputer la « vérité » tout au plus. D’accord ou pas d’accord, au-delà, ce serait la pagaille.

 

            S’il est possible à un esprit ouvert de prendre chez les différents philosophes ce qu’il lui convient, et donc véritablement penser par lui-même, beaucoup d’autres personnes, subjuguées sans doute par l’un d’entre eux,  s’estiment être de ses disciples et ne jurent que par lui, n’hésitant pas à mal juger des autres et à leur donner tort, souvent sans raisons mûrement réfléchies, s’ils se trouvent en opposition avec leur favori. Les écoles philosophiques sont nombreuses et ont chacune leurs partisans inconditionnels.

 

            Est-ce alors philosopher que de s’accrocher ainsi à un seul alors que la variété des opinions comme des doctrines est immense ? Est-ce alors un culte de la personnalité, comme en d’autres domaines celui qui s’adresse par exemple à un dictateur, avec, toutes proportions gardées, des conséquences du même ordre cérébral : la nécessité de se trouver un maître à penser. Or l’objet de la philosophie n’est-il pas, entre autres choses, d’apprendre à penser par soi-même ?

 

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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 14:31
           Bonheur, joie, plaisir, trois appellations différentes qui semblent aller dans le même sens, celui  de se donner une vie agréable.  L’une semble échapper au temps qui passe, promettre une permanence, c’est le bonheur. Il ne s’agit pas d’être heureux en telle ou telle occasion, après telle ou telle action, mais toujours. Les deux autres peuvent se reproduire, même très souvent, mais n’ont pas la continuité du bonheur, elles arrivent, se prolongent pendant un certain temps, puis s’en vont, mais ne sont pas comparables.

           La joie, qui fait suite à un effort récompensé, donne une satisfaction personnelle. Et, une fois apaisée, laisse un souvenir agréable. Qui ne souvient de ces moments-là où tout semblait aller au  mieux, comme si cela ne devait pas finir, c’est fini certes, mais on en conserve le souvenir et on est prêt à  recommencer, à fournir des efforts pour que cela se reproduise. La continuité serait le bonheur, mais la recherche du bonheur serait de ne rien tenter, de ne rien risquer, et donc de ne pas connaître ces merveilleux moments. 

           Le plaisir, c’est autre chose, c’est l’extérieur qui vous le fournit alors que vous êtes dans un état d’attente pénible, vous désirez sans bien savoir quoi, on vous présente un plaisir possible, vous l’adoptez,  mais celui-ci une fois satisfait, vous êtes dans l’attente d’un autre, toujours à la merci des donneurs et dans l’intervalle le désir vous tenaille. Discontinu, comme la joie, mais en rupture d’attente.  La joie, vous ne l’attendez pas, elle survient, comme une cerise sur le gâteau. L’homme sage et discipliné est un homme heureux mais qui n’hésite pas à prendre des risques, pour goûter à la joie de temps en temps.
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8 mai 2009 5 08 /05 /mai /2009 15:30

            Quelle différence entre croire et savoir ? Peut-on distinguer nos croyances de nos connaissances ?              


            Abandonnant d’entrée l’idée trop répandue que croyant s’oppose à athée dans une terminologie religieuse, comment distinguer nos croyances de nos connaissances, sommes-nous capables de lister d’un côté nos croyances et de l’autre nos connaissances, d’affirmer je sais ceci et je crois cela ?  Et ce que je sais, je ne le crois pas, ce que je crois, je ne le sais pas ? Absurde, non ? On sait plus ou moins, on croit plus ou moins. En fait, peut-être ne faisons-nous que croire, et lorsque la croyance est forte, très forte au point que le contraire devient invraisemblable, hautement improbable, nous affirmons savoir. Preuve s’il en est que si cette croyance hautement probable, assimilée à une connaissance, se trouve démentie, notre réflexe est de dire qu’on y croyait pourtant. Et de croire à autre chose d’éventuellement contradictoire pour en faire une connaissance.

 

            Exemple de la théorie de l’évolution : avant de la connaître, et pourtant elle existait depuis un siècle, je croyais (je ne me posais pas la question s’il s’agissait d’une croyance ou d’une connaissance) en la fixité des espèces ou je le savais, peu importait, ce n’est qu’en  « prenant connaissance » de cette théorie que peu à peu s’établit dans mon esprit l’idée que ce n’était pas absurde, que cela méritait réflexion, qu’elle devenait plus probable que celle de la fixité des espèces, que cette dernière, contredite par des recherches qui me paraissaient sérieuses et scientifiques, devait être abandonnée et maintenant je considère comme hautement improbable que la théorie de l’évolution soit fausse, je la mets donc au rang de mes connaissances. Et à me trouver devant un contradicteur, qui pourtant défend ce en quoi je croyais au point d’en avoir fait une connaissance, je ne reste pas coi. Attesterais-je pour autant de la vérité, suis-je moi-même convaincu qu’affirmer l’existence d’une vérité universelle ait un sens ?  

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