Un sujet bien choisi et toujours d'actualité. Ces jours fériés, non travaillés auxquels semblent aspirer, si l’on en croit les médias, tant de nos compatriotes, dès que leurs salaires n’en souffrent pas. Il faut travailler pour vivre, pas vivre au sens large, mais pour avoir suffisamment de revenus pour couvrir ses dépenses sinon le superflu, au moins le nécessaire, notion extrêmement variable d’un individu à l’autre dès que la survie est assurée. Et cette relation exclusive « travail=revenus » amène tout naturellement à éviter le travail lorsque s’offrent d’autres possibilités d’obtention de revenus. Le travail est, somme toute, un pis-aller dont on déplore souvent, hélas, l’obligation.
« Anathème sur le travail, le travail est devenu l’ennemi de la vie, l’antithèse de ce que vivre devrait être ». Si le travail est devenu…c’est qu’il n’était pas l’ennemi de la vie antérieurement, et à supposer qu’il n’a pas changé (affirmation gratuite, bien entendue), c’est donc la vie qui a changé. Le temps n’est pas si loin où il était parfaitement intégré dans l’existence de tout un chacun, pas toujours apprécié, convenons–en, mais au moins accepté, la question ne se posant même pas de s’en passer. Les autres occupations, les loisirs notamment venaient en sus et étaient alors particulièrement bien venus, d’autant plus qu’ils étaient rares.
En (presque) moins de temps qu’il ne faut pour le dire, disons en une ou deux générations, dans nos pays qu’on estime évolués, la civilisation du travail est devenue celle des loisirs. Passer aussi rapidement de l’une à l’autre a fait explosé les repères traditionnels sans pour autant aller vers davantage de bonheur pour les « bénéficiaires ». A honnir le travail, beaucoup y ont laissé ce qui était auparavant leur motivation première pour des succédanés finalement pas très engageants. Travailler moins pour gagner du temps et le consacrer à des occupations qu’on pouvait estimer choisies, mais dont on se rend compte, à la moindre réflexion, qu’elles sont finalement imposées par une vie sociale plus contraignante qu’il n’y paraît.
Ne parle-t-on pas des loisirs organisés, une association de mots qui devrait faire bondir les amateurs de liberté, de cette liberté qu’ils espéraient conquérir ! Mais qu’ils sont heureux, au milieu de tant de déçus, ceux qui avaient trouvé à se réaliser dans leur travail, qui s’y réalisent et qui s’y réaliseront toujours. Peut-être parce qu’ils ont trouvé un travail qui leur plaît, peut-être aussi parce que, le travail une fois trouvé, ils s’y sont attelés, et motivés qu’ils étaient, y ont trouvé leur épanouissement. Comme jadis, ce ne sont pas ceux qui travaillent le plus qui sont les plus malheureux, pour eux pas d’anathème sur le travail, c’est très libérateur !