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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 08:21

            Là où je suis, peut-être pas quand j’y suis, car l’enfer et le purgatoire peuvent aussi s’y trouver, mais pas en même temps, Pourquoi aller chercher ailleurs ce que je peux avoir ici ? Si je ne l’ai pas, c’est que ce n’est pas le moment, pas que ce n’est pas le lieu où je suis, mais que le temps n’y est pas. C’est en moi, là où je suis, que se trouve mon paradis, non ailleurs, chez d’autres que moi. C’est à moi de trouver ce paradis, pas à d’autres, ailleurs, de me l’offrir. Et à chacun d’en faire autant, le paradis n’a rien d’un collectif, d’un lieu à trouver ou à retrouver comme le jardin d’Eden, dont il faudrait demander à d’autres le chemin pour y accéder.

 

            C’est à chacun de se donner le temps de se choisir le moment propice. Belle distinction entre l’espace et le temps que nous associons si souvent en assimilant le temps à l’espace. Le paradis, c’est là où je suis, ne signifie pas que j’en détiens les clefs, que je suis le Saint Pierre qui en ouvre les portes, et qu’il suffit d’implorer pour qu’il se laisse attendrir, les clefs, nous avons chacun les nôtres, chacun a la sienne qui ne convient qu’à lui, heureusement car si les voies du seigneur sont dites impénétrables, ce sont les siennes propres qui ne sont pas les nôtres.

 

          Le paradis terrestre est là où je suis ou le paradis terrestre est quand je suis ? L’éternité dans un microcosme spatial ou l’immensité dans l’instant ?  Est-ce le paradis que de se retrouver derrière des grilles, fussent-elles celles du jardin d’Eden, Se promener longuement en voiture, toutes vitres relevées, dans un  parc où les animaux sauvages vivent en toute liberté, est-ce le paradis ? Se trouver au sommet d’une montagne et, l’espace d’un instant, entre deux passages nuageux, parcourir du regard le paysage qui se déroule sous nos yeux, est-ce le paradis ? L’espace d’un instant ou le temps d’un espace, l’immensité instantanée ou l’éternité localisée, l’éternelle immensité ou l’instantané ponctualisé. Nous ne manquons pas de mots pour exprimer le temps  mais nous manquons de mots pour l’espace-temps. Le choix de l’expression  « espace-temps » est significatif. « Dieu ne peut retrouver que ceux qui se sont perdus » (François Mauriac). Se perdre dans le temps ou dans le temps ou dans l’espace. Se perdre dans l’espace et mettre un certain temps pour s’y retrouver. Peut-on se perdre dans le temps et s’y retrouver avec un peu d’espace ? On peut l’imaginer en plaçant le temps et  l’espace à la même échelle. Il faut beaucoup d’espace pour très peu de temps. Pour se perdre dans l’espace, il suffit de peu d’espace et il est parfois nécessaire de disposer (relativement) de beaucoup de temps.  Pour se perdre dans le temps, même en très peu de temps, il est nécessaire de disposer de beaucoup d’espace, d’une immensité d’espace. Dans un monde où la seconde vaut 300 000 km, se perdre dans l’espace ou se perdre dans le temps ne peut s’imaginer de la même manière. Se perdre dans le temps nécessite le cosmos. »

 

          Pas très clair le paragraphe précédent, sans que pour autant le malaise espace, temps, vitesse se soit dissipée aujourd’hui. La vitesse, dérivée de l’espace par rapport au temps… pourquoi pas une autre relation entre ces trois grandeurs ? On est tellement accoutumé aux coordonnées cartésiennes, avec l’espace généralement en abscisse et le temps en ordonnée, allez savoir pourquoi, qu’on passe peut-être à côté de quelque chose d’important, qui réconcilierait la relativité et la mécanique quantique. J’ai cette impression, elle est ancienne,  et se ravive notamment chaque fois que je revois, sur papier ou en imagination, le cône de lumière de Minkowski, et l’interprétation donnée parfois à l’ailleurs. J’ai aussi toujours en mémoire mes interrogations au sujet de l’inertie et de la vitesse constante. J’aurais sans doute pu trouver une explication satisfaisante en me perfectionnant en mathématique et en physique traditionnelles, mais fallait-il trouver trop vite une solution toute faite? N’est-ce pas en se posant des problèmes que d’autres ont résolu à leur manière que l’on peut être amené à des solutions différentes toutes aussi convenables et débouchant parfois sur des horizons méconnus ? 

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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 07:50

  

            La liberté, ce n’être sous la dépendance de personne, et comment se sentir libre dans un bruit que l’on vous impose ? Non que la liberté ne peut se réaliser que dans le silence, le silence des autres, mais comment peut-elle exister alors que les conditions ne sont pas requises, et parmi elles la possibilité d’être dans le calme, de décider pour soi du niveau de bruit qui convient à vos dispositions du moment. Sauf conditions extrêmes, nous voyons ce que nous voulons, notre tête se détourne, nos paupières se ferment sur ce que nous ne voulons pas voir, notre attention se fixe, par la vue, sur ce qui nous intéresse, nous disposons chacun d’un degré de liberté en ce domaine.

 

            Nous pouvons nous pincer le nez ou, plus élégamment, retenir notre respiration, ne pas inspirer lorsqu’une odeur désagréable se présente, ne pas toucher ce qui nous rebute, une toile émeri par exemple ou la peau d’un serpent, ne pas goûter d’un aliment, ou le recracher rapidement, mais pour ce qui est de l’ouïe, à part se mettre des boules, ce qui est une contrainte et nuit par ailleurs à l’écoute de ce que nous aimons entendre, nous ne pouvons éliminer les bruits qui ne nous conviennent pas, nous restons ouverts malgré nous à tout ce qui se présente.

 

            Ce qui ne signifie pas que nous entendons tout, loin de là, et lorsque nous sommes concentrés, la plupart des sons nous échappent, même les plus familiers, comme le carillon d’une horloge, le passage d’un véhicule ou des paroles qui pourtant nous sont adressées. L’organe de réception, l’oreille, est en service, mais le cerveau sélectionne.  Tant qu’on est là, il s’agit d’ambiance acceptable, et, à part quelques ouïes très fines, il n’y a pas d’atteinte à la liberté.

 

            Quand on  parle du droit au silence, il s’agit de bien d’autres choses, de  ces bruits parasites qui empêchent précisément les sons agréables de nous parvenir, de les couvrir. Le droit au silence n’est pas l’exigence de l’absence de bruit, le niveau zéro qui, comme chacun sait, n’existe pas et, dans ce cas, devient généralement intolérable, mais la possibilité de ne pas les entendre, non que l’oreille soit fermée physiquement, mais que le cerveau peut sinon éliminer mais ne pas tenir compte facilement. 

 

            Et chacun d’entre nous, suivant le moment, est très dérangé par certains bruits alors que d’autres, même élevés, n’importunent pas. C’est donc pas toujours évident de respecter autrui, aussi faut-il être prudent à ce sujet, « mettre toutes les chances de son côté » à ne pas nuire à sa liberté. On peut normaliser un niveau de bruit, le moduler en fonction du temps, e t c..., mais il ne peut s’agir que de règles générales, souvent inadaptées pratiquement.

 

            Par exemple, éviter les bruits insolites entre 22 h et 6 h est une bonne mesure, mais ne suffit pas, pensez à la sieste des jeunes enfants et à celle des adultes, limiter le niveau sonore d’une tondeuse est une chose, la faire marcher sous une fenêtre ouverte peut déranger davantage que dans un parc. On n’est guère dérangé par un bruit que l’on fait, beaucoup plus par ceux d’autrui, notamment lorsqu’ils nous parviennent à l’improviste. Prévenir, lorsqu’on ne peut éviter d’en faire, rend votre voisinage plus compréhensif.

 

           «  La liberté, c’est le droit au silence » était affiché sur le mur d’une université en  mai 1968, alors qu’on en manquait beaucoup à cette époque, c’est dire que tout le monde ne pensait pas à faire du bruit, conscient de la gêne alors causée, de l’atteinte à une liberté fondamentale, à laquelle chacun devrait avoir droit.

 

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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 07:31

            Le virtuel est là pour que l’on puisse s’autoriser ce que l’on ne s’autorise pas dans la réalité. On est très loin d’une certaine morale, qui a beaucoup perdu de son actualité, et pour laquelle toute mauvaise pensée, toute pensée donc contraire à la bonne et saine morale devait être bannie, où le seul fait d’avoir des pensées impures était un péché, hors toute idée de les mettre en action, de les faire passer du virtuel au réel.

 

            Non seulement ces pensées ne sont pas répréhensibles, mais encore, ayez-en, cela vous permettra de ne pas passer à l’acte. Soyez ce que vous voulez vous-même en esprit, l’essentiel de veiller à ne pas agir, c’est-à-dire à vous manifester à autrui, cet autrui pouvant d’ailleurs être vous-même, dont vous êtes l’observateur. Il n’est donc pas dit quelque chose du style « pas vu, pas pris », mais « pas exécuté, pas condamnable».   

 

            S’il est des pensées que la morale traditionnelle réprouve, il est certain qu’apparemment la justice humaine juge les actes commis plutôt que le fait de les penser. Mais attention, les jugements diffèrent suivant qu’un acte précisément est commis avec ou sans intention, et l’intention est bien de la pensée.

          

            Je lèse quelqu’un sans l’avoir voulu, ou en en ayant l’intention, et les deux jugements seront pour l’un  éventuellement l’acquittement et pour l’autre la condamnation la plus lourde prévue par le Code Pénal. Les faits étant ce qu’ils sont, si tant est qu’on peut parfaitement les définir, tout l’art de le défense sera de minimiser le degré de responsabilité du coupable présumé, notamment en démontrant qu’il n’y avait pas de préméditation.

 

            Donc, quand aucun acte n’est réellement commis, on en reste à un passage à l’acte virtuel dans le registre du fantasme, de l’ « agi »imaginaire qui ne concerne que l’intéressé et ne tombe pas dans le domaine social, la société n’est donc pas victime et n’a pas à exiger une quelconque réparation, collective ou individuelle. On en revient à l’individu, auteur de pensées à des choses qui, réalisées, et réalisées seulement, seraient condamnables.

 

            Dans un régime de liberté individuelle, il n’y a rien à redire, mais attention la spiritualité s’épanouit rarement dans la liberté individuelle, elle est codée par des obligations, des contraintes, des nécessités, des règles plus ou moins strictes qui veillent à limiter la liberté individuelle, notamment dans le domaine de la pensée, pour lequel l’intéressé à des comptes à rendre.

 

           Mais puisque penser à tromper ne serait pas tromper, est-ce par faiblesse que le trompeur virtuel  ne devient pas trompeur réel. Je veux faire mal, j’y pense, mais par peur par exemple je ne mets pas mon projet à exécution, suis-je pour autant réellement innocent ? Non, sans doute, c’est pour cela qu’on parle de projet d’exécution, dès que se met en place réellement la moindre tentative, l’innocence n’est plus de mise. Chacun d’entre nous est-il capable de distinguer clairement l’imaginaire de la réalité ? De séparer le domaine du rêve du non - réalisé à cause de circonstances ou de dispositions rendant impossibles la réalisation ?

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 07:47

                 « Il n’y a pas de preuve que la puce, qui vit sur la souris, craigne le chat » Henri Michaux.

 

               Relativité d’échelle en quelque sorte, ce qui apparaît à un certain niveau, la crainte de la souris devant le chat, n’existe pas à un autre niveau, celui de la puce, qui, non seulement ne craint pas le chat, il n’y a pas de transmission de la peur, mais l’ignore totalement, comme si puce, souris et chat ne vivaient pas dans le même univers, un univers pour la puce et la souris, un autre pour la souris et le chat, alors que les observateurs que nous sommes mettent tout sur le  même plan et ainsi s’étonnent qu’il puisse exister des univers sans rapport entre eux pour des êtres différents qui pourtant apparaissent dans leur propre univers. C’est donc que l’univers de chacun peut lui être propre, pas seulement entre puce, souris et chat, mais aussi entre êtres très proches, apparemment identiques, de même race, entre êtres humains par exemple.

           

            Chacun donc a un univers qui lui est propre et cela apparaît dans l’expérience quotidienne de chacun d’entre nous. Si nous sommes persuadés qu’une réalité existe hors de toute observation, c’est parce que, sans cette certitude, nous serions dans le désarroi le plus complet de notre vie sociale, parce qu’il nous serait impossible de nous positionner par rapport à autrui, nos échanges n’auraient aucun sens, nos malentendus seraient permanents. Tandis qu’en admettent comme postulat que derrière ce que nos sens détectent, il y a une réalité en soi, nous pouvons comprendre qu’un autre peut détecter une apparence différente de la nôtre, ne pas avoir le même point de vue, et la recherche alors consiste à examiner ces apparences d’une réalité unique pour convenir d’une même vision commune...cette réalité qui, en fait, n’a raisonnablement aucun autre motif d’en être une.

 

            Mais ce motif nous est primordial, sans lui, aucune vie sociale ne serait possible. On définit que des  espèces différentes par le fait qu’elle ne sont ne sont pas physiquement inter fécondables, on pourrait aussi les définir comme incapables de se mettre d’accord sur le fait qu’elles ne peuvent parvenir à convenir à la même définition d’une réalité à partir de l’apparence qu’elle a pour elles. Leurs pensées ne peuvent se  combiner pour construire le même vision de leur monde, leurs schémas de pensées ne sont pas inter fécondables, elles peuvent avoir sensiblement la même vue, la même ouïe, le même toucher (pour ceux qui en sont les observateurs) sans pour autant aboutir à une définition identique de l’univers qui les entoure, ni, sans doute, comprendre pourquoi.

 

            Il en résulte pour nous, les hommes qui nous persuadons d’être au-dessus de tout ce qui existe d’autre, que nous avons construit un monde et placer les autres, les animaux, les plantes, e t c..., dans ce monde là, mais qu’il ne peut s’agir que d’une représentation, pas d’une réalité universelle, ni d’une apparence de cette réalité. S’il y a autant de représentations que de cerveaux les interprétant, pourquoi faudrait-il que ces représentations soient des apparences différentes d’une seule et même réalité intrinsèque ? Comment un caillou, une puce, un chat, une souris imaginent-ils leur monde ?

 

              Certes nous nous construisons des théories du style « seul l’homme sait qu’il sait »  et, à partir de ce postulat de la pensée réfléchie, nous nous construisons une certaine représentation du monde des autres êtres qui peuplent notre monde, par nécessité, par convenance ou par paresse, nous nous en contentons. Pas tout à fait d’ailleurs, puisque nous nous sommes imaginés des dieux, qui, eux, auraient connaissance de la réalité intrinsèque du monde, sans la moindre relativité d’échelle.

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10 octobre 2010 7 10 /10 /octobre /2010 08:17

            C’est décidé, je décroche mon téléphone, et je laisse à autrui le soin de régler mes ennuis, à chacun son rôle, moi d’exposer mon problème, à d’autres de le résoudre. Comme à l’école, le maître donnait l’énoncé et nous, les élèves, devions trouver la solution, avec cette différence d’ailleurs que le maître connaissait la solution avant d’énoncer le problème. C’était donc un exercice. Ici, il s’agit de ne plus se poser de questions, de ne plus chercher soi-même à résoudre quoi que ce soit, mais à confier à autrui la recherche, et à se contenter ensuite à estimer que si la solution a été trouvée, c’est la moindre des choses puisqu’il est là pour cela, et en cas d’échec de le vilipender d’incapable, de profiteur (puisque tout ou presque se vend) et d’abuseur de confiance.

 

            Comme presque tout est à vendre, autant vendre des solutions miracles et c’est ce que font les vendeurs. Qu’est-ce donc qu’une solution miracle si ce n’est quelque chose qui règle votre problème « en deux temps, trois mouvements » alors que vous ne savez pas par quel bout le prendre, non parce que vous avez recherché et étudié toutes les possibilités, mais parce que vous en  êtes resté au blocage, à l’immobilisme, comme cloué sur place, sans solution précisément, car on ne peut résoudre un problème qu’après l’avoir étudié sous toutes ses faces.

 

            Désirant quand même vous arrêter de fumer, si vous ne le désirez pas autant arrêter là, et conscient que vous n’étiez  pas seul dans votre cas, loin de là, vous vous êtes confiés à certains de vos amis, et quelques-uns, ils ne sont pas nombreux, vous ont confié qu’ils étaient parvenus à leur fin par un effort de volonté qu’ils n’ont toutefois certainement pas qualifié de petit, et …ils vous bernaient, c’est donc qu’ils vous mentaient, on n’est jamais moins bien servi que par ses amis, vous voici donc maintenant à la fois convaincu qu’il est absolument impossible d’arrêter de fumer par sa propre volonté et qu’il ne faut pas se fier à ses amis. Quel progrès !

 

             Il ne s’agit pas ici de prétendre que l’on peut seul résoudre tous les problèmes qui se posent à nous au cours de l’existence, mais de faire le tri entre ce qui peut dépendre de soi-même et ce que, évidemment, il faut confier à un autre, plus compétent, au moins plus spécialisé. Vouloir tout résoudre par soi-même peut nous amener à des mésaventures, voire à des catastrophes, laisser à d’autres le soin de tout régler vous ramène au rang d’un légume, que vous ayez le sentiment de commander ou non,  tout est dans une juste mesure. A chacun de trouver celle qui lui convient. 

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9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 05:47

            Cherche-t-on toujours une cause à un fait ? Certainement pas, on ne la recherche que lorsque le fait est d’importance pour celui qui le considère, car un fait sans importance n’entraîne pas de recherche dans ses antécédents, car c’est bien de cela,  raccrocher ce qui se passe à ce qui s’est déjà passé afin de rétablir une continuité des faits entre eux. C’est d’ailleurs d’une sensation de continuité que l’esprit humain est parti pour imaginer des relations ensuite des relations de causes à effets. Lorsque rien ne se passe de remarquable, qui mérite d’être remarqué, le cerveau ne se pose pas la question de savoir si tel moment en précède ou en suit un autre.

 

            Si vous êtes au bord de l’eau, occupé à regarder le mouvement incessant (le qualificatif est significatif) des vagues par mer calme, vous ne vous posez pas de questions sur la causalité. Si brutalement une vague vous apparaît nettement plus forte (non que les précédentes puisque vous ne les différenciez pas auparavant), vous en cherchez la cause, comme un bateau à moteur qui passe à proximité, car un fait vous apparaissant, vous le considérez comme l’effet d’une cause, que vous recherchez, le cerveau humain ayant besoin de réponses aux questions qu’il se pose avant de retrouver une situation stable, c’est-à-dire où rien ne se passe, où le temps ne se déroule plus par succession de faits.   

   

            Rien ne se passe qui retient l’attention, rien ne se passe pour l’intéressé quelque soit ce qui se passe par ailleurs évidemment, car ailleurs il se passe toujours quelque chose, ne serait-ce que le tic-tac de la pendule qui égrène interminablement ses secondes, auxquelles vous prêtez .attention, si vous ne pensez à rien d’autre, ou si, pensant à quelque chose que vous avez isolé de la continuité ambiante de non-attention particulière, vous êtes dans son attente avec aucune autre occupation de regarder l’horloge.             

 

            « Aujourd’hui, Rien à signaler », aurait écrit Louis XVI le 14 juillet 1789, alors que les révolutionnaires s’emparaient de la Bastille, symbole du pouvoir monarchique. Symbole pour le peuple parce qu’elle fut alors occupée, pas symbole pour le Roi qui croyait détenir ce pouvoir de Dieu lui-même, donc ne pas être à la merci de quelques excités. « Aujourd’hui, rien à signaler » pourrions-nous écrire, même si, quelque part dans l’univers, une catastrophe de première grandeur est en train de se passer, mais dont nous n’aurons les effets que plus tard, dans un million d’années par exemple. Mais les faits qui nous sont méconnus ne sont pas des faits, ce n’est que leur connaissance qui en font des faits.

 

            François Ier remporta une grande victoire à Marignan en 1515, mais ce n’est que lorsque nous en avons pris connaissance que nous l’avons considéré comme un fait, dont alors nous avons recherché les causes, et aussi ses effets. Il se passe de nos jours sur cette terre des choses, dont nous étudierons plus tard encore les effets, mais que nous ne connaissons pas encore. Donc ces choses-là ne sont pas des faits, pas encore. Mais alors, ce que nous ne connaissons pas n’aurait pas d’existence ? Disons que ce ne sont pas des faits, puisque nous n’en cherchons pas les causes, ni les effets. Tant que le « fait » n’a pas été connu, il est inscrit dans une continuité qui le rend indiscernable, donc inexistant en propre.

 

            C’est en ce sens que l’on peut dire que nous créons les faits, que sans observateur rien ne se passe, que c’est l’observateur qui crée le phénomène, ou que c’est la relation entre l’observé et l’observateur, entre l’objet et le sujet qui seul existe. Ce qui n’est pas à la portée du simple bon sens, qui pense que l’observateur peut rendre compte d’un fait qui existe sans être observé, que les observations peuvent être considérées différentes, mais que derrière ce qui n’est qu’apparence, existe la réalité propre de l’objet. Tout au moins pour un esprit évolué, car pour un borné, la réalité est ce qu’il voit ou ressent, ceux qui affirment ne pas être de son avis se trompent ou veulent le tromper.

 

            S’il est nécessaire d’avoir une certaine ouverture d’esprit pour considérer que ce que nous voyons n’est qu’apparence, que d’autres peuvent avoir conscience d’une apparence différente, et qu’aucune apparence ne prévaut sur une autre, il faut en avoir une plus grande encore pour considérer que tout est dans la relation entre objet et sujet, que l’objet et le sujet donc n’ont  pas d’existence propre. Puisque l’existence est un fait et que le fait n’existe pas sans observateur.                     

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8 octobre 2010 5 08 /10 /octobre /2010 11:00

            En quelques phrases, au cours d’un même entretien, toute l’ambiguïté résumée. L’inné et l’acquis, ce qui nous a été donné et ce que l’on prend, que l’on apprend.  Nul ne doute de cette dualité et pourtant que de questions n’a t-elle pas posées ?  Pour nous, êtres humains, elle est parfaitement admise, il y a ce que nous avons reçu en héritage, qui constitue la base à partir de laquelle nous construirons notre identité, notre personnalité, et, à partir de là, toutes nos acquisitions, nos réelles acquisitions, pas celles qu’autrui nous inculquera d’une manière ou d’une autre, et qui sont, en quelque sorte, de l’inné à retardement, mais celles qui passeront par notre propre filtre, que nous adapterons à titre individuel, ou que nous créerons alors que d’autres créeront d’autres choses qui, jamais, ne nous viendraient à l’esprit.

 

            L’inné à retardement, qu’est-ce donc ? Retardement par rapport à quoi ? A la naissance, à la conception ou quelques semaines après ? Jadis, on considérait que le point zéro était la naissance, le premier cri, et qu’à partir de là chacun pouvait avoir sa propre évolution, encore que, d’un autre point de vue, l’enfant  était, jusqu’à sept ans par exemple, considéré comme n’étant pas doué de raison, qu’il était à éduquer d’une certaine manière qui ne dépendait pas de lui, dont il n’était pas responsable, et pas seulement jusqu’aux environs de sept ans mais, au moins juridiquement, bien après, d’où la notion, s’opposant à celle de majeur, responsable de ses actes vis-à-vis de la société, de mineur d’âge, dont la responsabilité des actes incombait .à un tuteur, parent le plus souvent, donc à un majeur.

 

            Et on ne se limitait pas à l’âge, mais à un âge légal. Certains jouissaient d’une dispense, étaient majeurs plus jeunes, d’autres l’étaient plus tardivement ou jamais, en fonction généralement de leur état mental, mais aussi existait la distinction entre les sexes, les femmes ne disposant pas des mêmes droits (et aussi devoirs, car droits et devoirs ne doivent pas être dissociés) que les hommes. Symboliquement, le droit de vote aux femmes a moins de soixante ans en France, et si certains pays l’ont accordé avant, qu’est-ce que quelques années changent à l’affaire ? L’idée qui prédomine toujours, dans la vie sociale, c’est de juger l’individu, de l’extérieur, tel qu’il apparaît aux yeux du monde, pour définir le moment précis où il basculera de l’état mineur à l’état majeur.

 

            Or ce basculement n’a rien d’une brutale révolution, un matin au réveil ou après un certain événement, encore que l’intéressé peut en avoir parfois le sentiment mais de cela il n’en en prend conscience que bien  après, et alors il se voit de l’extérieur en quelque sorte, en rétrospective. Elle ne se fait, quand elle se fait car elle peut aussi ne pas se faire, que très progressivement et différemment suivant les domaines concernés, lesquels sont d’un nombre indéfinissable, pour éviter de dire infinis. A partir d’un certain  âge, on fait ses propres choix, c’est résumer un peu vite l’évolution de chacun, la définition d’un instant, même d’une période de départ ne peut être que symbolique, d’un moment que la mémoire a retenu en  oubliant les signes précurseurs, les tentatives maladroites. Toujours cette nécessite de figer un fait pour lui donner vie.

 

            Si tu ne changes pas, c’est que tu es fait de bois, mais le bois aussi change, Joan, pas à notre rythme, mais au sien propre, lorsque nous le laissons évoluer naturellement. C’est d’ailleurs une définition envisageable d’un milieu naturel, qui évolue suivant son rythme propre, mais dans un  milieu chacun ne peut évoluer de manière autonome, « naturelle », on retombe sur l’inné et acquis, ce qui nous a été donné, quelque soit le moment, et ce que l’on apprend par soi-même, ce que l’on comprend.

 

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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 10:19

            L’évolution des mentalités ces dernières années peut sembler paradoxale. D’une part, l’individu a pris une importance de plus en grande  vis à vis de la société, ce qui logiquement aurait dû amener chacun à être, à se sentir de plus en plus responsable de ses actes, car comment exprimer son indépendance autrement qu’en exerçant sa liberté, mais d’autre part, cette indépendance n’en est pas une, puisqu’il rend la société responsable de tout, et lui de rien. Et cette nécessité d’être assisté dès qu’un problème se pose, c’est de l’assistanat servile. Un assisté dépend de celui qui l’assiste, et pour beaucoup c’est la société toute entière qui doit les assister, comme si cette société n’était pas constituée d’individus, comme s’il y avait, au-dessus des individus, un système qui devrait précisément exister pour leur venir en aide. Tant que les individus s’adressent nominativement à d’autres individus qui leur semblent plus favorisés qu’eux, on peut encore comprendre, cela existe depuis toujours ou presque, mais en arriver que tout un chacun devrait jouir de droits sans avoir de devoirs est vraiment étrange.

 

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6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 10:56

            Pas analysé, pas pris, c’est dire que pour un récidiviste, c’est-à-dire un précédemment analysé, il a plus à espérer côté clémence de la justice que du côté préservation de son anonymat. Car pour ceux qui ne le sont pas, récidivistes, l’ADN reste inconnu. Mais tirons-en l’optimiste remarque que si la récidive n’existait pas, si jamais personne, ayant fauté une fois, ne s’avisait de recommencer, les commissariats de police, les palais de justice et bien d’autres lieux se videraient de leurs occupants.

            Déjà même suivant la définition du dictionnaire de récidiver : « commettre de nouveau la même infraction, la même faute ; retomber dans la même erreur », mais bien davantage encore en considérant le mot récidivisme : « rechute dans la délinquance après condamnation », la délinquance étant:« l’ensemble des infractions considérées sur un plan social ».

            Certes, les grands délinquants retombent le plus souvent dans le  même type de fautes, meurtre, rapt, viol, vol avec ou sans violence, e t c .., ils se spécialisent en quelque sorte afin de s’assurer le maximum de chances de réussite dans leurs entreprises, mais il en est d’autres, petits délinquants mais aussi fanatiques, qui sont disponibles un peu pour tout, des hommes ou des femmes à tout faire, que les circonstances amènent à aller plus loin qu’ils ne pensaient le faire.

            A quelques exceptions près, du genre Arsène Lupin, Zorro ou Robin des Bois, qui sont des hors-la-loi honnêtes, des redresseurs de torts, faisant preuve d’une clairvoyance et d’une intelligence supérieure à la moyenne, les malfrats courants ne sont guère brillants sous ces rapports. Très limités, bourrés de complexes, une occasion s’est un jour présentée, et de fil en aiguille ils ont été entraînés dans la spirale infernale.

           On pourrait en déduire, c’est loin d’être rarement le cas, que ce n’est pas de leur faute, que leur responsabilité n’est pas ou peu engagée, le fait peut s’admettre parfois pour une première faute, mais en cas de récidive, il y a alors un responsable : le coupable de l’acte délictueux ou la société elle-même, le coupable de n’avoir pas tenu compte de la clémence de la société à son égard, on n’en est plus à la loi du talion dans nos pays dits civilisés, ou la société, de n’avoir pas mis en usage des garde-fous suffisants. Que, par exemple, un homme puisse, le lendemain d’une sortie de prison suite à une condamnation pour meurtre puisse assassiner une autre victime.

            Annoncer que l’ADN n’autorise l’impunité qu’à ceux maîtrisant leurs comportements et amènera ceux-ci à se trouver tous du bon côté ne manque pas d’humour, mais en incitera au moins quelques uns à d’autres activités moins dangereuses pour les victimes, d’autant plus que ne manquent pas les domaines où le sang-froid et la maîtrise des comportements sont estimés à une juste valeur. Du temps où nos frontières en étaient encore, les meilleurs d e nos douaniers étaient d’anciens fraudeurs.

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 11:25

Je franchissais ce matin à pied un pont sur l’autoroute et, m’arrêtant, regardais passer les voitures en contrebas sur les deux fois deux voies. Elles roulaient sans doute, dans les deux sens, aux environs de 130 km/h, vitesse autorisée à cet endroit, et mon impression, qui aurait été la vôtre à n’en pas douter, était que les voitures qui « sortaient » du pont, c’est-à-dire qui s’éloignaient de moi, roulaient sensiblement plus vite que celles qui y « entraient », c’est-à-dire qui venaient vers moi pour disparaître de ma vue sous le pont.

Je constatais le même phénomène en me plaçant de l’autre côté du pont, ce qui éliminait une différence de vitesse suivant le sens de circulation, comme cela se produit parfois suivant la densité de passage ou la présence d’une courbe par exemple. Pourquoi donc un tel effet ressenti par un observateur et inexistant quand on considère le fait en lui-même ?

Quelque soit l’observateur, l’effet sera toujours dans le même sens : les voitures qui débouchent semblent rouler plus vite que celles qui s’engouffrent sous le pont, mais rien ne me permet d’affirmer que la différence - ou le rapport - des vitesses constatées sera identique d’un observateur à l’autre. Peut-être que certains, à la limite, ne seront pas sensibilisés par cela (différence 0 ou rapport 1), que d’autres y verront peu d’écart que celui que je constate, et d’autres enfin plus que moi. Il ne s’agit donc pas d’exprimer cet écart mathématiquement, avec les conditions dans lesquelles se déroule l’expérience.

Mais envisageons la possibilité de faire modifier à notre gré la vitesse des véhicules (c’est parfaitement possible techniquement) , nous pourrions alors envisager de faire accélérer la file venant vers nous pour passer sous le pont, et/ou de faire ralentir la file s’éloignant du pont. Pour un observateur donné, peut-être que par exemple avec respectivement 140 et 120 km/h il aurait l’impression d’une vitesse égale dans les deux sens, ce qui pour autant ne lui permettrait pas de connaître cette vitesse d’égale impression.

Ce n’est pas une méthode de calcul précis d’effet type Doppler, mais peu importe, il s’agit ici d’un exemple simple permettant de réfléchir sur la perception de l’écoulement du temps. Pour une distance donnée, cent mètres par exemple, si vous percevez des vitesses différentes, c’est que votre perception de l’écoulement du temps est différent suivant le sens de circulation, alors que les voitures mettent, elles, le même temps pour vous parvenir comme pour vous échapper. Lorsque les voitures viennent vers vous, vous êtes dans l’attente, et l’attente dilate la durée réelle, lorsque les voitures débouchent, l’événement à lieu sans aucun attente et en absence d’attente, la durée apparaît minimale, le temps se contracte. .

On peut aussi penser qu’on s’intéresse au trafic pendant un temps donné, trois secondes par exemple, au lieu de se fixer une distance. Dans ce cas, on regarde de plus loin la voiture qui vient vers nous, et sur une plus courte distance la voiture qui s’éloigne. Nous ne sommes plus là dans un cas de simple perspective statique, puisque, à une distance donnée, les faits ne sont plus identiques. Ce qui s‘éloigne de nous semble s’éloigner plus vite, ce qui se rapproche de nous semble se rapprocher plus lentement qu’en réalité, en appelant réalité ce qui se passe en absence d’observateur.

Si le véhicule qui s’éloigne semble le faire plus vite encore, l’observateur peut considérer que son temps, celui du véhicule, s’est dilaté, ou que l’espace s’est contracté. Si le véhicule qui se rapproche semble le faire moins vite, l’observateur peut considérer que l’espace parcouru par le véhicule s’est dilaté ou que le temps s’est contracté.

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