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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 11:53

            Pourquoi respecter la nature ? Mais parce qu’elle est finie, parce qu’elle a des limites et c’est parce que ces limites nous apparaissent de moins en moins lointaines qu’il nous faut de plus en plus la respecter. Devant l’infini, le fini n’est rien, en bien ni en mal d’ailleurs, ce qui n’a alors aucun sens, il n’existe pas, c’est tout.

 

            C’est ainsi qu’à l’instar des espèces animales, l’espèce humaine ne se posait même pas la question de l’infinitude ou de la finitude de la nature. Nos ancêtres, chasseurs et/ou cueilleurs, quand un endroit ne leur convenait plus, en recherchaient …et en trouvaient un autre. Pourquoi donc auraient-ils, (pourquoi en auraient-ils eu seulement l’idée ?) de laisser l’endroit dans un  état convenable ?

 

            Et permettez l’apparente dérive - car elle n’est qu’apparente, mais elle me brûle les lèvres -, perfectionnant le raisonnement de leurs « frères inférieurs », les êtres humains  se complurent à respecter de fait, sans encore imaginer le formaliser, un principe qui devait par la suite engager toutes les pensées et les actions humaines : celui de causalité.  « Tout a une cause et, dans les mêmes conditions, les mêmes causes ont les mêmes effets ».

 

            Dans un monde infini, tout peut être à disposition, ce qui n’est pas là est ailleurs, ce qui n’est pas encore là pourra l’être plus tard, contentons-nous de rechercher la cause de la présence de ce qui nous convient, et nous nous retrouverons notre convenance. Dans l’infini, le fini n’est rien, en quoi ce rien, cette relation de cause à effet, devrait-elle avoir un quelconque rapport avec le reste ? On peut donc parfaitement isoler un effet et sa cause et faire des relations de causalité – judicieusement sélectionnées quand même – le moteur de toute action humaine.

 

           Mais la nature n’est pas infinie, l’espèce humaine d’abord hésitante a fini par s’en convaincre. Dans un ensemble fini, aussi grand soit-il, tout ce qui s’y passe est quelque chose, pas rien, on ne peut plus isoler absolument (sauf par la pensée et l’on ne s’en prive pas) une relation donnée, un fait devenu un effet et un autre devenu sa cause, on peut par la pensée toujours négliger le reste, mais il est toujours là. Et lorsque notre relation causale ne marche pas, vraiment pas, on parle alors de miracles ou de catastrophes qu’on ne pouvait pas prévoir parce qu’on ne l’avait causalement introduit !

 

          Dans un système infini, deux et deux font quatre, comme un et un font deux, et c’est toujours rien vis-à-vis de l’infini. Dans un système fini, on peut toujours prétendre que 2 + 2 = 4 - pourquoi pas ?-, c’est une convention, mais avant d’affirmer que deux ET deux FONT quatre, comme un ET un FONT deux, ça mérite réflexion !  

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2 février 2009 1 02 /02 /février /2009 15:30

            Très longtemps, je me suis posé la question : pourquoi écrire si ce n’est que des choses banales, comment même peut-on songer à conserver la trace de pensées, de réflexions qui sont celles de tous les jours  et qui probablement trottinent dans la tête de pas mal de mes compatriotes. A lire le journal, un quotidien  par exemple, l’oeuvre donc de professionnels de l’écriture, et le trouver dépassé dès le lendemain par l’édition suivante, au point de le jeter tout naturellement, sans le moindre regret, pourquoi irais-je ajouter ma propre prose à ces tas d’articles qui perdent leur intérêt une fois lus, et encore, qui sont loin d’être tous lus !

            Bien sûr, on a chacun son petit coin plus ou moins secret, ses petites notes personnelles qui n’intéressent que soi, mais de là à écrire régulièrement des pages complètes et à les collectionner précieusement, comme si on voulait en faire cadeau à la postérité, pourquoi donc ? D’autant plus qu’à écrire, on relit, on rature, on supprime, et en finale on ne retient pas grand chose, sinon de génial, au moins de valable, qui vaille la peine d’être conservé, d’être rédigé proprement, et dactylographié pour être parfaitement lisible.

            Mais l’ordinateur est passé par là, et avec lui, non seulement la possibilité de voir ce que l’on écrit, de synchroniser la frappe sur le clavier avec le déroulement de la pensée, d’imprimer les pages une fois terminées sans y revenir pour toujours les corriger, c’est passé, ce que j’ai fait, je ne ferais peut-être pas, sans doute pas aujourd’hui, peu importe…

            Et peu à peu, à la difficulté de remplir quelques lignes au début - d’une page d’écriture manuelle sur cahier d’écolier on se retrouve ici avec un simple paragraphe -, s’est substitué une demi page puis une page complète, et deux au moins aujourd’hui, avec cette règle que, quelque soit l’inspiration ou le désir de m’y mettre, elles sortiront chaque jour, numérotées de l’imprimante. Relues parfois, mais jamais corrigées, du premier jet.

            En quatorze ans, j'ai dépassé la sept millième. Quand il m’arrive, exceptionnellement, de me relire, cherchant un article sur un sujet que je me souviens quand même avoir déjà traité, je constate qu’il y a des pages qui exprimaient des pensées d’un certain intérêt, d’un intérêt certain même avec le recul du temps, au milieu d’autres qui ne répondaient qu’à une interrogation passagère.

            Mais je me permets d’estimer le bilan globalement positif, car c’est toute une évolution de la pensée qui se dessine à travers ces milliers de pages, alors qu’à ne pas les avoir écrites, je n’en serais toujours qu’à penser au présent. Et peut-être de ne pas avoir évolué, d’être toujours en attente d’un éclair de génie qui mériterait alors d’être relaté.  

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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 16:19

            Présentée à la continue, en ordre dispersé, se présentant toujours en temps réel, dans un présent vécu, et indépendamment des distances puisque couvrant la planète toute entière, elle se fait admettre comme un décor sans cesse mouvant mais extérieur. Habitués depuis des siècles au théâtre et maintenant aux projections cinématographiques où les comédiens  - avec plus ou moins de « vérité » - jouent un rôle de composition, les spectateurs voient défiler des images, entendent des commentaires, subissent des émotions qui ne leur appartiennent pas en propre, mais sont celles d’une collectivité dans laquelle ils sont plus ou moins intégrés. Ce n’est jamais de l’individuel, mais toujours du collectif.

 

            Au temps, pas si lointain pourtant à l’échelle humaine, où les informations n’arrivaient qu’au compte-gouttes, et d’autant moins vite qu’elles se passaient loin, chacune était digérée en fonction de son éloignement, les proches prenant le pas sur les lointaines, qui étaient déjà du passé. Habiter la France par exemple et apprendre avec un mois de retard un fait qui s’était passé en Chine ne soulevait pas les mêmes sentiments qu’un fait semblable passé tout à l’heure dans sa rue ou la veille dans une ville voisine. Aujourd’hui, ce décor n’a plus aucune profondeur, il manque de dimensions temporelle et spatiale. Ce qui limite terriblement le champ de la pensée : ne reste plus que moi (nous éventuellement pour les plus proches de moi) et les autres.

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31 janvier 2009 6 31 /01 /janvier /2009 17:39

            La découverte récente, c’est bien une découverte et pas une invention mise à la mode par les médias, que le monde est fini s’est peu à peu infiltré dans tous les cerveaux.

            Fini le temps où l’on pouvait raisonner par rapport à l’infini, respecter les règles classiques de l’addition, et donc aussi de la soustraction, Ce qui l’on apportait ajoutait une valeur en soi, ce que l’on retranchait aussi, mais tout cela ne comptait pas dans un monde infini. Curieux d’ailleurs qu’on ait conservé si longtemps cette notion de l’infini, que ce que l’on pouvait faire ou ne pas faire importait pour soi évidemment, mais « n’empêchait pas la terre de tourner », avait donc une importance toute relative, que l’on pouvait chiffrer pour peu qu’on s’en donnait la peine.

            D’où provient d’ailleurs cette merveilleuse création humaine, la relation de causalité. Une création à laquelle on s’est tant habitué depuis des millénaires qu’elle nous est peut-être innée aujourd’hui. Innée ou acquise, elle constitue le fondement même de tous nos raisonnements, nous amenant à agir comme à s’en priver. Si je fais ceci, il se passera cela, si je ne fais pas cela, je sais ce qui arrivera.

            Il arrive évidemment, éventuellement fréquemment, qu’à faire ceci, il n’arrive pas cela et qu’à ne  pas faire cela ce qui était prévu n’arrive pas, mais alors, ce n’est pas la relation de causalité en elle-même que l’on met en doute, mais celle que l’on a imaginée qui n’était pas la bonne, c’est-à-dire qu’il aurait été nécessaire d’imaginer quelque chose de plus pointu, ou de différent, une autre relation de causalité, mais une relation qui en soit toujours une, une relation de causalité qui nous était cachée. .     

            Une relation cachée, on fait alors appel et confiance à un spécialiste qui, lui, a pu par formation et expérience adéquates, se forger d’autres relations  de causalité que les nôtres, et donc résoudre des difficultés qui nous paraissent insurmontables. Qui devraient toujours pouvoir être surmontées, car si le spécialiste est défaillant, c’est qu’il n’est pas parfait, qu’il en connaît davantage que nous, mais qu’il ne connaît pas non plus la relation parfaite. D’où d’ailleurs ce sentiment que la perfection n’existe pas, sauf, sinon à la trouver, du moins à l’imaginer chez des, ou un être supérieur, maîtrisant la causalité.

            Un être « supérieur » ne faisant pas n’importe quoi, parce que non limité en puissance mais, au contraire pourrait-on dire, sachant toujours ce qu’il faut faire et étant alors toujours en puissance de le faire. Un être donc parfaitement raisonnable, adaptant parfaitement les actions qu’il doit entreprendre pour obtenir les effets qu’il désire. Le « miracle » apporté alors à la résolution d’une situation qui apparaissait insoluble (ou désespérée dans un cas humain) consiste en fait à trouver une relation de causalité, à appliquer un remède,  dont l’ « être inférieur » n’avait pas connaissance. 

            On trouve dans la Genèse : « L’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du bien et du mal. Empêchons-le maintenant d’avancer sa main, de prendre de l’arbre de vie, d’en manger et de vivre éternellement ».On peut évidemment se contenter de limiter ces paroles à des considérations purement morales, mais ne faut-il pas plutôt les étendre à la connaissance du bien, ce qu’il faut faire pour arriver au but que l’on se fixe, et du mal, ce qu’on ne faut pas faire, ce qui ferait échouer. Finalement, trouver la relation de causalité qui convient.

           Est bien ce qui réussit, va dans  le sens que l’on désire, « le bon sens » ; est mal ce qui y oppose, « le mauvais sens » ; ce peut être donc très peu moral, mais n’est-ce pas à la fois plus logique…et répondant à la plupart des préoccupations actuelles ? Ce qui relativise aussi ces notions puisque ce qui est bien pour l’un peut être, est même assez souvent mauvais pour l’autre, alors que vu sous l’angle réduit de la morale, on peut convenir plus universellement du bien et du mal et aboutir à une morale universelle, pour l’espèce humaine bien entendu, et pas pour les autres espèces vivantes ou non. La considération morale du bien et du mal répond donc à un raisonnement humain, les êtres humains se considérant alors comme « le centre du monde » autour duquel le reste, et quel reste, doit tourner à leur satisfaction.

            Il peut-être bien par exemple pour un sportif de réaliser une grande performance, mais quelle que soit le niveau de cette performance, elle sera, non pas évaluée par rapport à l’individu lui-même, et à ses possibilités. Ce n’est pas le problème des autres compétiteurs, ni du public, et pour l’individu lui-même, il peut être amené, alors qu’il s’est surpassé (allant du bien au mieux), à considérer ce résultat comme mauvais, puisque par exemple inférieur à ce qu’il en espérait.

            Car nous sommes, et de plus en plus, sans prévoir un renversement prochain de tendances, dans la compétition à outrance. A choisir un créneau dans lequel il ne suffit pas d’être bon - faut-il d’ailleurs être bon ? – mais dans lequel on peut espérer être le meilleur, de préférence à un autre qui nous conviendrait beaucoup mieux, mais dans lequel on ne risque pas d’être parmi l’élite.  Ne plus être soi donc, mais celui que les autres veulent que vous soyez, vous ou un autre évidemment, car ce n’est pas à vous que vont leurs pensées, mais à un modèle avec lequel alors ils pourront s’identifier, une idole ! .  .

            L’important, entend-on parfois, est de participer, mais c’est une phrase que l’on sort aux battus, en guise de consolation, souvent avec une pointe de commisération, alors qu’on serait incapable, et de loin, d’en faire autant. Quelle satisfaction ne retire-t-on pas à se poser, tel l’empereur romain aux jeux du cirque, en juge décidant des lauriers, de la pitié ou de l’opprobre ? De quel droit ?   

            S’identifier à son idole, sortir de son anonymat, non parce que les autres reconnaîtront votre personnalité, mais parce que, alors, vous vous incorporez, vous fusionnez avec d’autres, beaucoup d’autres, qui resteraient pour vos des inconnus à tout jamais s’il n’y avait cette idole qui sert de lien. Et dans ce jeu-là vous trouvez votre compte…et la vedette aussi (et surtout), que demander de plus ?  Comme chacun est satisfait, pourquoi voulez-vous que ça change ?

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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 16:49

            Ce qui distingue l’homme de l’animal, c’est que celui-ci n’a pas la parole, encore une de ces phrases qu’énoncent pompeusement un certain nombre « spécialistes de la question » qui cherchent absolument à se trouver des arguments « scientifiques » pour conforter leur préjugés sur le refus de considérer que, si l’homme apparaît à lui-même comme l’être vivant le plus élaboré, il n’en doute que très rarement, c’est qu’il est d’une essence sans rapport avec les espèces animales qui ne sont là que pour ses besoins ou son plaisir, une nature toute entière donc à son service, car les espèces végétales n’échappent pas à sa mainmise et ne cherche-t-il pas aussi à façonner la matière. On ne doute pas de ses ambitions, des ambitions de certains individus car ce serait conclure trop vite que tous ont les mêmes prétentions.

            Pour distinguer l’homme de l’animal, quoi de plus aisé que de prétendre que la parole est le propre de l’homme, la parole plutôt que le rire d’ailleurs, car certains animaux vont jusque là, la parole donc car on n’a jamais vu un animal parler, au sens où nous l’entendons évidemment, pour exprimer des idées qui lui sont propres et non, comme le perroquet par exemple, par simple imitation de paroles humaines, encore qu’on pourrait en discuter étant donné le choix du moment que le perroquet peut choisir pour s’exprimer.

            Pour distinguer l’homme de l’animal, la parole !  Mais alors que penser de ces sourds-muets…à qui il manque la parole, et pour la plupart depuis leur naissance ? Personne n’irait jusqu’à imaginer qu’ils ne soient pas des hommes à part entière, simplement (si l’on peut dire) victimes d’un handicap comme il en existe d’autres, beaucoup d’autres, sans que pour autant on puisse douter de leur spécificité humaine. Mais alors à définir l’espèce humaine, définir c’est limiter, et à limiter l’espèce, on l’éloigne des autres espèces, on se refuse à une sorte de no man’s land, on est ou on n’est pas, on entre ou on n’entre pas dans la définition… mais, au fait, où est la définition ? Car, à défaut de définir, comment intégrer, comment exclure ?

            A l’intérieur d’un groupe donné, relativement restreint, qui se connaît bien, c’est aisé. Les espèces n’étant pas fécondables entre elles, les familles se distinguent les unes des autres, et celui qui se considère comme faisant partie de l’espèce humaine (car le terme est une création de l’homme évidemment) retrouve ses congénères, ne se différenciant sans doute pas en cela des autres espèces qui chacune réagissent (pour éviter de dire pensent) de la même manière. La belle histoire du vilain petit canard d’Andersen, ou des constatations du même ordre, ne change rien à l’affaire.

            A ne pas pouvoir se féconder entre elles, les espèces conservent une cohérence certaine à notre échelle (n’oublions pas, et on l’oublie souvent, que c’est l’échelle d’observation qui crée le phénomène), ce qui n’empêche nullement le principe d’une évolution, laquelle alors ne peut qu’être lente, si tant est que lent ou rapide puisse alors signifier quelque chose. Donc, pour un groupe d’humains donné, pas de doute, mais lorsque s’étend la communication entre des groupes ne se connaissant pas jusqu’alors, la question peut se  poser sur l’appartenance à une même espèce, c’est-à-dire à la définition de l’espèce.

            Pour quoi faudrait-il prendre le critère de la fécondabilité, et uniquement ce critère-là pour caractériser une espèce ? Un passé, pas si ancien, nous a montré combien il était difficile de considérer d’autres humains comme étant de la même espèce que la nôtre. Imaginons – et ce n’est plus tout à fait aujourd’hui de la science-fiction – des humains envoyés sur une planète lointaine et s’y multipliant sans contact ultérieur avec notre planète, seraient-ils, au bout d’un temps long mais fini, encore de notre espèce ?

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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 18:27

.           En voilà un sujet pas facile à lancer. Si c’était un sujet de bac, je ne l’aurais sans doute pas choisi. D’autres candidats auraient peut-être nombreux à le prendre, au sortir de l’adolescence, car l’ennui, pour beaucoup, ça les connaît ! Que de fois depuis leur naissance n’ont-ils pas dit « Je m’ennuie », et ils étaient sincères, les pauvres. L’ennui, c’est terrible, on a toujours des choses à faire, à les faire, à en faire au moins une sérieusement, l’ennui disparaîtrait comme par enchantement, seulement voilà, pas question de commencer quelque chose, ou alors d’une telle façon que l’ennui subsiste, « le cœur n’y est pas ». Car il ne faut pas confondre l’ennui et l’oisiveté.

            Être oisif, c’est peut-être ne rien faire, ne rien faire aux yeux des autres, ne rien faire de ce que les autres s’attendraient à ce que vous fassiez, mais ce peut être une grande satisfaction intérieure, la détente après le travail mais aussi l’occasion de faire un repli sur soi, de se sentir vivre, de prendre du recul par rapport à une vie sociale mouvementée. Rien à voir avec l’ennui et, sans être psychologue, entre celui qui s’ennuie et celui qui n’est que oisif, il est aisé de faire la différence. On peut bien sûr cumuler, être oisif et s’ennuyer, beaucoup même s’ennuient dès l’instant qu’ils se trouvent oisifs, sans occupation, c’est même pour éviter l’ennui qu’ils s’affairent. 

            D’où vient cette alternative, avoir quelque chose à faire et le faire ou s’ennuyer ? De l’impossibilité de faire travailler ses neurones en dehors d’une activité apparente, le commérage en étant une ce qui fait que pour ne pas s’ennuyer, certains, et certaines surtout, se raccrochent les uns aux autres le plus souvent et le plus longtemps possible, car ce qu’il faut absolument éviter, c’est la solitude, se retrouver seul ou seule avec soi, la catastrophe ! Certes il y a la radio, la télévision, l’Internet, et de plus en plus de distractions inventées pour qu’on ne puisse plus se trouver avec soi.

            Le mot lui-même, distraction, est significatif : action de détourner l’esprit d’une occupation  est une belle définition qui laisse supposer cette alternance de l’occupation et de la distraction, mais quand on est incapable de fixer son attention sur une occupation, la distraction devient le remède à l’ennui. Un remède ou plutôt une tentative de remède, car l’ennui ce n’est pas comme la migraine, on ne peut pas le faire disparaître de cette manière, et aussitôt la distraction achevée, l’ennui  à nouveau se manifeste. Et ainsi de suite, l’individu tente d’y échapper en multipliant les distractions, mais le mal est là, dans son propre esprit, toujours prêt à renaître.

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27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 08:22

            Que veut dire donc Descartes lorsqu’il refuse résolument la parole aux animaux ? Est-ce par préjugé de sa part, manque de données scientifiques ? Mais sur quoi d’autre pouvait s’appuyer Descartes, malgré toute sa méfiance à l’égard des préjugés ? S’appuyer sur le bon sens, la chose du monde la mieux partagée ? Ne doutons pas qu’il manquait de données scientifiques d’une part, et qu’il était victime d’un préjugé bien ancré alors, et encore aujourd’hui, dans l’esprit humain, non seulement la supériorité de l’homme sur l’animal, ce qui peut se discuter, donc est scientifique, mais l’existence d’un seuil, d’une cassure, d’une coupure entre les espèces animales quelles qu’elles soient, et l’homme, non d’essence scientifique celle-là, mais religieuse.

             Alors que Descartes ait trouvé que c’était la conséquence d’un argument qui n’a rien perd de sa force, pourquoi pas ? Une aptitude leur ferait défaut, qui ferait donc toute la grandeur de l’homme : celle d’inventer un moyen de se faire entendre des hommes ! Ils communiquent pourtant parfaitement à l’intérieur de la même espèce, ce que jusqu’à présent nous sommes incapables de faire, à voir les difficultés que nous éprouvons, non seulement à échanger entre individus parlant des langues différentes, et les langues sont très nombreuses dans notre monde, mais encore êtres parlant la même langue. Quant à savoir si deux espèces animales peuvent communiquer entre elles, nous l’ignorons et pourquoi faudrait-il déduire de notre ignorance que la chose n’existe pas. Ce n’est certainement pas à la manière de la Fontaine, mais peut-être d’une façon que nous ne pouvons interpréter.

            N’est-ce pas plutôt à l’homme de se reprocher son incapacité à comprendre le langage animal plutôt que de relever l’inaptitude de l’animal à se faire comprendre des hommes ?  Pourquoi donc l’animal devrait-il inventer une langue nouvelle pour se faire comprendre des hommes, qu’attend-il de l’espèce humaine de plus que ce qu’il en obtient aujourd’hui ? Et ce qu’il veut des hommes, ne trouve-t-il les mimiques qu’il faut pour se faire comprendre, le langage des mimiques ne vaut-il pas le langage des signe ? .            

            Que l’homme ait une capacité créatrice et innovante, très nettement supérieure à celle de l’animal, nous les hommes, mais en l’affirmant nous oublions de préciser que cette capacité est très inégalement répartie dans l’espèce, que certains humains ne créent pas et n’innovent pas, que d’autres le font et que nous prenons les plus entreprenants pour qualifier l’espèce. Imaginons qu’un jour, nous découvrons un animal, ou que c’est lui qui nous découvre, possédant des capacités d’innovation et de créations extraordinaires, renoncerions-nous à la supériorité de notre espèce sur les espèces animales ?

            En fait, nous sommes enlisés dans nos préjugés, où la raison n’a que peu d’action. Mais peut-être est-ce cela l’évolution de l’animal vers l’homme, la perte de préjugés. L’animal ne peut que suivre des préjugés, puisqu’il vit dans son présent avec son passé qu’il intègre au présent, tandis que l’homme, pas tous peut-être mais l’espèce, a la possibilité de se dégager de certains de ses préjugés pour tenter de se préparer un futur. Futur qu’il peut espérer différent du passé, alors que l’animal n’en attendrait rien. Mais pas de coupure franche entre l’animal et l’homme.

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 17:07

            Dans un pays démocratique comme le nôtre, les lois sont votées par un parlement et mises en application par le gouvernement et des autorités qui tirent officiellement leur pouvoir des électeurs. Pour se faire élire, car après, pendant toute la durée de leur mandat, ils n’ont plus de comptes à leur rendre, et sont réélus ou battus en fonction de considérations qui ne sont pas souvent en relation directe avec les lois qu’ils ont votées ou appliquées.

            Les électeurs peuvent par exemple être en majorité mécontents systématiquement des élus en place, quel qu’ait été leur rôle dans l’évolution de la situation du pays, c’est l’alternance. Et alors, les nouveaux parvenus s’efforcent d’abroger ou de vider de leur contenu les travaux des précédents, et de faire voter et appliquer d’autres lois, souvent en contradiction avec les précédentes. Il serait véritablement scabreux  de considérer qu’il s’agit là d’un fonctionnement conforme à la raison.  

            Les élus en place prennent souvent des mesures impopulaires, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles n’émanent pas du désir de la majorité des citoyens, loin de là, mais qu’ils estiment devoir prendre en fonction du rôle qui leur a été assigné. Ce serait donc parce que les citoyens ne comprennent pas le sens des décisions prises globalement pour leur bien, au moins pour un certain nombre d’entre eux. Mais comment s’exprime entre deux élections la volonté populaire : par des manifestations et des sondages.     

            Une loi rationnelle pourrait faire l’unanimité…au même titre qu’une science, elle-même, fasse l’unanimité ? Pour qu’elle le fasse, il faudrait, pour employer un langage mathématique, qu’elle soit le plus petit dénominateur commun afin de convenir à tous, mais comme les opinions, voire les caprices, varient d’un individu à l’autre, ce serait vouloir placer ce PPCM si bas qu’on se demanderait à quoi puisse servir une telle loi.

            C’est pourquoi, pour le consensus on vote des lois vides de sens, ou que l’on n’applique pas, et pour qu’elle soit d’une certaine teneur, d’une teneur telle qu’elle puisse tout juste  obtenir une majorité, non dans le peuple, mais parmi ses  représentants. Lesquels la comprennent, mais pas toujours car ils sont embrigadés à l’intérieur de partis politiques, dans les quels il ne faut pas comprendre mais seulement obéir aux consignes, mais de là à ceux que la masse des citoyens ait un degré comparable de compréhension…. et personne n’est censé ignorer la loi.  

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25 janvier 2009 7 25 /01 /janvier /2009 17:14

            Qui n’a lu d’Alain ses Propos sur le bonheur a manqué une bonne et saine lecture et devrait rattraper le temps perdu en s’y plongeant rapidement, un livre à lire et à relire d’ailleurs, ce qui n’est le cas de la plupart des ouvrages publiés aujourd’hui. L’embarras du choix certes, plutôt le choix dans l’embarras, mais à voir le nombre de parutions, il  n’est pas étonnant qu’un non nombre d’entre elles ne méritent même pas une première lecture. Mais ce n’est pas d’aujourd’hui, rappelons-nous le temps où il fallait séparer les pages avec un coupe papier, n’en retrouverait-on pas déjà avec une partie d’entre elles non séparées, le lecteur n’ayant pas eu le courage d’aller jusqu’au bout, même pas celui de séparer les feuilles, ce qui dénote un manque d’intérêt qu’on peut qualifier d’évident sans beaucoup s’avancer.

            Ce qui importe avant tout, dans notre société de consommation actuelle, ce n’est pas la satisfaction que les lecteurs expriment après lecture, ni même le nombre de lecteurs, mais seulement le nombre d’exemplaires vendus, ce qui fait que l’intérêt d’un auteur est fonction de la publicité que l’on fait autour de son oeuvre, puisqu’en fonction de cette publicité on en vend plus ou moins. Et un fort tirage (et les exemplaires correspondants placés) entraînera un autre fort tirage pour les livres du même auteur qui suivront, bel exemple que cet Harry Potter qui fait de celle qui en écrit les sept volumes une des femmes les plus riches d’Angleterre. Nombreux sont ceux qui recherchent le succès sans jamais y parvenir, au moins de leur vivant, mais quelques-uns abandonnent le métier, lassés de ce même succès.    

            Mais revenons à Alain, on peut ne pas aimer ses Propos sur le pouvoir, mais comment ne pas s’intéresser à ses Propos sur le Bonheur ? Quatre-vingt-treize délicieuses petites histoires de deux trois pages, en petit format encore, que l’on se surprend à lire d’un trait, ou presque, à la continue, comme un polar, tant l’intérêt reste soutenue  et qu’on peut ensuite reprendre une à une, pourquoi pas une chaque soir avant de s’endormir,  pour en tirer toute la « substantifique moelle ». Non qu’il faille peser les termes, se demander où il veut aller, non, vous le lisez comme vous relisiez un texte que vous auriez rédigé vous-même, comme cela, en toute détente. Des histoires toutes datées donc, puisqu’elles avaient été écrites une à une et pas dans l’ordre pour paraître dans la presse régionale. 

            Quatre-vingt-treize petites histoires, à en lire d’in trait puis d’en méditer une par soirée, c’est s’assurer un trimestre de quelques minutes de lecture bien agréables avant de se  laisser aller au sommeil réparateur. Par tous les temps, et puisque le temps qu’il fait a tant d’importance sur l’humeur de beaucoup de nos compatriotes, citons la finale de la quatre-vingt-onzième, l’Art d’être heureux, tout un programme :

            « Dans cet art d’être heureux, auquel je pense, je mettrais aussi d’utiles conseils sur le bon usage du mauvais temps. Au moment où j’écris la pluie tombe ; les tuiles sonnent ; mille petites rigoles bavardent ; l’air est lavé et comme filtré ; les nuées ressemblent à des haillons magnifiques. Il faut apprendre à saisir ces beautés-là. « Mais, dit l’un, la pluie gâte les moissons » Et l’autre « La boue salit tout » Et un troisième : «  Il est si bon de s’asseoir dans l’herbe » C’est entendu ; on le sait ; vos plaintes n’y retranchent rien, et je reçois une pluie de plaintes qui me poursuit dans la maison. Eh bien, c’est surtout en temps de pluie que l’on veut des visages gais. Donc, bonne figure à mauvais temps. »

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24 janvier 2009 6 24 /01 /janvier /2009 16:16

           « Peut-on en finir avec les préjugés ? » Une idée intéressante:  ne préjugeons pas, ce serait tomber dans le piège, de la fausseté ou de la vérité d’un préjugé. La critique porte sur l’absence de réflexion et d’examen, quelque  soit le degré de confiance à accorder. Ne nous fions pas à l’évidence d’un énoncé puisque précisément c’est le plus souvent l’évidence de la formulation qui crée le préjugé. On est confiant parce que justement tel qu’il a été présenté  ce qui est devenu un préjugé « coulait de source ».

            Le plus souvent, mais pas toujours, on peut ne rien y comprendre, mais peu importe, c’est quelqu’un de bien qui l’a formulé, quelqu’un donc qui ne peut pas se tromper, qui au moins a beaucoup moins de chance de se tromper que tout un chacun. Mais attention, comment peut-on imaginer qu’un être reconnu de valeur dans un domaine donné en possède aussi en d’autres, sans rapport avec le premier ? Avec cette formulation, les choses semblent claires, c’est d’une évidence indiscutable…alors que c’est absurde. Pourquoi un footballeur de premier ordre serait-il plus à même d’apporter des réflexions de valeur sur….tout ce que vous voulez qui n’est pas de sa partie parce qu’il marque de beaux buts ? Ou un grands mathématicien sur l’art de faire la cuisine ? L’un n’empêche pas l’autre évidemment, mais ne l’entraîne pas pour autant.    

            On ne peut évidemment, nous l’avons dit, remettre en cause systématiquement et en permanence toutes nos opinions, bien qu’elles soient beaucoup plus souvent de simples préjugés et non les résultats de nos réflexions personnelles. La vie normale deviendrait impossible, mais il paraît intéressant ici de citer René Descartes qui lui-même avait convenu, dans la troisième partie du Discours de la Méthode :

               Afin que je ne demeurasse point irrésolu en mes actions, pendant que la raison m’obligerait de l’être en mes jugements, et que je ne laissasse pas de vivre dès lors le plus heureusement que je pourrais, je me formai une morale par provision, qui ne consistait qu’en trois ou quatre maximes, dont je veux bien vous faire part. La première était d’obéir aux lois et aux coutumes de mon pays…Ma seconde maxime était d’être le plus ferme et le plus résolu  en mes actions que je pourrais et ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsque je m’y serais un fois déterminé, que si elles eussent été très assurées…Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l’ordre du monde…  

            On critique parfois Descartes d’avoir fait du doute une règle de vie et, comme il l’écrivait, « de recevoir jamais aucun chose pour vraie que je la connusse évidemment être telle, c’est-à-dire d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements, que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute », c’était son premier principe, mais entre la raison pure et les nécessités de l’existence, il était capable de composer, mais de le faire sciemment.  On peut parfaitement accepter un préjugé sans l’avoir pesé soi-même, mais pour ce qu’il vaut, et pas pour s’en servir à établir d’autres démonstrations en construisant ainsi sur le sable un édifice sans assise. Que ne voyons-nous, pourtant, de ces brillantes et « indiscutables » démonstrations ! Voyez les discours politiques, particulièrement signifiants, notamment en période électorale. 

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