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23 décembre 2008 2 23 /12 /décembre /2008 09:38

             

            De la simple opinion à une plus mûre réflexion, comment passe t-on de l’une à l’autre ? Avoir une opinion, c’est déjà s’avancer dans l’expression, car on ne l’a pas vraiment, nous n’en sommes pas propriétaires, on nous l’a donné et nous n’en sommes que dépositaires. A la réémettre, nous n’effectuons aucun travail personnel, elle est là, toute prête à sortir, telle qu’elle est entrée.

 

            Tout au plus, à une circonstance donnée, nous opinons. Opiner de la tête, c’est acquiescer, sans y réfléchir, ne dit-on pas souvent opiner du bonnet, pas flatteur peut-être mais plus proche de la réalité. Réfléchir demande un certain temps, une durée nécessaire, sinon à l’irruption de l’idée, au moins à sa mise en forme avant émission. Une durée qui fait défaut dans l’opinion.

 

            La mode est aux sondages d’opinions. On ne demande pas ce que les sondés pensent, surtout pas, même si on veut leur fait croire ensuite, aux résultats, que c’était le cas, non, on leur demande leur opinion, et, bien évidement, cette opinion pourra varier en fonction de la façon dont le sondage est organisé, puisque une opinion n’est qu’un acquiescement, ou un refus, acquiescement négatif, sans donner le temps d’une réflexion personnelle, un furtif passage par le bonnet, pas par le cerveau qui reste dessous, sans sollicitation des neurones.  

 

            Les sondages d’opinions, une absurdité ? Que non, par pour ceux qui les organisent, car, après avoir répondu sans  réfléchir, le sondé – la plupart d’entre eux peut-être – se demande pourquoi il a ainsi répondu. Et se met, il n’est pas idiot quand même, à se trouver des raisons validant sa réponse, même si, avant d’être sondé il n’avait pas la moindre idée. Il ne s’aperçoit même pas qu’il s’est fait manipuler.

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22 décembre 2008 1 22 /12 /décembre /2008 11:18

           Ce n’est pas la petite restriction de la pub sur les chaînes de télévision publique qui va y changer grand-chose dans quelques jours. Ce qui est étrange n’est pas que la pub, répétitive comme elle l’est, puisse influencer nos choix de consommation, mais –c’est plus philosophique -qu’il semble aujourd’hui acquis par la plupart de nos concitoyens que c’est un fait qui ne discute même plus, qui est entré dans les mentalités au même titre que le soleil se lève chaque matin et se couche le soir, sauf si des nuages l’empêchent de s’exprimer. La pub, ça marche et ça ne peut que marcher ! Sinon, argument suprême, pourquoi se dépenserait-il tant d’argent pour qu’on en produire ?


         
Eh bien non, la pub ça ne marche pas à tous les coups, loin de là d’ailleurs, mais le talent, la touche de génie des publicitaires a été de parvenir à convaincre du contraire le consommateur, et par là le donneur d’ordres ? On ne ferait pas de la publicité pour un produit qui ne vaudrait rien, entend-on parfois, rarement quand même car c’est un aveu de soumission aveugle et on aime pas cela, c’est tellement contraire à la haute idée que l’on se fait de la liberté humaine, mais si on ne l’avoue pas, on n’en est pas moins persuadé.   


           
D’où ces cris du cœur, la dénonciation du scandale, au sujet des « moyens souvent sans scrupules que les publicitaires utilisent afin de capter l’attention ». Mais voyons, hélas pour ceux qui se croient les victimes innocentes de l’Hydre de Lerne, il en est d’autres qui ne songent pas à lui couper la tête, à cette publicité envahissante, car elle les laisse totalement indifférents. Ainsi va le monde. On a chacun ses propres fantasmes.

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21 décembre 2008 7 21 /12 /décembre /2008 17:03

 

            « Le fait de savoir que nous ne sommes pas éternels peut pousser l’individu à agir » 

            
            Qu’à ne pas être immortel, qu’à le savoir, en être certain, à devoir tenir compte du temps qui passe, à se rendre compte que, sans connaître le temps qui reste à vivre  - sauf pour ceux qui en ont décidé autrement -, c’est-à-dire la durée disponible à l’action, l’homme serait poussé à agir, c’est s’aventurer bien loin. car – peut-être n’est-ce pas le cas, bien que ce soit très probable – seule l’espèce humaine  a conscience de la mort, un sentiment qui ne lui est pas inné mais qu’elle n’acquière que très progressivement, en commençant par constater la mort de proches avant de penser à la sienne, et pourtant, que de choses, que d’actions n’ont-elles pas été accomplies par des êtres vivants qui, sans pour autant se croire immortels - on ne peut y penser qu’en se sachant mortel -, agissaient dans leur présent vécu, sans penser à leur fin plus ou moins prochaine ? 
 

            L’immortalité ? Un temps qui n’en finirait plus de s’écouler, qui ajouterait des jours aux jours, des années à des années, des millénaires aux millénaires jusqu’à la fin…d’être capable de les compter. Alors là, évidemment, voilà qui ne pousserait guère à l’action un être qui en aurait conscience. Pourquoi faire aujourd’hui ce qui peut se faire demain est déjà l’attitude de tant de nos semblables, qu’on serait alors sans doute dans l’inaction, la volonté de changer les choses, la plus totale. C’est sur l’incertitude de la date de la mort, pas sur sa nécessité, que se joue la scène humaine. Se croire immortel ou connaître précisément la date de sa propre fin, ce n’est pas la même chose, mais c’est du même registre. Imaginer la vie humaine, chacun connaissant sa fin, et vous vous en convaincrez.

 

            L’éternité, c’est tout autre chose. Ce n’est plus du temps qui n’en finit plus s’écouler, mais du  temps qui ne s’écoule plus. Non des instants qui s’ajoutent aux instants, jusqu’à la fin des temps, si l’on peut dire, mais un instant qui n’en finit plus. La même chose, me direz-vous, à ne jamais l’éprouver ? Une éternité qui peut être vécue par l’un, mais par l’autre, comment la concevoir ? Pensez y, ça en vaut vraiment la peine ! 

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18 décembre 2008 4 18 /12 /décembre /2008 20:25

            Le premier qui ait songé à distinguer le corps de l’esprit était-il un philosophe qui raisonnait en prenant du recul vis-à-vis de la banale vie quotidienne, était-ce un scientifique qui voulait « diviser chacune des difficultés que j’examinerais en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre », ou un athlète, pleinement conscient des difficultés à accorder les réactions de son corps aux volitions de sa pensée, comme s’il s’agissait  de la transmission d’ordres à distance, d’une entité à une autre, chacune jouissant d’une réelle indépendance dans une certaine interdépendance ?

 

            A l’origine, et bien longtemps après, ils n’en faisaient qu’un et nos lointains ancêtres, à l’instar de leurs cousins animaux, ne voyaient pas la nécessité d‘une distinction, sauf qu’à se retrouver quelconque parmi les autres espèces, supérieure à certaines mais inférieure à d’autres, l’espèce humaine y trouva de quoi satisfaire son ambition d’être à nulle autre pareille, de l’esprit pour elle et rien pour les autres.

 

            Mais les temps ont passé, peut-être sommes-nous enfin devenus suffisamment intelligents aujourd’hui, soit pour négliger cette dualité entre le corps et l’esprit, ne faire qu’un d’éléments idéologiquement isolés, soit, au moins, pour ne pas refuser aux autres espèces une part de cet esprit puisqu’ils disposent d’un corps pour le recevoir, et que la continuité de l’évolution se doit de négliger, au nom de la raison dont nous sommes si fiers, le caractère extra naturel de notre espèce. Au sommet oui -pourquoi pas ? - mais au sommet donc d’une pyramide s’élevant progressivement vers le haut.   

 

           A rester dans l’idée d’un esprit idéalisé qui ordonne à un  corps, plus ou moins docile, d’obtempérer, le dur entraînement que s’impose un athlète pour parvenir à ses fins, est significatif. Il peut certes obtenir certains résultats en négligeant les réactions de son corps, en le torturant, mais n’est-ce pas dans l’harmonie du corps et de l’esprit qu’ils peuvent se surpasser et produire l’exceptionnel qui fait les champions ? Bien sûr, il peut tricher, aujourd’hui plus que jamais, tous les moyens  pour le faire abondent, mais n’est-ce pas là créer une distorsion entre le corps et l’esprit, alors qu’ils devraient ne faire qu’un, dans le succès, comme dans l’échec d’ailleurs.    

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16 décembre 2008 2 16 /12 /décembre /2008 09:08

            Est-ce ces jours bien courts de décembre, le froid ambiant, un hiver précoce en effet mais on en a connu d’autres, l’absence de soleil qui tarissent l’imagination, laquelle, le plus souvent, trouve toujours sujets à développer, des sujets même futiles mais dont on peut toujours en tirer des observations qui les dépassent ? Un de ces moments où rien n’accroche, ne semble mériter une attention particulière, dans un monde qui pourtant ne cesse de tourner. Oh, pas l’ennui, cet ennui dévastateur qui, au contraire, vous replie sur n’importe quoi pourvu que le temps passe, sans que pour autant le temps passe, non, mais cet état d’attente où l’esprit s‘ouvre au maximum dans l’espoir de capter l’étincelle qui fera tout redémarrer.

            Etincelle venue d’ailleurs, de quel ailleurs ? Sommes-nous maîtres de nos pensées ou les pensées qui nous arrivent ne retiennent-elles notre attention que si nous sommes en disposition pour les recevoir ? Notre esprit n’agit-il pas en résonateur, négligeant certaines pensées qu’on aimerait a priori exploiter, mais qu’on laisse filer parfois sans espoir de retour, se trouvant  accaparé par d’autres qui sont loin de présenter le même intérêt ? Pire, ne pas en être réceptif alors que rien d’autre ne bouche l’accès. Ces pensées qui nous débarquent sans prévenir, ces étincelles, ont-elles une durée par elles-mêmes ?             

            Est-ce notre incapacité à les saisir, à leur consacrer une certaine durée, un intervalle de temps, leur permettant de prendre forme, qui fait qu’elles s’échappent, laissant le souvenir d’un bref passage dans le meilleur des cas et plus généralement pas le moindre souvenir. Pas le moindre souvenir ? Est-ce à dire qu’elles sont à disposition de tous, universelles, un lot commun, mais qu’elles ne passeront que dans les cerveaux disponibles pour les capter? Et qu’elles ne s’y maintiendront qu’avec la disponibilité d’une certaine durée, car il nous faut les formaliser ?     

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15 décembre 2008 1 15 /12 /décembre /2008 14:58

            Les devoirs et les droits de l’homme sont-ils universels ? Si l’homme n’avait que des devoirs, il ne serait que l’esclave de certains de ses semblables, s’il n’avait que des droits, il en serait le maître. Or s’il est une chose qui peut se prétendre universelle, c’est bien le partage d’une égale dignité entre les humains, un équilibre entre nos droits et nos devoirs.

 

            En n’abordant que les droits, on pérennise une inégalité, on l’accentue, car dans un monde en expansion tel que le nôtre, au nécessaire que l’on donne à ceux qui en ont vraiment besoin répond un superflu bien plus considérable chez ceux qui ont des prétentions de toujours plus de fortune et de pouvoir.

 

            A parler des droits sans les devoirs, celui qui donne (pas seulement matériellement)  domine celui qui reçoit, celui qui reçoit est sous la dominance de celui qui donne. Si cela peut déjà se ressentir dans les relations individuelles, quoiqu’en pensent les individus eux-mêmes, c’est frappant au niveau des collectivités et, plus encore, au niveau des cultures. Les devoirs  et les droits de l’homme, indissociablement liés, peuvent seuls prétendre à l’universalité.    

 

            A parler des droits sans les devoirs, on se déresponsabilise de ses devoirs. Nous assistons certes, en ces temps pour beaucoup difficiles, à une prise de conscience de ceux qui ont leur nécessaire – si tant est que la frontière entre le nécessaire et le superflu puisse s’établir avec une certaine objectivité, s’il ne s’agit pas d’une distinction tout à  fait relative -  mais, sauf pour une minorité d’entre nous qu’il ne faudrait pas sous estimer pour autant, à rejeter sur d’autres, des voisins, des collectivités, le gouvernement, la société en général, les devoirs qu’ils devaient assumer en faveur des moins favorisés.

 

            Une manière de toujours rendre responsables de tout ce qui va pas bien d’autres que soi, d’annihiler la responsabilité individuelle, de n’avoir finalement que des droits, y compris ceux d’en réclamer pour d’autres, comme on le ferait (et on le fait) pour soi-même. Est-ce ainsi que l’on peut espérer l’universalisation des droits de l’homme ?

 

             A chacun des droits et des devoirs, pas les droits pour les uns et les devoirs pour les autres, pire, pas les droits pour tous les hommes en général et les devoirs, nécessaire complémentarité, pour la société, une espèce de société anonyme dont les hommes ne seraient pas partie prenante. On n’en est pas encore là, mais sur la voie, on trouve toujours des boucs émissaires, lesquels pourtant sont des êtres humains comme les autres, comme ceux qui réclament les mêmes droits pour tous.

 

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13 décembre 2008 6 13 /12 /décembre /2008 18:09

            Les droits de l’homme…tout à fait  d’accord de reconnaître leur intérêt  historique, à une époque où seule prévalait la loi du plus fort, une manière donc de limiter à un juste niveau le pouvoir des forts sur les faibles, avec ce postulat que par nature ou acquisition les hommes ne naissent et ne vivent pas égaux. Les droits donc pas de l’homme, en tant que tel, mais des faibles par rapport aux forts qui, eux, n’ont que des devoirs. 

 

            Tout à fait d’accord pour constater qu’il existe toujours, par secteur et ils sont innombrables, des forts et des faibles, mais aussi que la déclaration des droits de l’homme, et ce qui s’ensuit évidemment, loin de tendre vers une égalité entre les hommes, perpétue et accentue les  différences entre les uns qui ont tous les droits (les faibles) et les autres qui n’ont que des devoirs (les forts).

 

            Maintenant que la mondialisation est faite, ou en voie de se faire, ne serait-il pas temps de promouvoir l’idée qu’il n’y a pas de droits sans devoirs, de devoirs aussi sans droits, que droits et devoirs sont indissociables, et qu’ainsi l’on puisse s’acheminer vers une véritable conception d’égalité entre les êtres humains, sans discrimination, tant positive que négative ?    

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12 décembre 2008 5 12 /12 /décembre /2008 18:51

            « Ainsi oppose-t-on la réflexion à l’action, la théorie à la pratique, la vérité à l’utilité ». Agir, avoir un esprit pratique, se montrer utile semble être, et de loin, préférable à réfléchir, théoriser, « tourner autour du pot » inutilement. Car à parler d’utilité, on est dans un domaine, oh combien actuel, où le temps qui passe joue le grand rôle : l’urgence, pas question de tergiverser, il faut agir ! Et nous en revenons à la causalité, ce puisant moteur que l’homme s’est créé, mais qu’il ne faut toutefois pas manier à l’aveuglette.

 

            Un fait se produit qui nécessite une réaction. Ce fait a des causes, il a aussi des effets. Un  cerveau humain ne peut pas traiter les unes et les autres simultanément. A privilégier les effets, il agit utilement, immédiatement, pas toujours dans le bon sens, mais il agit, se met en règle avec sa conscience. A privilégier les causes, il réfléchit, s’intéresse aux  tenants plutôt qu’aux aboutissants, le temps passe avant qu’il n’agisse, mais alors risque moins la réaction inadaptée au problème à  traiter.  

 

            Un fait se produit…mais qu’est-ce qu’un fait, que nous isolons artificiellement de la continuité ambiante, à qui nous attribuons un début et une fin, une tranche d’espace et de temps. Ce fait, nous le définissons et définir c’est l’isoler de son contexte. Dans quelle mesure n’était-il pas prévisible, ne pouvions-nous pas en prévoir les conséquences, rétablir ainsi la continuité temporelle, au lieu de nous affoler, comme nous émerveiller d’ailleurs, le moment venu ? Et ce fait existe pour nous, et pas pour d’autres qui pourtant partagent notre espace et notre temps, mais qui ne l’ont pas extrait de leur continuité existentielle.  

 

            Oublions les faits que nous isolons et auxquels une urgence de réaction s’impose, l’homme d’action rapide comme le philosophe aux réflexions profondes, retirent la main aussi vite l’un que l’autre d’une surface brûlante, on peut opposer les deux types de comportement appliqués à des êtres « parfaits », idéaux  qui seraient l’un sans être l’autre, parfaits dans leur jusqu’au boutisme, mais parfaitement déséquilibrés dans leur conduite humaine. N’est-ce pas à celui qui réfléchit trop de penser un peu  à l’action et à celui qui fonce tête baissée de réfléchir un peu avant d’y aller ?     

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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 15:07

             A aborder la question du visible et de l’invisible, de ce que nous sommes censés voir et ne pas voir, ne devrait-on pas préalablement poser le fait que nous ne voyons rien...sauf les longueurs d’onde comprises entre 400 et 800 nanomètres sur une échelle de zéro à l’infini. Mais que ce rien visible étant communément partagé par l’espèce humaine, nous avons généreusement convenu qu’il constituait la réalité visible, que nous avons transformée allègrement en réalité tout court.

 

            A ériger ce rien, ou presque rien, en tout, ou presque tout, nous nous livrons à une extrapolation qui peut apparaître satisfaisante à notre esprit dans la plupart des cas, puisque nous pouvons nous accorder communément sur cette définition, et c’est certes générateur de bien des choses, mais qui peut aussi nous réserver d’étranges surprises, que d’aucuns trouveront relevant du miracle (du réel introduit par on en sait quelle intervention hors humaine) et d’autres de l’hallucination (pas de réel, de l’imaginaire sans fondement). Un  préalable donc : la relativité de notre réalité.   


*

 

            Lorsque Heidegger regarde sa montre, il ne regarde pas l’heure, il pense au temps qui passe, à celui qui lui reste pour accomplir ou subir telle ou telle chose, et nous renouvelons ce même geste constamment, lorsque nous ne pouvons rien faire d’autre pour faire avancer – ou reculer- l’affaire qui nous préoccupe. Pensez à l’attente sur le quai d’une gare. C’est en quelque sorte un aveu d’impuissance, au moins momentané. Mais qui ferait le geste de consulter sa montre poignet s’il n’en portait pas, s’il était conscient de ne pas en porter ? C’est donc un  certain objet réel qui est employé à d’autres fins que celle pour laquelle il a été conçu, est-ce en soi extraordinaire de percevoir derrière le visible quelque chose d’invisible ? De toutes scènes qui s’offrent à nous, chacun y voit ce qu’il « veut bien », nous en faisons souvent l’expérience.

 

            Ce qui me semble par contre plus inhabituel, disons exceptionnel, c’est de vivre un phénomène   dans lequel vient s’intégrer un objet, un sujet qui n’existe pas, qui n’est pas là pour les autres, quelle qu’en soit leur interprétation, et qu’après-coup, à la réflexion, vous ne pouvez en admettre raisonnablement l’existence. Je m’explique par un exemple simple: Vous vous promenez dans un parc, une allée bordée d’arbres ; un jogger va vous croiser, c’est comme cela tous les jours ou presque, vous le voyez arriver entre deux arbres, puis plus rien… il a disparu, s’est évaporé. Ce n’était pourtant pas une image floue, genre fantôme écossais ! Voir quelque chose qui n’est pas est autrement plus interrogatif que de ne pas voir ce qui est. Toutes les hypothèses sont permises, y compris celle d’un décalage dans le temps : ce jogger passait peut-être là  réellement  avant, ou passera-t-il après ?  Un  phénomène se déroulant dans un espace-temps un peu chahuté ?   

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7 décembre 2008 7 07 /12 /décembre /2008 16:23

           En quoi le silence de la classe différerait-il du silence en général, n’y sommes-nous nous pas entre semblables, entre êtres humains, égaux en dignité et peut-être dans un certain sens, sinon en connaissances ramenées au simple objet de la réunion, également ouvert à nous étoffer l’esprit en acquérant de l’autre quelque chose que nous  n’avions pas ? Certes, apparemment, c’est du seul (le sachant, le professeur) contre tous (les élèves, ceux qui sont là pour s’élever…ou être élevés), mais  ne sont-ils pas tous des étudiants, des apprenants ?

 

           Un professeur qui n’apprendrait rien du contact de ses élèves, qui n’aurait que la sensation de  s’adresser à une bande d’ignares indignes de son enseignement, ne vaudrait-il pas mieux qu’il reste chez lui, à méditer sur la relativité de sa valeur humaine ? A envisager ainsi une relation sachant/apprenants, à la généraliser, ce serait-ce point aller rapidement à la ruine des connaissances, à cumuler les déperditions en ligne ? Car à se contenter de transmettre chacun uniquement ce que l’on sait avec plus ou moins de réussite, qu’en resterait-t-il au cours du temps?

 

             Les silences de la classe peuvent être lourds de significations, disons plutôt dans la classe, car en quoi l’enseignant devrait-il en être privé, en quoi ne devrait-il être qu’un moulin à paroles, à réflexions et observations ? N’est-ce pas une communauté qui a autant à donner qu’à recevoir, des deux côtés de l’estrade (lorsqu’elle existe encore). Ne nous souvenons-nous pas tous de ces profs qui savaient échanger, traiter –hors matière proprement dite - d’égal à égal avec leurs élèves, des enseignants qu’on ne pourrait alors jamais remplacer par des appareillages électroniques, aussi sophistiqués soient-ils ?   

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