Pourquoi pas aussi la vertu d’ailleurs, et pas seulement tout ce qui peut apparaître négatif, comme l’injustice ou l’intempérance ? Pourquoi la justice et la tempérance ne répondraient-elles pas aux mêmes critères ? En menant une vie relâchée, les hommes sont personnellement responsables d’être devenus eux-mêmes relâchés…est-ce à dire que le relâchement est une pente naturelle et que pour ne pas se relâcher, il faut faire un effort, que ce ne serait pas naturel, donc que tout naturellement les hommes se laissant aller à la facilité glissent vers le mal ?
Mais quel est donc l’état de l’homme au départ. Et quel est ce départ ? La prise de conscience de sa raison, de sa possibilité d’agir dans un sens ou dans l’autre, car avant comment pourrait-il être responsable de se relâcher ou de ne pas le faire ? Mais ses tendances existent bien avant qu’il commence à percevoir sa propre responsabilité. Aristote prend l’homme au stade où il est déjà un homme, responsable de ses actes, ne se pose pas de question sur l’inné, son ascendance, son milieu, mais l’homme à un point zéro, là ou il maître de décider.
L’homme donc passant du stade de responsabilité à celui d’irresponsabilité, et pas celui, pas encore responsable de ses actes en prend peu à peu conscience. Le glissement devenant irréversible de l’homme vers le mal, ou ce que la société qualifie comme tel, c’est-à-dire qu’avant ce glissement il devait être dans le bien, ou au moins dans un état où l’on n’avait rien à lui reprocher. Mais est-ce être dans le bien que de ne pas faire le mal ? Ou existe-t-il un état intermédiaire, ni bien, ni mal, un état neutre, à partir duquel on peut partir dans le bien comme dans le mal ?
Oui probablement, chez l’irresponsable, car c’est par l’acquisition de la responsabilité qu’on peut être jugé, pas seulement par autrui, mais par soi-même, et cette prise de responsabilité, certains la recherchent, d’autres la refusent. Certainement pas de manière uniforme, quel que soit le domaine considéré, mais suivant les cas qui se présentent. « Responsable, mais pas coupable », une phrase à méditer. On peut rechercher des responsabilités, mais alors il faut être capable de les assumer dans le meilleur comme dans le pire. On peut fuir les responsabilités, mais alors ne pas en tirer profit quand ça va bien, et ne rejeter la responsabilité sur autrui quand ça va mal.
Est-il plus aisé de bien faire que de mal faire, de se laisser aller au mal ou de remonter la pente ? On peut citer le cas d’alcooliques qui sont devenus des modèles de sobriété, mais consommer quelques verres de vin ne fait pas tort, le bien est-il de ne pas boire, mais alors comment qualifier celui qui boit raisonnablement, jouant l’équilibre entre ne pas boire et boire trop ? Faire le bien, faire le mal, on comprend, mais celui qui ne fait ni l’un ni l’autre, où le classer ?