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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 14:10

            Pourquoi pas aussi la vertu d’ailleurs, et pas seulement tout ce qui peut apparaître négatif, comme l’injustice ou l’intempérance ? Pourquoi la justice et la tempérance ne répondraient-elles pas aux mêmes critères ? En menant une vie relâchée, les hommes sont personnellement responsables d’être devenus eux-mêmes relâchés…est-ce à dire que le relâchement est une pente naturelle et que pour ne pas se relâcher, il faut  faire un effort, que ce ne serait pas naturel, donc que tout naturellement les hommes se laissant aller à la facilité glissent vers le mal ?

            Mais quel est donc l’état de l’homme au départ. Et quel est ce départ ?  La prise de conscience de sa raison, de sa possibilité d’agir dans un sens ou dans l’autre, car avant comment pourrait-il être responsable de se relâcher ou de ne pas le faire ? Mais ses tendances existent bien avant qu’il commence à percevoir sa propre responsabilité. Aristote prend l’homme au stade où il est déjà un homme, responsable de ses actes, ne se pose pas de question sur l’inné, son ascendance, son milieu, mais l’homme à un point zéro, là ou il maître de décider.

            L’homme donc passant du stade de responsabilité à celui d’irresponsabilité, et pas celui, pas encore responsable de ses actes en prend peu à peu conscience. Le glissement devenant irréversible de l’homme vers le mal, ou ce que la société qualifie comme tel, c’est-à-dire qu’avant ce glissement il devait être dans le bien, ou au moins dans un état où l’on n’avait rien à lui reprocher. Mais est-ce être dans le bien que de ne pas faire le mal ? Ou existe-t-il un état intermédiaire, ni bien, ni mal, un état neutre, à partir duquel on peut partir dans le bien comme dans le mal ?

            Oui probablement, chez l’irresponsable, car c’est par l’acquisition de la responsabilité qu’on peut être jugé, pas seulement par autrui, mais par soi-même, et cette prise de responsabilité, certains la recherchent, d’autres la refusent. Certainement pas de manière uniforme, quel que soit le domaine considéré, mais suivant les cas qui se présentent. « Responsable, mais pas coupable », une phrase à méditer. On peut rechercher des responsabilités, mais alors il faut être capable de les assumer dans le meilleur comme dans le pire. On peut fuir les responsabilités, mais alors ne pas en tirer profit quand ça va bien, et ne rejeter la responsabilité sur autrui quand ça va mal.

            Est-il plus aisé de bien faire que de mal faire, de se laisser aller au mal ou de remonter la pente ? On peut citer le cas d’alcooliques qui sont devenus des modèles de sobriété, mais consommer quelques verres de vin ne fait pas tort, le bien est-il de ne pas boire, mais alors comment qualifier celui qui boit raisonnablement, jouant l’équilibre entre ne pas boire et boire trop ? Faire le bien, faire le mal, on comprend, mais celui qui ne fait ni l’un ni l’autre, où le classer ?           
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22 janvier 2009 4 22 /01 /janvier /2009 11:04

            Je ne suis pas convaincu qu’à employer l’expression « tout est relatif », dans la conversation courante tout au moins, soit manifester que toutes les opinions se valent, mûrement réfléchies ou lancées au hasard. Le « tout » alors se limite, sans le souligner il est vrai, au sujet dont il est question, et à rien d’autre, un sujet souvent futile où être d’un avis ou d’un autre n’empêchera pas la terre de tourner.

            Quelle importance de préférer le bleu au rouge, la viande saignante à la bien cuite, la mer à la montagne, et ainsi de milliers de sujets de convenance, où le simple fait de sortir à un moment « les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas, tout est relatif », le tout alors n’ayant rien d’une généralisation universelle, est au contraire le plus souvent une manière élégante de ramener le sujet de la conversation qui s’anime au bon niveau et éviter ainsi les dissensions. Tant qu’il s’agit de simples opinions, pourquoi faudrait-il jusqu’à se battre pour faire prévaloir les siennes ?

            Alors, qu’une fois la relativité posée, on peut avancer, écouter l’autre développer ses arguments, mettre en face les siens et aboutir à un consensus réfléchi. Tandis que le « vous avez raison », prononcé sans conviction pour ne pas heurter, enlève tout intérêt et tout charme à la conversation…à moins, évidemment, d’amener l’autre à convenir qu’il avait tort. « Tout est relatif » en introduction pourquoi pas, si c’est pour aboutir, en finale, à éviter la contradiction entre des points de vue d’apparence contradictoire parce qu’exposés différemment ?

             « Tout est relatif », par contre, semble très fâcheux lorsqu’on discute avec soi-même. Car mettre sur le même plan deux conduites différentes n’est pas agir en être libre, mais en son contraire, en irréfléchi, la réflexion devant amener à choisir une position au détriment de l’autre si elles sont incompatibles. Que de fois, dans ce cas, se choisit l’immobilisme, le statu quo, comme solution intermédiaire, donc prétendue mesurée ? Et l’on en vient alors peu à peu, l’habitude aidant, à considérer que « tout est relatif », une phrase qui alors n’a plus de sens…

            Lorsque l’on discute avec soi-même, il n’y a pas de petits sujets, puisque nous sommes, à ce moment-là, entièrement absorbé dans celui en cours qui nous occupe tout entier. Lorsqu’on discute avec d’autres, ce qui importe n’est pas de nous convaincre nous-mêmes, encore qu’il y a des cas où l’autre n’est qu’un miroir, mais de communiquer, c’est-à-dire de bénéficier de la présence d’autrui pour moduler ses opinions s’il s’avère qu’elles n’étaient pas suffisamment étayées. On est parfois trop dur avec soi-même, et d’autres fois trop doux, autrui peut nous aider, parfois à son insu d’ailleurs, à trouver le bon équilibre. Que deviendrions-nous si nous étions toujours seuls à penser ?

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21 janvier 2009 3 21 /01 /janvier /2009 08:55


           
Un parking de piscine en ville, rien à voir avec celui d’une avenue bordant la côte. Et pourtant, l’intention de l’automobiliste d’en être arrivé là et de sortir de son véhicule peut être la même : aller se baigner, et pour cela comme pour éviter les courants d’air, s’équiper d’un peignoir. Seulement voilà, si l’habit ne fait pas le moine, il peut paraître tout aussi incongru en certains endroits que naturel en d’autres.

 

            Le paraître plutôt que l’être ? Certainement, mais le paraître n’est pas seulement valable en soi, encore faut-il qu’il puisse s’intégrer dans son environnement. Non pas se confondre, que la vie serait triste si chacun veillait à ne pas s’y distinguer, mais rester à l’intérieur de certaines limites. Aucune réglementation n’interdit à un automobiliste de sortir de sa voiture en peignoir, si c’était une dame on la trouverait peut- être à l’avant-garde d’une nouvelle mode, mais voilà « ça ne se fait pas, voyons !».

 

            Et pourtant, choquer et/ou faire rigoler, voilà où en sont réduits ceux qui veulent à tout prix échapper à leur anonymat, lequel leur fait douter de leur propre existence, comme s’ils étaient transparents, invisibles. Qui n’a pas rêvé un jour, ou une nuit, d’être invisible, de se faufiler dans la foule, ou dans certains endroits, sans se faire remarquer tout en remarquant tout ce qui se passait autour de lui ?

 

            Rêvé peut-être, mais à la réflexion de se dire que ça ne devait pas une vie que d’être ainsi ignoré du monde, de ne pouvoir se manifester où et quand on le désire, voire ne plus être visible à cet autre soi-même qui nous observe et nous juge. Etre invisible, oui, mais à la demande. Pour certains, qui se ressentent toujours invisibles parce qu’on ne les remarque jamais, ils sont prêts à tout pour être vu, enfin !  

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20 janvier 2009 2 20 /01 /janvier /2009 18:12

            Suffit-il d’échanger pour ne plus se battre ? Mais ne parle-t-on pas aussi bien d’échanges de bonnes choses que de mauvaises, d’amabilités que d’injures, de serrements de mains que de coups ?  En quoi le fait d’échanger serait-il signe de paix ? Certes à se faire la guerre pour le même bien, quel qu’il soit, on veut se l’approprier pour en priver l’autre, ce n’est plus un échange, mais en quoi un échange serait-il précisément juste et équitable pour les deux parties ? Si l’on part d’un principe, celui d’une valeur pour chaque chose, on peut convenir qu’un échange puisse se faire dans de bonnes conditions, mais pourquoi une chose aurait-elle la même valeur aux yeux des échangeurs ?

            Chacun attribue à une chose une certaine valeur, et dans un échange espère obtenir plus que ce qu’il cède, sinon pourquoi échangerait-il ? Pour faire plaisir à l’autre, mais pourquoi l’autre devrait-il accepter si ce n ‘est parce que il ne perd pas au change ?  Toujours l’intérêt ! Pas l’intérêt financier, la valeur marchande comme on le ressent dans la dérive actuelle du capitalisme, toujours amasser plus, mais l’intérêt sous l’aspect le plus général, le même objet, le même service, la même attention peut valoir peu pour l’un et beaucoup pour l’autre et à se l’échanger, tous deux en retirer quelque chose de bon, mais aussi parfois de mauvais. Une double satisfaction ou une double déception.

            Le commerce aujourd’hui passe par les valeurs marchandes, avec une monnaie (ou plusieurs) de référence, s’éloignant du véritable échange, le troc de jadis, sans intermédiaire, chacun cédant un bien auquel il tient moins pour un autre auquel il tient davantage, toute opération lui étant bénéfique et dans ces conditions, la paix est propice à ses échanges. La guerre est sans doute née de l’impossibilité d’acquérir ce que l’on désire, l’autre n’acceptant pas ce qu’on lui propose. D’où l’utilisation de la force, et la disparition même de la notion d’échange.

            Les échanges favorisent-ils la paix ? Toujours cette idée de devoir se trouver dans une relation de cause (ici les échanges) à effet (l’obtention de la paix). A accepter cela, ne serait-on pas plutôt dans une relation de cause (la nécessite de la paix) à effet (pour pouvoir échanger) ?  Ou plutôt dans une certaine concomitance entre les échanges et la paix sans y rechercher une relation de causalité. Des échanges qui rapprochent les êtres humains, leur permettant de mieux se connaître et donc d’apprécier leurs différences en s’enrichissant mutuellement, mais qui aussi peuvent  entraîner le refus de l’autre et les conflits résultant de l’instinct de conservation, gagner aux dépens de l’autre et non avec lui.

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19 janvier 2009 1 19 /01 /janvier /2009 11:21

            Toute prise de conscience est-elle libératrice ? Libératrice dans la mesure où elle permet d’évaluer les contraintes qui pèsent sur l’événement en question et notre degré de liberté à pouvoir intervenir en quelque manière que ce soit. Non pas seulement intervenir directement, pouvoir changer le cours des choses si elles sont mauvaises, les perpétuer si elles paraissant bonnes, c’est loin d’être toujours possible, mais aussi modifier dans le sens qui nous convient le point de vue que nous aurions eu a priori si nous n’avions pas pris conscience du fait. Que ferions-nous si nous ne recevrions pas d’informations en dehors d’un cercle restreint ?

 

            C’était encore le cas il n’y a si longtemps pour la plupart d’entre nous, certains avaient accès de à multiples informations alors que d’autres n’en recevaient quasiment aucune. De là sans doute, malgré le fait  que les possibilités du cerveau humain soient à peu près les mêmes pour chacun d’entre nous, cette distinction qui se faisait entre les bien et les mal informés, les premiers considérant les seconds comme des humains de niveau inférieur, et ceux-là admettant pour la plupart cette supériorité de circonstance. N’est-ce pas le sens de ces initiations diverses, qui séparaient le monde en deux groupes bien distincts ceux qui savaient, parce qu’informés, de ceux qui ne savaient pas, parce qu’ils n’avaient pas reçu les informations nécessaires ?  

 

             Non que nous ayons tous les même capacités, nous sommes au contraire tous différents, mais la distinction se faisait sur certaines connaissances, que d’autres auraient à même de posséder, la ligne de démarcation étant artificielle. La situation a évolué, les informations circulent désormais de manière continue, mais il n’empêche que des clans, des sectes continuent à se former, tant les habitudes ont été prises, au cours de siècles, depuis d’ailleurs plus globalement des milliers ou de smillions d’années.

 

            Si l’humanité était restée regroupée dans un espace restreint, ou toujours répartie en tribus vivant indépendamment les unes des autres, nous n’en serions qu’à un stade proche de celui de la plupart des animaux, un peu plus évolués quand même, étant donné la complexité plus grande de notre cerveau. Mais l’un n’allait pas sans l’autre, l’un étant le développement de l’individu, l’autre, sinon la mondialisation, au moins les échanges entre les communautés.   

 

            Mais attention, il y a deux manières de considérer comme favorable l’évolution des mentalités, comme d’ailleurs l’évolution des choses en général, mentales comme physiques. Partir de zéro ou presque (éliminons le point de départ sans préjuger de son existence), et toujours progresser dans le même sens, allant du bien vers le mieux quelque soit le niveau atteint, « aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain » pour reprendre la phrase bien connue de Rosemonde Gérard en d’autres motivations, partir de zéro et aller vers l’infini, un infini que par définition (le mot semble mal choisi, mais là n’est pas le problème ici)  on n’atteindra jamais mais vers lequel on doit s’efforcer de tendre, ce qui fait que si les directions sont divergentes au départ, elles ne font que s’écarter de plus en plus.

 

            Et que si certaines d’entre elles finissent quand même par se retrouver à ce qu’elles estiment être un très haut niveau, elles ont relégué d’autant plus bas celles qui ont suivi d’autres voies, ou même n’en ont suivie aucune, se contentant de se laisser aller. Les extrêmes se touchent, dit-on parfois et l’observation peut ne pas être absurde. Evidemment à figurer se trouver quelque part sur une droite fléchée vers le mieux d’une part et vers le pire d’autre part, on ne peut guère comprendre. Mais à considérer l’autre manière de voir les évolutions, non vers le bien ou le mal infini, mais par rapport à un  certain état d’équilibre moyen satisfaisant, les extrêmes, tant d’un côté que de l’autre, apparaissent comme aussi éloignés de cet équilibre.

 

            Une qualité poussée à l’extrême n’apparaît-elle pas souvent comme un défaut ? Ne pas confondre les modèles de héros et autres saints, qui ne sont que des repères théoriques, et les êtres de chair de sang qu’ils ont vraiment été. De ces disparus, on ne conserve souvent qu’un trait particulier que l’on met en avant pour l’exemple. Oubliant tout le reste, qui fit d’eux des êtres humains comme les autres, heureusement. L’excès nuit en tout, y compris dans ce culte du surhumain où tout devrait mis au contraire sur les aspects « normaux » de ces personnages plutôt que sur des performances plus ou moins romancées.

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12 janvier 2009 1 12 /01 /janvier /2009 14:50

            On s’habitue très vite à la lecture matinale du journal glissée de très bonne heure dans la boîte aux lettres, et on lui est plus fidèle que celui télévisé qu’on peut retrouver à plusieurs moments et sur plusieurs chaînes, toujours identique à lui-même, traitant les même sujets. Mais avec une grosse différence : le journal télévisé ne vous appartient pas, il se débite, même en l’écoutant avec une attention soutenue, certaines informations vous échappent, d’autres sont captées sans pour autant pouvoir se fixer puisqu’il est déjà passé à autre chose, il saute d’un sujet à l’autre sans le moindre scrupule, et les présentateurs - comme les présentatrices, ce n’est pas une question de sexe - semblent apporter une importance égale à des informations qui n’ont aucun intérêt ou à d’autres qui en ont beaucoup. Une phrase a retenu votre attention, vous vous promettez sur le champ de la retenir et emporté dans le flot incessant des mots et des images, c’est peine perdue !  

 

            Le journal, le vrai, le papier, c’est autre chose. Lorsqu’il ne paraissait que six jours par semaine, c’était déjà très bien, l’ennui c’était le lundi, une coupure qui se justifiait côté fournisseur évidemment,  mais qui entraînait côté lecteur une interruption qui se conjuguait mal avec la continuité de l’existence.  Mais depuis que sept jours sur sept, le journal arrive, que demander de plus ?

 

            On n’est plus un simple spectateur, comme à la télé, mais un propriétaire. Une fois publié, un article n’appartient-il pas autant à ses lecteurs qu’à son auteur ? Un propriétaire donc qui peut en faire ce qu’il en veut, c’est à lui, c’est sa chose, le feuilleter simplement pour le reprendre à l’aise plus tard, n’attaquer à fond que certaines pages, les lire et les relire, les commenter aussi, et quand il le désire.  

 

            Et surtout jouir, on en a rarement l’occasion,  de cette liberté de voir, de penser, de se faire sa propre opinion, sur des informations que la télé nous débite sans ménagement, comme si sur toutes choses on ne pouvait avoir qu’un avis, le sien. Si le journal papier fait sa Une sur un fait donné, et que ce fait ne vous passionne guère, ou même franchement vous déplaît, quelle importance, vous passez outre et avez bien autre chose à lire. A la télé, et sur toutes les chaînes, pas la peine de zapper, vous êtes crucifié sur le sujet comme si rien d’autre ne méritait retenir votre attention, esclave de ce que l’autre a décidé de vous imposer jusque et au-delà de la saturation.

 

            Alors oui, au nom de la liberté de l’information, et non du matraquage télévisuel, souhaitons longue vie à la presse écrite. Même si elle est elle-même plus ou moins engagée, on l’est toujours plus ou moins, n’est-ce pas alors à nous, lecteurs, de nous déterminer librement ?

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3 janvier 2009 6 03 /01 /janvier /2009 17:52

             Loin de moi l’idée de prendre  le contre-pied de certains commentaires en cherchant  à prétendre que l’argent n’est rien ou que les politiques sont des irresponsables dans l’orientation des mentalités, mais  peut-être de tenter une réflexion sur des opinions - trop ?- largement répandues.

 

            Je ne sais si cela a toujours été le cas, mais, dans la situation actuelle qui n’a rien de facile mais n’est pas non plus sans espoir – « la situation est grave, mais n’est pas désespérée » - pourquoi rejeter sur d’autres toute la responsabilité de ce qui ne va pas, tout  en négligeant leurs actions sur ce qui marche assez bien ? Ici les politiques, mais en d’autres occasions d’autres professions, corporations, communautés, que sais-je, beaucoup d’autres donc et à tour de rôle, les accuser, en boucs émissaires, de tous les dysfonctionnements de notre société ? 

 

            Le bouc émissaire, c’était compréhensible, on dirait presque logique, en des temps anciens : on l’envoyait dans le désert (il ne risquait pas d’en sortir) en le chargeant symboliquement de toutes les iniquités du peuple et de ses dirigeants, proclamant qu’ainsi désormais tout irait beaucoup mieux. Cela pourrait nous sembler absurde aujourd’hui d’envoyer à la mort une bête innocente pour expier tous les péchés du monde, si… le procédé n’était plus d’actualité.

 

            Certes celui, ou celle qu’on fustige n’est pas aussi innocente que le bouc de jadis, on peut certainement lui reprocher certaines choses qui ne nous conviennent pas, mais en quoi l’envoyer paître ailleurs  – excusez le rapprochement – change quelque chose au système qui lui avait permis d’opérer ? Si on le fait encore, n’est-ce pas plutôt qu’on en est encore resté aux naïvetés de jadis, au bouc émissaire qui disparaît chargé de tous les dysfonctionnements, moins pour mieux envisager l’avenir que pour dégager notre responsabilité ? 

 

            On est dans le culte de l’argent, culte, le mot est bien choisi, un culte oui, qui est peut-être organisé par des tas de célébrants, auquel s’associe la foule des fidèles, mais plus rien d’autre ne compte, c’est vite dit. Pas pour ceux qui ne pensent qu’à cela, qu’ils en aient, de trop peut-être, ou qu’ils en manquent, beaucoup sans doute, mais ne généralisons pas trop vite, les fidèles sont nombreux, les non-croyants aussi. Eh, oui, même si cela vous semble improbable, il en est, plus nombreux que vous ne pouvez l’imaginer, qui ne pratiquent pas ce culte-là ! Des sages, des philosophes ? Peut-être.  

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29 décembre 2008 1 29 /12 /décembre /2008 11:38

            Il n’est pas interdire de contredire, loin s’en faut, c’est même extrêmement souhaitable de trouver face à soi un contradicteur, ce qui permet alors d’étoffer sa pensée, de la corriger au besoin, de la rendre plus cohérente. Contradicteur qui peut un égal, un autre être humain, mais aussi les faits eux-mêmes, animés ou non. Contredire un autre que soi, oui, pourquoi se contredire, contredire soi-même, serait-il destructeur de la pensée qu’on a eu et de celle que l’on a, pourquoi serait ce salutaire d’être contredit par un autre que soi et absurde de l’être par l’autre soi-même, car est-ce le même qui pense à un moment, et à un autre moment ?


           La pensée émise par celui que je suis à l’instant t peut-être cohérente et, en fonction de ce qui se passe entre t et t’, la pensée émise par celui que je suis à l’instant t’est peut être aussi cohérente que la première, tout en étant en contradiction avec elle. Quand l’intervalle de temps est important, cela ne fait aucun doute, nos pensées d’adultes ne sont-elles pas souvent en contradiction avec celles de notre enfance ? Mais que l’intervalle de temps se réduise ne change guère les choses, je pensais ceci hier, je pense le contraire aujourd’hui, ma pensée d’hier et celle d’aujourd’hui sont incompatibles, et alors ? Il serait absurde d’exprimer la même pensée aujourd’hui qu’hier, alors que dans l’intervalle se sont déroulés certains faits qui m’ont fait évoluer. .


            Mais alors pourquoi donc lorsque « nous lisons une phrase en passant et quelques pages plus loin nous voyons l’auteur soutenir le contraire,: perplexes, nous voici à chercher où se trouve la vérité » ? Parce que nous sommes peut-être plus pointilleux sur l’incohérence d’autrui que sur la nôtre, la lecture d’un livre est un tout en lui-même, de la première page à la dernière, nous considérons qu’il s’agit d’un ensemble hors du temps, où le temps qui entre en ligne de compte est celui de notre lecture, mais que l’auteur se doit de nous fournir un livre qu’il a peut-être écrit d’un trait ou en plusieurs années, peu importe, son temps de rédaction n’est pas notre souci, seulement le sien. Mais est-ce que l’auteur de premières pages est dans les mêmes dispositions que l’auteur des pages suivantes ? Peut-être a-t-il fait l’impasse sur certaines choses, inconsciemment ou non, sans que cela apparaisse à nous, lecteurs?


            Convaincus par autrui de contradictions, preuves indéniables à l’appui, nous parvenons généralement (pas toujours il est vrai) à nous sortir de ce mauvais pas, car nous redoutons avant tout d’être convaincus de mensonges, ce qui est infamant. C’est que celui que nous sommes à ce moment-là n’est plus celui que nous étions, nous maintenons notre nouvelle position et expliquons ce qui a motivé notre revirement, parfois avec conviction, pas toujours en convainquant, car alors c’est au contradicteur de se sentir attaqué

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28 décembre 2008 7 28 /12 /décembre /2008 07:59

            « On veut que les sentiments opposés soient éloignés dans le temps comme ils le sont par leur signification » Eloignés dans le temps, mais quel temps ? Celui de nos horloges, le temps qui s’écoule imperturbablement quels que soient nos sentiments et ceux d’autrui, celui que nous mesurons en observant les autres, et nous-mêmes en auto-observation. Mais celui que nous ressentons, que nous vivons au tréfonds de notre esprit, en quoi suivrait-il une marche régulière, celle du métronome ?

 

            Passer d’un sentiment à un autre qui lui est opposé peut se faire en une fraction de seconde, disons en quelques secondes apparentes, mais en quoi ces secondes-là répondent-elles  à la même mesure que celles qui nous trouvent dans un état de neutralité à l’égard de notre environnement ? Est-ce que ce temps, si court soit-il apparemment, ne s’est pas allongé, étalé…Il s’en est passé des choses dans notre esprit pour passer d’un sentiment à son opposé, dont l’horloge n’est pas comptable. L’invariabilité du temps, une bien vieille idée préconçue qu’il serait peut-être temps de réviser, après un siècle de relativité.    

 

            Avez-vous noté qu’il faut moins de temps (apparent) pour passer d’un sentiment à son opposé qu’il  faut pour passer d’une exaltation à un état de calme, de neutralité ? C’est peut-être parce que pour passer  d’un sentiment  à son opposé, nous restons dans la même échelle de temps, la nôtre du moment, tandis qu’à retrouver notre calme à partir de la nervosité, il nous retrouver une échelle de temps différente, celle de l’observation, et que cela demande ...un certain temps.  

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24 décembre 2008 3 24 /12 /décembre /2008 15:08

            La naissance, un passage du non-être à l’être, c’est un point de vue d’observateur, extérieur à l’être comme au non-être. Le néant avant et tout après ? Depuis que les échographies nous montrent,  à nous les non-initiés, que la naissance n’est qu’un passage, quel passage en effet mais un  passage quand même, une sortie au grand jour d’une vie jusqu’alors mystérieuse mais aujourd’hui de plus en plus connue, on ne peut plus faire de la naissance une origine de vie, comme ce fut peut-être le cas jusque dans un passé relativement récent. La vie du petit être ne commence pas là, comme l’histoire ne commence pas à l’an zéro, ce n’est que par convention.  

 

            On peut se demander (sans pour autant obtenir un jour de réponse de l’intéressé) comment se vit cette naissance, comment est vécu l’après, le pendant, l’avant. Absurde peut-être, mais peut-être que non. Absurde évidemment, si l’on reste scotché sur un temps universel, celui qu’indiquent nos horloges, mais peut-on croire que la vie d’un fœtus soit régulée par le tic-tac d’une pendule ? Que les moments se valent, et ne valent que par une durée, celle que nous mesurons ? Comme toujours, nous sommes à la recherche d’une origine, une origine temporelle que l’on pourrait chronométrer, mais où se trouve-t-elle pour celui qui naît à la vie ? Le passage du non-être à l’être, que devient-il dans un temps qui cesse de se dérouler comme le nôtre ?   

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