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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 05:58

 

            Ce qui distingue l’homme de l’animal, c’est que celui-ci n’a pas la parole, encore une de ces phrases qu’énoncent pompeusement un certain nombre « spécialistes de la question » qui cherchent absolument à se trouver des arguments « scientifiques » pour conforter leur préjugés sur le refus de considérer que, si l’homme apparaît à lui-même comme l’être vivant le plus élaboré, il n’en doute que très rarement, c’est qu’il est d’une essence sans rapport avec les espèces animales qui ne sont là que pour ses besoins ou son plaisir, une nature toute entière donc à son service, car les espèces végétales n’échappent pas à sa mainmise et ne cherche-t-il pas aussi à façonner la matière. On ne doute pas de ses ambitions, des ambitions de certains individus car ce serait conclure trop vite que tous ont les mêmes prétentions.

 

            Pour distinguer l’homme de l’animal, quoi de plus aisé que de prétendre que la parole est le propre de l’homme, la parole plutôt que le rire d’ailleurs, car certains animaux vont jusque là, la parole donc car on n’a jamais vu un animal parler, au sens où nous l’entendons évidemment, pour exprimer des idées qui lui sont propres et non, comme le perroquet par exemple, par simple imitation de paroles humaines, encore qu’on pourrait en discuter étant donné le choix du moment que le perroquet peut choisir pour s’exprimer.

 

            Pour distinguer l’homme de l’animal, la parole !  Mais alors que penser de ces sourds-muets…à qui il manque la parole, et pour la plupart depuis leur naissance ? Personne n’irait jusqu’à imaginer qu’ils ne soient pas des hommes à part entière, simplement (si l’on peut dire) victimes d’un handicap comme il en existe d’autres, beaucoup d’autres, sans que pour autant on puisse douter de leur spécificité humaine. Mais alors à définir l’espèce humaine, définir c’est limiter, et à limiter l’espèce, on l’éloigne des autres espèces, on se refuse à une sorte de no man’s land, on est ou on n’est pas, on entre ou on n’entre pas dans la définition… mais, au fait, où est la définition ? Car, à défaut de définir, comment intégrer, comment exclure ?

 

            A l’intérieur d’un groupe donné, relativement restreint, qui se connaît bien, c’est aisé. Les espèces n’étant pas fécondables entre elles, les familles se distinguent les unes des autres, et celui qui se considère comme faisant partie de l’espèce humaine (car le terme est une création de l’homme évidemment) retrouve ses congénères, ne se différenciant sans doute pas en cela des autres espèces qui chacune réagissent (pour éviter de dire pensent) de la même manière. La belle histoire du vilain petit canard d’Andersen, ou des constatations du même ordre, ne change rien à l’affaire.

 

            A ne pas pouvoir se féconder entre elles, les espèces conservent une cohérence certaine à notre échelle (n’oublions pas, et on l’oublie souvent, que c’est l’échelle d’observation qui crée le phénomène), ce qui n’empêche nullement le principe d’une évolution, laquelle alors ne peut qu’être lente, si tant est que lent ou rapide puisse alors signifier quelque chose. Donc, pour un groupe d’humains donné, pas de doute, mais lorsque s’étend la communication entre des groupes ne se connaissant pas jusqu’alors, la question peut se  poser sur l’appartenance à une même espèce, c’est-à-dire à la définition de l’espèce.

 

            Pour quoi faudrait-il prendre le critère de la fécondabilité, et uniquement ce critère-là pour caractériser une espèce ? Un passé, pas si ancien, nous a montré combien il était difficile de considérer d’autres humains comme étant de la même espèce que la nôtre. Imaginons – et ce n’est plus tout à fait aujourd’hui de la science-fiction – des humains envoyés sur une planète lointaine et s’y multipliant sans contact ultérieur avec notre planète, seraient-ils, au bout d’un temps long mais fini, encore de notre espèce ?

 

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 11:01

 

            Ce qui distingue l’homme de l’animal, c’est que celui-ci n’a pas la parole, encore une de ces phrases qu’énoncent pompeusement un certain nombre « spécialistes de la question » qui cherchent absolument à se trouver des arguments « scientifiques » pour conforter leur préjugés sur le refus de considérer que, si l’homme apparaît à lui-même comme l’être vivant le plus élaboré, il n’en doute que très rarement, c’est qu’il est d’une essence sans rapport avec les espèces animales qui ne sont là que pour ses besoins ou son plaisir, une nature toute entière donc à son service, car les espèces végétales n’échappent pas à sa mainmise et ne cherche-t-il pas aussi à façonner la matière. On ne doute pas de ses ambitions, des ambitions de certains individus car ce serait conclure trop vite que tous ont les mêmes prétentions.

 

            Pour distinguer l’homme de l’animal, quoi de plus aisé que de prétendre que la parole est le propre de l’homme, la parole plutôt que le rire d’ailleurs, car certains animaux vont jusque là, la parole donc car on n’a jamais vu un animal parler, au sens où nous l’entendons évidemment, pour exprimer des idées qui lui sont propres et non, comme le perroquet par exemple, par simple imitation de paroles humaines, encore qu’on pourrait en discuter étant donné le choix du moment que le perroquet peut choisir pour s’exprimer.

 

            Pour distinguer l’homme de l’animal, la parole !  Mais alors que penser de ces sourds-muets…à qui il manque la parole, et pour la plupart depuis leur naissance ? Personne n’irait jusqu’à imaginer qu’ils ne soient pas des hommes à part entière, simplement (si l’on peut dire) victimes d’un handicap comme il en existe d’autres, beaucoup d’autres, sans que pour autant on puisse douter de leur spécificité humaine. Mais alors à définir l’espèce humaine, définir c’est limiter, et à limiter l’espèce, on l’éloigne des autres espèces, on se refuse à une sorte de no man’s land, on est ou on n’est pas, on entre ou on n’entre pas dans la définition… mais, au fait, où est la définition ? Car, à défaut de définir, comment intégrer, comment exclure ?

 

            A l’intérieur d’un groupe donné, relativement restreint, qui se connaît bien, c’est aisé. Les espèces n’étant pas fécondables entre elles, les familles se distinguent les unes des autres, et celui qui se considère comme faisant partie de l’espèce humaine (car le terme est une création de l’homme évidemment) retrouve ses congénères, ne se différenciant sans doute pas en cela des autres espèces qui chacune réagissent (pour éviter de dire pensent) de la même manière. La belle histoire du vilain petit canard d’Andersen, ou des constatations du même ordre, ne change rien à l’affaire.

 

            A ne pas pouvoir se féconder entre elles, les espèces conservent une cohérence certaine à notre échelle (n’oublions pas, et on l’oublie souvent, que c’est l’échelle d’observation qui crée le phénomène), ce qui n’empêche nullement le principe d’une évolution, laquelle alors ne peut qu’être lente, si tant est que lent ou rapide puisse alors signifier quelque chose. Donc, pour un groupe d’humains donné, pas de doute, mais lorsque s’étend la communication entre des groupes ne se connaissant pas jusqu’alors, la question peut se  poser sur l’appartenance à une même espèce, c’est-à-dire à la définition de l’espèce.

 

           Pour quoi faudrait-il prendre le critère de la fécondabilité, et uniquement ce critère-là pour caractériser une espèce ? Un passé, pas si ancien, nous a montré combien il était difficile de considérer d’autres humains comme étant de la même espèce que la nôtre. Imaginons – et ce n’est plus tout à fait aujourd’hui de la science-fiction – des humains envoyés sur une planète lointaine et s’y multipliant sans contact ultérieur avec notre planète, seraient-ils, au bout d’un temps long mais fini, encore de notre espèce ?

 

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 07:14

 

.           En voilà un sujet pas facile à lancer. Si c’était un sujet de bac, je ne l’aurais sans doute pas choisi. D’autres candidats auraient peut-être nombreux à le prendre, au sortir de l’adolescence, car l’ennui, pour beaucoup, ça les connaît ! Que de fois depuis leur naissance n’ont-ils pas dit « Je m’ennuie », et ils étaient sincères, les pauvres. L’ennui, c’est terrible, on a toujours des choses à faire, à les faire, à en faire au moins une sérieusement, l’ennui disparaîtrait comme par enchantement, seulement voilà, pas question de commencer quelque chose, ou alors d’une telle façon que l’ennui subsiste, « le cœur n’y est pas ». Car il ne faut pas confondre l’ennui et l’oisiveté.

 

            Être oisif, c’est peut-être ne rien faire, ne rien faire aux yeux des autres, ne rien faire de ce que les autres s’attendraient à ce que vous fassiez, mais ce peut être une grande satisfaction intérieure, la détente après le travail mais aussi l’occasion de faire un repli sur soi, de se sentir vivre, de prendre du recul par rapport à une vie sociale mouvementée. Rien à voir avec l’ennui et, sans être psychologue, entre celui qui s’ennuie et celui qui n’est que oisif, il est aisé de faire la différence. On peut bien sûr cumuler, être oisif et s’ennuyer, beaucoup même s’ennuient dès l’instant qu’ils se trouvent oisifs, sans occupation, c’est même pour éviter l’ennui qu’ils s’affairent. 

 

            D’où vient cette alternative, avoir quelque chose à faire et le faire ou s’ennuyer ? De l’impossibilité de faire travailler ses neurones en dehors d’une activité apparente, le commérage en étant une ce qui fait que pour ne pas s’ennuyer, certains, et certaines surtout, se raccrochent les uns aux autres le plus souvent et le plus longtemps possible, car ce qu’il faut absolument éviter, c’est la solitude, se retrouver seul ou seule avec soi, la catastrophe ! Certes il y a la radio, la télévision, l’Internet, et de plus en plus de distractions inventées pour qu’on ne puisse plus se trouver avec soi.

 

            Le mot lui-même, distraction, est significatif : action de détourner l’esprit d’une occupation  est une belle définition qui laisse supposer cette alternance de l’occupation et de la distraction, mais quand on est incapable de fixer son attention sur une occupation, la distraction devient le remède à l’ennui. Un remède ou plutôt une tentative de remède, car l’ennui ce n’est pas comme la migraine, on ne peut pas le faire disparaître de cette manière, et aussitôt la distraction achevée, l’ennui  à nouveau se manifeste. Et ainsi de suite, l’individu tente d’y échapper en multipliant les distractions, mais le mal est là, dans son propre esprit, toujours prêt à renaître.

 

            Le sujet n’était pas facile à lancer et pour cause, à ne jamais s’ennuyer on maîtrise mal le sujet, mais prenons une citation « Mais cette dépossession n’est-elle pas aussi libération ? Un moment où nous comprenons qui nous sommes, nous qui pouvons décider à tout instant de ce que nous faisons…L’ennui découvre que nous sommes cette possibilité » .Est-ce l’ennui qui crée cette possibilité c’est-à-dire que celui qui ne s’ennuie pas ne pourrais jamais comprendre ce qu’il est, où n’est-ce pas plutôt l’oisiveté, occasionnelle, pas permanente, qui offre cette possibilité de prendre du recul par rapport aux tâches quotidiennes ?

 

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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 09:43

            Que veut dire donc Descartes lorsqu’il refuse résolument la parole aux animaux ? Est-ce par préjugé de sa part, manque de données scientifiques ? Mais sur quoi d’autre pouvait s’appuyer Descartes, malgré toute sa méfiance à l’égard des préjugés ? S’appuyer sur le bon sens, la chose du monde la mieux partagée ? Ne doutons pas qu’il manquait de données scientifiques d’une part, et qu’il était victime d’un préjugé bien ancré alors, et encore aujourd’hui, dans l’esprit humain, non seulement la supériorité de l’homme sur l’animal, ce qui peut se discuter, donc est scientifique, mais l’existence d’un seuil, d’une cassure, d’une coupure entre les espèces animales quelles qu’elles soient, et l’homme, non d’essence scientifique celle-là, mais religieuse.

 

             Alors que Descartes ait trouvé que c’était la conséquence d’un argument qui n’a rien perdu de sa force, pourquoi pas ? Une aptitude leur ferait défaut, qui ferait donc toute la grandeur de l’homme : celle d’inventer un moyen de se faire entendre des hommes ! Ils communiquent pourtant parfaitement à l’intérieur de la même espèce, ce que jusqu’à présent nous sommes incapables de faire, à voir les difficultés que nous éprouvons, non seulement à échanger entre individus parlant des langues différentes, et les langues sont très nombreuses dans notre monde, mais encore êtres parlant la même langue. Quant à savoir si deux espèces animales peuvent communiquer entre elles, nous l’ignorons et pourquoi faudrait-il déduire de notre ignorance que la chose n’existe pas. Ce n’est certainement pas à la manière de la Fontaine, mais peut-être d’une façon que nous ne pouvons interpréter.

 

           N’est-ce pas plutôt à l’homme de se reprocher son incapacité à comprendre le langage animal plutôt que de relever l’inaptitude de l’animal à se faire comprendre des hommes ?  Pourquoi donc l’animal devrait-il inventer une langue nouvelle pour se faire comprendre des hommes, qu’attend-il de l’espèce humaine de plus que ce qu’il en obtient aujourd’hui ? Et ce qu’il veut des hommes, ne trouve-t-il les mimiques qu’il faut pour se faire comprendre, le langage des mimiques ne vaut-il pas le langage des signe ? .           

 

            Que l’homme ait une capacité créatrice et innovante, très nettement supérieure à celle de l’animal, nous les hommes, mais en l’affirmant nous oublions de préciser que cette capacité est très inégalement répartie dans l’espèce, que certains humains ne créent pas et n’innovent pas, que d’autres le font et que nous prenons les plus entreprenants pour qualifier l’espèce. Imaginons qu’un jour, nous découvrons un animal, ou que c’est lui qui nous découvre, possédant des capacités d’innovation et de créations extraordinaires, renoncerions-nous à la supériorité de notre espèce sur les espèces animales ?

 

            En fait, nous sommes enlisés dans nos préjugés, où la raison n’a que peu d’action. Mais peut-être est-ce cela l’évolution de l’animal vers l’homme, la perte de préjugés. L’animal ne peut que suivre des préjugés, puisqu’il vit dans son présent avec son passé qu’il intègre au présent, tandis que l’homme, pas tous peut-être mais l’espèce, a la possibilité de se dégager de certains de ses préjugés pour tenter de se préparer un futur. Futur qu’il peut espérer différent du passé, alors que l’animal n’en attendrait rien. Mais pas de coupure franche entre l’animal et l’homme.

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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 09:50

            Qui n’a lu d’Alain ses Propos sur le bonheur a manqué une bonne et saine lecture et devrait rattraper le temps perdu en s’y plongeant rapidement, un livre à lire et à relire d’ailleurs, ce qui n’est le cas de la plupart des ouvrages publiés aujourd’hui. L’embarras du choix certes, plutôt le choix dans l’embarras, mais à voir le nombre de parutions, il  n’est pas étonnant qu’un non nombre d’entre elles ne méritent même pas une première lecture. Mais ce n’est pas d’aujourd’hui, rappelons-nous le temps où il fallait séparer les pages avec un coupe papier, n’en retrouverait-on pas déjà avec une partie d’entre elles non séparées, le lecteur n’ayant pas eu le courage d’aller jusqu’au bout, même pas celui de séparer les feuilles, ce qui dénote un manque d’intérêt qu’on peut qualifier d’évident sans beaucoup s’avancer.

 

            Ce qui importe avant tout, dans notre société de consommation actuelle, ce n’est pas la satisfaction que les lecteurs expriment après lecture, ni même le nombre de lecteurs, mais seulement le nombre d’exemplaires vendus, ce qui fait que l’intérêt d’un auteur est fonction de la publicité que l’on fait autour de son oeuvre, puisqu’en fonction de cette publicité on en vend plus ou moins. Et un fort tirage (et les exemplaires correspondants placés) entraînera un autre fort tirage pour les livres du même auteur qui suivront, bel exemple que cet Harry Potter qui fait de celle qui en écrit les sept volumes une des femmes les plus riches d’Angleterre. Nombreux sont ceux qui recherchent le succès sans jamais y parvenir, au moins de leur vivant, mais quelques-uns abandonnent le métier, lassés de ce même succès.    

 

            Mais revenons à Alain, on peut ne pas aimer ses Propos sur le pouvoir, mais comment ne pas s’intéresser à ses Propos sur le Bonheur ? Quatre-vingt-treize délicieuses petites histoires de deux trois pages, en petit format encore, que l’on se surprend à lire d’un trait, ou presque, à la continue, comme un polar, tant l’intérêt reste soutenue  et qu’on peut ensuite reprendre une à une, pourquoi pas une chaque soir avant de s’endormir,  pour en tirer toute la « substantifique moelle ». Non qu’il faille peser les termes, se demander où il veut aller, non, vous le lisez comme vous relisiez un texte que vous auriez rédigé vous-même, comme cela, en toute détente. Des histoires toutes datées donc, puisqu’elles avaient été écrites une à une et pas dans l’ordre pour paraître dans la presse régionale. 

 

            Quatre-vingt-treize petites histoires, à en lire d’in trait puis d’en méditer une par soirée, c’est s’assurer un trimestre de quelques minutes de lecture bien agréables avant de se  laisser aller au sommeil réparateur. Par tous les temps, et puisque le temps qu’il fait a tant d’importance sur l’humeur de beaucoup de nos compatriotes, citons la finale de la quatre-vingt-onzième, l’Art d’être heureux, tout un programme :

 

            « Dans cet art d’être heureux, auquel je pense, je mettrais aussi d’utiles conseils sur le bon usage du mauvais temps. Au moment où j’écris la pluie tombe ; les tuiles sonnent ; mille petites rigoles bavardent ; l’air est lavé et comme filtré ; les nuées ressemblent à des haillons magnifiques. Il faut apprendre à saisir ces beautés-là. « Mais, dit l’un, la pluie gâte les moissons » Et l’autre « La boue salit tout » Et un troisième : «  Il est si bon de s’asseoir dans l’herbe » C’est entendu ; on le sait ; vos plaintes n’y retranchent rien, et je reçois une pluie de plaintes qui me poursuit dans la maison. Eh bien, c’est surtout en temps de pluie que l’on veut des visages gais. Donc, bonne figure à mauvais temps. »

 

 

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 09:29

 

               « L’enjeu est que, si les lois sont irrationnelles, je ne peux leur obéir qu’aveuglément, en renonçant à les comprendre. Mais, si elles sont rationnelles, alors chacun peut les comprendre, les approuver, et, en leur obéissant, n’obéir qu’à soi, librement »

 

       Deux lignes qu’il convient d’examiner avec la plus grande attention : des lois irrationnelles donc, et des lois rationnelles. Déjà là, chacun pourrait déterminer, la raison étant supposée égale chez tous les hommes, ce qu’est une loi sous l’angle de la raison. Une loi dont l’énoncé peut-être saisi aisément et les conséquences clairement compréhensibles pour tous ?  Mais ce qui paraît clair à l’un paraît abscons à l’autre. Certes, on peut considérer qu’il existe des lois naturelles, que peut ressentir chacun d’entre nous, qui n’ont alors pas besoin d’être formalisées, et si elle le sont quand même, c’est qu’elles ne sont pas aussi naturelles qu’elles semblent l’être et que certains individus y dérogeaient.

 

            Les lois n’ont pas pour fonction de régler la vie des honnêtes gens, mais de  les mettre à l’abri des autres, ceux qui précisément se mettent alors hors la loi. Imaginez l’absence de lois, beaucoup d’entre nous verraient leur existence s’écouler peut-être de la même manière, entre eux à l’abri des déconvenues, quels dégâts alors pourrait causer le moindre récalcitrant à la règle tacitement respectée par les autres ?  Mais ne faut-il pas respecter un certain équilibre entre la bonne volonté des honnêtes gens et le risque des dérives ?

 

            Ne faut-il créer des lois que dans le but de sanctionner ceux qui ne la respectent pas, des lois négatives en quelque sorte ? Tu ne feras pas ceci, tu ne feras pas cela ! Ensuite de quoi, le meilleur des citoyens est celui qui ne fait jamais rien, puisqu’à ne rien faire, il ne prend pas le risque de mal faire. C’est ce à quoi on aboutit lors de la multiplication de telles lois. Un abus se manifeste quelque part, c’est peut-être la première fois que cela arrive,  cela pourrait se reproduire, mais il ne faudrait pas que cela recommence sans que son auteur soit alors sanctionné vis-à-vis de la victime ou de la société, celle qui crée ces lois que tous doivent respecter, faute de quoi….Si quelque chose n’est pas interdit par la loi, peut-elle pour autant se faire en toute impunité ?

 

            N’oublions pas la jurisprudence, une « solution généralement donnée par les tribunaux à une question de droit, et qui, par sa répétition même, devient source de droit » Le cas n’est pas prévu par la loi, qui ne peut pas prévoir tous les manquements, ce qui n’empêchera pas celui qui n’est donc pas un contrevenant de le devenir. Certes ce n’es pas apparemment que négatif, on peut faire respecter un droit que l’on n’aurait pu faire valoir autrement, valoir un droit et obtenir ainsi satisfaction, mais cela revient alors à pénaliser une partie adverse , que ce soit un individu, une entreprise ou la société toute entière.

 

            La justice, chargée de faire respecter les lois et de statuer même lorsqu’il n’y en a pas, est représenté par une balance à deux fléaux, un symbolisme qui montre bien que qui est donné à l’un des fléaux est enlevé à l’autre pour établir un équilibre. Certes, on pourrait objecter qu’on peut ne rien enlever au second, en donnant au premier, mais alors d’où provient ce que l’on ajoute ? Ou que l’on peut se contente d’enlever à celui qui a trop sans le donner à l’autre, qui ne se trouve pas mieux loti qu’avant, ce que l’on récupère au plus nanti servant à l’entretien de la balance. Une idée qui n’a certainement pas manqué d’être exploitée.   

 

            L’idée émise plus haut et que nous n’avons pas exploitée, est très intéressante : c’est celle de la liberté qu’on se donne à obéir à des lois rationnelles, comprises et donc acceptées, alors que les autres, irrationnelles, incomprises, auxquelles il faut obéir aveuglément, parce que « c’est comme ça et on n’en discute pas ». La liberté…d’être obligé d’obéir parce que c’est nous-mêmes qui l’avons ainsi décidé en toute liberté. Â tenir donc nos propres engagements, et non à être contraints de suivre des réglementations dont nous ne percevons pas la rationalité.

 

            Les lois sont alors vues, non sous leur aspect négatif de contraintes, de restriction d’une liberté auquel on considère qu’on devrait avoir droit, celui souvent de pouvoir faire n’importe quoi, mais sous leur aspect positif de l‘exercice d’un choix librement consenti. Non sous le signe de « je ne peux pas faire ceci ou cela, malgré mes désirs de pouvoir le faire », mais sous celui de « je connais mes droits, et mes devoirs aussi qui sont complémentaires, je comprends leur raison d’être, je peux donc ainsi me considérer comme un être libre et responsable, car à être irresponsable je ne pourrais être libre » 

 

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 06:03

            Dans un pays démocratique comme le nôtre, les lois sont votées par un parlement et mises en application par le gouvernement et des autorités qui tirent officiellement leur pouvoir des électeurs. Pour se faire élire, car après, pendant toute la durée de leur mandat, ils n’ont plus de comptes à leur rendre, et sont réélus ou battus en fonction de considérations qui ne sont pas souvent en relation directe avec les lois qu’ils ont votées ou appliquées.

 

            Les électeurs peuvent par exemple être en majorité mécontents systématiquement des élus en place, quel qu’ait été leur rôle dans l’évolution de la situation  du pays, c’est l’alternance. Et alors, les nouveaux parvenus s’efforcent d’abroger ou de vider de leur contenu les travaux des précédents, et de faire voter et appliquer d’autres lois, souvent en contradiction avec les précédentes. Il serait véritablement scabreux  de considérer qu’il s’agit là d’un fonctionnement conforme à la raison.  

 

            Les élus en place prennent souvent des mesures impopulaires, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles n’émanent pas du désir de la majorité des citoyens, loin de là, mais qu’ils estiment devoir prendre en fonction du rôle qui leur a été assigné. Ce serait donc parce que les citoyens ne comprennent pas le sens des décisions prises globalement au moins pour leur bien, au moins pour un certain nombre d’entre eux. Mais comment s’exprime entre deux élections la volonté populaire : par des manifestations et des sondages.    

 

            Une loi rationnelle pourrait faire l’unanimité…au même titre qu’une science, elle-même, fasse l’unanimité ? Pour qu’elle le fasse, il faudrait, pour employer un langage mathématique, qu’elle soit le plus petit dénominateur commun afin de convenir à tous, mais comme les opinions, voire les caprices, varient d’un individu à l’autre, ce serait vouloir placer ce PPCM si bas qu’on se demanderait à quoi puisse servir une telle loi.

 

            C’est pourquoi, pour le consensus on vote des lois vides de sens, ou que l’on n’applique pas, et pour qu’elle soit d’une certaine teneur, d’une teneur telle qu’elle puisse tout juste  obtenir une majorité, non dans le peuple, mais parmi ses  représentants. Lesquels la comprennent, mais pas toujours car ils sont embrigadés à l’intérieur de partis politiques, dans les quels il ne faut pas comprendre mais seulement obéir aux consignes, mais de là à ceux que la masse des citoyens ait un degré comparable de compréhension…. et personne n’est censé ignorer la loi. 

 

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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 07:09

            Suffit-il d’échanger pour ne plus se battre ? Mais ne parle-t-on pas aussi bien d’échanges de bonnes choses que de mauvaises, d’amabilités que d’injures, de serrements de mains que de coups ?  En quoi le fait d’échanger serait-il signe de paix ? Certes à se faire la guerre pour le même bien, quel qu’il soit, on veut se l’approprier pour en priver l’autre, ce n’est plus un échange, mais en quoi un échange serait-il précisément juste et équitable pour les deux parties ? Si l’on part d’un principe, celui d’une valeur pour chaque chose, on peut convenir qu’un échange puisse se faire dans de bonnes conditions, mais pourquoi une chose aurait-elle la même valeur aux yeux des échangeurs ?

 

            Chacun attribue à une chose une certaine valeur, et dans un échange espère obtenir plus que ce qu’il cède, sinon pourquoi échangerait-il ? Pour faire plaisir à l’autre, mais pourquoi l’autre devrait-il accepter si ce n ‘est parce que il ne perd pas au change ?  Toujours l’intérêt ! Pas l’intérêt financier, la valeur marchande comme on le ressent dans la dérive actuelle du capitalisme, toujours amasser plus, mais l’intérêt sous l’aspect le plus général, le même objet, le même service, la même attention peut valoir peu pour l’un et beaucoup pour l’autre et à se l’échanger, tous deux en retirer quelque chose de bon, mais aussi parfois de mauvais. Une double satisfaction ou une double déception.

 

             Le commerce aujourd’hui passe par les valeurs marchandes, avec une monnaie (ou plusieurs) de référence, s’éloignant du véritable échange, le troc de jadis, sans intermédiaire, chacun cédant un bien auquel il tient moins pour un autre auquel il tient davantage, toute opération lui étant bénéfique et dans ces conditions, la paix est propice à ses échanges. La guerre est sans doute née de l’impossibilité d’acquérir ce que l’on désire, l’autre n’acceptant pas ce qu’on lui propose. D’où l’utilisation de la force, et la disparition même de la notion d’échange.

 

            Les échanges favorisent-ils la paix ? Toujours cette idée de devoir se trouver dans une relation de cause (ici les échanges) à effet (l’obtention de la paix). A accepter cela, ne serait-on pas plutôt dans une relation de cause (la nécessite de la paix) à effet (pour pouvoir échanger) ?  Ou plutôt dans une certaine concomitance entre les échanges et la paix sans y rechercher une relation de causalité. Des échanges qui rapprochent les êtres humains, leur permettant de mieux se connaître et donc d’apprécier leurs différences en s’enrichissant mutuellement, mais qui aussi peuvent  entraîner le refus de l’autre et les conflits résultant de l’instinct de conservation, gagner aux dépens de l’autre et non avec lui.


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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 07:42

 

            Selon Larousse, la vie végétative est la « vie de l’homme qui ne fait pas usage de ses facultés intellectuelles et n’accomplit que les actes nécessaires à l’entretien de sa vie ». A en voir ainsi certains, de jeunes que l’on s’attendraient plutôt à trouver, à se rappeler l’époque où nous avions leur âge, nous ne sommes pas certains qu’ils accomplissent les actes nécessaires à l’entretien de leur vie, il faudrait d’abord s’entendre sur le sens que l’on donne aux mots, mais on peut penser sans guère se tromper qu’ils ne font pas usage de toutes les facultés intellectuelles que l’on serait en droit d’attendre.

 

            Difficile parfois, souvent même, de percer le secret des pensées mais dans ces cas extrêmes, nul doute que les neurones ne risquent pas la surcharge. Mais pourquoi donc préfèrent-ils en groupe plutôt que seuls chacun de leur côté, pour tuer le temps qui passe, encre que pour eux il semble ne pas passer très vite ? Peut-être pour faire le point, après ces heures végétatives, sur ce qu’ils pourraient bien faire d’autre que de végéter ? Et de sire peut-être que c’est ce qu’ils ont de mieux à faire.  Le spectacle n’a rien d’intéressant, mais laissons-les faire, pense-t-on, au moins lorsqu’ils ne font rien, ils ne font rien de répréhensible.   

 

            Et pourtant, tous ceux qui ont l’air absents, les yeux dans le vide, ne sont pas des végétatifs, loin de là. Evidemment ceux-là n’ont pas besoin de prothèses dans les oreilles pour vivre à l’écart de tout ce qui se passe autour d’eux, plongés qu’ils sont dans leurs propres pensées. Mais peut-être, à condition de s’autoriser à les déranger, peut-on le contrôler. Aux autres, l’aspect végétatif reste le trait dominant dans le regard- peuvent-ils seulement en avoir un autre ? - , tandis qu’à ceux-ci le « retour à la réalité » s’accompagne d’une mimique qui en dit long sur le rêve éveillé dans lequel ils étaient plongés, à nous faire regretter de les avoir ainsi privés de la suite, comme ce bruit malvenu qui écourte certains moments bien agréables de notre sommeil.    

 

            Réalité ou rêve. On peut rêver tout éveillé, sommes-nous alors dans le rêve ou la réalité ? Et même à ne pas rêver, à nous trouver donc dans ce que l’on appelle la réalité, dans quelle mesure cette réalité est-elle la même pour chacun, non seulement « en gros » mais même dans le détail ? Que voit-on, qu’entend-on, que ressent-on qui nous permet de déduire une existence effective, une réalité unique que chacun ensuite, et ensuite seulement, habillerait comme il lui convient ? Pourquoi y aurait-il une réalité qui ne serait jamais celle que nous découvrons, quoique nous fassions ?  Pourquoi alors cette réalité-là nous apparaîtrait-elle différente, et parfois de beaucoup, suivant notre humeur, les dispositions de notre esprit ? 

 

            Dans l’humanité primitive, et sans doute bien plus près de nous, la réalité se composait de ce que l’on pouvait voir, sentir, toucher, ce qui répondait à l’appel de nos sens. L’horizon marquait la fin du monde et certains ne l’avaient pas très loin d’eux, cet horizon. Le reste ne posait pas de question puisqu’il n’existait pas. C’est un état que l’on doit retrouver chez l’animal, et sans aucun doute chez nous dans le premier âge. Ce qui ne présente pas que des inconvénients, car nous pouvons profiter au maximum de ce qui nous environne, et ces premières connaissances nous permettent ensuite d’extrapoler peu à peu avec un émerveillement toujours renouvelé.

 

            Un émerveillement qui se mue aussi en une peur de l’inconnu, puisque nous ressentons qu’au-delà de notre horizon il existe autre chose. Une réalité. Mais cette réalité existe-t-elle vraiment, puisque lorsque nous la découvrirons, elle ne sera pas celle que d’autres ont découvert avant nous ? Et ce mot « découvert » est significatif du préjugé qui nous guide : découverte et pourquoi pas invention ?   

 


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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 08:38

               Fuir face au danger est rarement bien considéré, quand il s’agit des autres évidemment et qu’on s’imagine qu’à leur place ou ne l’aurait pas fait. Fuir devant un danger face auquel on aurait pu tenir tête évidemment. On ne reprochera pas à ceux qui se trouvaient sur les côtes de l’Océan indien  d’avoir fuit le tsunami un certain lendemain de Noël, au contraire on se demandera plutôt comment les autres se sont laissés prendre et n’ont pas réagi dans les quelques secondes fatidiques, on ne reprochera pas, en principe, à quelqu’un de sauver sa peau, instinct de conservation oblige, mais on ira  jusqu’à en critiquer la manière.

 

            On, on, on…toujours le qu’en dira-t-on, mais en quoi la fuite conserve-t-elle un aspect négatif, à l’égard de soi-même notamment, alors qu’elle est une manière parmi d’autres de répondre à  un imprévu ?   « Il y a parfois du courage à fuir », écrivait Alphonse Daudet, lorsque notamment d’autres, les autres, restent cloués sur place face au danger, non par témérité ou grandeur d’âme, mais tout simplement parce qu’ils sont incapables du moindre mouvement, non que toute pensée les ait abandonnés, mais que tout au contraire les pensées se bousculent, s’entrechoquent dans la tête sans qu’il puisse en sortir quelque chose adaptée au moment. « Qu’est-ce qu’on peut faire ? » et rien ne se fait.

 

            Mais le danger peut aussi ne pas être soudain, mais latent, et cela ne change rien à l’affaire. On peut se trouver tétanisé et donc ne pas agir alors qu’on a tout le temps de réfléchir à la situation. Au lieu de fuir cette inertie en prenant son temps pour trouver des solutions qui échappaient alors. Prendre du recul, voilà une expression positive, et pourtant n’est-ce pas la même que fuir ? Fuir un temps, pas en permanence évidemment

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