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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 09:45

            Des singes qui sont capables de créer leurs instruments, c’est une définition qu’on a donné des hommes à une époque, des êtres bipèdes qui, libérant leurs membres supérieurs, utilisaient leurs mains pour se fabriquer des outils, et ce faisant, corrélativement, développaient leurs facultés mentales. Corrélatif, se dit de choses ou de termes qui sont en corrélation étroite, dans la dépendance réciproque les uns des autres, comme l’effet et la cause, le conséquent et l’antécédent, e t c … 

 

            En corrélation, et non en relation de cause à effet, ce n’est pas la station debout qui a entraîné un cerveau plus complexe ou l’inverse, comme si, à un moment donné, un miracle l’avait permis, un  saut dans l’évolution, inexplicable sans une intervention supérieure, que d’aucuns qualifieraient de  divine, ce qui une manière de régler le problème sans l’expliquer rationnellement.

 

            C’est oublier le facteur temps, non en temps nécessaire à effectuer physiquement une transformation, mais le plus souvent en millions d’années. La causalité ne s’embarrasse pas du facteur temps, elle fait l’impasse de tout ce qui est intermédiaire et relie un phénomène qu’elle qualifie de cause à un autre qu’elle qualifie d’effet, dans les deux sens, cause vers effet et effet vers cause, qu’elle peut, en toute logique, s’autoriser puisqu’elle annule par la pensée le temps intermédiaire.

 

             On peut retrouver cela dans l’analyse systémique du réel. « Selon Edgar Morin, le réel n’existe que sous la forme d’un enchevêtrement de « boucles de rétroaction ». Rappelons que la boucle de rétroaction est basée sur la notion de « feed-back » qui consiste en une rétroaction en boucle, où le résultat d’une interaction physique, chimique ou biologique vient rétroagir sur les causes initiales de cette interaction qui se trouve de ce fait accélérée, ralentie ou stabilisée. (La cause produit un effet qui à son tour augmente ou diminue sa propre cause, et ainsi de suite) »

 

            Cette « analyse systémique du réel » conserve la notion de la sacro-sainte causalité en la vidant quasiment de son contenu. Ce n’est plus une cause qui a un effet, lequel devient cause pour produire un autre effet, et ainsi de suite, mais deux faits qui réagissent l’un sur l’autre, comme dans la marche, où l’avancée du pied gauche entraîne celle du pied droit et ainsi de suite. Parler de causalité dans ce cas peut sembler quelque peu déplacé. Une étroite corrélation dont on distingue les éléments qu’en procédant à une analyse, c’est-à-dire en décomposant par la pensée un seul et même phénomène, ici une marche banale.

 

             On pourrait en dire autant d’un saut par exemple et décomposer la courbe du sauteur en hauteur en impulsion de départ et action de la pesanteur. Non à considérer le saut comme un ensemble indécomposable (il ne l’est pas dans le réel, mais seulement en pensée), mais d’un instant à l’autre, autant de fois qu’on le désire, jusqu’à, par la pensée toujours, considérer comme négligeable l’intervalle de temps entre deux éléments, sans jamais toutefois l’annuler, car à l’annuler il n’y aurait plus de mouvement.

 

             Le principe de causalité ne se justifie que dans la mesure où nous examinons des faits que nous isolons les uns des autres, ayant donc un début et une fin, il nous est alors nécessaire, pour notre compréhension, de relier ensuite ces faits entre eux, suivant la manière qui nous convient le mieux, mais la causalité n’est pas une « loi de la nature », seulement une règle de tout être cherchant à comprendre, hommes mais aussi animaux, qui nous permet de prévoir l’avenir dans une certaine mesure, ne pas nous fier totalement au hasard, mais mettre des chances de notre côté.

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 10:13

            Notre conteur doit être bien jeune, ou sinon avoir une mémoire qui commence à avoir des absences. La maison en détresse qu’il nous décrit, une maison de l’horreur toujours existante, était celle de pas mal de familles françaises il y a cinquante ou soixante ans, et pas seulement parce que l’on sortait d’une guerre et ses ruines.

 

            Ses habitants rêvaient parfois alors de meilleures conditions de vie, mais étaient-ils plus malheureux qu’aujourd’hui ? Car, enfin, là est toute la question. Si oui, voilà à quoi ont abouti tous les progrès techniques, et c’est très bien ainsi. Mais si leurs conditions de vie les rendaient alors malheureux, quel devrait être leur bonheur aujourd’hui !       

 

            Or, que sommes-nous en mesure de constater autour de nous ? Des gens qui se plaignent sans cesse, non pas un petit nombre, ce qui nous permettraient de conclure au bonheur du plus grand nombre avec quelques laissés pour compte, mais une grosse majorité de nos concitoyens, à propos de tout comme de rien, et quelle que soit la génération dont ils font partie.

 

            Certes, tout progrès n’amène pas que des avantages, il entraîne aussi, à l’usage, des inconvénients, mais ceux-ci devraient être mineurs et ne pas gâcher l’impression d’une évolution favorable au niveau global. C’est loin d’être le cas. De quoi remettre en cause la notion même de progrès. Un progrès peut-être réel en le mesurant sur une vaste période, mais ponctué d’avancées et de reculs.

 

            C’est ainsi qu’on parle des « trente glorieuses », plutôt moins d’ailleurs, ces années séparant l’après-guerre de la menace sur les approvisionnements pétroliers et leurs coûts de 1973. Des glorieuses pas pour tout le monde d’ailleurs, avec notamment la guerre froide, et celles d’Indochine et d’Afrique du Nord. Mais enfin, la mémoire populaire a consacré ce terme pour les avancées de ces années-là, comme on parlait de la belle époque des années 1900 avant la guerre 1914-1918, sans doute pour mieux souligner, par opposition, le recul qui s’est opéré depuis.   

 

            Plus donc de « bilan globalement positif », mais une insatisfaction généralisée à la majorité de la population, au point d’apparaître politiquement incorrect et socialement déphasé lorsque l’on prétend que tout ne va pas si mal que cela dans un pays comme le nôtre, qui devrait être parmi les plus heureux, à voir ce qui se passe encore dans d’autres pays. C’est donc bien, dicton connu, que « l’argent ne fait pas le bonheur », mais, ajoute-t-on, qu’il peut y contribuer, car on peut se priver du superflu mais pas du nécessaire.  

 

            Le drame, c’en est un pour beaucoup, bien que nous soyons tous des êtres de la même espèce, c’est que le nécessaire, la satisfaction des besoins fondamentaux de l’être humain, n’est pas le même pour celui qui n‘a rien et se satisferait de peu et celui qui fait son nécessaire de ce qu’ont les autres et que lui n’a pas, ce qui est sans limites dans une société de consommation effrénée. L’écart augmentant toujours dans notre type de société entre les plus nantis et la masse des autres, cela empêche la plupart d’entre nous de profiter des avantages pour ce qu’ils représentent en eux-mêmes, et nous laissent toujours plus insatisfaits. Et l’insatisfaction n’ouvre pas la voie au bonheur.   

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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 06:42

            C’est créer un phénomène à partir d’un noumène, Examiner avec attention ? L’homme serait-il le seul capable d’examiner avec attention, de traduire le noumène en phénomène ?  A supposer que ce soit le cas, il s’agirait d’un don qui aurait été donné mystérieusement à notre espèce, et que bien peu d’humains semblent utiliser couramment ?

 

            Mais qu’est-ce qu’un noumène ? « Chose connue par la raison. Dans la langue philosophique, objet que l’on conçoit par la seule intelligence. Chez Platon, le monde des noumènes ou « monde intelligible », est celui des pures idées, dont le monde sensible ne donne qu’une pâle image. Chez Kant (voir ci-avant) chose telle qu’elle est en soi, par opposition au phénomène, aux choses telles qu’elles nous apparaissent »                  

 

            Le monde sensible est celui « qui peut être perçu par les sens et qui s’oppose donc à ce qui ne peut être appréhendé que par l’intelligence pure, comme les rapports logico-mathématiques ». Pas question ici de nous plonger dans les mondes de Platon ou de Kant, sauf pour constater que pour Platon, ce qui importe est le monde des idées, le monde sensible (les phénomènes) n’en étant qu’une pâle image, tandis que pour Kant le monde réel est ce qu’il est, celui dont nous avons connaissance seulement par les apparences, qui constituent ces phénomènes. Pas très clair encore tout cela.

 

            Revenons plutôt sur un des paragraphes précédents dont nous nous sommes éloignés sans en avoir exploité l’idée :Un phénomène ne peut être considéré comme isolé que s’il est observé et c’est l’observateur qui en détermine, consciemment ou non, les limites. Ces limites une fois déterminées, il en recherchera les causes et les effets précisément parce que des limites ont été posées, mais cette opération est consécutive à l’observation, pas au phénomène. Le phénomène n’a ni commencement ni fin en lui-même, il se trouve occuper l’ensemble de son support temporel. Son observation a un commencement et une fin, qui dépend de l’observateur et de sa perception de l’espace-temps.   

           

            En fonction de la digression antérieure, le mot terme de phénomène ne peut s’appliquer qu’à  ce qui est observé. Tout phénomène est donc, par définition, isolé puisque toute observation a un début et une fin, sa durée est limitée. Le phénomène a donc bien un commencement et une fin, car il n’est rien en lui-même, rien que le résultat d’une observation d’une « réalité » en soi dont les sens peuvent en percevoir une apparence, le phénomène. Pour éviter des interprétations différentes de Platon et de Kant, évitons le terme de noumène. C’est pour éviter cette confusion que, il a déjà quelques temps, nous écrivions événement ce qui était ressenti par l’observateur et phénomène la chose en elle –même.      

 

            Etait-ce suffisant ? L’événement ramenait à ce qui était ressenti par un individu donné, à un instant donné, dans un certain état d’esprit, c’est-à-dire que pour un phénomène donné considéré comme une réalité en soi, il pouvait y avoir autant d’événements différents que d’individus et de dispositions différentes chez chaque individu.. Mais cette réalité en soi n’était peut-être lors que l’apparence communément admise, objective comme on dit, celle que pourrait avoir l’ensemble des individus faisant abstraction de toute émotion ou de tout intérêt particulier. Quelque chose d’idéal, l’idée qu’on se fait d’une chose, finalement le noumène platonicien. 

 

            L’existence d’un phénomène est liée à  son observation. On ne peut envisager un phénomène qui ne pourrait pas être observé. Un fantôme n’existe (probablement) pas et pourtant nul doute que certains ont vu des fantômes, pas obligatoirement sous un grand drap blanc et faisant « hou-hou » comme on le schématise parfois avec quelque humour, mais sous une apparence qu’on peut qualifier de naturelle, que rien ne permet alors de distinguer d’une vision normale. Il n’y a rien de physiquement présent à un instant donné (ce qui peut se contrôler aisément l’instant d’après, lorsque l’apparition a cessé, ce n’est pas quelque chose qui a une durée conséquente), mais une apparition est un phénomène, puisque observé, aussi « réel » que tout autre phénomène pour celui qui en est le témoin.  


            Cette apparition a un commencement et une fin. Ce n’est pas dans un décor qui se construit, donc progressivement pendant une certaine durée et qui se déconstruirait ensuite peu à peu. Le décor est le même que celui qui précède et qui se retrouve par la suite. C’est la permanence de ce cadre qui permet de ne pas être surpris par cette apparition, la surprise de l’apparition effacerait sans doute l’image en faisant appel au raisonnement, qui n’entre pas en jeu ici, c’est la disparition qui surprend et on se met alors à penser qu’on a rêvé. Et pourtant, on est là, bien éveillé.

 

            Ces apparitions anormales (elles ne sont pas dans la normalité) sont rares, peut-être même que beaucoup n’ont jamais éprouvé ces choses. Mais leur rareté n’en exclut pas l’existence. Dans le cas classique d’une rencontre de ce type, il y a un antécédent (la personne qui arrive vient de quelque part, et après poursuit son chemin même si on la voit plus), on peut toujours imaginer un avant et un après, on n’envisagerait pas qu’il n’y en eût point, rien n’interdit d’imaginer toute une tranche de vie, dépassant largement la durée de la vision. Mais ici, y-a-t-il un avant et un après ? Côté observateur, peu-être, côté phénomène, probablement pas.        

 

            Côté observateur en effet il y avait peut-être des prédispositions, un état d’esprit favorable. Auquel cas, on peut envisager un avant. Un doute certainement après, un refus ou une acceptation du phénomène, donc un après. Mais côté phénomène, il semble bien limité à la durée de l’apparition elle-même. Sans avant, ni après.

 

            Comme s’il s’agissait d’une transposition spatio-temporelle, un épisode pris ailleurs (peu probable dans strictement le même décor) ou (probablement)  à un autre moment. Comme une photo qui se serait intercalé malencontreusement dans un diaporama par ailleurs correctement développé.   

 

           Ce n’est pas le cas en général du rêve qui se vit comme s’il était réel, mais qui ne s’intercale pas entre un avant et un après consciemment vécus, mais constitue lui-même un ensemble, parfois parfaitement vraisemblable, au point qu’il peut arriver de ne  pouvoir convenir si certains événements ont été vécus ou rêvés, même après de mûres réflexions.    

 

            Il n’y a pas que l’apparition qui vient s’ajouter au décor existant, ce qui est exceptionnel sans doute, mais aussi une personne ou un objet qui n’y apparaît plus, une disparition au lieu d’une apparition, et  pas seulement par un tour de magie de prestidigitateur. Peut-on affirmer que le décor que nous voyons est tel qu’il est, qu’une personne par exemple, et pourtant au  premier plan, s’y trouve alors que nous ne la voyons pas ?

 

            Ce qui ne nous choque pas, sauf éventuellement quand ensuite on nous le fait observer. On se dit qu’on ne l’a pas remarqué, qu’on ne peut pas tout voir, mais qu’au moins, en être raisonnable, on ne voit pas des gens qui n’y sont pas. Admettant donc que ce n’est pas du tout la même chose de ne pas voir ce qui est et voir ce qui n’est pas, ce qui mérite réflexion.

 

            Une absence peut pourtant se remarquer, lorsqu’on s’attendait par exemple dans une assemblée à y trouver quelqu’un qui n’y est pas. On peut même ne s’intéresser qu’aux absents, comme des tableaux qui ne sont pas accrochés où l’on s’attendait à les trouver ou un élément qui manque dans une série d’objets. Mais c’est, pourrait-on dire la présence d’une absence ou l’absence d’une présence qui reviennent au même, retenant la même attention.  

 

            Ce qui frappe dans une apparition, c’est son caractère fugace, sans rapport avec l’avant et l’après, une parenthèse, alors que dans une non-apparition, ce n’est pas une parenthèse, il y a un avant et un après, on peut lui trouver une explication, même dans le cas où l’on prétend l’absence…inexplicable.  

 

 

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 11:54

            Un phénomène, en lui-même n’est jamais isolé. C’est notre esprit qui le limite entre le moment où on le voit naître et celui où on le voit mourir, moments dont il a la perception de l’extérieur. Dont la perception est suffisante pour qu’il puisse ne prendre conscience. Quand il prend conscience d’un phénomène qui a pris une certaine ampleur, il en déduit qu’il a pris naissance avant qu’il en prenne conscience ; mais que d’autres observateurs ont pu éventuellement assister à cette naissance. Il extrapole ses observations. 

 

            Il s’ensuit qu’a priori il doit exister une réalité indépendante de l’observation, même s’il admet aussi que l’observation peut perturber le phénomène, auquel cas il associe le phénomène et l’observation, sans pour autant ne pas être convaincu que le phénomène existe en dehors de toute observation. Il donne au phénomène la propriété de pouvoir être observé, de l’extérieur donc, admettant que ce qu’il voit de ce phénomène n’en est qu’une apparence. Mais si les autres voient ce qu’il voit, il estime que ce qu’il voit est la réalité du phénomène. .

 

            Toutes les observations aboutissent à une vitesse de la lumière constante et égale à près de 300 000 km/s, la vitesse de la lumière est donc celle-là, pour ceux qui l’observent, comme pour ceux qui ne l’observent pas d’ailleurs. Ce n’est pas parce que je ne l’observe pas qu’elle pourrait ne pas exister. Comme le dit la bible, la lumière fut avant qu’il n’y eût d’observateurs.

 

            Ce n’est pas l’observation qui crée le phénomène. Dans le temps qui s’écoule, le phénomène commence bien avant d’être observable (ce qui dépend de l’observateur, certains animaux détectent bien avant nous l’arrivée d’un tremblement de terre par exemple) et a des prolongements bien après que nous en observons la fin.

 

            Un phénomène ne peut être considéré comme isolé que s’il est observé et c’est l’observateur qui en détermine, consciemment ou non, les limites. Ces limites une fois déterminées, il en recherchera les causes et les effets précisément parce que des limites ont été posées, mais cette opération est consécutive à l’observation, pas au phénomène. Le phénomène n’a ni commencement ni fin en lui-même, il se trouve occuper l’ensemble de son support temporel. Son observation a un commencement et une fin, qui dépend de l’observateur et de sa perception de l’espace-temps.   

 

            Suite au développement de la physique quantique, certains métaphysiciens extrapolent : sans observateur, il n’y a plus de phénomènes ; c’est l’observation qui crée le phénomène ; en conséquence, lorsque, « à la fin des temps », il n’y aura plus personne pour observer l’univers, celui-ci, ipse facto,  n’existera plus. On peut supposer un dernier observateur, le survivant de tous les autres, qui s’éteint, et, hop, l’univers disparaît au même instant, oui, il disparaît puisqu’il n’est plus observé, faute d’observateur, mais pourquoi n’existerait-il pour autant ?

 

             L’observation crée le phénomène, ce qui est observé, mais le phénomène est « ce qui apparaît à la conscience ; apparence des choses qui s’oppose à la chose en soi, désigne l’être des choses au-delà de notre apparence pour nous ; dans la philosophie de Kant, la chose en soi se nomme le noumène ».

 

            Si le phénomène est ce qui apparaît à la conscience, ce n’est pas seulement de la conscience humaine qu’il peut s’agir, mais de toute conscience animale : Si l’évolution ne s’était pas développée jusqu’à l’homme, le monde n’aurait pas manqué d’observateurs, les singes, nos cousins n’observent-ils pas le monde ? Et, avec les autres animaux. Un insecte ne voit pas le monde tel que nous le voyons, ou croyons le voir, mais n’est-il pas un observateur de son monde ?

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 08:41

             « Ecrire, c’est à peu près comme se trouver dans une maison vide et guetter l’arrivée de fantômes » ( John Le Carré)       

 

             Ecrire, pour la plupart de ceux qui s’aventurent dans l’écriture, car il s’agit d’une aventure, c’est écrire un roman, « œuvre d’imagination constitué par un récit en prose d’une certaine longueur, dont l’intérêt est dans la narration d’aventures, l’étude de mœurs ou de caractères, l’analyse de sentiments ou de passions ».

 

            C’est donc démarrer devant une feuille blanche, plus communément aujourd’hui un écran vierge, faire appel à son imagination, laquelle ne répond pas souvent de suite à l’appel, c’est donc bien « comme se trouver dans une maison vide et guetter l’arrivée de fantômes », « chimères que forme l’esprit, créations bizarres de l’imagination », d’où cette tentation de partir d’éléments biographiques, et souvent autobiographiques, ce qui facilite le développement de fantasmes, sinon  ce qu’on a été, ce que l’on aurait voulu être ou ne pas être. 

 

             Mais il est d’autres formes d’écriture où on guetterait vainement l’arrivée de fantômes. Comme cette dissertation, « exercice scolaire de composition écrite consistant dans la discussion d’un sujet de littérature, de morale ou de philosophie », un sujet imposé, qu’il nous inspire ou pas, et qui devait comporter, pour être bien noté, une introduction, le corps en trois parties (thèse, antithèse, synthèse) et une conclusion.

 

             Imitant ce que doit être un débat contradictoire avec un présentateur qui introduit, un intervenant qui expose son point de vue, un autre qui exprime le point de vue opposé, un troisième qui tente le synthèse et le présentateur qui…branche le public sur un prochain débat possible. 

 

             Ces dissertations ne nous ont pas toujours enchantés quand on nous les imposait, avec des sujets bateaux qui, alors, se retrouvaient d’année  en année au point que certains puisaient l’inspiration dans les copies de leurs frères ou soeurs plus âgés, mais, par sa répétition même, conditionnaient les élèves à avoir leur plan bien établi avant de commencer.

 

            Savoir ce que l’on va écrire ensuite, ce n’est pas toujours le cas pour l’adulte qui n’a pas de copie à rendre et qui travaille pour lui. Tout au plus conserve-t-il l’idée directrice. C’est que la pensée vagabonde, même lorsqu’on s’est fixé un objectif, alors à partir à l’aventure, pour le simple plaisir d’écrire, vous égare souvent, mais n’est-ce pas là l’un des charmes de la pensée humaine, ne pas être enchaînée par la nécessité ? 

 

             Pense-t-on souvent ainsi ? G.B.Shaw a dit en son temps : « Je suppose que vous pensez rarement. Il y a peu de gens qui pensent plus de trois ou quatre fois par an. Moi qui vous parle, je dois ma célébrité à ce que je pense une ou deux fois par semaine », mais il maniait l’humour. Tout dépend de ce que l’on entend par penser.

 

            Si c’est se formuler une simple opinion que l’on a glanée en chemin et faite sienne sans la moindre réflexion, on peut penser très souvent et très communément. Et publiquement, comme dans ces innombrables sondages, où l’on vous demande de répondre « spontanément », or, à moins de s’être intéressé au sujet précédemment, la spontanéité de la réponse ne nécessite pas le fonctionnement de la pensée.

 

            Penser sur un sujet qui se présente pour la première fois demande du temps, une durée de réflexion  nécessaire, de peser le pour et le contre avant de prendre une position raisonnable. Et l’usage de la raison ne donne pas le même résultat d’un individu à l’autre.

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 15:26

            A se contenter de ce bref entrefilet dans une presse qui, il est vrai, n’est pas spécialement scientifique, on n’en est pas encore arrivé, même si on s’en rapproche, à proximité du big bang, mais au moins aucune autre théorie ne parvient à combattre l’idée de son existence. Un million d’années ramené à 13,7 milliards, c’est peu, mais on est bien loin de la fraction de seconde de la boule de la taille d’une bille créant notre univers.       

 

            Mais que signifie la fraction de seconde d’alors, à l’aube du temps et de l’espace ? Une singularité qui n’est qu’une extrapolation mathématique. A l’aube du temps, ce qui laisse interpréter que le temps, avant, n’existait pas, et l’espace non plus. Mais le temps alors ne s’écoulait pas comme aujourd’hui, seconde après seconde, année après année, avec cette régularité qu’on lui connaît aujourd’hui.  

 

            Avant le big bang, le temps existait peut-être mais ne s’écoulait pas, n’existait pas alors la notion de durée,  puisqu’une durée est un intervalle de temps, un Dt qui n’a de sens que dans un temps qui s‘écoule. Alors, comment le placer dans le temps ce big bang ? Lorsque le temps commence à s’écouler, comment s’écoule-t-il ? Que signifie alors cette fraction de seconde qui, aussi petite soit-elle, est bien une durée ?

 

            En partant du temps qui n’existe pas et qui se met à exister, on lui donne d’emblée la régularité, le battement régulier qui nous est habituel. Comme on le fait en chronométrant la course d’un athlète. Il s’élance à l’instant zéro, celui qu’indique le chronomètre, et franchit la ligne d’arrivée à l’instant t, ce qui donne le temps de parcours, la durée. Et le chronomètre remis à zéro est prêt pour une autre course.

 

            Mais ici, il s’agit de toute autre chose si le big bang marque la naissance de notre univers sans qu’il n’en existe d’autres. Et si d’autres univers, plus anciens que le nôtre existent, ce que nous ne pourrons sans doute jamais démontrer, alors pour eux, notre univers est naît à un certain moment de leur temps, pas au temps zéro, mais alors nos échelles de temps ne sont pas comparables, superposables par un simple décalage…dans le temps, par glissement d’une échelle par rapport à une autre.

 

            Tout comme notre propre conception, lorsque nous commençons notre propre vie, notre instant zéro. Pour les autres, pas de difficulté particulière à noter cet instant. Mais peut signifier l’instant t pour celui qui, avant cet instant, avait un temps qui ne s’écoulait pas ? Comment s’enclenche un  temps qui ne s’écoulait pas et qui se met à s’écouler  dans la marche du temps classique, régulier, celui qu’indique nos horloges ?

 

             Et comment disparaîtra notre univers, dans un temps qui s’écoulait et dans un temps qui, dès lors, ne s’écoulera plus ? Un univers de durée finie dans une éternité où le temps ne s’écoule pas. Comme, étant donné les rapports, une vie de durée limitée, quelles que soient ses limites, dans un univers de durée limitée lui aussi, mais pouvant être considéré comme éternel par rapport à la vie considérée ?

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 09:44

             Est-ce toujours prudent de traverser au vert, alors que les voitures tournent à droite ou à gauche, parfois sans la moindre attention pour le piéton respectueux des signaux de circulation ? Nous sommes nombreux, à certains carrefours à préférer passer au rouge, en absence de véhicules à courte distance sur la voie ouverte à la circulation automobile. Par prudence, certes, mais en prenant quelques libertés avec le code de la route.  

 

             Réaction d’adulte, responsable de ses actes, qu’il vaut mieux éviter en présence d’enfants, du plus petit au plus grand, car, à prendre des libertés trop jeunes, on en élargit le cercle rapidement. Ce sont d’ailleurs les enfants eux-mêmes qui vous font observer la faute que vous commettez à ne pas attendre que le petit bonhomme vert vous fasse signe.

 

            C’est alors qu’il faut patienter absolument, car ils en concluraient que les obligations n’en sont pas et qu’ils peuvent ne pas s’en soucier, quelles que soient les circonstances, ce qui est beaucoup plus grave. Quant aux chiens d’aveugle en apprentissage, que pensent-ils en présence d’adultes inconséquents ? Ils n’ont pas la même latitude que les humains à étalonner les manquements à la règle, leur cerveau étant moins complexifié que le nôtre, la même capacité à hésiter.

 

            Souvenons-nous de l’âne de Buridan, cette fable célèbre qui met en scène un âne qui se laisse mourir de faim et de soif  devant un boisseau d’avoine et un seau d’eau, faute de pouvoir choisir entre ces deux biens (problème de la liberté d’indifférence). On peut en sourire et penser que l’âne mérite bien une certaine réputation, mais que d’êtres humains, placés face à une alternative, donc un choix entre seulement deux possibilités, ce qui est peu par rapport à ce que nous offre la vie en général, ne peuvent pas, ne pourront jamais se décider.

 

            Certains certes parce qu’ils veulent faire durer le suspense vis-à-vis d’eux-mêmes et d’autrui parce qu’ainsi ils tiennent un sujet d’intérêt en haleine, ce qui est mieux que rien, mais d’autres parce qu’ils sont dans l’indécision la plus totale, ce qui mener à la folie. A plus forte raison un animal, dont le cerveau offre moins de possibilité de sortie.

 

            Et qui serait capable de risquer ainsi l’équilibre d’un chien destiné à rendre tant de services à un handicapé ? Ce serait de la cruauté mentale tant à l‘égard de l’animal qu’à celui de son futur propriétaire. Et pourtant, sans en avoir conscience, nous commettons des impairs qui doivent poser problème à ces animaux qui doivent parfois se faire une piètre idée des hommes.

 

            Peut-être a-t-on si longtemps déniés de l’intelligence aux animaux pour ne pas être honteux parfois lorsqu’ils nous regardent fixement en certaines circonstances où nous préférerions ne pas être vus. Ils nous jugent peut-être alors.

 

            Qu’y a-t-il derrière un tel regard, la manifestation d’un instinct commun à l’espèce dans son ensemble, donc indépendant de l’action particulière en cours, ou tout au contraire une manifestation en rapport avec nos propres sentiments, parfois le désir d’une meilleure communication, le regret aussi de ne pas y parvenir ? Déplore-t-il alors d’avoir en face de lui quelqu’un qui ne brille pas par ses capacités d’échange ?      

 

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 12:28

            Un monde devenu trop vaste, l’homme privé de ses repères traditionnels va se replier sur lui-même…et ne plus dépendre que de soi pour accéder au bonheur…C’était une question que l’on pouvait se poser : pourquoi la grande période philosophique de la Grèce antique n’a pas survécu à la disparition d’Aristote ? Et pourquoi plus de quinze siècles d’ « obscurantisme » ont-ils succédé à une aussi grande richesse d’expression de l’esprit humain ?

 

            Alexandre le Grand  en serait la cause. Comme quoi il ne faut pas séparer l’histoire de la philosophie de l’Histoire, de celle qu’on a coutume de gratifier d’une majuscule. Avant Alexandre, la Grèce est constituée de cités, sans rapport avec les métropoles d’aujourd’hui, de cités à taille humaine, où, d’un certain milieu, on peut tous se connaître, se réunir et disserter.

 

            Il y a des maîtres et des disciples, certes, mais si les disciples bénéficient de la philosophie des maîtres, ceux-ci s’enrichissent des interrogations de leurs élèves. Nous ne sommes pas dans des amphis où des centaines d’étudiants glanent ce qu’ils peuvent des cours pour tenter de réussir leurs examens de fin d’année en ingurgitant les dires et les écrits des philosophes passés, relatés par leurs professeurs, mais dans de vrais débats d’idées.

 

            Arrive Alexandre et ses conquêtes, à sa mort le monde n’a plus les mêmes dimensions, la Grèce n’est plus le centre de son monde. Bientôt ce sera Rome qui n’a plus les mêmes ambitions philosophiques, loin s’en faut, et il faudra attendre la Renaissance pour que s’annonce un monde nouveau. Avec des hommes à la conquête de nouveaux repères dans un monde qui encore changé de dimensions avec les grandes découvertes.

 

            Au vingtième siècle, la Terre n’abritait plus de terres vierges dont on ne connaissait ni les contours ni le contenu. Mais chacun restaient encore dans les limites de son pays avant les deux guerres mondiales qui ravagèrent le globe mais eurent aussi pour effet de nous mondialiser, et une fois la période de décolonisation achevée et les moyens de communication considérablement accélérés, la conquête spatiale engagée, de créer une conscience collective d’appartenance à une seule et même humanité.

 

            Une perception qui éblouit les astronautes quand ils aperçoivent de là-haut notre planète bleue, mais dont chacun croit en mesurer aujourd’hui les avantages, mais aussi les inconvénients, ramenés à sa propre personne. Avec, non seulement un retour en arrière impossible, mais encore une fuite en avant, encore mal définie mais certaine. Dans un monde qui somnole, il est plus aisé de se choisir des repères que dans un monde en effervescence, dont on peut présager de la fin, au-delà, en toute évidence, de la durée d’une existence humaine.

 

            Ce n’est donc pas, ramené à notre personne, notre entourage, notre environnement présent, une simple parenthèse comme tant d’autres faits sur cette terre, qu’on peut laisser passer sans réagir, mais bien la nécessité de vivre, des générations durant, dans la mobilité, d’avoir des repères, cela est indispensable à notre nature, mais non permanents, s’adaptant à l’évolution accélérée du monde.

 

 

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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 08:25

Des goûts et des couleurs, on ne discute pas…ou plutôt on ne discute plus une fois atteint l’âge adulte, un âge auquel les années d’enfance et d’adolescence ont donné le temps nécessaire à se construire une certaine vision du monde, sinon la sienne propre, au moins celle qui permet de s’intégrer plus ou moins bien dans la société. La vision propre, il faudra encore attendre la patine des ans pour que le recul soit suffisant à un examen plus objectif de notre monde. .

 

            S’il est un endroit où la perplexité se lit sur les visages des adultes, c’est bien dans un musée, ou une galerie de peinture, suivant évidemment que l’individu médite seul ou se trouve en compagnie. Entouré de connaisseurs ou de gens se présentant comme tels, il ne peut que s’extasier devant la beauté de l’œuvre, préciser que les mots lui manquent – on le comprend – pour exprimer les sentiments qu’il ressent, et n’en penser pas moins. 

 

            L’enfant, lui, n’a pas à se construire une physionomie de circonstance lorsqu’il se trouve parmi les siens. Certes il s’intéresse plus ou moins à la galerie de tableaux, mais s’il y prête attention, c’est sans arrière-pensée, et plus y a de vie, plus son intérêt croît. D’autant plus qu’il est dans son présent vécu et ne se soucie pas de ce qu’il a déjà vu par ailleurs ou de ce que pensera de lui sa maîtresse l’instant d’après. 

 

            Ce qui ne signifie pas que les événements auxquels il participe ne le marquent pas, bien au contraire. Il emmagasine, et, tout adulte le vérifie, ne lui reviendra en mémoire plus tard que certains faits, certains épisodes, pas toujours ceux qui l’ont touché le plus alors – suivant ce qu’en témoignaient ses accompagnateurs, mais un témoignage est toujours sujet à caution car il ne peut être objectif, mais un détail souvent, qui leur a même échappé.

 

            Mais nous ne sommes pas limités à ce que notre mémoire nous retransmet plus ou moins fidèlement, mais à tout ce que nous avons vécu, ce qui est indéfiniment plus vaste. Et, au moins nous sommes envahis par notre passé, au moins nous sommes envahis par d’innombrables préjugés, au plus nous pouvons être spontanés, nous livrer aux plaisirs (aux peines aussi ) de l’instant présent.

 

            Naïveté et fraîcheur, nous pouvons certes les conserver toute notre vie, dans la mesure où le domaine concerné n’a pas été abordé précédemment. C’est dire que pour ceux qui ne s’aventurent guère au-delà des nécessités quotidiennes, le champ d’exploration possible reste bien ouvert, certes, mais que peut-être ils ne songeront jamais à l’explorer.

 

            Pour d’autres, plus « aventureux », il leur faudra toujours aller de l’avant pour découvrir de nouvelles terres au sens physique du terme, voyager toujours de plus en plus loin, mais l’esprit de l’homme n’est pas conditionné par l’espace parcouru mais par l’utilisation qu’il fait de son temps, et ce ne sont pas forcément les plus grands voyageurs qui ont l’esprit le plus ouvert. Ce qui condamne la naïveté et la fraîcheur, ce sont surtout les préjugés qui donnent l’impression de savoir avant de prendre connaissance, d’avoir épuisé un sujet alors qu’il n‘a été qu’à peine effleuré. On comprend que les enfants, avides de connaissance et vides d’expériences, soient les mieux placés pour en bénéficier.

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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 22:57

            Subitement, une pensée vous traverse l’esprit, vous la trouvez très intéressante alors que vous pensiez à toute autre chose, vous vous disposez à la noter, hélas, elle s’est déjà envolée ! Et impossible de la retrouver, puisque vous ne pouvez pas la raccrocher à quoi que ce soit. Et pourtant vous la trouviez importante, d’autant plus peut-être après coup, lorsqu’elle vous a quittée.

 

            Difficile d’affirmer qu’il s’agissait d’une pensée qui vous était propre, vous pencheriez plutôt pour une pensée de passage, qui venait d’ailleurs, mais pour  laquelle vous étiez réceptif, sinon pourquoi se serait-elle présentée ?  

 

            La disponibilité, l’ouverture d’esprit, voilà une grande vertu, car à ne pas l’être, ces pensées vagabondes ne sont pas perçues. Certes, à les rater, on ne perd pas grand-chose, mais ce n’est pas toujours le cas heureusement.

 

            Disponibles, les Grecs d’il y a vingt-cinq siècles qui fondèrent notre philosophie devaient l’être, libérés des tâches routinières quotidiennes par leurs esclaves, utilisant leur temps  à discuter entre eux. Sans esclaves, peut-être que leurs débats n’auraient pas mérité de parvenir jusqu’à nous. 

 

            Aujourd’hui les « hommes libres », puisque l’esclavage a été enfin aboli, remplacé par des machines qui ne pouvaient alors exister, ne sont plus pour autant disponibles, absorbés qu’ils sont par un  quotidien qui, le plus souvent, perd dès le lendemain tout intérêt.

 

             On prétend même qu’une partie de la population ne pense pas, n’exprime que des opinions glanées au gré des circonstances, sans jamais se livrer au moindre examen personnel. Peut-être que ne pas penser pour certains semble inimaginable, mais que la question n’a  même pas de sens pour d’autres. Mais qu’est-ce que penser ? Aller au-delà de la réaction des sens aux événements qui se présentent. Débattre en son for intérieur ? Penser, c’est douter, c’est dire non ? 

 

            « Ne jamais recevoir aucune chose pour vraie, qu’il ne la connût évidemment être telle; c’est-à-dire éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et n’accepter rien de plus en ses jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à son esprit qu’il n’eût aucune occasion de l mettre ne doute »

 

             Une définition cartésienne qu’on applique bien rarement. Faute de temps parfois bien sûr, car il faut du temps pour réfléchir, mais le plus souvent par paresse intellectuelle, car réfléchir fatigue l’esprit, fait « travailler les méninges », alors qu’il est si aisé de se contenter d’opinions toutes faites. D’adopter sans examen ce qui se dit, s’écrit, se fait. Ou de le rejeter systématiquement, ce qui est la même chose.

 

             Car dans tout ce qui se dit, s’écrit et se fait, il peut toujours y avoir quelque chose à examiner avant d’apporter un quelconque jugement. Ne serait-ce que c’est émis par un d’autre qui n’a pas votre point de vue.

 

             A rejeter systématiquement ce qui a priori ne vous convient pas, vous vous privez des apports extérieurs et vous vous maintenez dans une étroitesse d’esprit. A tout accepter aussi, puisque, lorsqu’elles sont contradictoires, vous vous rangez aux dernières opinions, quelle que soit la valeur des précédentes.

 

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