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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 05:10

            Le rire est, paraît-il, le propre de l’homme. Ce n’est peut-être pas tout à fait exact, car des animaux à l’homme il est de plus en plus difficile  de maintenir une frontière  infranchissable, dans un sens comme dans l’autre, et s’il est certain que l’homme soit doté de langage, les animaux ont aussi le leur, on en doute aujourd’hui de moins en moins. L’hypothèse selon laquelle les animaux ne répondaient qu’à leur instinct et n’avaient nul besoin de se singulariser - pourquoi alors chercheraient-ils à nouer des relations particulières, des brides de « conversation », et pas seulement avec ceux de leur espèce - , cette hypothèse, qui se conforta longtemps dans un cadre religieux, a quelque peu vieilli et ne se maintient que par conservatisme. 

 

             Il n’empêche que c’est bien l’homme, avec son cerveau complexe, qui se permet de posséder un véritable langage, encore que cela ne lui soit pas venu rapidement au cours des millénaires. Avec l’histoire biblique de la tour de Babel, « ils parlaient tous la même langue », on en est à un stade qui n’a sans doute jamais existé car ce n’est pas dans le sens unicité vers multiplicité que l’évolution a été possible.

 

            Chaque tribu, chaque peuple, au temps où la maigre population terrestre était très dispersée, et elle le fut probablement avant de se construire un langage, avait dû créer le sien, très pauvre (à nos yeux) sans doute mais langage quand même, pour se comprendre entre individus, puis, les contacts entre tribus ou peuples, hostiles ou amicaux, se faisant de plus en plus fréquents, de s’enrichir ainsi mutuellement. 

 

             Evidemment, avec le postulat d’Adam et Eve et les quelques milliers d’années, plus ou moins de cinq, de l’événement créateur, on ne pouvait que supposer un seul et même langage pour tous sachant que le premier couple parlait aussi facilement que vous et moi. Et donc d’imaginer un châtiment divin dans l’explosion de multiples langues, incompréhensibles entre elles pour les besoins de la cause, l’interruption des travaux de construction d’une tour destinée à parvenir jusqu’au ciel, qui devait sans doute alors plafonner à quelques centaines de mètres tout au plus.

            Pensons aux patois locaux et à l’instauration d’une langue commune dans le cadre d’un pays comme la France. La langue d’oil et la langue d’oc ne devaient guère se comprendre, mais il a fallu qu’elle le fasse ! La mondialisation, en marche bien avant les problèmes de délocalisations qu’elle pose, devait amener une concurrence entre les différents langages et  assure le succès de certains au détriment de beaucoup d’autres. Et ces langues ainsi privilégiées d’être livrées en pâture à tous les débordements. On est souvent très loin de leur caractère utilitaire d’échanges entre les êtres humains,  Avec le développement  « exponentiel « des communications, on en vient de plus en plus souvent à parler pour ne rien dire.

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 07:13

 

            Abrutir : dégrader l’esprit, la raison de [ceux qui la regardent], rendre stupide…serait-il  un  objectif social ? Du pain et des jeux, disait-on déjà du temps des Romains, avec le souci affiché de les distraire, de leur apporter le plaisir, mais aussi  de les occuper à autre chose que la critique du pouvoir en place, de l’organisation de la société… et les jeux étaient loin, très loin, d’avoir cette permanence des programmes télévisuels. A quoi donc peuvent  être utiles des centaines de chaînes si, à zapper de l’une à l’autre, c’est plus rapide que de consulter les revues  spécialisées,  on ne trouve rien à sa convenance, pour peu que l’on veuille échapper à ces programmes abrutissants ?

 

            Objectif social peut-être que de tenter de canaliser la masse du peuple vers le poste de télé. Pendant qu’elle s’y trouve scotchée, elle ne pense pas à autre chose, elle ne pense même plus du tout, et c’est bon pour ceux qui, précisément, utilisent cette apathie pour mener leurs affaires à leur terme, ou tout simplement pour faire perdurer une situation confortable.  Nous avons la chance de vivre en démocratie, chacun est censé pouvoir s’exprimer librement. Empêcher la réflexion individuelle, accaparer l’attention sur n’importe quoi, des jeux, des faits divers, des épreuves sportives, des variétés qui contrairement à ce que leur nom pourrait laisser supposer ne varient guère, tout est bon pour que, socialement, les téléspectateurs se laissent manœuvrer docilement. par ailleurs, un ailleurs auquel il leur manque le temps d’y réfléchir sereinement. Comme si, hors télé, il n’y avait pas de vie. . . . .  

 

            En argentique, on pouvait s’échanger entre amateurs des photos « naturelles », sans retouches,  copies fidèles de la prise de vue originale, plus ou moins réussie, certes, mais réelles. Le numérique apporte beaucoup, énormément,  mais ce sensationnel progrès ne traîne-t-il pas aussi derrière lui quelque inconvénient ? A pouvoir « torturer » un cliché avec tant de facilités, la tentation peut être forte de reconstruire l’image comme il convient qu’elle soit pour l’envoyeur…le destinataire ne recevant que « quelque chose »  bien différente de la prise de vue. Il peut s’en satisfaire, ne pas être dupe, c’est souvent le cas, applaudir au « talent » de son correspondant et en faire autant, mais où se trouve alors la réalité – déjà si ardue à définir – dans ce monde virtuel ?

           Une image, une seule autorise la réflexion, y incite même si, accrochant par un détail ou un écart par rapport à ce qu’on en attendait, elle ne paraît pas naturelle. Il n’en va pas de même avec une succession ininterrompue d’images, trafiquées certes, mais cohérentes entre elles. Le cinéma s’est ainsi développé, et l’on s’émerveille devant les trucages dont il s’est nourri, mais une fois la projection terminée, la magie disparaît, pas toujours il est vrai. Mais c’est de la fiction et, comme la science du même nom, on peut tout se permettre.  Il en va tout autrementquand il s’agit d’informations, les vraies ou celles qui devraient l’être, la perception du monde qui nous entoure.

            Les journalistes n’ont pas attendu la télé pour informer leurs lecteurs de ce qui se passait un peu partout, souvenons-nous de l’époque des grands reporters, y allant de leurs commentaires qu’on ne retrouvait pas toujours concordants d’un journal à l’autre suivant le tempérament de l’auteur et le couleur politique ou religieuse du journal, mais on savait  - ou on aurait dû savoir – à quoi s’en tenir, et rien n’a changé depuis. Mais du commentaire, .que l’on peut lire et relire, approuver ou critiquer,  au flot d’images télévisuelles, que l’on ne peut que regarder plus ou moins passivement, d’autant plus docilement qu’avec l’importance de la diffusion, et toutes les chaînes diffusant la même chose, on ne peut trouver  de contradicteurs à ce niveau, ce qui nous permettrait une opinion personnelle.

 

            Et si, entre copains, on n’hésite pas à trafiquer les photos pour le plaisir, qu’est-ce que cela doit être pour le journaliste qui, de quelques brides saisies par-ci par là, sans rapport parfois avec l’information  qu’il se doit de présenter pour justifier son emploi,  reconstitue un ensemble cohérent, vraisemblable, mais pas vrai pour autant. Chacun devrait conserver son esprit critique, ce qui n’est pas d’ailleurs une critique systématique, et pour pouvoir l’exercer, se priver de télé le plus possible. A quoi cela sert-il d’entendre et de voir dix fois la même chose ? Pour l’apprendre par cœur alors que l’information, suffisamment rabâchée, sera enterrée ?   .

 
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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 09:02

          Les photos en noir et blanc d’antan, que l’on tirait avec parcimonie - car même si on allait plus chez le photographe pour y poser, on s’y rendait pour la développer - en veillant à ce que chacune d’elles ait une signification particulière, digne de figurer dans un album de famille, se transmettant de génération en génération, ces photos-là avaient déjà perdu un peu de leur attrait lorsqu’elles se généralisèrent en couleurs .

            Non tant que les couleurs souffraient de l’outrage du temps, mais parce qu’on ne pouvait plus choisir celles qui convenaient à notre imagination, sous le fallacieux prétexte qu’elles devaient décrire et cerner la réalité de plus près, approcher la vérité des faits, comme si les photos devaient répondre à des notions de morale ! 

            Mais passons, les photos avaient un charme tant pour le tireur, celui tout au moins qui saisissait un paysage comme le fait un peintre sur sa toile, que pour ceux à qui elles étaient destinées qui pouvaient, à partir d’un simple image, reconstruire à leur manière l’avant et l’après, la continuité d’un événement comme s’ils y  étaient. Quand on a en mémoire ce qu’un Robert Doisneau pouvait nous enchanter avec un seul cliché, on mesure ce qu’une simple photo pouvait nous apporter de satisfactions et préférer la qualité à la quantité. 

 

            Nous sommes dans une société de consommation qui ne peut survivre à elle-même qu’en consommant chaque jour davantage. On se moquait, gentiment, des Japonais qui ne se séparaient jamais de leurs appareils, on les a certainement rattrapé  et nous sommes de plus en nombreux à « mitrailler » tout ce qui se présente avec les photos numériques tant il facile aujourd’hui de tirer n’importe quoi quitte ensuite à supprimer celles qui ne conviennent pas, sachant que les rater devient impossible au point de se  demander si l’appareil ne tirera pas bientôt tout seul les photos suivant le regard que nous porterons sur un objet déterminé.

 

            Et on qualifiera cela d’un extraordinaire progrès technique : la suppression .totale de l’intervention humaine dans un monde complètement déshumanisé. D’autant plus que la photo elle-même disparaît au profit de la vidéo, grâce à laquelle on ne peut plus imaginer une continuité à notre convenance à partir d’un cliché unique,  mais de subir celle de l’appareil. Par chance, ces vidéos-là ne durent guère, ce qui permet quand même d’en tirer, en temps réel comme l’on dit aujourd’hui, la substantifique moelle.

            Certes, tout n’est pas à rejeter dans une profusion d’images successives et les vingt-quatre   images par seconde du cinéma, pour les bons films tout au moins, nous en apportent une preuve éclatante. Des fictions que chacun prend comme il le veut, sinon pendant la projection  pendant laquelle il peut se croire immergé dans l’action au point d’oublier ce qu’il est, un spectateur. Un univers de fiction occasionnel qui, sauf exceptions mais il y en a, ne l’empêchera pas de se retrouver dans la réalité de son personnage à la sortie. C’était un film…Tandis qu’à la télévision, pour peu qu’elle devienne votre univers, au lieu d’être vous-même, vous n’êtes plus alors que sa victime, hélas consentante, tant votre libre arbitre s’est évanoui, croulant  sous la masse des informations jetées en pâture.

 

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 07:23

             Pas tout à fait d’accord sur la différence entre l’éducation qui ne peut être différée et la consommation qui peut être reportée. Pour une robe trouée ou une cigarette peut-être, parce que c’est du superflu, quoiqu’on puisse en penser, mais pas pour le nécessaire : à celui qui meurt de faim ou de soif, par exemple, une nourriture ou une boisson ne peut attendre, l’instruction, même en l’occurrence les conseils pour éviter que pareil état ne se renouvelle, cela viendra ensuite, en différé. A chacun ses priorités. Et c’est parce que nous sommes nantis côté satisfaction des besoins primaires que nous pouvons accorder toute notre attention à l’instruction, qui n’est que secondaire par rapport à la survie. Que donc, pour nous, l’importance de l’enseignement soit une banalité, une évidence, quelque chose à quoi on oublie de réfléchir, ce n’est pas le cas de ceux qui se trouvent dans une situation déplorable.

 

           A supposer le problème résolu dans l’avenir, et non à le négliger dans le présent, on en vient aux moyens de l’enseignement, et dès lors, on a le sentiment de retomber dans le piège de la consommation. : combien de ceci, combien de cela, combien  d’heures, combien de matières, combien de profs, combien de soutiens ?  Avec d’innombrables pré-supposés, évitons d’employer préjugés à consonance plutôt négative, pour plonger dans les détails. Pas pour ceux qui sont directement concernés évidemment, et ils sont si nombreux qu’on assiste à des discussions, ce qui est bien, mais innombrables et interminables, entraînant des débordements qui peuvent alors sembler en contradiction avec la noblesse de la mission, « quelque chose à quoi on oublie de réfléchir » au lieu de l’avoir constamment en point de mire. 

 

           L’instruction diffuse des connaissances et en quoi ces connaissances ne peuvent-elles pas être différées, ce sont, toutes proportions gradées, des produits de consommation. Aux élèves de Terminales qui choisissent (ou à qui on impose d’ailleurs, la liberté est parfois toute relative) philosophie, on fera consommer un programme de philosophie et aux Terminales scientifiques un programme de sciences. En quoi cela ne peut-il pas être différé ? Ce qui ne peut pas l’être au contraire, ce sont les idées, les pensées, que l’enseignement fait naître instantanément  dans la tête des étudiants et qui donné à un autre moment n’entraînera pas la naissance des mêmes idées, chacun ayant d’ailleurs les siennes. Peut-être qu’un cours de philosophie, comme de toute autre matière, déclenchera une idée des années plus tard, à la relecture ou simplement à s’en ressouvenir. .   . 

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 07:23

            Inconvénient de séparer formation littéraire et scientifique…en admettant que la formation transforment des êtres fondamentalement différents en étudiants programmés, qu’avant de suivre une formation, ils n’étaient qu’une pâte à modeler et que cette formation (surtout si elle s’étale dans le temps)  fait d’eux des produits conformes à ce qu’on était en droit d‘espérer, amortissant ainsi frais et peines engagés à les former, les  rares exceptions –  les déchets de fabrication, ceux qui n’entrent pas dans les tolérances prévues -  confirmant la. qualité de l’enseignement. Mais n’est-ce pas un préjugé tenace - pléonasme sans doute, les préjugés le sont toujours - que de prétendre sortir d’un moule des clones alors qu’on y a introduit une telle variété ? Sauf évidemment à sélectionner les entrants, mais alors, les dés sont pipés, la formation ne fait que confirmer les prédispositions.

 

            Etudes scientifiques, études littéraires, les premières sortiraient des naïfs, qui seraient sans délicatesse pour conduire les hommes, et les secondes des êtres capables d’embrasser d’un coup d’œil tous les éléments en jeu et de prendre judicieusement les décisions qui s’imposent…excellente présentation pour introduire un débat contradictoires entre les deux extrêmes, mais les produits des unes ou des autres ne sont que caricaturaux.

            Les matheux intégraux ne sont pas légion, en existent-ils seulement quelques-uns? Mais assez sournoisement c’est introduit ici l’idée que les études littéraires serait cause de l’esprit de finesse, ce ne serait que les deux faces du même produit., idée  très originale qui n’est pas à combattre, tant on peut constater que cet esprit de finesse dont nous parle Pascal se répartit (même parcimonieusement) indépendamment des études entreprises, l’équilibre entre les deux tendances se révélant préférable aux extrêmes.

            Avec peut-être, Pascal en est un bel exemple, de faire passer la géométrie avant la finesse (chronologiquement s’entend, en hors d’œuvre), car le voyage dans l’autre sens a bien peu de chance de se faire. Tandis que pour ce qui est de la finesse, il faudra (ou plutôt il faudrait) la cultiver durant toute son existence. .

 
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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 11:11

 

 

            Pourquoi ceci, pourquoi cela ? Combien de fois chacun d’entre nous, enfant, n’a-t-il pas posé la question, pas à lui-même, car il avait déjà conscience de ne presque rien savoir, mais, le plus souvent, à ses parents, à ses proches, à ces adultes qui devaient être omniscients, non parce que depuis l’enfance ils avaient eu le temps de tout apprendre, il ignorait qu’ils avaient eu son âge, mais qu’adultes ils devaient l’être depuis toujours. Peu à peu, l’enfant pris conscience que les adultes ne savaient pas tout, pire, que lorsqu’ils ne savaient pas, il leur arrivait de répondre à côté, de donner une réponse fausse, ils n’étaient donc pas infaillibles. C’était à lui, alors, bien jeune qu’il était encore, de chercher les réponses aux questions qu’il se posait. Et souvent, d’en approcher peut-être mais aussi de ne pas les trouver. Philosophe en herbe ? Alors que d’autres enfants n’avaient pas cette chance, recevant des adultes, bourrés de préjugés, réponses à toutes leurs questions. Pourquoi ceux-là philosopheraient –ils ?

 
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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 06:37

 

 

            Une pensée est  un mouvement et nous ne pouvons en capter que des instantanés, comme ces photos que l‘on prend pour immortaliser un événement. A nous, et à ceux à qui nous nous adressons, par la parole ou par l’écrit, de transformer cette prise de vue statique et unique en une vidéo étalée dans le temps autant que faire se peut, mais de toute façon limitée. Et chacun donc d’imaginer comme il lui convient ce qui se passait avant et ce qui se passera après, de reconstituer un tout satisfaisant, non pas unique et sans ambiguïté, qui serait l’expression de la pensée, mais une des réponses possibles, parmi  d’autres, beaucoup d’autres toutes aussi vraisemblables.

 

            Y compris en soi-même, comme on peut le constater lorsque, pensant  à quelque chose qui nous apparaît important et à peine distrait par un quoi que ce soit d’anodin, on est incapable de retrouver le fil, et même à le retrouver, de le poursuivre dans la direction précédemment engagée. Ce qui amène alors cette question : nos pensées nous appartiennent-elles, en sommes-nous les créateurs, ou seulement les découvreurs, parfois bien maladroits à les conserver ?

 

            Et dans ce cas, il ne serait pas étonnant que nous soyons d’une part incapables de les retenir, et d’autre part que nous puissions être plusieurs à penser la même chose en même temps, ce qui nous surprend souvent, pas de la transmission de pensée, mais un captage simultané .de la même pensée, d’une pensée n’appartenant ni à l’un ni à l’autre. Et, les pensées ne nous appartenant pas, de ne prétendre, si elles sont originales, n’avoir des droits de propriété que sur la forme de leur expression, non sur le fond. 

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15 novembre 2011 2 15 /11 /novembre /2011 06:21

     

            Quelle est la somme des angles d’un  triangle ? Réponse unique et sans ambiguïté : 180 ° ? Réponse à la fois vraie et fausse Vraie en géométrie d’Euclide, fausse avec celles de Riemann (supérieure) et de Lobatchevski (inférieure), deux chances sur trois de se tromper ! Et encore, celle d’Euclide n’est valable que dans un seul cas, très particulier, unique, le plan, alors que les deux autres couvrent tous les autres cas, innombrables.

            La mathématique s’établit sur ce qu’on peut parfaitement appeler des préjugés, qui jamais ne sont signalés, ce qui permet de ne pas en douter. Quand une nouvelle théorie scientifique  met les précédentes en défaut, qui donc deviennent fausses dans leur généralité, on dit alors qu’elles ne sont qu’un cas particulier de la nouvelle théorie. plus générale. Sommes-nous si éloignés des problèmes qualifiés de philosophiques ?

            N’est ce pas le même cerveau humain, qui raisonne, peut-être pas les mêmes neurones, quelle importance ! Disons que les préjugés ne sont pas les mêmes, les scientifiques prétendent s’imposer par leur universalité, les philosophiques inciter à une réflexion plus libérée. Quant aux Terminales qui commencent les cours de philosophie, parviendront-ils à philosopher en toute liberté, on peut leur souhaiter. 

            Si on ne peut dissocier la philosophie de celle qu’on fait, la seule façon de la comprendre, c’est d’en faire, combien de terminales sortiront de cette année en ayant compris quelque chose à la philosophie ? Ils avaient pour la plupart choisi de s’orienter ainsi parce que les autres voies leur semblaient plus rébarbatives, ils la quitteront ayant acquis de nouvelles connaissances, mais philosopheront-ils pour autant ? Comme d’autres qui suivent la voie des sciences exactes (si l’on peut encore s’autoriser à les dénommer ainsi), leur but sera d’obtenir la moyenne, et peut-on leur jeter la pierre ?

            Sauf certains évidemment, quelque peu philosophes avant de venir, qui y trouveront les connaissances qui leur manquaient, mais ceux-là ne récolteront peut-être pas les meilleures notes. Il est permis de se demander si pour philosopher, il n’est pas utile de suivre d’abord une formation scientifique, car il est plus aisé ensuite d’aller de la science à la philosophie que de la philosophie à la science. En distinguant, suivant l’actuelle habitude, ces deux activités de l’esprit, ce qui fut loin d’être toujours le cas. On peut citer beaucoup de cas de savants philosophant, peu ou pas de philosophes se lançant dans les sciences « exactes ». .

 

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 06:21

                        Le vertige de l’inconnaissable ne torturait pas le singe…et ne torture pas davantage l’enfant qui découvre chaque jour  tant de choses, bien davantage certes que l’éminent savant ou le spécialiste pointu. Et l’immense majorité des hommes, une fois acquises des connaissances de base, ne succombent pas au vertige de l’inconnaissable, sauf éventuellement aux inquiétudes que présente globalement l’inconnu quel qu’il soit lorsqu’il pointe le bout du nez.  Mais est ce alors un vertige, la peur du vide, alors que c’est celle de trouver au contraire une chose qui ne conviendrait pas, une présence néfaste qui déséquilibrerait une situation  durement acquise ?

 

            L’homme égaré entre deux infinis, l’infiniment grand et l’infiniment petit, c’est une réflexion pascalienne, pas celle du commun des mortels. L’inconnu effraie, non pas son absence, mais par sa présence éventuelle. Un monde fini, limité à ce que l’on connaît est un monde convenable, le monde du passé qui se prolonge dans le présent et qui serait celui de l’avenir, pourquoi pas ? Des milliers de générations ont ainsi vécues, à l’abri de leurs traditions. Pourquoi les dernières se sont-elles écartées  d’une évolution certes, mais à l’échelle humaine, lentement assimilée, au point d’être atteintes, dans certains de leurs membres, du vertige de l’inconnaissable ? 

 

            Parce que, alors que dans le passé, une nouvelle découverte paraissait extraordinaire, et prenait le temps d’être assimilée avant de se voir supplantée par la suivante, le rythme s’est accéléré, l’homme ne suit plus, à peine prend-il connaissance d’une nouveauté qui lui semble raisonnablement ne pas pouvoir être surpassé  qu’une autre  prend sa place, et c’est alors qu’il en est à dire que cela n’arrêtera peut-être plus et il attrape le vertige de l’inconnaissable, celui de toujours être à la traîne, d’être le chien qui court après sa queue. Mais l’animal est raisonnable, il mesure l’impossible et passe à autre chose. L’homme, lui, l’est beaucoup moins et, à ne pas trouver de solution, pérennise le problème bien au delà du raisonnable.  

 

               Parce qu’on lui a fait miroiter des choses et qu’il s’était mis à les croire, qu’il était le centre, le but, la mesure de l’univers, qu’il avait créé des dieux qui le lui rendaient bien, alors qu’il n’était qu’un être parmi d’autres, privilégié peut-être en certains points par l’évolution, à multiplier les espèces, il en fallait bien une qui surpassât les autres. C’était la sienne. Est ce si absurde que cela ?   

 

                Mais si certains imaginent l’homme perdu dans l’immensité d’un univers infini, de quoi  provoquer le vertige, il en est d’autres, beaucoup  d’autres qui imaginent  un monde  fini, limité, parfois parfaitement localisé, l’environnement qu’ils connaissent, qui écrase l’homme qui n’est rien. A la merci des circonstances qu’il ne contrôle pas, en butte à toutes les vicissitudes, surtout celles de la part des autres hommes, ses semblables pourtant, mais devant lesquels il sent petit, infiniment petit. Ce n’est plus l’infiniment grand qui écrase l’être fini qu’il devrait être, mais le monde pourtant fini qui écrase ce qu’il estime être, un infiniment petit. Plus une pensée de philosophes, mais une réaction de l’« l’homme de la rue » face aux autorités diverses qui le submergent.

 

 

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 05:44

           

           Le feu, les animaux ne le connaissent pas tous, les poissons certes, mais aussi beaucoup d’autres espèces terrestres plus proches de nous, ce feu dont l’idée la plus ancienne que l’on peut se faire est celle de la savane, embrasée, tandis que les animaux fuient de tous côtés, proies et prédateurs confondus. Tous les animaux ont peur des flammes, ils peuvent aimer l’eau, le vent, le chaud, le froid, mais le feu qui détruit tout, jamais. Parce que le feu arrive toujours quand on ne l’attend pas, et que faire alors sinon fuir. Et pourtant, il est une espèce, la nôtre, qui, en s’enfuyant comme les autres lorsqu’il survenait, se mit à imaginer qu’elle pouvait peut-être tenter de le conserver lorsqu’il cessait, notamment pour faire fuir les fauves qui la harcelaient, puis un jour, de le créer. L’évolution de l’espèce pouvait se singulariser. Elle avait quelque chose de plus que toutes les autres, la maîtrise du feu.   

 

            Quel est l’enfant qui, un jour ou l’autre, ne rêve de craquer une allumette, d’allumer une bougie, comme pour assister à la naissance d’un autre monde  ? Le garçon sans doute plus que la fille, mais tous deux de s’extasier devant le feu qui prend naissance, à l’image de leurs lointains ancêtres, où créer une flamme ne pouvait qu’être l’œuvre d’un magicien. Et cette fascination explique encore aujourd’hui celle qu’on éprouve devant l’âtre, au point d’en avoir imaginé de factices. Les feux d’artifice ont ceci de merveilleux que l’on voit naître des gerbes d’étincelles, mourir puis renaître sans risque de propagation. Mais, entre être maître du feu, faire  œuvre de création, et  le voir maître du lieu, œuvre de destruction, il existe un seuil d’évolution que l’être humain ne franchit pas…à l’exception des pyromanes.

 

             Certes, de ces incendies, l’homme n’est pas toujours innocent, par maladresse, par imprudence, par inadvertance, chacune peut se retrouver un jour responsable d’un départ de feu, même d’un feu important, faute par peur sans doute de contacter au plus vite les secours s’il ne s’en sorte pas seul,  ou parce que le feu peut couver longtemps sans être détecté, avant la première flamme. Mais comment peut-on, sciemment, avec préméditation, en choisissant soigneusement les circonstances les plus favorables à la propagation,  déclencher un feu, parfois même en étant pompier pour le macabre plaisir de l’éteindre, parfois aussi d’en être spectateur captivé, ou encore de s’éloigner pour imaginer plus librement l’apothéose, jouer au Néron des temps modernes ? 

 

            Mettre le feu à la forêt pour y édifier autre chose, on peut en comprendre la motivation, c’est en somme vouloir contrôler la situation, « faire la part du feu » et cela s’est fait et se fait encore, mais pour la satisfaction de détruire, de détruire le plus possible, quelle déchéance ! La voir telle qu’elle est, pleine de vie, telle qu’elle était donc dans le passé, depuis toujours pourrait-on dire à l’échelle humaine, et vouloir en faire à l’avenir (tant il faut de temps, à la même échelle, pour renaître) un tapis de cendres, être l’auteur d’un soudain changement dans l’ordre naturel, afin d’affirmer sa puissance, méconnue sans doute par ailleurs, est-ce cela qui guide la main du  pyromane ? Au mépris du danger, pour soi-même et pour les autres. Mais, peut-être que, hélas, si le danger n’existait pas, notamment de se faire prendre, la pyromanie se répandrait-elle aussi vite que les flammes ? L’évolution a encore du chemin à parcourir.  

 

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