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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 09:29

            Est-ce impatience, habitude ou nécessité que de louer et condamner à tour de bras, sans prendre le temps d’examiner la valeur de la pensée ? Les préjugés sont d’abord des évidences, ils s’émettent comme si ne pouvait apparaître un autre avis. Evidences n’admettant donc pas, aux yeux de ceux qui les émettent, la moindre discussion sur leur véracité. Il s’ensuit que c’est toujours celui qui est moins sûr de ce qu’il avance qui est le moins disposé à se voir mis en contradiction avec ses propos, et devant une autre évidence que celle qu’il défend, refusera de se rendre…à l’évidence que ses propos n’avaient guère de sens.

 

            L’homme, prétend-on, est communément doué de raison, mais une fois accroché sur l’un de ses préjugés, se cabre et peut tomber dans des raisonnements absurdes. La pensée est un mouvement, disait Platon, une vérité qui cesse d’être méditée devient une opinion, écrivait Hegel, mais on pouvait très bien s’en sortir (présageons-le en tout cas) sans citer ces deux prestigieux philosophes.

 

            Une vérité qui cesse d’être méditée devient une simple opinion, un cadavre de vérité…Ce n’est donc pas seulement parce que l’on ne prend pas le temps d’examiner la valeur de la pensée qu’on se suffit de préjugés, mais aussi parce que nous ne remettons pas en examen ce que l’on croyait être des vérités bien établies, alors qu’elles n’étaient valables qu’en un lieu et à un instant donné. La pensée est un mouvement et à ne s’appuyer que sur des vérités que l’on croyait sûres, on se retrouve avec de simples opinions très relatives. C’est par une permanente remise en question que l’on peut espérer échapper aux préjugés qui nous assaillent.

 

            Evidemment, à le faire, on passe souvent pour un casse-pieds alors qu’on est le plus souvent qu’un empêcheur de tourner en rond. Mais il ne suffit pas de douter d’un préjugé, de le démonter pièce par pièce, de faire appel à la raison la plus élémentaire, pour l’abattre. S’abriter derrière des préjugés, quels qu’ils soient, c’est prendre une position bien plus confortable que celle de celui qui doute.

 

            Non seulement, on apparaît souvent comme un être décidé, qui sait ce qu’il veut, qui a des idées bien arrêtées sur à peu près tout ce qui se  présente, alors que l’autre fait figure d’indécis, même s’il ne l’est pas, car à remettre en doute, on peut être accusé de beaucoup de défauts, jamais de qualités…sauf quand, ça arrive mais rarement, un retournement se fait dans l’opinion. Vous apparaissez alors comme un prophète ou un devin, alors que vous n’avez  que remis en question une opinion communément admise, au préjugé énoncé, vous avez ajouté un point d’interrogation.  Mais cette idée-là échappe à beaucoup d’entre nous. 

 

            Ce point d’interrogation n’est évidement pas suffisant, il est même inutile s’il n’entraîne pas de remise en cause, sinon chez l’autre, celui que l’on interpelle, au moins chez celui qui remet sa pensée en mouvement, finalement quasiment par habitude, tant il a la possibilité de le faire fréquemment dans les domaines les plus divers.

 

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 11:37

            Pas un adulte sans doute ne se souvient de ces premiers pas qui le lance dans le monde, qui constitue les premiers élans tangibles de son autonomie. Il n’est pas étrange qu’il en soit ainsi, tant dans l’action entreprise que dans le souvenir qu’on en a pas, disons que c’est naturel, mais ce qui semble curieux c’est ce sentiment de fierté que montre le nourrisson à vaincre les obstacles qu’il rencontre pour la première foi, à faire mieux que ce qu’il faisait avant, certes, mais à s’en rendre compte, à considérer que jamais il ne l’avait fait et que maintenant il le réalise, comme s’il était inscrit quelque part que c’était à faire, que c’était mieux de la faire que de ne pas savoir. 

 

            Car entre faire quelque chose que l’on ne savait pas faire et que maintenant l’on fait, ce n’est pas évident d’avoir le sentiment que c’est un progrès. Parce que les autres l’ont fait avant vous peut-être, que c’est dans les gènes alors, donc programmé ? Mais ensuite, il y a des quantités de choses que l’on pourrait faire et qui pourtant ne nous excitent pas .Parce qu’elles demandent des efforts ? Mais n’en a-t-il pas fallu pour se tenir debout et faire ses premiers pas ? Parce que c’est inutile, que cela ne servira pas, mais  que savons-nous de ce qui peut être un jour utile ?

 

            A moins que nous ayons déjà construit notre avenir avant de le vivre, dans notre tête, inconsciemment peut-être et qu’en fonction de cette construction nous nus refusons de considérer l’improbable ? L’enfant lui ne sait pas ce qui lui arrivera demain, il ne fait pas de probabilités sur ce qui risque de lui arriver, d’où les risques qu’il prend, aux yeux des adultes notamment, il vit dans son présent vécu, à courte vue pourrait-on dire, et pourtant, à raisonner ainsi, il devrait se laisser aller à ce qui est le plus facile, et ce n’est pas ce qu’il fait. Il tente une fois, deux fois, dix fois la même chose, obstinément comme s’il présageait de l’avenir et pourtant c’est le présent qui le motive.

 

            C’est peut-être d’ailleurs parce qu’il ne pense pas à l’avenir que, lorsque celui-ci arrive, il oublie ce présent-là qui est devenu pourtant son passé, pour se retrouver encore dans son présent vécu. Non que ce soit pas insouciance de ce qui pourrait arriver, ne pas se faire de souci alors qu’il devrait, l’insouciance c’est le propre de ceux qui, sachant que l’avenir est après, le négligent, ne s’en préoccupent pas, mais l’enfant (le jeune) n’a pas cette conscience de ce qui va arriver après, tout au moins pas généralement, globalement, par brides seulement et peu à peu.

 

            Alors qu’adulte on ressasse plus ou moins, mais on se remémore toujours le passé pour, dans son présent, se construire un avenir, un certain avenir évidemment, pas celui qui presque toujours arrivera, car on n’est pas devin pour autant. Et l’insouciant alors, que n’est pas insouciant pour tout mais seulement dans certains domaines, c’est celui qui a conservé quasiment intactes, limitées au temps présent, au présent vécu, des brides de l’enfance.

 

            Et  lorsqu’il est pris en défaut par d’autres, moins insouciants que lui, il cherche à s’en protéger, de différentes manières et parfois, hélas, il se laisse aller au mensonge pour qu’on le laisse en paix, et de mensonge en mensonge n’arrive plus à s’en sortir. Ou plus simplement à s’inventer des histoires, des histoires dont il n’a pas à s’inquiéter de leur véracité puisque, lorsqu’il est en train de les vivre, elles ne peuvent que lui paraître vraies.

 

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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 09:36

            Il existe différents moyens de ranger une bibliothèque, dont celui de ranger les livres en fonction de leurs dimensions, de leur hauteur plus précisément, ce qui donne la vision d’un rangement bien ordonné. Evidemment on peut trouver des bouquins traitant du même sujet ou les oeuvres du même auteur éparpillées, mais en cherchant un, de tomber sur un autre auquel on ne pensait plus. Le cas ce matin, avec Qu’est-ce qu’une vie réussie ?, lu  à avec intérêt à sa sortie fin 2002 et quelque peu oublié depuis.

 

            A se demander comment Luc Ferry a-t-il pu se retrouver ministre de la Jeunesse, de l’Education nationale et de la Recherche, un poste où il ne fut d’ailleurs pas très apprécié, alors qu’il valait mieux que cela, comme si un maroquin apportait à son titulaire un couronnement de carrière. Mais évitons de sous-évaluer la fonction ministérielle en ce temps de formation d’un gouvernement, le premier – en aura-t-il d’autres ? – de notre nouveau président, constatons simplement qu’il y a des individus qui sont peut-être faits pour être ministres et d’autres plus utiles à la société en d’autres rôles. 

 

            L’utilité, il en est question dans l’assez long avant-propos du livre précité, et l’on ne s’étonnera pas de la position de son auteur en tant que philosophe, même si on voit mal un ministre tenir ce genre de discours aujourd’hui. La plupart des progrès techniques ont tendance à se justifier par eux-mêmes, c’est nouveau, c’est toujours prétendument mieux que ce qui se faisait avant, mais à quel titre ? Et prétendre ajouter de l’utile à de l’utile sur lequel on ne s’est encore interrogé sur la véritable utilité, est-ce un progrès ?

 

            Tout cela n’est-il pas finalement de l’inutilité radicale, essentielle, de ce qu’on nomme « l’utilité » ? Luc ferry va jusqu’à écrire l’antiphrase, cette « manière de s’exprimer qui consiste à employer un mot dans un sens contraire à sa véritable signification, par ironie ou par crainte superstitieuse » (Larousse), mais ici sans ironie, ni crainte superstitieuse.  Le constat d’un philosophe face à l’inutilité de « l’utile ». De toutes ces évolutions techniques qui se présentent comme autorisant une vie plus facile, mais quel peut-être le sens de toujours prétendre faciliter la vie en superposant des choses inutiles ?

 

            Au nom du progrès ? Progrès dont il serait bon de rappeler la définition première - avancement, accroissement par degrés, en bien ou en mal – avant de se gargariser sur la suivante : transformation graduelle vers le mieux et surtout sur le Progrès (avec une majuscule) : avancement naturel et régulier de l’humanité vers plus de connaissance et plus de bonheur. Il est permis de douter de cet avancement, à la fois naturel et régulier, ce qui exclurait tout ralentissement ou, pire, d’inversion.

 

            On peut estimer que la connaissance a tendance à s’accroître, ne serait-ce que par accumulation - est-ce toujours celle qui irait dans le sens d’une transformation graduelle vers le mieux ? - mais où donc aller chercher le bonheur dans les gadgets proposés par la technique ?  Tenter d’échapper à l’ennui pour se retrouver toujours dans l’insatisfaction de ne pas posséder le dernier cri, est-ce cela la vie ?    


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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 07:30

            Il s’en passe des choses dans la rue, et si la plupart nous échappent, c’est qu’on ne prête guère d’attention à ce qui se passe autour de soi, pour peu que l’on revienne en pensée sur un événement passé ou que l’on songe à ce que l’on fera après au lieu de vivre pleinement le moment présent. Car, enfin, peut-on ne pas penser ? Qu’on ne souvienne pas du rêve qu’on vient de faire en s’éveillant, peut-être, mais est-il possible d’avoir un cerveau qui ne travaille pas, un moment, un seul, où l’on ne pense à rien, bien que soit tout naturellement la réponse que l’on fait lorsqu’on nous interroge, mais qu’est-ce que ne penser à rien ?  A rien de précis, possible, mais vraiment à rien ?

 

            Peut-être est-on sincère à le croire, parce que ce à quoi l’on pensait l’instant d’avant s’est évaporé, qu’on ne peu, qu’on ne saurait y revenir, alors plutôt que de s’avouer l’oubli, on préfère prétendre que c’était le vide ? Mais en quoi le vide serait-il préférable à l’oubli ? Il est des choses qu’on n’oublie bien que ce ne soit pas toujours les plus importantes, on retient parfois des détails en oubliant la scène principale, il y a des pensées qui nous traversent, dont est prêt à jurer qu’on les reteindra tant elles présentent un intérêt, et pourtant elles nous échappent. Etaient-elles de nous ces pensées-là, s’inscrivaient-elles dans les circonvolutions de notre cerveau ou étaient-elles seulement de passage ?

 

            Ce qui donnerait aux pensées une présence dans un certain espace, leur donnerait un certain volume, mais en quoi les pensées se matérialiseraient-elles, comme la matière elle-même ? Sous la forme de nuages plus ou moins opaques, nous permettant de les considérer comme définies dans l’espace et dans le temps aussi, puisqu’elles vont et viennent…à leur gré. A leur gré ? Ce n’est pas nous qui penserions, mais qui nous verrions habités par des pensées vagabondes. Vagabondes, pas en elles-mêmes, en apparence seulement.

 

            Pourquoi pas un mélange des deux, un assortiment de pensées propres et de pensées vagabondes, étrangères en visite ? Un ensemble dont nous participons la construction, sans pouvoir déterminer ce qui nous est propre de ce qui ne l’est pas ? Comme dans ces débats où chacun apporte ses propres réflexions, sans qu’aucun ne puisse prétendre être l’auteur de la synthèse finale. Mais, à part  la satisfaction personnelle qu’on peut en tirer, quelle importance d’en être l’auteur ? 

 

            Être l’auteur de ce que l’on pense, ainsi formulée la phrase suscite la réflexion. Mais qu’est-ce que penser ? « Former des idées dans son esprit, concevoir une chose par la réflexion », selon Larousse. « Appliquer son esprit à concevoir, à juger quelque chose », selon  Robert. Ne pas se laisser d’une idée à une autre, inspirée par des circonstances extérieures, au gré du vent pourrait-on dire, mais se donner le temps de la réflexion, d’une  action réflexive. Comme le rayon de lumière qui file tout droit, vient mourir sur une surface opaque, et puis plus rien, et celui qui rencontre une surface plus ou moins réfléchissante, se divise en incident en réfléchi en fonction de la surface considérée.

 

            A une idée qui arrive comme cela, certains n’auront pas la moindre réaction, ils resteront amorphes.  D’autres réagiront comme on pouvait s’attendre qu’ils réagissent, c’est bien ce qu’on nomme une réaction. Mais il en est d’autres enfin qui auront des « réactions » imprévues, qui partiront dans des voies inattendues, pour lesquels l’idée émise n’a été qu’un détonateur, le terme exact m’échappe, l’occasion d’assembler différemment des idées, de construire une pensée. Hors sujet, décréterait alors sentencieusement le professeur, mais pour réfléchir, ne faut-il pas se donner de la liberté ? La liberté de penser.

 


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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 07:29

            Que la vie devait être compliquée, jadis, ne serait-ce qu’il y a une cinquantaine d’années, quand on mesure tout ce qui a pu être fait depuis, en produits de toutes sortes seulement pour, à en croire la publicité, nous faciliter la vie. Mais comment pouvions-nous alors survivre sans tout ce qu’on nous a donné comme facilités depuis ? Et pourtant nous vivions, et d’autres générations avant la nôtre puisque nous sommes toujours là aujourd’hui. Et, curieusement, sans avoir conservé des années passées - les années normales s’entend car nous en avons eu de pénibles, des années de guerre notamment mais il ne semble pas que la guerre ait été éradiqué à tout jamais maintenant -, sans avoir donc conservé de si mauvais souvenirs de ces années où nous étions privés de presque tout ce que nous avons à profusion aujourd’hui. 

 

             Comparé à la société d’aujourd’hui, la société d’alors n’était certes pas celle de la consommation d’aujourd’hui, et ceux, trop jeunes encore - mais ça passera – qui n’ont rien connu d’autre, imaginent mal l’existence que l’on pouvait avoir avant, car ils se représentent tout naturellement la société actuelle amputée de tout ce qu’on a créé ou découvert depuis pour faciliter la vie. Et comme ils ne se sentent guère heureux maintenant, qu’est-ce que ça devait être jadis ? A moins que, plus réalistes, ils se soient déjà rendu compte que ce que l’on peut présenter comme un nouvel avantage formidable, indispensable, incontournable s’accompagne souvent d’inconvénients collatéraux, comme l’in dit aujourd’hui, et que l’ensemble (avantage + inconvénients) ne constitue pas toujours une avancée vers une existence plus facile et plus heureuse,  mais au contraire rend cette perspective de plus en plus improbable. 

 

            Non que ce que qu’on appelle le progrès, même lorsque l’évolution laisse douter de son caractère positif, soit à rejeter en bloc, au nom d’un on ne sait quel retour à des conditions plus primitives, encore que certains en soient convaincus, mais que, peut-être un décalage se soit produit, et va s’accélérant, entre le progrès technique et technologique d’allure exponentielle et les conditions humaines elles-mêmes, la lente évolution des mentalités, qui demandent un temps d’adaptation raisonnable pour être naturellement intégrées. Non que certains ne soient pas capables d’une évolution rapide en faisant abstraction d’un passé qu’ils n’ont pas connu – ne sont-ce pas les plus jeunes les plus aptes à s’adapter et à promouvoir les nouveautés ? – mais ce ne peut vrai que pour une partie limitée, et souvent très limitée, de la population.              

 

            Lorsque l’évolution technique se fait trop rapidement, elle profite (en supposant qu’elle soit profitable, mais ce peut être vrai dans le cas contraire) aux plus proches d’abord, et ensuite seulement progressivement au reste de la population. Les plus proches pouvant être pris dans un sens géographique, dans l’espace, mais aussi, suivant le produit nouveau suivant d’autres considérations,de moyens intellectuels ou financiers par exemple, ou de liberté de connaissances. On prétend souvent que c’est la richesse et le  pouvoir qui mènent le monde, mais on peut être pauvre et faible et  profiter en premier. De toute  manière il faut un certain temps  pour que se diffuse le produit - au sens large du terme – et s’il est remplacé, supplanté par un autre avant sa totale diffusion, et ainsi d’un produit à l’autre, l’écart s’amplifiera entre celui qui bénéficiera du dernier et celui qui en est encore à d’autres plus anciens. Dans les sociétés de jadis, peu de choses différenciaient les êtres entre eux, le seigneur n’était pas tellement mieux « logé » que le paysan, aujourd’hui que la gamme des possibilités s’est considérablement étoffée, les inégalités se sont énormément accentuées ? Le raisonnement qui consiste à soutenir que lorsqu’une découverte profite surtout à quelques-uns mais que les autres, par contrecoup, en profiteront plus tard est particulièrement fallacieux, c’est raisonner dans l’absolu alors qu’il faut rester dans le relatif, les inégalités vont toujours s’accroître.    

 

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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 05:57

            Les règlements imposent beaucoup de choses, et chaque jour davantage puisque le plus souvent les réglementations nouvelles ne rendent pas caduques les anciennes, même si parfois il y a contradiction, c’est selon les circonstances et la rigueur de ceux qui sont chargés de les faire respecter. S’il n’y avait que des obligations et qu’elles devaient être toutes scrupuleusement respectées ou à défaut sanctionnées, que resterait-il de la liberté pour ceux qu’on n’aurait pas encore emprisonnés ?

 

            Des jeunes se promènent dans la rue, accompagnés de molosses, leur muselière en bandoulière. C’est interdit évidement, en fonction du danger éventuel que cela représente, mais dans le cas présent le risque d’être mordu ne serait-il pas plus grand de rappeler ces jeunes au respect de la loi  par un représentant de l’ordre public, un policier municipal par exemple, que de changer de trottoir pour éviter de voir. Non que l’on puisse douter du professionnalisme et de la bonne volonté de l’agent, mais peut-on lui jeter la pierre ? A la jeter trop vite sur les autres, on oublie ses propres manquements.

 

            Faut-il pour autant tolérer un laxisme qui se généralise, certainement pas, mais certainement aussi de temps à autre se dire « Et moi ? », pas pour le même fait évidemment, mais plus globalement. Vous ne promenez peut-être pas des molosses sans muselière sur la gueule, mais vous avez peut-être un gentil petit chien  qui laisse des traces de son passage un peu partout et notamment où il ne faudrait pas. Il a son collier, mais l’est-il au bout d’une laisse ? Beaucoup de manquements au respect de la loi, que nul n’est censé ignorer, mais que peu respectent hors du risque d’être sanctionnés.

 

            C’est interdit, c’est sûr, de faire (ou de ne pas faire) telle ou telle chose : par peur de se faire prendre, ou objectivement en conscience, vu ou pas vu ? Connaissez-vous (en vous incluant dans le groupe) des automobilistes qui se présentent spontanément  à la gendarmerie ou au poste de police le plus proche parce qu’ils se sont surpris à faire une faute de conduite ? La peur du gendarme oui, même en mannequin, du radar automatique ou imprévu, mais l’auto-sanction, certainement pas.         

 

            Et pourtant, nous héritons d’une civilisation judéo-chrétienne, où aucune faute ne pouvait échapper puisque, quelque part là-haut, tout était enregistré, décortiqué, évalué, le bien récompensé et le mal puni. Sans doute que le passage s’est fait trop vite entre ce contrôle permanent, et la crainte du châtiment qui l’accompagnait, et l’absence de toute sanction, quelle que soi la faute, dès l’instant où l’on n‘est pas pris. Car le sentiment de la faute commise, bien qu’édulcoré chez certains individus, n’a pas disparu, mais il se résume souvent par le constat « heureusement qu’on ne m’a pas vu » et la réflexion « la prochaine fois, je ferai plus attention, car je vais finir par me faire prendre ». Pas très moral, tout ça. 

 

            De même les sentiments que l’on peut avoir vis-à-vis des plus mal lotis que soi apparemment : « il faudrait qu’on l’aide à s’en sortir », les services publics, les autres, moi aussi éventuellement, la bonne intention, l’humanisme, et juste après « on ne sait jamais, ça pourrait m’arriver, à moi aussi, un peu moins altruiste, moins désintéressé sans doute. Et d’envisager le pire comme possible, ce qui devrait agir en puissant fortifiant, sauf que c’est souvent l’inverse, le sentiment d’une fatalité à laquelle on ne peut échapper lorsqu’elle se présente. A quoi bon alors se démener ? 

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 07:29

            Le café du matin a-t-il pour effet de dissiper les brumes mentales du réveil, ou n’est-ce qu’un excitant passager, qui semble opérer parce que précisément on lui attribue cette fonction ? Car enfin, il y a bien des gens qui ne boivent jamais de café et qui pourtant se réveillent normalement, et d’autres qui s’en payent quelques tasses sans pour autant sortir de leur léthargie. Alors à chacun sa méthode, sauf qu’à en adopter une qui convient, on est prêt à considérer les autres comme plus ou moins fantaisistes. Et à en utilisez une qui ne convient pas, de penser que c’est comma ça, qu’on ne peut pas faire autrement, que c’est dans sa nature d’être du soir et pas du matin. Encore qu’à se coucher de bonne heure, pas trop quand même, c’est sûr que les réveils sont plus faciles.   

 

            Le cerveau a du mal à interpréter ce que l’œil lui transmet, la vue et les autre sens d’ailleurs, car les yeux ne voient pas plus qu’une loupe ou une paire de lunettes, ils ne sont que des outils, indispensables mais des outils seulement, des moyens et non des buts en soi, le cerveau est bien plus qu’un coordinateur qui se contenterait de recevoir et de classer les impressions données par les organes de sens. D’autres animaux ont une vue meilleure que la nôtre, notamment en certaines circonstances, d’autres sens aussi, plus de moyens donc à la disposition de leur cerveau,  mais c’est le développement de ce dernier qui nous place au sommet de la hiérarchie, au moins en sommes-nous persuadés et ils ne nous contrediront pas, par incapacité que nous sommes à les interroger.  

 

            Car enfin, lorsque deux êtres vivants se rencontrent, n’est-ce pas au plus malin, au plus intelligent, au plus raisonnable, de faire l’effort de comprendre l’autre, de se mettre à son niveau, un niveau respectable puisqu’il est celui de son espèce, ou au moins le sien propre ? A mépriser l’autre, à l’estimer moins que soi donc inapte à nous comprendre, n’est-ce pas de notre propre inaptitude que nous faisons le procès ? Comprendre l’autre ne veut pas dire non plus tenter de se mettre à son niveau et le rester, s’abaisser somme toute à n’être plus soi, mais à faire ce premier pas vers l’autre au lieu d’y renoncer sans même l’avoir tenté. C’est ce renoncement prématuré qui constitue un recul de notre personnalité. A ne pas chercher à comprendre l’autre, quel qu’il soit et pas seulement un humain, un semblable évidemment.    

 

            Nous avons beaucoup à apprendre des animaux, et non seulement de ceux que l’on considère les plus proches de nous, non pour n’en tirer que des enseignements qui peuvent nous être utiles par ailleurs, ou pour les exploiter à notre avantage. Exploiter, le mot est lancé, en tirer parti sans doute, mais pas en tirer un profit abusif, à sens unique. Echanger, pourquoi pas ? En des relations bilatérales. Bien sûr lorsque les niveaux de pensée sont très différents, c’est beaucoup plus difficile pour nous, non parce que l’autre ne vaut rien, mais parce que nous devenons incapables de communiquer. Encore que, certains s’y emploient et parviennent à des résultats tout à leur honneur. A ne pas tenter de faire un effort, où irait-on à la limite ? De proche en proche, à ne plus communiquer du tout.     

 

           Certains penseront qu’on se donne déjà assez de mal pour communiquer avec son voisin, qu’on ne peut guère aller au delà des relations humaines, celles-ci devant être en outre bien choisies. Communiquer avec un animal, à la rigueur avec son chat ou son chien, mais au-delà, quelle idée saugrenue ! Et pourtant, d’autres vont bien au-delà, non seulement avec des animaux, mais aussi avec des plantes. Et même avec la matière que l’on qualifie d’inerte, comme l’ébéniste avec le bois qu’il travaille ou le sculpteur avec la glaise ou la pierre qu’il façonne. Souvenons-nous de cette histoire de Giuseppe et de Pinocchio, une belle leçon.   

 

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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 07:39

          Être privé de télé, pour beaucoup la catastrophe, comment vivre sans elle, déjà lorsqu’il n’y avait qu’une, deux ou trois chaînes, mais maintenant qu’on nous en offre des dizaines, des centaines parfois, comment se priver de telles possibilités de se distraire ? D’échapper à l’ennui tout en se donnant bonne conscience de se tenir à l’écoute de tout se qui se passe sur notre planète, d’en savoir autant sur les faits qui se déroulent aux antipodes que dans le quartier d’à côté. De se transporter ainsi, avec armes ni bagages, non  quand même, mais sans quitter le fauteuil, partout où l’on a décidé de nous mener, d’être en voyage organisé tout au long de l’année. On ne s’en lasse pas à y consacrer tout le temps encore qualifié de disponible pour le dépenser devant le petit écran. Un petit écran d’ailleurs qui a tendance a prendre de plus amples dimensions afin que, véritablement, on a l’impression, en pantouflard, d’être ce globe-trotter permanent, à l’affût du moindre événement. De s’estimer citoyen du monde en appuyant sur un petit bouton, tout simplement   

 

            Et il n’y a pas que les informations, dans lesquelles depuis longtemps on s’est refusé de sélectionner celles qui présentent un réel intérêt, tant elles sont nombreuses et maintes fois répétées, mais ces spectacles de variétés, au fond toujours identiques – pourquoi donc mettre un s à variétés ? - mais que des producteurs parviennent à nous faire avaler comme différents par changement de décors,  plus souvent d’ailleurs que d’animateurs, dont certains parviennent à tenir l’écran des décennies durant, de quoi y passer toute leur carrière, et pourquoi pas au-delà, sans réclamer leur droit à la retraite. Et aussi un choix de films considérables, plus de cent chaque jour pour celui qui veut s’en donner la peine, ce qui permet de se sentir dans le rôle d’un critique éclairé, à repérer les bons au milieu des navets. Ces bons films qu’on nous repassera chaque année. La télé, bien sûr, il faut l’éteindre de temps en temps, faute de ce fameux temps disponible, mais alors quel plaisir, au bureau ou ailleurs, de pouvoir se réunir en communauté de téléspectateurs pour s’entretenir de ce qui s’est passé la veille…à la télé évidemment !      

 

            Être privé de télé, quelle catastrophe ! Et pourtant, ça peut arriver et pas seulement en s’exilant sur une île déserte, loin du monde et du bruit. Non, un jour, vous l’allumez comme d’habitude, comme pratiquement chaque jour depuis…que vous l’avez acheté, et voilà, ça ne marche plus, vous recommencez plusieurs fois l’opération, sans succès. Il faut vous rendre à l’évidence, elle a rendu l’âme, une expression qu’on ne devrait appliquer en toute logique qu’à des humains, mais enfin la télé n’était-elle devenue une partie de vous-même ? Et comme ça vous arrive un samedi soir, juste avant le journal de 20 heures (pour ceux qui ne regardent pas la télé tout l’après-midi), pas question de se faire dépanner, même par une entreprise qui affiche fièrement sa publicité « à votre disposition 24h/24, 7j/7 ». Et non, il vous faudra prendre votre mal en patience. Certes, c’est moins fâcheux qu’une jambe cassée, mais quand même ! Un samedi soir, pensez donc, il faudra attendre lundi pour en acheter une autre, car il y a bien longtemps que dépannage d’un client consiste à lui fourguer un nouvel appareil. On ne dépanne plus, pensez doncs au prix de la main d’œuvre, d’autant plus que les prix du neuf baissent d’année en année. Tenez, au prix où vous avez payé le vôtre, vous allez avoir maintenant avoir beaucoup mieux, ah, les progrès de la technique, heureux consommateur !

 

            Mais un miracle s’est produit entre ce samedi soir de panne télévisuelle et l’heure d’ouverture des magasins le lundi (ils n’ouvrent pas encore tous les dimanches mais ça viendra). Au lieu d’un week-end quelconque, comme tant d’autres dont pas mal d’heures passées devant le petit écran, un week-end exceptionnel, comme une levée d’écrou, pour un prisonnier qui ne s’y attendait pas, un week-end de liberté retrouvée après tant d’années passées à l’ombre. Ça ne durera pas, on le sait, mais alors autant en profiter, avant de se retrouver, pauvres êtres humains que nous sommes, dans les contraintes d’une vie en société dans laquelle ne pas regarder la télé, c’est s’exclure du commune des mortels. Alors la télé, on s’en  rachètera une évidemment, et pas un vieux modèle, mais pas trop vite et en se promettant de la regarder moins souvent. La liberté quand même, c’est bien agréable !

 

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 08:15

            Ce n’est pas évidemment à la justice de décider si un chimpanzé est ou n’est pas une personne, comme peut l’être un humain, parce qu’il a avec nous en commun plus de 95 % du patrimoine génétique, quelle valeur donnerait-on aux 5 % que l’on ne partage pas ? Tout au plus pourra-t-elle traiter un cas particulier, mais l’on sait qu’en justice existe la jurisprudence.

 

            On peut se demander quelle aurait été la réaction des gens « bien-pensants » d’une certaine époque, pas si lointaine, si l’analyse génétique (à supposer qu’elle existât) des barbares, des esclaves, des noirs et autres êtres estimés différents avait démontré que tous ces hommes avaient le même patrimoine génétique, sans doute auraient-ils conclu qu’il ne fallait pas se fier à un tel facteur, qu’il ne prouvait pas grand-chose. Les débats sur l’inné et l’acquis auraient peut-être pris une tournure différente, encore que…les raisons, bonnes ou mauvaises, n’auraient pas manqué de souligner l’incompatibilité de ces hommes « bien pensants » d’une civilisation privilégiée avec le reste des créatures.

 

             Donc aujourd’hui beaucoup en resteront aux 100 %, à refuser une quelconque parenté avec ceux qui s’en approchent à quelques pour cent près. Certes depuis Darwin, on a été amené à revoir certains de nos points de vue (pour les évolutionnistes évidemment), on veut bien admettre que jadis, il y a vraiment longtemps nous avions avec les chimpanzés des ancêtres communs, sans pour autant être prêt à imaginer que nous descendons d’eux, subtile distinction qui n’a raisonnablement aucun intérêt, mais qui nous permettrait de sauver la face.  

 

             Dire que l’homme descend d’un singe dont l’espèce serait contemporaine de la nôtre créerait une parenté actuelle, alors que le « cousinage » fait remonter à une époque très lointaine, révolue depuis que l’homme est homme, c’est-à-dire pour lui à une éternité, l’ascendance commune.  Car même si l’homme croit en l’évolutionnisme, c’est en se donnant des temps géologiques qu’il voit l’évolution d’une espèce proprement dite. Pour beaucoup, l’homme, aussi loin qu’on peut remonter, a toujours été homme, même à l’état tout à fait primitif, comme auraient pu l’être Adam et Eve, et l’animal un animal, malgré son évolution.

 

            Pour beaucoup, mais pas pour tous, car, si ce n’est physiquement, l’homme évolue dans la mentalité de faire partie d’une espèce unique, à part, comme auparavant il y avait un peuple élu et des mécréants à qui il manquait quelque chose pour être vraiment des humains dignes de ce nom. On classe les espèces comme les branches d’un arbre à partir d’un  tronc commun, cela donne satisfaction  à notre orgueil car au lieu de risquer une concurrence à plus ou moins brève échéance avec d’autres espèces animales, les différences ne font que prendre de l’importance avec le temps qui passe. Et comme c’est nous qui définissons l’ensemble,  on se place évidement tout en haut de l’arbre. 

 

            Et si un rameau  dont nous n’avons pas conscience venait de naître et nous reléguait, êtres humains que nous sommes, sur une branche adventice et s’octroyait d’être la branche évolutive, les autres (et donc aussi la nôtre) n’étant que des branches sans avenir dans le cadre de l’évolution globale ? Impensable, évidemment, mais serait-ce encore à nous alors de le penser ?

 

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4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 07:06

           Trois minutes d’arrêt à un feu rouge, deux au suivant et ainsi de suite, l’occasion pour un automobiliste de ne pas s’énerver, mais de suivre le conseil de Pierre Dac, « rien ne sert de penser, faut réfléchir avant ».

 

            Rien ne sert de penser au retard qu’il est en train de prendre sur la route parce qu’il est parti trop tard, mais de réfléchir un peu sur le fonctionnement des feux tricolores qui n’ont pas seulement pour but de lui permettre de passer aux carrefours, mais aussi de laisser passer les autres. A rouler trop vite, il se fait toujours coincer, c’est bien connu, mais ce n’est pas non plus en décélérant qu’il crée une onde verte à sa convenance si c’est dans l’autre sens qu’elle fonctionne.

 

             C’est un problème vieux comme les premiers feux  qui a été posé il y a déjà des décennies aux spécialistes de la circulation routière et qui justifie sans doute la multiplication des ronds-points, moins coûteux et probablement moins dangereux. A y réfléchir, ne serait-ce qu’aux feux rouges, notre automobiliste comprendra très vite que, les feux tricolores ne sont trouvant pas écartés d’une même distance de l’un à l’autre, à supposer une certaine vitesse, une onde verte ne peut être établie dans les deux sens de circulation, et à favoriser un sens on défavorise l’autre.    

 

               Il y a toujours une solution à un problème technique, ce serait ici d’établir des vitesses variables d’un carrefour à l’autre, en fonction de leur écartement, une solution toute théorique, mais inapplicable. Aussi est-ce préférable, sans maudire les services de la circulation routière, de prendre son mal en patience aux feux, ce peut-être agréable d’avoir quelques minutes à pouvoir penser à autre chose qu’à une insupportable attente, ou, c’est plus radical, utiliser d’autres moyens de déplacement que la voiture.   

 

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