Une preuve « que l’on peut avoir quarante ans et être encore performant »…la phrase peut échapper lorsqu’elle est dans son contexte, mais à l’en sortir elle devrait en choquer plus d’un. Qu’un sportif par exemple peut estimer qu’à quarante ans il ne battra plus de records et qu’en conséquence il a intérêt à ne plus chercher à briller, ni même à figurer dans une spécialité qui pourtant a fait sa renommée, on le comprend parfaitement, il est grand temps pour lui de se reconvertir, mais que l’on applique la même formule à l’être humain lui-même, en général, comme si la vie performante se terminait à cet âge mérite au moins de s’entendre sur ce que l’on appelle être performant.
Et tout d’abord être performant pour soi-même ou l’être pour les autres, pour certains autres. Si c’est pour soi-même, c’est se réaliser pleinement et ce n’est certainement pas en fixant le summum à quarante ans qu’on approchera de la réalité. Il en est peut-être pour qui quarante ans, c’est le commencement de la fin, la perception que cela va moins bien et que ça ne pourra aller qu’en se dégradant. S’ils pensent ainsi c’est, soit qu’ils sont perdus, soit que n’ayant pas cet âge, ils parlent sans savoir. Car enfin, toujours en ce qui concerne la perception de soi-même, quarante ans serait plutôt un début qu’une fin, et pour beaucoup une expérience qui ne demande qu’à se développer.
Pour les autres, c’est autre chose, car alors entre en jeu l’utilité, la performance dans le sens de produire de l’utile, non pas dans le cadre de la société toute entière, d’apporter sa part à ses semblables, à l’humanité en général, mais de convenir au mieux à l’exécution d’une tâche particulière, de réaliser une action sur commande, imposée par un donneur d’ordres. Et là, évidemment, sans vouloir mettre tous le exécuteurs potentiels sur le même plan, l’âge a son importance. Une tâche conviendra mieux à un jeune, voire à un très jeune, une autre plutôt à un trentenaire, et d’autres à des âges divers, cinquante ou soixante ans, par exemple.
. Et cela se ressent individuellement, pour celui qui veut bien se donner la peine de réfléchir à la question. Pour une tâche donnée, considérée comme immuable, l’aptitude croît d’abord, après une période d’apprentissage, d’adaptation, passe par un optimum plus ou moins étalé, puis décroît d’abord lentement et ensuite rapidement. L’absurde serait d’effectuer toute la vie, ou une bonne partie de celle-ci, la même tâche, dans laquelle on ne peut se satisfaire, puisque, après une période d’adaptation, on y a été performant et qu’on ne l’oublie pas, et que l’on retrouve enfin dans une période de déclin plus ou moins rapide.
C’est une absurdité qui pourtant a droit de cité, comme si l’individu devait répondre plus ou moins bien à une tâche spécifique donnée, au lieu de passer d’une tache à une autre correspondant chaque fois à un certain optimal. A vingt ans, on est plus apte à certaines activités qu’à quarante ou soixante, mais il est de activités dans laquelle le jeune de vingt ans ne serait pas brillant, ou complètement inapte, et ainsi de suite.. Certaines activités peuvent s’exercer dans une certaine tranche d’âge, d’autres dans une autre tranche. Ce n’est pas en décrétant qu’on est valable (valide serait-on tenté de dire) entre tel ou tel âge, avec quelques dérogations de pénibilité par exemple, qu’on pourra régler le problème, à la fois social et individuel, mais en allant vers une évolution des activité en cours de carrière, et en le faisant suffisamment tôt quand la courbe commence à décroître, pas dans l’urgence, en fin de course. La mobilité dans les tâches, pas seulement géographique, mais fonctionnelle. Et cela ne se décrète pas, elle doit partir aussi des individus eux-mêmes.