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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 19:03

On peut encore s’interroge sur mesure d’urgence prise à Haïti en 2006 qui a consisté à intégrer les bulletins blancs au prorata des voix obtenu par les candidats haïtiens à leur élection présidentielle, ce qui n'aurait pas dû changer les pourcentages, mais ce n'est pas notre affaire. Par contre, cette attention apportée aux bulletins blancs pourrait peut-être nous inspirer dans l'organisation de nos futures, et prochaines, consultations électorales.

            Qu'est-ce qu'un bulletin blanc ou nul? C'est un bulletin déposé par un citoyen qui a manifesté son intention de voter alors que le vote n'est pas obligatoire, en toute liberté il a exprimé son intention de remplir ses devoirs civiques, a peut-être commis une maladresse (le cas souvent du bulletin nul) ou, le plus souvent, hésite dans son choix et ne peut se prononcer en faveur de l'un des candidats proposés.

            Pourquoi donc son geste serait-il assimilé à celui du pêcheur à la ligne (c'est une image, comme celle du plombier polonais, qui ne vise nullement ceux qui aiment taquiner le goujon), à celui qui se fiche éperdument du caractère démocratique de son pays et de la possibilité de s'exprimer lors des élections? Pourquoi donc ne pas tenir compte, d'une manière ou d'une autre, des bulletins blancs ou nuls?

            Puisque certains électeurs ne peuvent se décider sur le choix qui leur est proposé, c'est que, collectivement, ils se retrouvent à ne pas contrarier le choix des autres. Pourquoi alors, comme à Haïti, ne pas répartir leurs bulletins au prorata des voix obtenues par les différents candidats? Les résultats seraient ainsi relatifs au nombre de votants (ceux qui font l'effort de se déplacer pour aller voter) et non plus au nombre de suffrages exprimés (comme si voter blanc n'était pas s'exprimer).

            Cela ne changerait pas grand-chose aux comparaisons entre candidats évidemment, mais inciterait sans doute plus d'abstentionnistes à se déplacer, puisque ce serait pour être comptabilisés. Le nombre de bulletins blancs augmenterait sans doute, mais ce serait alors aux candidats à se montrer plus motivants vis-à-vis de ces citoyens indécis. Comment réduire le nombre d'abstentionnistes, ce fléau de la démocratie participative, sans pour autant rendre le vote obligatoire? Peut-être qu'il y a là une mesure à appliquer chez nous?

 

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 08:19

            Donner la pièce, une sollicitation qui se répand, se fait parfois pressante, et souvent met mal à l'aise Ce n'est pas pour ce qu'elle a comme valeur, cette pièce que l'on choisit au fond d'une poche ou d'un porte-monnaie, encore que certains demandeurs se mettent à chiffrer leur demande, mais elle établit entre deux personnes une relation, éphémère certes, mais ambiguë.

            Il y a ceux qui donnent tout naturellement, toute demande doit entraîner une réponse, ils répondent. Il y ceux qui, par un simple geste de sollicitation, se mettent à s'imaginer qu'ainsi ils apportent leur pierre au bonheur du monde et font reculer la misère, un peu comme les dames patronnesses du siècle passé qui avaient chacune leurs pauvres attitrés et qui y tenaient.

            Il y a ceux qui se sentent obligés, coincés, qui ne pourraient faire autrement, et qui seraient prêts à aller jusqu'au distributeur de monnaie s'ils en manquaient. Il y a ceux, nombreux, qui passent sans jeter un regard, comme si le demandeur n'existait pas. Il y a aussi ceux qui se sentent indisposés dans leur conception de la dignité humaine, comment peut-on en arriver là ? Chaque quémandé a sa manière propre de réagir à ce type de sollicitation.

            Quant aux quémandeurs, il y a peu encore, c'étaient toujours les mêmes, on les reconnaissait à les voir errer dans les mêmes quartiers, chacun avait son prénom, donc son identité, ils faisaient partie de notre environnement, et connaissaient bien le leur, savaient frapper à la bonne porte, ne pas importuner ceux qui les négligeaient et se construisaient ainsi une existence sociale, certes un peu marginale mais parfaitement tolérée.

            Les temps ont changé, et beaucoup de quémandeurs sont devenus des inconnus que l'on dépose à un endroit le martin pour les reprendre le soir, de la mendicité organisée avec ses ouvriers et ses patrons si l'on peut dire. Et cela a causé le plus grand tort aux mendiants traditionnels, à ceux qui n'avaient plus besoin de tendre la main pour que s'y glisse une pièce, car c'est l'autre précisément qui tendait sa sienne, comme au bon vieux temps, pour certains, des dames patronnesses. A chacun ses pauvres n'a plus de sens aujourd'hui.

            C'est un anonyme qui donne, ou qui ne donne pas, à un autre anonyme. On peut dès lors comprendre que pour de plus en plus de nos concitoyens, la misère des autres (de ceux qui mendient et ne sont peut-être pas les plus miséreux, les plus grandes misères sont sans doute cachées) ne soit plus leur affaire, mais celle des associations et surtout des pouvoirs publics. N'est-ce pas à l'Etat, aux collectivités locales de veiller à ce que tout se passe bien sur la voie publique, la bien nommée?

            C'est quand le demandeur refuse la pièce qu'on lui tend, on pensait pourtant s'en libérer à peu de frais, qu'il se met à agir en égal en dignité humaine, que les rapports peuvent s'établir, et ils en ont autant, ou plus que les autres, à raconter les arpenteurs de nos chaussées. Certes, le litre de rouge qui dépasse de la poche du pardessus incite à la prudence, mais à jeun, ou presque, ce peut faire l'objet d'une conversation intéressante, pour l'un comme pour l'autre, car où serait alors l'intérêt d'un monologue?

 

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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 10:49

            Ils ont soixante dix ans et plus (plus sans doute car les plus jeunes ont toujours tendance à ajouter des années à leurs aînés comme si cela les éloignait d'un âge qu'ils redoutent peut-être) et se rendent au restaurant de manière tout à fait exceptionnelle, pensez donc à leur âge canonique y choisir une grande mousse au chocolat! On n'en rencontre de moins en moins, de ces « inhabitués », tant la plupart des enfants s'y rendent dès leur plus jeune âge, avec le développement de la restauration rapide où l'on mange, sinon comme chez soi, parfois aussi souvent.

            On les remarque, avec leur manière particulière de s'y comporter, quel habitué en effet irait jusqu'à remercier, et plusieurs fois, la serveuse des services qu'elle vous rend, lors qu'elle est payée pour cela. Le fait de régler l'addition donne tous les droits à pas mal de clients pour se conduire comme ils l'entendent, parfois en malotrus. La règle n'est pas encore généralisée, il n'empêche que la gentillesse d'un client de passage prend souvent les serveurs de court, tant ils ne s'y attendent pas de la part d'un inconnu, tout au plus d'un fidèle.

            Dire au revoir à la cantonade lorsque l'on quitte un lieu public, où de plus on vient de passer d'excellents instants, devient aussi rare que le bonjour qu'on y glisse en entrant, comme si la société qui nous environne nous était totalement étrangère, pourquoi pas hostile, alors qu'elle est, ou devrait être, dans les mêmes dispositions. Ce qui n'empêche pas, autour d'une même table, un climat éventuellement détendu et chaleureux, mais bien limité à la table, qu'elle soit ronde ou rectangulaire, comme si d'invisibles barrière se dressaient d'une table à l'autre que seul le garçon, connaisseur des lieux, franchissait.

            Seul élément permettant le franchissement, la nécessité d'aller aux toilettes, opération parfois redoutée car elle nécessite quelques mots de politesse à laisser à des inconnus pour qu'ils nous livrent le passage tant convoité. Gageons que certains se retiennent pour ne pas se livrer à ce douloureux exercice de devoir s'adresser à des étrangers. Etrangers alors que finalement ils sont là dans un seul et même but: celui de restaurer dans la meilleure ambiance possible, car l'ambiance a autant, et parfois plus d'importance, que ce que l'on trouve dans l'assiette.

            Est-ce la disposition des lieux, des tables séparées se refermant sur leurs occupants, lesquels se font face en tournant le dos au reste de la salle, qui incite au repli sur soi? L'expérience - très occasionnelle - de grandes tables où l'on se retrouve à une vingtaine par exemple n'est pas concluante. Il arrive qu'alors un climat de contact s'établisse pour l'ensemble de la table, mais aussi que finalement on ne s'adresse qu'à ses voisins et vis-à-vis immédiats, reproduisant le schéma habituel de la table de restaurant classique. La nécessité d'un cercle restreint pour se sentir participant.

           Ils sont beaux comme des amoureux de Peynet. . . en voilà un qui savait croquer des caricatures sans jamais froisser personne. Caricature, un mot qu'un mot qu'on n'ose presque plus employer par les temps qui courent, tant il devient, par la faute de quelques-uns synonyme soit de méchanceté - avec la volonté de blesser, et certains y laissent la vie - soit occasion de sortir les grands principes -(comme celui de la liberté de la presse - hors de proportion avec les quelques traits rapidement brossés d'un dessinateur affairé.

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 11:27

            Disparaître sans laisser de traces, ne serait-ce pas un pléonasme 7 Car enfin disparaître en laissant des traces, ce n'est pas disparaître, c'est resté apparent d'une certaine manière. Parler de chers disparus, est-ce que cela a un sens, puisque rien que d'en parler ils ne sont pas disparus? Ils le seraient si l'on ne parlait plus d'eux, si personne n'en avait gardé le souvenir.

            Et encore, comment affirmer lorsqu'on ne parle plus de quelqu'un, qu'il est donc tombé dans l'oubli, que jamais plus il ne rejaillira dans la mémoire de qui que ce soit, par l'évocation d'un fait par exemple auquel il sera associé. Peu importe alors son nom, son identité. Se souvient-on du nom de ceux qui illustrèrent les grottes de Lascaux, et pourtant.

            Mais disparaître peut être disparaître à la vue, ne plus pouvoir rencontrer la personne en question. Parce qu'elle est décédée, mais aussi qu'elle vit ailleurs, dans un autre milieu sans avoir laissé de traces suffisantes permettant de la retrouver. Elle n'est donc disparue qu'à nos yeux et cela ne préjuge en rien de son existence. Les disparitions sont plus affreuses d'être sans traces.

            Peut-on parler de disparition pour autant, les traces que l'on laisse en disparaissant d'un environnement donné, peuvent nous apparaître suffisantes, et ne pas l'être pour ceux qui un jour vous rechercheront. Et on n'est pas perdu pour tout le monde, il ne s'agit donc pas de disparition.

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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 14:33

        « On ne brûle plus les sorcières, ni même les livres, mais on brûle toujours les idées. » (Jean Dutourd)

            Nous ne sommes plus au Moyen Age, où l'on brûlait les sorcières, comme notre Jeanne en 1431, quitte à les réhabiliter ensuite et en faire ensuite des saintes. On pensait alors que le feu détruisait tout, non seulement les sorcières, mais tout ce qu'elles représentaient alors: le diable. Que le feu libérait la terre, cette surface finie donc contaminable, sans pour autant contaminer le ciel, cet infini dans lequel disparaissait la noire fumée des bûchers. Mais la plupart des sorcières ne savaient ni lire ni écrire.

            Aussi en vint-on tout naturellement, après Gutenberg, à brûler des livres, ces traces matérielles de pensées à proscrire. A quoi pensaient ceux qui jetaient furieusement les bouquins dans la fournaise? Certainement pas au papier lui-même afin de faire un grand feu, pas tellement au contenu - combien parmi eux avaient pris connaissance des écrits et avaient jugé de leur nocivité ramenée à leurs croyances? - mais à l'homme qui en était l'auteur. Ils se voyaient moins en justiciers (détenaient-ils la justice 7) qu'en bourreaux tuant collectivement la bête immonde, faisaient œuvre de salubrité publique en quelque sorte.

            Les temps ont-ils changé? Quelle évolution en quelques siècles 7 La diffusion des informations, sans aucun doute. Jadis, quand, dans le fond d'une province, quelque hérétique se manifestait, car c'était toujours de religion qu'il s'agissait, il suffisait d'un procès fantoche, d'un passage à la torture et, dans les cas difficiles, d'un bûcher pour...éteindre l'incendie que des pensées malsaines auraient pu faire naître dans les cœurs des fidèles. Quel bel exemple que cette fête paroissiale pour maintenir vivante la vraie foi.

            Aujourd'hui, alors que le moindre événement nous est conté avec force détails par des médias avides de tout ce qui sort de l'ordinaire, où tout se sait en temps réel, ou presque, comment pourrait-on imaginer les scènes de jadis, non que la pensée de ceux qui veulent la mort de ceux qui ne pensent pas comme eux ait radicalement changé, mais la méthode ne serait plus fiable. Comment arrêter la diffusion d'une idée?

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 07:26

            Il y a toujours ce paradoxe entre vouloir être remarqué et passer inaperçu, il faudrait toujours pouvoir choisir en fonction des circonstances et, le plus souvent, ce sont les circonstances qui décident. Le hasard parfois, mais on n'en a cure. Si l'on vous remarque alors que vous préféreriez l'anonymat, c'est que l'on vous veut quelque méchanceté. Une file de voitures, et c'est justement à la vôtre que ces policiers font signe de se mettre sur le côté, que se passe-t-il encore? Si toutes les voitures subissaient le même sort, vous trouveriez cela normal, mais pourquoi vous?

            D'autres policiers demandent les papiers d'identité à des jeunes plus ou moins basanés, votre sang ne fait qu'un tour, pourquoi pas à moi français bon teint? La discrimination nous chagrine, et pourtant nous nous la construisons parfois nous-mêmes de toutes pièces. Il faudrait que par exemple que le contrôle d'identité, même s'il ne vise que certaines personnes, se fasse sur toutes, ce qui n'est pas raisonnable, et permettraient à ceux qui n'ont pas la conscience tranquille de s'éclipser avec plus de facilité.

            Le même traitement pour tous au nom de l'égalité, mais attention il est quand même des cas où l'on ne tient pas à passer inaperçu. On a fait quelque chose qui sorte, pour nous, de l'ordinaire, et personne ne le remarquerait, à quoi cela servirait-il de se distinguer? Pas seulement d'ailleurs pour quelque chose de bien, mais aussi de répréhensible. Un tel a commis une faute, moi aussi, il s'est fait prendre, pas moi, pourquoi? Trop facile parfois de mettre cela sur le compte de la chance.

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 09:03

            Similarité et dissemblance complémentaires, la première pour se permettre de classer l'objet dans une certaine catégorie prédéterminée, ne pas accepter l'inconnu, la seconde pour ne pas le confondre avec les autres objets de la même catégorie afin de lui donner sa place, et une place unique, dans le classement considéré. Cette impossibilité de considérer un objet comme étant propre en soi, une nouveauté que l'on découvre, mais toujours de la ramener à l'intérieur du précédemment connu, mais aussi de le distinguer comme si précisément on le voyait tel qu'il est en lui-même, est source d'ambiguïté permanente.

            Car ce n'est jamais l'objet en lui-même que l'on voit mais l'image qu'on s'en fait pour à la fois le distinguer et le confondre avec ce que l'on connaît déjà. Ne sommes-nous pas dans la synthèse et l'analyse? Quand, à partir d'éléments disparates, nous tentons de reconstituer un ensemble cohérent, quand d'un ensemble cohérent nous tentons de le déconstruire en éléments disparates, certes, mais nous savons alors de quel ensemble ils font partie, ce qui leur donne à chacun sa cohérence.

            Alors pensée mythique ou pensée scientifique, pensée primitive ou moderne, intuition ou raisonnement, n'est-ce pas toujours le même être qui pense? Certains vous diront que ce n'est pas toujours avec la même partie de son cerveau, mais de là à affirmer qu'il y a des domaines réservés au domaine scientifique rationnels par excellence et d'autres aux mythes, à la foi, à l'irrationnel... .et à l'intuition, c'est une théorie qui a dû se mettre en place suite au désir, oh combien légitime, de mettre fin aux incessantes querelles entre croyants et athées, un modus vivendi en quelque sorte.

            Tant qu'on reste parfaitement conscient que c'est une convention de bon voisinage, comme on sait qu'il faut mieux éviter de parler politique ou religion à table lorsqu'on se réunit entre amis afin de le rester, c'est une excellente mesure, mais hélas, trois fois hélas, d'aucuns sont allés plus loin, en ont fait une espèce de loi universelle de la nature. Comme si l'on pouvait partager sa vie en deux parts plus ou moins égales: celle où l'on raisonne et celle où on se laisserait aller à des croyances plus ou moins irrationnelles, quitte à ce qu'elles entrent en flagrante contradiction avec la partie raisonnable de l'individu sans pour autant l'interroger puisqu'il s'agirait de domaines indépendants. Docteur Jekill et Mister Hyde.

            Mais pourquoi donc ne remet-on pas en cause facilement des croyances qui remontent à l'enfance? Parce que, chaque fois que se pose à nous une question, un problème apparemment nouveau, c'est comme une pièce du puzzle que nous tentons de mettre à sa place, nous ne remettons pas en question tout l'édifice peu à peu édifié. Nous tentons plus simplement d'accommoder l'élément nouveau à ce qu'a priori nous considérons comme du solide. Ce n'est que, de temps à autre, que l'édifice tremble sur ses bases et que nous sommes tenus de revoir tout un pan de nos conceptions, à les remettre en cause. Et ces révisions sont souvent douloureuses, comme s'il fallait nous amputer d'une part de nous-mêmes.

            Et c'est peut-être aussi pour ne pas devoir remettre en question des croyances anciennes, malgré le démenti logique auquel nous conduit un simple raisonnement que nous prétendons, et certains de bonne foi, que le domaine du raisonnement n'a pas de rapport avec l'autre, celui des mythes, des croyances et des préjugés, un monde où tout problème à sa solution, où l'on ne s'aventure pas dans l'inconnu. Ainsi donc, quoiqu'il arrive dans le monde logique, quelques soient les évolutions scientifiques ou autres, on se prémunit contre les changements qui. risqueraient de ne pas nous convenir. Quelle merveilleuse assurance!

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 07:48

            L'univers visible « imite» l'homme, univers et homme constituant les deux faces de la même réalité fondamentale, cette idée est profondément ancrée dans la pensée humaine et même dans la pensée scientifique moderne... mais la pensée humaine se distingue-t-elle de la pensée scientifique? Pourquoi existerait-il une pensée scientifique, de loin postérieure à la pensée humaine, laquelle se serait orientée très tôt vers des mythes répondant aux questions que l'être était susceptible de se poser depuis la nuit des temps?

            Quelle serait cette pensée scientifique qui déclinerait du rationnel au lieu de celle qui, dès que la question se pose, trouve la réponse adéquate qui met fin à son interrogation? Une pensée scientifique capable d'aller d'un point A à un point B au moyen d'une rigoureuse démonstration qui ne se réfute pas d'humain à un autre être humain obéissant aux mêmes «pré-jugés », la même culture mathématique par exemple. Mais incapable quand même de faire partager son point de vue de manière universelle. Une méthode qui permet d'avancer une fois la voie tracée, mais incapable, sauf par hasard, et qu'est-ce que le hasard, d'en découvrir une nouvelle, jusque là inexplorée.

            Cherchez et vous trouverez... mais pourquoi donc ne sont-ce pas les chercheurs qui trouvent la voie nouvelle? Parce que les chercheurs ont un but, celui de rechercher quelque chose, ce quelque chose peut-être le trouveront-ils à force de recherches? Mais ce quelque chose ne peut-être que chose connue, car comment assigner un but sans le connaître?

            Et la découverte, l'invention viendra d'ailleurs, peut-être d'un chercheur, qui aura, tout à coup, l'intuition d'autre chose que la voie suivie, qui s'écartera du droit chemin, qui ne sera plus alors qu'un chemin de traverse, pour s'élancer dans une explication différente. Peut-être n'en aura-t-il que l'idée fondamentale, laissant à d'autres le soin de poursuivre, peut-être aussi que l'idée aura besoin d'autres cerveaux pour germer, mais l'idée est là et c'est à partir d'elle que la route s'éclairera.

            Ce qui hautement probable, c'est que l'idée ne germera pas dans un cerveau qui auparavant s'est arrêté au bord de la route, se refusant alors d'aller plus loin, ni de rebrousser chemin, de déposer son sac, c'est-à-dire de s'être blindé d'évidences et de certitudes. Comme du temps de la mythologie où chaque chose recevait son explication sans qu'il soit nécessaire de la chercher.

            Quand l'enfant lance ses pourquoi, est-ce parce qu'il s'interroge profondément et qu'il interroge les autres parce qu'il n'a pas de réponse, ou simplement parce qu'il ne recherche pas par lui-même, confiant en son environnement? Quitte à laisser tomber quelle que soit la réponse. Comme du temps des mythes où l'on consultait le sorcier parce qu'il avait la réponse, toujours satisfaisante parce que c'en était une, tout simplement.

 

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 08:26

            Il n'y a pas que les fumeurs qui empestent les ascenseurs, ceux-ci sont devenus, pour beaucoup d'entre eux, des boîtes à saveurs diverses où notre nez peut s'exercer à détecter tous ces parfums que la vie urbaine met à notre disposition. Certains prétendent que nos sens s'émoussent, que nous ne sommes plus capables notamment de réagir aux senteurs subtiles de notre environnement, comme si notre nez était destiné à n'être plus qu'un porteur de lunettes, conseillez leur donc d'utiliser l'ascenseur!

            Pas un de ces ascenseurs à la parisienne, largement ouverts sur les escaliers, comme s'ils cherchaient à se faire concurrence, mais un de ces ascenseurs modernes, répondant à toutes les nouvelles normes, c'est-à-dire à ces cellules fonctionnelles dans lesquels vous êtes enfermé le temps de passer d'un niveau aveugle à un autre, sans trop savoir d'ailleurs si vous montez ou descendez, de quoi penser à rien, sauf aux effluves qui envahissent vos narines.

            « Laissez cet endroit dans l'état où vous le trouvez en entrant» mentionne certains accès aux toilettes publiques, que ceci devrait être mentionné devant les ascenseurs, non seulement on peut y trouver des détritus qui n'ont rien à y faire, mais surtout, c'est plus anonyme mais encore moins discret, des traces odorantes du passage d'individus qu'il faut mieux voir de loin que de sentir de près.

            Des traces qu'on retrouve dans les transports en commun, pas seulement aux heures de pointe, et pas toujours, loin de là de la part de certains êtres dont on ne doute pas du manque apparent d'hygiène, comme quoi ce n'est pas l'habit qui fait le moine, mais plutôt l'odeur qu'il dégage. Des traces, un mot qui peut laisser supposer que seul un nez exercé est capable de ressentir, plutôt un déferlement d'odeurs plus ou moins nauséabondes qu'un nez normal est incapable de refouler.

            C'est qu'en effet si la nature est bien faite, elle a quand même omis de nous équiper de volets nasaux qui nous permettraient de prendre quelque recul par rapport à notre environnement, sans doute n'avait-elle pas prévu que l'espèce humaine serait la seule à être capable de s'auto asphyxier. Pas toujours de supprimer les odeurs désagréables, mais de les noyer sous d'autres. Triste mélange, rarement savamment dosé par son utilisateur.

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3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 10:50

            Sports d'hiver ou vacances à la neige? Quand on parle de vacances à la mer, on ne pense pas sports d'été, ce qui n'empêche pas évidemment d'y faire du sport, mais il semble que ne soit pas encore dans les moeurs la possibilité de passer des vacances de neige sans pratiquer le ski ou un des nombreux sports assimilés. Comme si profiter de l'air de la montagne en hiver ne pouvait pas constituer de vraies vacances.

            Indépendamment de la concurrence à laquelle se livrent la plupart des stations à proposer leurs services, comme si le premier d'entre eux, à la montagne comme à la mer ou à la campagne, n'était pas gratuit, et que les autres n'étaient que suppléments à la carte. Changer d'air, comme l'on dit, n'est-ce point là le premier bénéfice à retirer de la prise de vacances?

            C'est hélas ce que perdent de vue la plupart des consommateurs de loisirs, qui se conduisent alors hors de chez eux comme ils le font à la maison, être des consommateurs de produits finis avant d'être leurs propres générateurs du complément de ce qui leur manque dans le cadre habituel du bureau, de l'école ou de l'atelier, pendant les autres périodes de l'année.

            En fait, à ne considérer ces périodes que comme imposées par les nécessités de l'existence, ne seraient que celles de s'assurer un certain revenu, ils restent en période de vacances dans les mêmes ornières des habitudes: les lieux de consommation sont les mêmes et identiquement achalandés. La plupart à acheter les mêmes produits, à aller dans la même gamme de restauration, à passer leur temps comme ils le feraient chez eux s'ils avaient plus de disponibilité.

            D'où sans doute pour échapper à 1a routine de l'existence, ce désir de mettre de la distance, de l'espace entre les lieux communs et ceux des vacances, d'aller très loin pour chercher le dépaysement? Si possible à l'autre bout de la terre, l'autre bout c'est-à-dire donc à l'opposé, alors que ce n'est pas l'espace parcouru qui apporte le dépaysement, mais le travail qui se fait dans notre cerveau, que nous déplaçons pourtant avec nous.

            Que de touristes aux destinations diverses et variées ne sont que des égarés toujours à la recherche d'un ailleurs, d'une destination idéale qu'ils ne trouvent évidemment jamais puisqu'elle ne peut se trouver qu'en eux-mêmes. Dans leur propre temps vécu, dans leur durée propre, dans le temps et non dans l'espace. Etrange recherche de l'infini spatial. Et à poursuivre ainsi sans cesse un but virtuel en croyant toujours s'en approcher en parcourant un espace matériel.

            Les vacances se sont démocratisées, les différents lieux de la terre se sont faits connaître, non seulement aux touristes s'y rendant, mais aussi et surtout par les moyens audiovisuels mis à la disposition du plus grand nombre. Certes un documentaire ne vaut pas une visite, mais un documentaire bien construit en fait connaître bien davantage qu'un voyage organisé où le touriste reste un touriste, c'est-à-dire un étranger à la terre qu'il croit découvrir. En conservant ses propres préjugés, en considérant ce qui se fait ailleurs comme du folklore, dont il est tellement friand qu'on lui en construit à la demande. Au moins, en se documentant par la télévision et autres, ne porte-t-il pas atteinte à la nature de ces milieux. Mais le commerce, alors?

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