« L’espoir n’est que la méfiance de l’être vis-à-vis des prévisions de son esprit » (Paul Valéry)
L‘espoir est un état d’attente confiante, comme l’espérance est ce sentiment qui nous pousse à considérer ce que l’on désire comme réalisable, en théologie, c’est la vertu théologale par laquelle on attend de Dieu sa grâce et la vie éternelle. C’est assez dire que la chose n’est pas assurée, que l’esprit raisonnablement envisage un certain avenir, mais que espérer autre chose, c’est se méfier de ces prévisions raisonnables.
Une situation stagne ou ne cesse d’empirer, on peut espérer des changements ou un retour à l’état passé, l’espoir n’est pas la propriété des révolutionnaires qui voudraient tout chambouler, ni des conservateurs qui voudraient que rien ne change, c’est bien cette méfiance de l’être vis-à-vis des prévisions de son esprit.
Ce qui laisse quand même supposer que l’être et son esprit se différencie l’un de l’autre, comme si deux entités cohabitaient dans la même enveloppe, l’une plus sensible à la puissance de la logique, de ce qu’elle ressent de logique dans le fonctionnement de la société, l’autre ressentant le plus profond de l’être, l’être extérieur et l’être intérieur.
La croyance en des forces extérieures toutes puissantes amène tout naturellement à cet état :se trouver confronter à des difficultés insurmontables, qui donc ne laissent pas d’espoir de s’en sortir seul, donc faire appel à l’extérieur, comme l’enfant à ses parents. Mais à ne pas croire en l’existence de forces supérieures extérieures, considérer que l’on se trouve face à des problèmes qu’il faut résoudre plus ou moins bien ne pose plus ce postulat de séparer les deux entités, lesquelles peuvent alors constituer un tout indissociable.
Et élimine du même coup cette nécessité de distinguer les êtres vivants, en ceux qui peuvent faire appel à ces forces extérieures parce qu’ils ont conscience de leur existence, les êtres humains, et ceux qui se retrouvent seuls pour se battre parce qu’ils n’ont pas cette croyance-là, les animaux.
Postuler que le corps et l’esprit constituent deux entités différentes, permettent à ceux qui estiment disposer d’un esprit de le refuser à d’autres, car si l’esprit a besoin du corps (tout au moins ici-bas) pour se manifester, le corps peut fonctionner sans esprit, qui est un plus. Ce qui permet de considérer comme un don de disposer d’un esprit, puisqu’on aurait pu exister sans en disposer. Et si c’est un don, il ne peut provenir que de puissances supérieures. .
On comprend qu’on ait pu, dans le passé, mais peut-être encore aujourd’hui, se demander si certains hommes avaient une « âme », principe de vie et de pensée de l’homme. Ou s’ils n’étaient que des animaux à apparence humaine, des espèces de machines, car que serait un homme s’il venait à perdre son âme ?
Le caractère insoluble des controverses de ce genre provient du fait que l’on pose comme postulats un certain nombre de préjugés qui ne se rapportent qu’à une certaine forme de pensée. Comme si un cénacle d’aveugles voulait établir l’impossibilité de la vision pour d’autres qu’eux, posant comme postulat l’existence de quatre sens au lieu de cinq.