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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 08:44

            « L’espoir n’est que la méfiance de l’être vis-à-vis des prévisions de son esprit » (Paul Valéry)

 

            L‘espoir est un état d’attente confiante, comme l’espérance est ce sentiment qui nous pousse à considérer ce que l’on désire comme réalisable, en théologie, c’est la vertu théologale par laquelle on attend de Dieu sa grâce et la vie éternelle. C’est assez dire que la chose n’est pas assurée, que  l’esprit raisonnablement envisage un certain avenir, mais que espérer autre chose, c’est se méfier de ces prévisions raisonnables.

 

            Une situation stagne ou ne cesse d’empirer, on peut espérer des changements ou un retour à l’état passé, l’espoir n’est pas la propriété des révolutionnaires qui voudraient tout chambouler, ni des conservateurs qui voudraient que rien ne change, c’est bien cette méfiance de l’être vis-à-vis des prévisions de son esprit.

 

            Ce qui laisse quand même supposer que l’être et son esprit se différencie l’un de l’autre, comme si deux entités cohabitaient dans la même enveloppe, l’une plus sensible à la puissance de la logique, de ce qu’elle ressent de logique dans le fonctionnement de la société, l’autre ressentant le plus profond de l’être, l’être extérieur et l’être intérieur.    

 

            La croyance en des forces extérieures toutes puissantes amène tout naturellement à cet état :se trouver confronter à des difficultés insurmontables, qui donc ne laissent pas d’espoir de s’en sortir seul,  donc faire appel à l’extérieur, comme l’enfant à ses parents. Mais à ne pas croire en l’existence de forces supérieures extérieures, considérer que l’on se trouve face à des problèmes qu’il faut résoudre plus ou moins bien ne pose plus ce postulat de séparer les deux entités, lesquelles peuvent alors constituer un tout indissociable.

 

           Et élimine du même coup cette nécessité de distinguer les êtres  vivants, en ceux qui peuvent  faire appel à ces forces extérieures parce qu’ils ont conscience de leur existence, les êtres humains, et ceux qui se retrouvent seuls pour se battre parce qu’ils n’ont pas cette croyance-là, les animaux.    

 

            Postuler que le corps et l’esprit constituent deux entités différentes, permettent à ceux qui estiment disposer d’un esprit de le refuser à d’autres, car si l’esprit a besoin du corps (tout au moins ici-bas)  pour se manifester, le corps peut fonctionner sans esprit, qui est un plus. Ce qui permet de considérer comme un don de disposer d’un esprit, puisqu’on aurait  pu exister sans en disposer. Et si c’est un don, il ne peut provenir que de puissances supérieures. .

 

            On comprend qu’on ait pu, dans le passé, mais peut-être encore aujourd’hui, se demander si certains hommes avaient une  « âme », principe de vie et de pensée de l’homme. Ou s’ils n’étaient que des animaux à apparence humaine, des espèces de machines, car que serait un homme s’il venait à perdre son âme ?   

 

            Le caractère insoluble des controverses de ce genre provient du fait que l’on pose comme postulats un certain nombre de préjugés qui ne se rapportent qu’à une certaine forme de pensée. Comme si un cénacle d’aveugles voulait établir l’impossibilité de la vision pour d’autres qu’eux, posant comme postulat l’existence de quatre sens au lieu de cinq. 

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 09:16

             Sans remonter à des temps anciens, on peut supposer que nos célébrités passées ne se dopaient ni se droguaient, tout au moins à l’insu de leurs admirateurs. L’absinthe par exemple a eu sa vogue, mais sa consommation dans les estaminets n’en faisait pas un secret. La totalité, ou presque, ne modifiait pas leur personnalité par des produits chimiques, à part le café ou quelque autre excitant. Les glorieux vainqueurs des premiers Tours de France, et pas seulement les premiers, gagnaient à la régulière. Puis l’usage généralisé de produits de toute nature a amené leur réglementation, l’interdiction pour certains, les plus nocifs mais aussi les plus « efficaces » et la tolérance pour d’autres. Les contrôles anti-dopage et les sanctions encourues ont amené les sportifs de haut niveau et leurs entraîneurs à se montrer prudents. Le système présentait une faille : interdire un produit sans pouvoir en contrôler l’usage, comme l’EPO.

             Mais les moyens de contrôle évoluent avec le temps et, pour peu qu’on conserve des traces, on peut détecter aujourd’hui des choses sur des échantillons anciens et réécrire l’histoire. L’arsenic chez Napoléon ou la filiation entre Marie-Antoinette et l’enfant du temple, ou la non-paternité d’Yves Montand, et ainsi de suite. La suite aujourd’hui étant celle de Lance Armstrong qui a pu gagner sept Tours de France consécutifs et prendre sa retraite le mois dernier en toute tranquillité et avec les honneurs, et  qui se trouve rattrapé (un peu tardivement, mais mieux vaut tard que jamais) par un flacon d’urine du siècle dernier. 

             Mais pourquoi donc, effectivement, ne contrôler que les sportifs ? Ce n’est pas très flatteur pour eux, cela laisse supposer que pour battre un record, ou faire mieux d’autres lancés à leurs trousses, ils leur faut perdre leur propre nature, leurs capacités naturelles, pour n’être plus que des cobayes au service de la chimie. Peut-être aussi parce que l’on considère dans certaines sphères qu’en dehors d’une spécialité très pointue, à laquelle le sportif consacre toute son existence, et pour laquelle on le porte en triomphe quand il gagne et le voue aux gémonies quand ce n’est plus le cas, il n’a guère de personnalité propre et doit être surveillé de près et contrôlé fréquemment.

              Mais alors, pourquoi de pas soumettre aux mêmes contrôles et sanctionner aussi sévèrement tous ces artistes dont nous inondent les médias, qui ne peuvent parler, chanter ou jour d’un instrument sans s’être préalablement et largement drogués, alcool et tabac n’étant que hors-d’œuvre ? Des artistes qui viennent dont on sait où, qui apparaissent et disparaissent au gré de sponsors et d’organisateurs eux-mêmes pas toujours très clairs, et qui risquent de constituer des modèles pour une jeunesse en quête de repères.

             Pour ce qui est des Nobel, des romanciers et autres créateurs, il y a nuance. Ce n’est plus un homme, ou une femme, que l’on admire en tant que tel, mais l’image que l’on s’en fait au travers de ses de ses œuvres. Que Jeanne d’Arc ait pris Orléans à jeun ou après un repas bien arrosé pour se donner du courage, quelle importance, elle sera toujours pour nous la Pucelle d’Orléans. Que Louis Pasteur n’était pas médecin, mais chimiste, que Fleming ait découvert l la pénicilline par hasard ou non, que… Pas de quoi changer les symboles qu’ils représentent pour nous ? Comme Armstrong peut-être, si l’on avait découvert la tricherie dans vingt ou trente ans, mais un mois après sa dernière victoire, c’est quand même un peu court ! . 

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 15:17

           « Dans ce jargon qu’on baptise spiritualité…j’ai mis vingt ans à m’apercevoir que le ciel était vide » Françoise Giroux, comme beaucoup, confond spiritualité et croyance en un au-delà. Confondre  non dans le sens de faire une confusion, prendre une chose pour une autre, mais dans celui de mêler deux choses ensemble et ne plus pouvoir les distinguer. Ce qui s’explique aisément en fonction de l’éducation classique qu’elle a reçue.

 

            Elle a été élevée dans la religion chrétienne, ce pourrait en être une autre, une religion monothéiste admet l’existence d’un Dieu unique, et celui qui ne croît pas en ce Dieu est un donc un sans dieu, un athée. L’athée est et ne peut être qu’un matérialiste, le croyant accède seul à ce qui est autre chose que la matière, à la spiritualité. Une spiritualité limitée donc à tout ce qui en relation avec Dieu, dans l’au-delà, dans l’au-delà de la matière, dans la transcendance, le domaine de l’esprit.

 

            Ceux qui ne croient pas en ce Dieu unique sont rejetés dans le domaine matériel, puisque tout ce qui n’est pas matériel est pour eux en relation avec ce Dieu unique. C’est le propre du monothéisme, celui qui n’est pas avec moi est contre moi. Ce n’était pas le cas dans le polythéisme, ceux qui adoraient certains dieux pouvaient admettre, pas toujours mais souvent, que d’autres adoraient d’autres dieux. Ils avaient chacun leurs propres dieux, aucun n’en était dépourvu.

 

            On ne se posait peut-être alors pas la question de savoir si l’on était athée ou croyant, mais dès lors qu’il n’existait plus qu’un seul Dieu, ceux qui n’y croyaient pas, ou plus, étaient athées. Athée était synonyme de sans foi (foi, le fait de croire en Dieu, en des vérités religieuses révélées) ni loi (loi, ce que prescrit l’autorité divine) , des moins que rien en quelque sorte, et on leur fit souvent bien voir. Hors de la vérité, point de salut.     

 

            Parmi ces hors la loi, il y en avait certainement qui étaient des moins que rien, autant sans doute que chez les croyants, plus peut-être, allez savoir, parce qu’ils jetaient le bébé avec l’eau du bain, pas de Dieu, pas de morale. D’autres que rien ne distinguait des croyants dans la vie publique, qui ne se posaient plus de questions concernant la religion qu’on leur avaient enseignée et qu’ils avaient abandonnée pour des questions de rites, préférant se limiter à des considérations matérielles.

 

            D’autres enfin qui estimaient qu’il fallait aller plus loin que ces rites et que ce Dieu que l’homme avait créé parce qu’il lui fallait un maître à penser. De la spiritualité sans Dieu, de la transcendance bien au delà des rites religieux. Mais cette dernière catégorie est difficile à imaginer pour les croyants monothéistes puisqu’ils  ont placés leur Dieu au-dessus de tout, en ont fait l’alpha et l’oméga, ont  reporté sur lui la perfection ultime. Comment imaginer qu’il puisse en être autrement ? Tout ce qui n’est pas à leur niveau ne peut-être, à leurs yeux, que d’un niveau inférieur.

 

            Peut-être que le niveau supérieur n’est pas accessible à la masse, que beaucoup ont besoin de quelqu’un qui les guide, les récompense lorsqu’ils ont fait le bien, les punisse quand ils ont fait mal, leur pardonne finalement car rien n’est pire que de vivre dans l’angoisse de ne pas être pardonné de ses fautes même et surtout lorsqu’ils ont pris plaisir à les commettre et leur promette en plus l’éternité car ils ont peur de la mort.

 

            L’esprit est partout, que ce soit dans la matière ou ailleurs, entre le matériel et le spirituel il n’y a pas cette espèce de seuil infranchissable à celui à qui on n’aurait pas enseigné tel ou tel dogme particulier. La matière support de l’esprit, c’est déjà prendre pour postulat qu’il s’agit de deux entités de deux entités différentes. Méfions-nous des mots, utilisons-les puisque c’est nécessaire pour réduire le flou, le vague, l’informulé, mais soyons en pleinement conscients.

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 07:44

            J’ai mis vingt ans, écrit Giroux, à m’apercevoir que le ciel était vide et qu’aucun secours ne me viendrait de là, ajoutant, et il faut le signaler, ni d’ailleurs mais ce fut un peu plus long. C’est donc qu’elle cherchait du secours, elle aurait pu ne rechercher que de la connaissance, comme on le fait des phénomènes matériels, sur lesquels, à défaut d’être tous d’accord, on parvient à adopter une attitude satisfaisant le plus grand nombre et qu’on baptise du nom de réalité.

 

            Mais dans le domaine du spirituel, alors que rien à priori ne devrait postuler la nécessité d’aller chercher ailleurs, dans l’actuelle civilisation, on n’envisage pas une spiritualité sans un delà qui par miracle donnerait la solution de tous les problèmes susceptibles de  se poser, notamment de la peur et de la mort, la nécessité d’une protection d’un plus puissant que soi pour conjurer le mauvais sort, pour montrer la bonne voie (ne nous soumets pas à la tentation…de nous tromper).

 

            Toujours cette nécessité d’être protégés, de se refuser à voler de nos propres ailes, parce que, au dessus de nous…Sentiment que l’on retrouve là parce qu’on le retrouver partout ailleurs depuis les temps les plus reculés dans le fonctionnement de la vie courante : avoir au-dessus de soi quelqu’un de supérieur, qui sait et qui peut plus que soi, à qui on peut s’adresser lorsqu’on est dans le besoin d’une aide, notamment lorsque l’on est en conflit avec d’autres de la même espèce, dont l’issue du combat donc est incertaine.

 

            Mais pourquoi donc le constat d’une absence dans le ciel devrait nous ramener au matériel, à l’absence de spiritualité, laquelle ne pourrait être qu’une émanation d’un au-delà qui nous dépasse, venu d’ailleurs ?  D’où, on le comprend le flou, le vague, l’informulé, ce qui n’a rien d’étrange puisque pour qu’on puisse être clair, net  et formulé, il faut se placer dans le domaine de la matière, dans le spirituel on ne peut qu’approcher par des mots les impressions que l’on ressent et les idées que l’on tente d’exprimer.

 

            Dans le domaine matériel, on peut espérer que la réponse à nos questions se trouvent ou se trouvera quelque part, c’est tout le prestige du spécialiste, qui sait ce que vous ne savez pas, mais pour ce qui sort de ce domaine, celui qui se prend pour un spécialiste n’en sait guère plus que vous, peut-être vous donnera-t-il des solutions qui lui conviennent parfaitement, qu’il qualifiera de vérités, mais qui ne vous conviendront pas, sans que vous soyez pour autant dans l’erreur. ..    

 

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 15:33

            Un « ce que je crois », et notamment celui de Françoise Giroud, une centaine de pages et en courts chapitres bien aérés, se lit d’une seule traite, ce qui doit d’ailleurs être dans l’intention de l’éditeur, un texte qui doit donner une impression d’ensemble d’un auteur vu par lui-même qui, opération inhabituelle, prend du recul par rapport aux péripéties de la vie publique plus ou moins trépidante et peut-être, plus souvent que nécessaire, superficielle qui lui ont permis de se faire un nom, pour tenter une analyse de son moi, en toute liberté, sans pouvoir être taxé d’égocentrisme.

 

            Il n’est pas dans la nature des choses d’écrire sur soi, sur  ce que l’on croit sans avoir jamais vraiment l’occasion et plus souvent le désir de l’exprimer, dans des réflexions intemporelles alors que notre époque, et elle ne doit pas être la seule, est toute axée sur l’événementiel, où le moindre fait est sorti de la continuité du temps pour être mentionné, commenté, publié, disséqué, puis oublié car remplacé par d’autres qui, à leur tour seront…Alors l’intemporel, dans un monde où tout est chronologiquement et spatialement catalogué… où le placer ? Eh bien, notamment dans cette collection des « ce que je crois ».   

 

            Epreuve d’un genre particulier qui s’accommode mieux du flou, du vague de l’informulé. C’est qu’en effet s’il souvent aisé (pas toujours toutefois) de prendre position, ou au moins d’avoir un avis exprimé ou non, sur la plupart des activités humaines, et l’on ne s’en prive généralement pas, on reste discret sur nous-mêmes, ce nous-mêmes que rien ne nous oblige à manifester puisque cette discrétion est communément pratiquée. Et l’on parvient parfaitement – hypocritement peut-être mais là n’est pas la question - à laisser définir ce que nous sommes tout en conservant au fond de nous-mêmes, une zone d’intemporalité échappant aux caprices du temps qui passe.

 

            Quand on décolle des faits, on tombe si facilement dans ce jargon qu’on baptise spiritualité…Les faits, et  surtout pour une journaliste comme Françoise Giroud, c’est du concret, du matériel, alors que la spiritualité, c’est du flou, du vague, de l’informulé. On peut ne pas être de son avis, les faits que l’on constate, c’est peut-être du concret, mais lorsqu’il s’agit de relations humaines, dés que l’on gratte un peu, on n’en est plus si sûr.

 

            On maquille les sentiments humains derrière des mots, la joie, le bonheur, l’attente, la peur, l’horreur, et des milliers d’autres, et ensuite on les manie comme si d’une personne à l’autre, d’un instant à un autre, ils conservaient rigoureusement la même signification, celle que, par ailleurs, chacun de nous veut bien lui donner. Sommes-nous véritablement dans le concret. ?        

 

            Prenons le mot de spiritualité. Qualité de ce qui est dégagé de toute matérialité. Est spirituel ce qui est de l’ordre de l’esprit, de l ‘âme. L’esprit étant le principe immatériel, vital, la substance incorporelle, l’âme par opposition au corps. L‘âme étant le principe de vie et de pensée de l’homme. C’est dire si, dans les définitions mêmes, nous ne quittons pas le domaine du flou. 

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6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 12:01

                Avant-hier, (c’était en 2005), la météo annonçait la pluie pour hier. Il a plu. D’autres augures prophétisent le baril de pétrole à 100 dollars, le retour de Mme Pernaut chez M.Pernaut et le Prix Goncourt attribué à Michel Houellebecq qui n’en a nul besoin. Autant dire que nos destins sont tout tracés, que l’avenir est connu d’avance et que les lendemains ne réservent aucune surprise si l’on excepte une soudaine fin du monde renvoyant dos à dos pour l’éternité les marchands de parapluie et les fabricants de lunettes de soleil, Hollande et Fabius ainsi que –beaucoup plus triste – chroniqueurs et lecteurs. Heureusement qu’il n’y aura plus personne pour voir ça…

 

            Nos destins sont tout tracés, l’avenir est connu d’avance, aucune surprise si l’on excepte une soudaine fin du monde, ce ne serait même pas une véritable surprise puisqu’elle est envisagée. Ce serait même la fin des surprises, surprises qui n’arrivent que parce que l’on a prévu autre chose, car à ne pas prévoir, y aurait-il des surprises ? La surprise, ce que ce qui arrive lorsqu’on ne l’attend pas, on pourrait croire que tout serait surprise si l’on attendait rien, mais n’attendre rien c’est s’attendre à ce qui se passe suit son cours, c’est donc déjà quelque chose.

 

            Dans une vie tranquille, on n’attend rien de nouveau, mais l’on s’attend à ce que cela continue comme par le passé, c’est-à-dire que le présent ne soit que cet instant qui sépare le passé de l’avenir, l’avenir n’étant que la continuation du passé. Mais pour cela il faudrait pouvoir négliger l’existence d’un présent, pendant lequel tout peut se passer et rompre cette continuité. Or, la vie, c’est le présent, il faut être inerte, sans vie, pour se passer du présent et passer du passé à l’avenir. La vie, c’est au contraire de faire exploser ce présent en tentant d’accaparer le passé et l’avenir.

 

           D’accaparer le passé en développant sa connaissance, mais du passé on est loin de tout connaître et l’on en prend connaissance qu’en se trouvant dans les dispositions de son présent. Ce n’est pas le passé tel qu’il s’est passé que l’on connaît, mais une transfiguration, une symbolisation de ce passé. Qui dépend non seulement de chacun de nous, mais encore des dispositions dans lesquelles nous nous trouvons, de notre présent vécu. Les  connaissances historiques sont subjectives, quoiqu’en pensent les historiens, non  parce que chacun peut jouer d’un révisionnisme qui lui conviendrait, mais parce que sa réception varie.                                      
.

            Le temps propre de l’inerte, ce n’est pas du temps qui s’ajoute au temps, des heures ou des siècles qui s’ajoutent à des heures ou à des siècles, de la durée qui comptabilise des unités de durée, mais au contraire du temps qui s’étale, qui n’en finit plus de s’étaler, qui perd la notion du temps qui passe puisque pour lui le temps ne passe plus.

 

            Le temps propre du vivant, c’est d’avoir un commencement et une fin, une naissance et une mort d’accumuler du temps du départ à l’arrivée, une durée ne peut se mesurer, se vivre qu’en se donnant ces deux points. L’animal, dit-on, ne sait pas qu’il va mourir. Sans doute que, lorsque ce moment est proche, plus ou moins proche suivant la mort qui va suivre, douce, naturelle et provoquée, il pressent que c’est la fin, comme la chèvre de monsieur Seguin après sa nuit de lutte contre le loup.

 

            Mais sans doute ne le sait-il pas avant, il ne se pose pas la question et une question qu’on ne se pose pas n’appelle pas de réponse. Pourquoi se poserait-il la question alors qu’il vit dans son présent et que dans l’idée d’un avenir que se niche celle que toute vie  a une fin ? Un jeune enfant ne le sait pas non plus, ce n’est que petit à petit qu’il apprend, en s’intéressant à ce qui se passe autour de lui  que tout ce qui vit est mortel, alors qu’il peut croire que ce n’est pas le cas de l’inerte qui, sans destruction de la part de l’homme ou de lui-même, n’a pas de fin.

 

            L’idée de la mort n’a rien d’inné, elle résulte d’un constat : tout le monde meurt, pourquoi ferais-je exception ? Si l’animal de sait pas qu’il mourra un jour, c’est sans doute perce qu’on ne lui a jamais dit. Et puis, que veut dire plus tard pour celui qui n’a pas idée d’un avenir ?


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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 09:28

            On pourrait se dire souvent qu’il s’agit là d’évidences et que l’auteur, n’ayant rien d’autre à dire, se soit replié sur un topo déjà publié une année précédente à la même époque. Mais en fait n’est-ce pas de ce genre de nouvelles dont nous abreuvent les médias quotidiennement ?

 

            Des informations qui ne nous apportent absolument rien, que nous connaissons depuis toujours, en tout cas depuis longtemps, mais que nous lisons avec plus ou moins d’intérêt parce que c’est imprimé, que c’est donc reconnu par d’autres que nous, que donc nous ne sommes pas seuls à remarquer de telles choses, que nous sommes bien dans le vent, que, si nous avions été à la place des journalistes, nous aurions abouti aux mêmes conclusions, et que donc nous sommes en osmose avec la presse que nous lisons, et que donc nous devons continuer à acheter un journal qui a et comprend nos préoccupations.

 

            Ce n’est pas comme ces revues spécialisées qui disent n’importe quoi en des termes incompréhensibles pour paraître sérieuses. Mais c’est peut-être aussi parce qu’ils ne trouvent plus rien d’intéressant à lire que d’autres n’achètent plus le journal et que la presse en général éprouve des difficultés. Allez savoir ! Vous cherchez à accrocher du monde par des informations sensationnelles, et vous n’êtes lus qu’à la page des jeux ou à celle de la nécrologie, heureusement que le journal se vend en bloc, si c’était à  la page, que de déceptions pour beaucoup !   

 

            Mais parler ou écrire pour ne rien dire de neuf, n’est-ce pas le sort de chacun d’entre nous ? N’est-ce déjà pas merveilleux qu’avec les vingt-six lettres de notre alphabet, dont quelques-unes ne sont que très rarement utilisées – nous parvenions à échanger tant d’informations ? Que, si ce n’est pas toujours du neuf, c’est souvent de l’inédit car il n’y a pas que les assemblages de lettres, les mots qui importent, mais aussi le temps et l’espace, le moment et le lieu où ils sont lus ou entendus, l’intonation qui leur est donnée.

 

            Que deux étrangers, chacun ne connaissant aucun mot du vocabulaire de l’autre, puissent pratiquement converser sur des sujets divers – ce qui donne un grand avantage de la parole sur l’écriture – prouve à quel point les mots ne sont qu’une matérialisation de la pensée. Et lorsque vous vous adressez à un animal, croyez-vous qu’il dispose d’un dictionnaire pour vous entendre, et vous pour le comprendre ?

 

            On peut quand même déplorer, quand on sait qu’une partie de la population ne lira jamais autre chose qu’une revue ou un journal, la teneur de la plupart des articles, le manque de sujets appelant à la réflexion, la vedette accordée à des manifestations ou à des individus qui la méritent d’autant moins qu’ils en tirent une vanité. sans rapport avec la qualité intrinsèque de leur prestation.

 

            Quelqu’un disait un jour avoir entendu lors d’un débat télévisé: « Les propos échangés n’engagent que ceux qui les écoutent ». Peut-être, après tout, qu’il ne s’agissait pas d’un lapsus. Ne sommes-nous pas collectivement responsables de la qualité des émissions dès lors que nous les suivons ?  

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 10:34

            Après avoir condamné le plaisantin de mauvais goût pour satisfaire  tant bien que mal la soif de justice que nous  avons tous quelque part au plus profond de nous dans le plus court délai possible, ne faut-il pas condamner maintenant tous les médias qui nous ont transmis la fausse information ? Car une information, pour être transmise, ne doit-elle pas être vérifiée ?

 

            Suffit-il qu’un quidam lance une rumeur pour que celle-ci prenne corps et se transforme en vérité puisque tout le monde alors devient convaincu de sa véracité ? Et si l’on absout tous les intermédiaires sous le prétexte qu’ils ont été abusés, qui donc est véritablement à l’origine d’une fausse nouvelle ? La source peut n’être pas ponctuelle et détectable. Une information ne prends pas corps en l’absence de conditions particulières. Si, par exemple, quelqu’un l’a émise par plaisanterie, considérant qu’elle n’avait pas à être relayée, est-ce lui le coupable ou celui qui, ignorant l’humour, l’a transmise avec un sérieux qui a entraîné la conviction d’autres personnes ? Ou le premier qui l’a écrit, noir sur blanc.

 

            Prenons un exemple plus banal, hors de toute tragédie, dans le vaste domaine du people, où tout se dit sans le moindre contrôle.  On annonçait un jour  que Stéphanie de Monaco allait se remarier avec celui qui fut son premier mari et dont elle divorça parce qu’il s’était trouvé en très galante compagnie. Un jour sans doute, ils ont été vus ensemble et de bonne humeur…de quoi alimenter la rumeur d’un remariage, et pour que la nouvelle paraisse vraisemblable, d’en fixer la date, en février prochain par exemple. La nouvelle fait le tour du monde, au moins de ce monde-là, et dès le lendemain, le palais se doit d’infirmer la nouvelle...ce qui n’empêchera nullement certains de penser qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que c’est l’infirmation officielle qui n’est pas à prendre au sérieux. Qui faudrait-il condamner ?  .   

 

            Mais la plupart des informations, quelles que soient leur importance, circulent ainsi. Une oreille indiscrète ou un coup d’œil quelque part et c’est lancé. Elles se confirment ou s’infirment, mais elles sont annoncées pour avoir le maximum d’impact et pour cela, il faut frapper fort dès le début, envisager le pire (ou le meilleur mais c’est plus rare) pour ensuite revenir à de plus justes proportions, et surtout utiliser le temps présent, puisqu’aujourd’hui tout se passe en temps réel, mieux vaut ne pas traîner, ne pas se lancer dans un recoupement de plusieurs sources, faire confiance d ‘emblée à ses informateurs.

 

            Et ensuite, côté de l’information ainsi diffusé, il y aura ceux qui croient en tout ce qui s’écrit, car on ne pourrait r écrire des choses fausses sans se faire rappeler à l’ordre entre temps, ce qui est écrit et par extension aujourd’hui tout ce qui se dit à la radio, à la télévision ou ailleurs, pensez donc ce sont des spécialistes. Il y aura ceux qui, maintes fois échaudés, ne croient plus guère en l’information et semblent toujours attendre un démenti le lendemain de ce qui s’est diffusé la veille, un démenti dont ils doutent aussi.

 

            Et les moins nombreux, qui tentent de démêler le vrai du faux, de se faire une idée personnelle des nouvelles, les replacer dans un contexte moins journalistique, ne pas se laisser emporter par des sentiments aussi extrêmes que soudains, de donner finalement un peu de temps au temps, comme on le faisait – par nécessité – lorsque l’information circulait plus lentement, et qu’une nouvelle présentée ayant de quoi capter toute notre attention n’était pas aussitôt remplacée par une autre, encore plus captivante

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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 09:58

            Pourquoi faudrait-il toujours avoir le physique et le mental de l’emploi qu’on occupe, comme si l’habit faisait le moine. Mais l’habit ne fait le moine que dans la mesure il y a correspondance entre le caractère d’une personne et sa fonction , mais comment choisit-on son métier, le choisit-on d’abord, et même dans ce cas, le fait-on en fonction de  ce qu’on est vraiment ? Et si l’on se retrouve dans une profession par nécessité ou par hasard, ce sont les autres qui vous voient ainsi, dans un certain uniforme, pas vous éventuellement. 

 

            C’est qu’en effet, l’habit permet de symboliser une profession, d’extraire d’une masse infirme d’individus un certain nombre d’eux, de faire abstraction de leurs caractères propres et différents pour les réunir sous une même étiquette, les classer dans le même tiroir. Mais en opérant ainsi, on perd de la précision, on n’est plus que dans la statistique, une certaine chance pour que…

 

            Et c’est ainsi que l’on retrouve un pompier pyromane, un bon vivant suicidaire, un médecin qui répand la maladie, Certainement moins de pyromanes chez les pompiers, de suicidaires chez les bons vivants, de médecins répandant volontairement les microbes que dans l’ensemble de la population, mais nous sommes dans le domaine de la statistique et n’en trouver aucun relèverait du miracle.

 

            Faut-il pour autant juger plus sévèrement et condamner davantage un pompier qui met le feu afin de tenter ensuite d’être le premier à l’éteindre que celui qui met le feu dans l’espoir qu’il ne le sera pas et fera le maximum de dégâts ? Oui si l’on considère que porter l’uniforme engage, non si l’on considère que le pompier est un homme parmi d’autres et que les tentations sont plus grandes . C’est selon… : 

 

            Scier la branche sur laquelle on est assis arrive à plus d’un, et pas toujours inconsciemment, ne serait-ce que pour faire tomber ceux qui sont sur la même branche, si on ne peut faire autrement. Tomber seul, c’est stupide et contraire à la raison, mais les voir tomber en même temps procure à certains un plaisir inespéré dans des circonstances tragiques, l’impression d’exister, et, mieux, de pouvoir agir sur le destin d’autrui. Ne pas être uniquement un jouet, mais aussi un décideur, celui qui tient la scie alors que d’autres sont à sa merci.

 

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 11:06

            L’action politique consiste à constater la situation présente d’une collectivité et, à partir de ce constat, de prévoir des améliorations à cette situation pour qu’elle convienne mieux à l’ensemble ou à une partie des membres de cette collectivité, mais à une partie sans dégrader celle des autres. Examiner théoriquement une situation à l’instant zéro ne semble pas nécessiter l’étude du passé, mais pour bien connaître les aspirations des gens, il est sans doute intéressant de reconstituer leur histoire.

 

            Si chacun avait les aspirations de son voisin, on pourrait établir une échelle de confort, de sécurité, de plaisir, et positionner chaque être humain sur cette échelle et veiller, dans le cadre de l’action politique, que chacun se retrouve progresser vers le meilleur et agir en conséquence. Mais chacun a sa propre échelle de valeurs, tout au plus pouvons-nous être à peu près sûrs que c’est aller dans le bon sens de satisfaire les besoins fondamentaux.

 

            C’est pour cela que les slogans politiques les plus courants prévoient que l’on ait au moins un toit, de quoi se protéger du froid et éventuellement de la chaleur, nourriture et boisson suffisantes, et, en cas de problèmes graves, santé et autres, de pouvoir se retourner, finalement, un minimum considéré comme vital.

 

            Mais l’action politique ne peut pas tout, ce qui est donné aux uns est enlevé aux autres, au moins en ce qui concerne le matériel, et c’est surtout dans ce domaine que s’exerce l’action politique de base. On ne parle que d’argent quand il s’agit de faire une action quelconque et ce qui est donné à l’un ne peut être donné à l’autre, à moins de se contenter de peu, donc du strict minimum. Ce n’est pas à la politique de rendre les gens heureux, tout au plus de les mettre dans une situation telle qu’ils puissent l’être, de leur éviter donc, dans la mesure du possible, de mauvaises situations de fait ou de les placer dans des conditions telles que ces situations iront probablement en se dégradant. 

 

            C’est là que l’histoire peut guider la politique : ne pas renouveler les expériences malheureuses du passé et retrouver les bonnes. Car, en politique, on ne peut pas tout essayer, il y a des choix à faire et mieux vaut ne pas les faire à l’aveuglette. Se laisser guider par l’histoire, ce n’est pas suivre les exemples du passé, faire la même chose en conservateurs endurcis allergiques à toute nouveauté, mais se servir des expériences passées pour augmenter ses chances de ne pas se tromper. Mais on retrouve jamais exactement de situations antérieures. Il ne s’agit donc moins de se laisser guider, ce qui suppose une certaine inertie, mais de s’en inspirer, ce qui est autre chose et suggère l’action.  

 

              Mettre le plus d’atouts possibles de son côté pour agir avec discernement et efficacité c’est donc s’inspirer des actions passées et de leurs résultats, mais surtout se mettre à l’écoute de ses concitoyens, pas seulement de ceux qui battent le pavé (ou le macadam) avec des panneaux, des cris et des slogans simplistes, mais tâter le pouls des autres, de ceux qui ne se plaignent pas mais n’en pensent pas moins. A écouter les premiers, on prend le risque, d’une manifestation à l’autre, d’aller de droite et de gauche et de mener une politique opportuniste sans avenir. Or le but de toute action politique doit être de tenir compte des conséquences que toute décision, ou absence de décision,  entraîne ensuite.

 

            Une mesure apparemment anodine qui en contente certains à court terme peut se révéler désastreuse ensuite, attention aux avantages acquis pour certains et refusés aux autres, ce que l’histoire nous enseigne à condition d’être capable de l’interpréter. Mais à être trop prudent, on n’agit guère, toute la compétence de l’homme politique se trouve dans un juste équilibre entre la réflexion et l’action.   

 

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