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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 08:17

            On peut ne pas suivre Yona Friedman dans ses considérations sur un univers d’espace et de temps constitués de granules élémentaires, qui pour cet architecte rappellent les briques constituant les éléments fondamentaux d’une construction architecturale. Des granules qui auraient chacun une certaine autonomie, lais qui seraient entraînés statistiquement dans une direction donnée.

 

            Comme les individus d’une foule, chacun ayant sa propre liberté, mais obéissant statistiquement à un mouvement global. Encore qu’appliquées aux granules, cela est dans la même veine que celle de Teilhard de Chardin avec sa théorie de l’esprit-matière. 

 

            Par contre, son livre met l’accent sur un univers erratique, un univers sans lois, les « lois de la nature » n’étant qu’inventions humaines qui n’ont pu être établies qu’en négligeant tous les aspects qui ne rentraient pas dans l’univers mathématique qu’ils se sont forgé. « Et cette réduction de l’expérience humaine à une expression mathématique appauvrit le modèle du monde que le science s’efforce de nous présenter comme une carte de l’univers dans lequel nous vivons ».

 

            La comparaison est heureuse, car si, lorsque nous voyageons, une carte à échelle convenable nous permet de nous déplacer avec facilité (à condition d’être capables de la lire et d’en tirer tout ce qu’elle peut nous donner comme informations), elle néglige un tas d’informations sur les paysages que nous traversons, qui constituent pourtant l’essentiel, les  qualités du voyage.

 

            Et on a beau prendre des cartes à échelles de plus en plus grandes, on obtient certes des informations supplémentaires, sans jamais pour autant accéder à ce que l’on pourrait baptiser de réalité, chacun y trouvant d’ailleurs la sien  propre. 

 

            Tandis que les cartes fournies sont, elles, les mêmes pour tous et peuvent donc prétendre à l’universalité, comme la science peut être la même pour tous, à condition de simplifier l’univers à l’extrême et de n’approfondir que toujours les même données. Ce qui permet aux scientifiques d’affirmer, sans admettre d’être contredits, qu’au fur et à mesure que la science progresse, même si elle ne l’atteindra jamais, s’approche toujours de la réalité ultime, une théorie dépassée n’étant jamais fausse mais devenant un  cas particulier d’une théorie plus générale, et ainsi de suite.   

 

            Mais au fur et à mesure qu’on se place ainsi à la pointe des découvertes, que l’on se spécialise, on devient de  plus en plus incompréhensible aux autres, à ceux qui sont restés en aval de ce domaine pointu, mis qui ont donc une vue plus élargie. Depuis quelques siècles, la science s’étant considérablement développée, plus personne ne serait capable aujourd’hui de la posséder toute entière, il en résulte un appauvrissement du scientifique qui, égaré dans sa spécialité, néglige les autres branches, même très proches, et perd le sens commun.

 

            On peut comprendre l’attrait de ces scientifiques de haut niveau à tenter de vulgariser leurs connaissances  afin de sortir de leur tour d’ivoire. Et chacun d’y aller d’une théorie dépassant  largement les limites de leur compétence, mais devenant crédibles en fonction de la notoriété acquise dans leur domaine restreint et reconnue pas leurs pairs. Ajoutez à cela les pressions médiatiques qui s’exercent en tous sens, et vous avez des personnalités de valeur qui se fourvoient.

 

            On n’oserait dire que beaucoup de chercheurs de pointe ne sont que des manoeuvres, des manuels affectés toujours à la même tâche, et pourtant combien d’entre eux seront capables de faire preuve d‘intuition créatrice le moment venu ?  

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 14:23

            C’est toujours une imprudence d’annoncer la réalité de ce dont n’est pas certain avec une probabilité proche de un. L’ennui, c’est que chacun se donne la probabilité qui lui convient et qui n‘a rien de mathématique, ni même résultant de statistiques, lesquelles se doivent d’être éprouvées.

 

            Et un fait n’est jamais strictement la répétition d’un autre fait, l’expérience fait défaut. Ce n’est que par la répétition des déconvenues qu’on devient prudent, sinon, on se croit à l’abri de toute surprise en émettant des réserves, mais au plus celles-ci sont nombreuses, au plus l’assistance vit un suspense qu’elle croit intentionnel. Et la déconvenue est accrue d’autant.

 

            Neuf chances sur dix…entend-on fréquemment pour qualifier un fait plus que probable, pratiquement certain, mais pas absolument sûr, car un  imprévu peut toujours se produire. A chiffrer ainsi, on se donne l’illusion d’être dans le domaine de la prévision (scientifique) plutôt que dans celui de la prédiction (annonce quelque peu surnaturelle ou fétichiste, comme le petit doigt me dit que…)  

 

            C’est logique, prétend-on, mais que de choses fausses se présentent au nom de la logique, laquelle n’est qu’une couverture pour soigner l’apparence ! Agir au nom de la logique exigerait au moins un certain consensus, alors qu’on s’aperçoit que chacun se mure dans sa propre « logique », ce qui amène à de véritables dialogues de sourds.

 

            Les protagonistes exposent chacun leurs propres conceptions, posent des questions et y répondent eux-mêmes, sans écouter, sans même entendre les arguments de l’autre, qui pourtant pourraient les aider à résoudre leurs propres interrogations. Mais alors qu’ils sont dans un débat qui pourrait être fructueux, ils se contentent de monologuer. Comme s’ils n’avaient plus à s’interroger.     

 

            Essayez donc, lors d’une conversation à plusieurs, de glisse une remarque mal placée, hors sujet, farfelue, chacun continuera son monologue sans s’apercevoir de votre intervention. Aussi est-ce remarquable d’entendre un conférencier s’exprimer « alors qu’on entendrait une mouche voler ». Ce peut-être évidemment parce qu’il endort son public – le fait est courant, notamment en début d’après-midi - mais aussi parce qu’il le captive.

 

            Après cela, le débat, s’il peut suivre, est toujours enrichissant, pas seulement pour ceux qui ont écouté avec attention, mais aussi, et surtout peut-être - pour le conférencier. S’il n’y a pas débat, par contre, les auditeurs, au moins certains d’entre eux,  peuvent être déçus, comme s’ils n’avaient écouté qu’un lecteur de textes.  On peut dire en effet de très belles choses sans en être l’auteur. 

 

            Certains se limitent à l’écoute de conférenciers, c’est déjà mieux que de se scotcher devant sa télé, d’autres donnent au débat qui suit tout son intérêt, et il en est qui préfèrent une participation plus active dans des ateliers de réflexion où l’on peut discuter d’un sujet tout à loisir, comparer les points de vue, sans  pour autant se sentir obligé de se rallier à l’avis majoritaire.

 

            C’est d’ailleurs le « non rallié » qui apporte le plus souvent le sel nécessaire à tout débat. Pourquoi débattre d’un sujet qui ne soulève pas d’objections, quel intérêt peut présenter ces « grandes messes » où se congratule ? Sauf évidemment à se conforter dans les opinions qu’on avait, mais où est alors le débat ?   

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 14:28

            Sans jamais croiser un regard…Avec la télé, lors des informations, peut-on dire que l’on croise un regard, le regard que le présentateur, ou la présentatrice, adresse à son texte pour vous le réciter en feignant de regarder les téléspectateurs droit dans les yeux ?

 

            Lors d’une interview, le regard de la personne interrogée se dirige plus souvent vers le micro, son interlocuteur en quelque sorte, que vers la caméra, éventuellement cachée à sa vue, « pour qu’elle reste naturelle », comme si s’adresser à un objet pour lui parler était dans la nature des choses.

 

            L’homme moderne se sert de ses yeux pour regarder, mais ce n’est plus souvent pour regarder l’autre, son vis-à-vis, mais une représentation, un fantôme. On le prend parfois à lier conversation avec des apparitions à l’écran. Et comme l’autre ne lui répond pas, il se met à parler tout seul, sans partage, comme s’il était le seul maître à bord.

 

            Sans contradicteur, il a toujours raison, de là à se croire tout-puissant, il n’y  qu’un pas qu’il franchit allégrement. Et comme, par ailleurs, tout ne se passe pas aussi bien, il se réfugie dans une solitude mentale, complice de ses pensées.   

 

            Mais, à se sentir le plus fort, il faut le montrer. Mais à qui, sinon aux autres ? Et d’apprécier d’être remarqué, interrogé, sans subir l’outrage d’être jugé, peut-être mal, par la réprobation, pire l’indifférence, que le regard des autres peut manifester. Et, à défaut d’être remarqué soi-même, ce n’est pas facile pour le commun des mortels, de se mettre dans la peau de celui qui l’est, de se confondre avec lui afin d’en partager la satisfaction.    

 

            D’où l’abondance aujourd’hui, des micros trottoirs, des sondages, des émissions ouvertes à tous, de la mise en avant de personnes  quelconques afin que chacun puisse s’y reconnaître et participer…sans échanger un regard. Et pourtant, le regard ne signifie pas grand-chose, c’est l’échange de regards, « dans le blanc des yeux »  qui importe,  l’intercommunication de deux êtres qui se livrent l’un à l’autre.

 

            Ne dit-on à celui dont on doute « regarde moi dans les yeux », persuadé qu’ainsi on pourra juger de la véracité de ses dires. Car il faut être bien fourbe pour mentir avec les yeux, alors que c’est aisé avec les mots qui sortent de la bouche. Comme si les yeux donnaient d’emblée la vérité, que les lèvres prenaient le temps de déguiser. 

 

            C’est peut-être pour cela que les regards ne se croisent plus directement, qu’on passe par des appareils intermédiaires que la technologie multiplie, pour se donner une composition flatteuse, conforme, non à ce que l’on est et que l’on veut parfois cacher,  mais à ce que l’on désire être vis-à-vis des autres et que l’on voudrait alors faire partager, ne serait-ce que pour s’en convaincre soi-même. 

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 08:32

            L’instituteur, qu’on appelle aujourd’hui professeur d’école, c’est celui qui établit, qui instruit, c’est-à-dire celui qui, à partir de rien ou presque, donne à chaque enfant les bases essentielles pour l’amener à devenir un citoyen à part entière. Le professeur, c’est celui enseigne des connaissances particulières.

 

            Partant de telles définitions, on peut envisager que l’instituteur, le professeur d’école donc, est un polyvalent, aucun domaine ne lui étant fermé, mais jusqu’à un certain niveau correspondant aux enfants de onze ou douze ans, encore que, il n’y pas si longtemps, c’était jusqu’à quatorze ans et le certificat d’études. Le professeur, pas pour tous, prenait le relais pour approfondir les connaissances de base et en faire acquérir de nouvelles. 

 

            Aujourd’hui, la donne est différente et ceux qui quittent le primaire, l’école élémentaire, se retrouvent au collège. Continuité donc dans la formation scolaire, au moins pour les élèves. Car pour ce qui est des enseignants, ils passent de un par classe – capable de répondre à tout, et certains élèves ne s’en privent pas pour l’interroger- à huit ou neuf – spécialisés chacun dans une discipline particulière, sans relations pédagogiques (ou presque, une réunion de temps à autre) avec leurs collègues.

 

            Il s’ensuit, pour les élèves, c’est quand même par eux que l’école élémentaire et le collège justifient leur existence, un passage pas du tout évident et pour beaucoup déroutant. A eux de s’y faire, évidemment. Mais du côté des enseignants, à première vue, il peut sembler dévalorisant pour un prof de collège de n’enseigner qu’une seule matière, alors qu’un prof d’école est polyvalent. A première vue seulement, car à leur croire, enseigner une seule matière ce serait mieux que d’être capable d’en enseigner plusieurs.

 

            Etrange en cette époque où la polyvalence est portée au pinacle…sauf dans l’enseignement. C’est qu’ils se défendent sur le plan de la qualité. Comment peut-on faire apprendre deux matières au lieu d’une ? Comme si le français et l’histoire, les maths et la physique devenaient subitement incompatibles entre juin et septembre parce qu’il y a changement d’écoles pour les élèves. Comme s’il y avait une rupture brutale dans l’enseignement donné que pourtant les enfants se doivent bien d’encaisser. 

 

            Evidemment pour celui qui obtenu ses diplômes il y a quelques décennies, et qui enseigne toujours la même et unique matière depuis, ce ne doit pas être évident de risquer de se lancer dans l’inconnu, une véritable reconversion traumatisante pour certains, mais pour les autres et notamment les jeunes, n’est-ce pas, au contraire, une valorisation de leur savoir ?

 

            Que penserait-on aujourd’hui, dans ce qu’on appelle le privé, d’un candidat à un emploi qui en serait resté aux méthodes d’il y a trente ans, alors que l’informatique, pour ne prendre qu’elle, ne concernait que quelques spécialistes ? La sécurité de l’emploi ne signifie pas que celui -ci ne puisse pas évoluer au cours des années. A s’accrocher à des « avantages acquis » dans le passé, on perd rapidement de vue d’autres que l’on est capable d’acquérir dans le présent pour s’assurer l’avenir.

 

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 09:51

            Sans repères, acquis peu à peu au cours des années, mais disparus dans la mouvance d’un monde en pleine transformation, l’adulte s’angoisse. En lieu et place des certitudes qu’il s’était forgé au cours du temps, en croyant son chemin tout tracé pour l’avenir, professionnellement, mentalement, il se retrouve désemparé, sans le moindre repère, après avoir perdu son emploi, par exemple, alors qu’il espérait faire carrière, avec des enfants qui prennent leur indépendance alors qu’il les avait maternés deux décennies durant, avec des copains ou des amis, des proches qui disparaissent de son paysage, il perçoit qu’il vieillit, qu’il a perdu son enthousiasme de départ quand il pensait que tout lui était promis.

 

            Et pourtant, il avait bien construit sa vie, peser les pour et le contre en chaque domaine, au sortir d’une adolescence, mal vécue parfois, mais dans un monde d’adultes qui lui paraissait alors quelque peu figé dans les conventions et les routines, un monde qui devait – tout au moins suivant sa propre perspective ressembler à celui des ses parents et de ses grands parents. C’est lui qui avait dû se trouver des repères dans l’immobilisme de son environnement.  

 

            Mais les adolescents d’aujourd’hui, dans un monde qui bouge trop vite, et depuis qu’ils sont nés, n’ont pu se construire comme leurs aînés, ils n’ont pu trouver dans la ou les générations précédentes, le sol ferme à partir duquel ils auraient pu échafauder leurs propres conceptions de la vie en société. Le cercle proche des adultes, aussi déboussolé, ne pouvait leur servir d’exemples à suivre ou à ne pas suivre,  bien au contraire, c’est à eux qu’on s’adressait parfois, leur demandant aide et conseils, à l’inverse de ce qui aurait dû se faire, car, les performances techniques et les conceptions sociétales évoluant trop vite, ce sont eux qui en bénéficiaient les premiers.

 

            Alors, ne maîtrisant plus le temps, ils courent au plus pressé, en dehors de toute référence traditionnelle, mais dépassée, manifestent leur engouement pour des religions ou des sectes qu’ignoraient leurs parents, se lancent à corps perdu dans l’humanitaire ou l’écologie pour en revenir parfois convaincus, souvent déçus, forment des bandes au hasard des rencontres, pour ne pas sombre dans un mortel ennui, expérimentent alcool, tabac et autres drogues et en deviennent souvent dépendants. Sans trouver pour autant ce qu’ils recherchaient par-dessus tout, donner un sens à leur existence.

 

            Les générations précédentes se transmettaient de multiples repères que les adolescents suivaient ou transgressaient, provisoirement ou définitivement. Il importait peu qu’ils soient acceptés tels quels ou bannis pour raison de modernité, ils existaient, et la disparition de certains entraînaient la naissance d’autres. On connaît les sempiternels débats entre les anciens et les modernes, les conservateurs et les progressistes, les uns et les autres s’appuyant sur des démonstrations qui se tenaient. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

 

            Lorsque s’affrontent des opinions opposées, elles ne recherchent plus le compromis, sur lequel on pourrait s’accorder, un repère valable, mais à se conforter chacune à l’aide d’arguments, de moins en moins acceptables pour l’autre, jusqu’à tomber dans l’absurde pour celui qui peut prendre le moindre  recul ou, plus simplement, n’est pas impliqué dans le débat. Cela se passe entre adultes se prétendant responsables, est-là que les adolescents trouveront des repères solides, à partir desquels ils pourront se forger leur propre opinion 

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 09:24

           Un repère ne signale pas une autorisation ou une interdiction, ce n’est pas une limite à ce que l’on peut faire ou ne pas faire. Il peut donc être individuel ou collectif. Un repère pour l’un peut ne pas être un repère pour l’autre. Il n’importe pas de dépasser un repère ou ne pas aller jusque là. Un phare dans la nuit noire ou le brouillard est un repère pour les marins, mais chacun en tire les informations qui l’intéressent. Une borne kilométrique sur une route nationale est un repère, elle n’a rien d’une limite.

 

            La bande blanche qui sépare les deux sens de circulation est une limite à ne pas franchir mais aussi un repère pour circuler avec sécurité, limite et repère différent. On peut tend vers une limite, qu’en principe on n’atteint jamais puisque c’est précisément une limite. Cela n’a aucun sens de tendre vers un repère, il n’est pas fait pour être atteint, il est. On reste en deçà d’une limite, tout au long de l’existence on va naviguer d’un repère à l’autre, suivant les circonstances. Dans la vie sociale, les repères nous sont propres, individuels ou partagés par d’autres, les limites nous sont communes.

 

            Prenons une feuille de papier, les limites, communes, sont les bords de la feuille, mais chacun pourra s’y repérer comme il l’entend, par exemple par rapport à un bord, ou au centre de la feuille, ou d’un point ou d’une courbe qu’il tracera. A l’intérieur de limites communes à ne pas dépasser, même à ne pas atteindre, chacun pourra y découvrir ses propres repères et naviguer ainsi d’un repère à l’autre. D’une feuille de papier à l’autre, toujours limitée par ses bords, chacun, disposant de ses propres repères, la remplira à sa manière. Sans le moindre repère de sa part la page restera vierge ou se remplira d’un gribouillis, comme l’enfant qui tient un crayon dans le but de se servir de la mine, pas de remplir la page. 

 

            Un enfant se construit ses propres repères, sans intervenir regardez-le jouer, pas question de limites à ne pas dépasser, ni même atteindre, mais des repères, son imagination en crée au fur et à mesure que le temps passe. Il se construit un monde à sa manière, rien ne s’y oppose. Peu importe que sa petite voiture perde une roue ou que sa poupée soit unijambiste, il est dans le virtuel, un virtuel pour nous car pour lui c’est le réel.

 

            C’est en se heurtant au monde qui l’entoure que peu à peu il prendra conscience de limites (on ne met pas sa main sur le chauffage parce que ça brûle…) et se construira des repères (attendra que cela ne fume plus avant de boire tiède…), et la nature étant ce qu’elle est, l’enfant acquerra à la fois la notion de repères propres et d’autres qu’il partagera avec les autres enfants de son âge, comme les premiers pas ou le lancer de ballon.

 

            Mais, dans un monde qui bouge plus vite que l’acquisition relativement lente de repères, c’est la débandade, ce qui est vrai à un moment et en un lieu donné ne l’est plus un instant plus tard ou dans un autre lieu ; c’est la perte des repères difficilement acquis, l’angoisse d’en être dépourvu, de ne pouvoir se donner le temps d’en acquérir d’autres.

 

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 10:55

           

            Première page, une dictée… une dictée quotidienne, ainsi d’ailleurs que la récitation des tables de multiplication, de quoi bien démarrer une journée d’école primaire, dont le but était d’obtenir à la sortie des élèves sachant lire, écrire et compter correctement. Non que les capacités intellectuelles et mentales étaient les mêmes d’un élève à l’autre, il y avait des notes de vingt à zéro, des enfants qui n’atteignaient pas le certificat d’études et d’autres qui continuaient bien au delà, mais au moins chacun pouvait accéder à un socle commun, car comment vivre décemment en société en ne sachant ni lire, ni écrire, ni compter ?

 

            Certes tous les mots qu’on apprenait, on ne s’en servait pas tous les jours, la conversation courante n’en comprenait que quelques centaines, mais au moins ceux-là, on ne connaissait l’orthographe et la signification classique, et on les utilisait à bon escient, même par écrit pour envoyer des lettres à ses proches ou à ses copains. Etre précis, c’est éviter pas mal de mauvaises interprétations, que de malentendus naissent aujourd’hui parce que…l’on n’entend pas ce que l’autre veut dire, avec un vocabulaire beaucoup trop limité pour faire sentir toutes les nuances nécessaires à son interlocuteur. 

 

            Mais où sont les enseignements d’antan ? Non que c’était l’âge d’or, ce serait trop facile de l’imaginer en désespérant de la situation actuelle et en prônant un retour à un passé révolu dans un monde en pleine évolution tourné vers l’avenir, mais peut-être serait-il bon, au delà de toutes les réformes qu’on ne cesse d’appliquer à l’Education nationale, que « savoir lire, écrire et compter » reste le sésame indispensable à l’intégration de chacun, quel que soit son environnement sociétal.

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 17:21

            A se livrer à l’étude des moeurs animales, à une époque pré – darwinienne,  il n’était pas pensable de déclarer  publiquement que l’espèce humaine puisse être assimilée à ces animaux, lesquels n’avaient que des instincts alors que l’homme est intelligent, mais où sans doute certains esprits en envisageaient l’éventualité. Aujourd’hui, la filiation n’est plus remise en question, l’évolution est certes refusée par quelques intégristes créationnistes, mais la pauvreté de leurs arguments renforce les évolutionnistes dans leurs profondes convictions.  

 

            On peut certes constater que la plupart des animaux ne semblent pas comprendre facilement ce qu’on tente de leur expliquer, et même les familiers comme les chats et les chiens (ne parlons pas des poissons rouges, pourtant eux aussi familiers) semblent rester de marbre devant nos expressives gesticulations.

 

            Est-ce parce que nous leur sommes tellement supérieurs, une différence donc de nature, ou parce que, nous étant trop éloignés de notre milieu naturel, nous sommes incapables de l’interpréter, auquel cas ce serait une différence de degré, laquelle ne serait pas en notre faveur.

 

            Les animaux de la même espèce se comprennent-ils mieux que les êtres de l’espèce humaine ? A en juger par nos observations, à condition de s’y adonner sérieusement, il semble bien que ce soit le cas. Certes on objectera que la complexité de notre cerveau augmente les risques d’incompréhension, mais pourquoi alors n’augmenterait-elle pas, corrélativement, les chances de compréhension ?

 

            Et à  estimer l’animal comme nous étant inférieur, n’est-ce pas à nous à nous faire comprendre de lui ? Ne tombons pas dans le piège d’un raisonnement qui  considérerait les autres comme des imbéciles parce que nous ne réussissons pas à nous expliquer, comme ces profs pour qui la plupart des élèves, d’une année sur l’autre, ne sont que des cancres.

 

            Nous sommes bien dépourvus devant des gestes animaux simples, comme celui du chat qui miaule à la lune, ou le chien qui fait le loup quand il se retrouve seul à la maison. On se retranche souvent derrière le fait que l’animal ne parle pas, mais est-ce que pour autant, avec un peu de bonne volonté, on n’arrive pas à se faire comprendre d’un étranger ou d’un sourd-muet, sans se comprendre par la parole, par gestes notamment ?

 

            Il n’y a pas encore si longtemps, on hésitait à considérer certains étrangers d’autres communautés n’ayant pas nos coutumes comme des êtres humains à part entière, comme si nous étions le rameau le plus évolué de l’évolution et que d’autres s’en écartaient. Et, à examiner la conduite de certains « civilisés », on est encore en droit de se demander s’ils ont bien intégré le fait que l’espèce humaine soit une. Qu’ils ont une tendance, sinon à établir une différence profonde de nature entre les êtres humains, au moins à envisager l’existence de seuils, du type pensée réfléchie, certes franchissables dans le sens de la perte (folie, perte de la mémoire, ou autres), mais inaccessibles dans l’autre sens, avec aucun espoir pour certains d’y accéder de par leur nature d’êtres inférieurs.

 

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 11:25

            A tout effet, il faut trouver une cause, effet et cause étant indissolublement liés. Tout fait est un effet d’une cause ou la cause d’un effet. Mais le fait lui-même, pour être ainsi qualifié, a été isolé de son contexte, et pour passer de la cause à l‘effet, comme d’ailleurs pour remonter de l’effet à la cause, il nous faut rétablir une liaison entre deux éléments artificiellement isolés, qui peut être ou ne pas être la bonne, car de multiples liaisons sont possibles. Sauf dans le cas où les deux faits considérés, la cause et l’effet, sont un seul et même fait qui a été scindé en « cause » et en « effet », alors qu’ils étaient dans la continuité l’un de l’autre, et rein d’autre n’interférait.

 

            On pourrait même dans ce cas que l’effet soit la cause et la cause l’effet, ce qui est d’ailleurs utilisé lorsque l’on parle de cause finale, c’est-à-dire que l’effet se manifeste avant la cause. Si vous faites chauffer de l’eau sur le feu, elle finira par bouillir, la cause est la pose de la casserole sur le feu, et l’effet l’eau qui bout, mais on peut aussi dire que la cause finale étant de faire bouillir de l’eau, cela a entraîné la pose de la casserole sur le  feu, l’effet, alors qu’il s’agit d’une seule et même opération : le chauffage d’une casserole d’eau.

 

            On est sûr d’une relation de cause à effet que dans le cas d’une continuité, et dans ce cas-là, il n’y a plus de cause ni d’effet, puisqu’il s’agit d’un seul et même fait. Sinon, on risque fort de se tromper, d’autant plus qu’on opère souvent de la manière suivante : un fait est prétendu la cause d’un autre parce que on supprime ce fait-cause, il n’y a plus de fait-effet. L’affirmation peut laisser à désirer, car peut-être que, simultanément à la cause apparente, un autre fait ne s’est pas non plus produit, le fait qualifié d’effet ne se produisant qu’en présence des deux faits-causes.et non d’un seul, parce que les trois faits sont en corrélation l’un avec l’autre, et peuvent constituer un seul est même fait.

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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 08:32

            La civilisation que nous proposons en modèle au reste de l’univers est celle du gâchis : gâchis d’objets, d’hommes et d’âmes. La mondialisation s’est peut-être faite trop tôt, ou trop tard. Trop tôt parce que, avec le formidable développement industriel que nous avions connu, nous nous sommes trop équipés, non seulement de l’indispensable mais surtout du superflu,  par rapport au reste du monde qui en restait au niveau de notre vie sociale des temps anciens, et à un niveau matériel presque inexistant selon nos critères.Trop tôt aussi pour avoir eu le temps d’analyser ces richesses et de les soumettre à des critères d’une certaine moralité.  Trop tard parce qu’à s’être endormis dans la facilité et les apparences de confort et de bien-être, nous n’avions plus les ressorts nécessaires pour adapter ce qui nous appelons le progrès aux mentalités des peuples que nous colonisions, cette fois-ci pour étendre nos marchés, car pourrait-on employer le mot de civilisation sans le galvauder en « civilisation « du bien-être et des loisirs ». ?   

 

            En fait, pour que notre civilisation eusse pu naturellement influencer les autres sans les détruire, il eut fallu les accompagner dans leur développement, et non leur imposer nos points de vue, si c’est avoir des points de vue que de vouloir exporter à la fois et sans discernement nos qualités et nos défauts. Car des qualités, nous en avions. Un peu pêle-mêle, l’éducation, la formation, la culture, nos définitions de la liberté individuelle, de l’égalité de tous devant le loi, de la démocratie, du respect dû à la personne humaine, de tant d’autres encore. Nous avions beaucoup à apporter à d’autres, qui pour diverses raisons n’avaient pu accéder à notre niveau, à leur proposer, non à leur imposer.   

 

            Ce n’est que récemment, très récemment, que le gâchis a pris le pas sur l’utilitaire, sur ce qui était nécessaire, le minimum vital ou un peu plus, nécessaire à l’épanouissement des individus, au développement de leur personnalité. Notre civilisation aujourd’hui, on ne sait plus nous-mêmes en quoi elle consiste. Quand des missionnaires évangélisaient les terres lointaines, ce n’était pas toujours dans un cadre évangélique, mais au moins ils avaient certaines croyances .bien définies. Peut-on en dire autant aujourd’hui ? Avons-nous encore conscience de ce que peut-être une civilisation, ensemble des caractères propres à la vie culturelle et matérielle d’une société humaine ? En avons-nous même le souci ? On ne se préoccupe plus que de biens matériels, ceux qui les possèdent, comme ceux qui voudraient les posséder. Et ceux qui possèdent beaucoup, vraiment beaucoup, en voudraient encore davantage, au moins autant que leurs voisins plus fortunés qu’eux, et sans pour autant s’inquiéter du sort de ceux qui ne possèdent rien ou si peu..

 

            Parce qu’il faudrait partager, et que dans le domaine matériel ce qui se partage se fait entre un donneur qui perd quelque chose et un receveur qui le reçoit. Et bien que beaucoup n’aient rien, c’est le gâchis à tous les étages, personne n’est heureux, les gadgets ne satisfont personne, et l’ennui règne, universel et permanent au lieu d’être localisé et intermittent. Et c’est cela que nous voudrions exporter, que nous exportons sur toute la planète : l’ennui, la solitude, la violence, selon les propos de Cesbron. il y a  une trentaine d’années, et encore plus d’actualité aujourd’hui.  

           

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