Mentir, selon le dictionnaire, c'est affirmer ce que l'on sait être faux ou nier ce que l'on sait être vrai. On peut donc, sans pour autant mentir, affirmer ou nier des choses dont on ne sait pas si elles sont vraies ou fausses. On en arrive à penser alors qu'à ignorer les choses, on ne puisse pas mentir à leur sujet, le mensonge n'étant finalement réservé aux spécialistes. A l'avocat par exemple qui, sachant son client coupable, affirme le contraire pour le sauver. Au juge qui, convaincu de l'innocence d'un accusé, le condamne quand même, obéissant à d'autres considérations.
Mais on peut mentir aussi en parlant de soi, que l'on est sensé plus ou moins connaître, c'est-à-dire affirmer le contraire de ce que l'on pense vraiment, se mentir à soi-même en même temps qu'aux autres, et c'est sans doute, et de loin, le mensonge le plus répandu. Et le plus dangereux aussi, car on n'a jamais assez de mémoire pour retenir tous ces mensonges-là. On finit toujours par se trahir et perdre ainsi la confiance que les autres pouvaient avoir en nous. ”Le mensonge, c'est pas mon truc”, c'est ce que chacun devrait méditer avant d'ouvrir la bouche ou prendre la plume.