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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 16:16

            Sa langue a fourché, il a dit un mot pour un autre. Deux cas peuvent se présenter. La plupart du temps, l’homme (l’être humain  en général car ce n’est pas une question de sexe) se reprend lui-même, se rendant compte de sa méprise et on lui laisse entendre que ce n’est pas sans raison, qu’il a laissé parler son cœur ou que son inconscient a répondu à sa place, à voir car ce n’est pas toujours le cas.

 

             Mais il est d’autres circonstances où l’individu, que l’on reprenne sur le champ ou plus tardivement, est convaincu d’avoir prononcé le mot qu’il fallait alors que l’assistance unanimement en a entendu un autre, c’est-à-dire qu’entre la volonté du cerveau et l’expression qui est sortie de la bouche, une distorsion s’est introduite. Peut-être rien à voir avec le fait de vouloir répondre avant d’avoir écouté toute la question.

 

             Il y a aussi les phrases que certains sont convaincus d’avoir entendu et qui pourtant n’ont pas été prononcées, comme celle-ci : « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » au lieu de « les promesses n’engagent que ceux qui les avancent », car  il paraît raisonnable de s’engager sur les promesses que l’on fait et non celles qu’on nous fait. Ce qu’il fallait démontrer, dirait-on.

 

            Eh bien non, la première des deux phrases fait son chemin et l’on peut l’entendre. C’est que faire des promesses et ne pas les tenir est devenu tellement courant, notamment dans le domaine politique où il s’agit de se faire élire sans pour autant se sentir engagé par la suite. A tenir des promesses qu’on a faites parce qu’en face l’autre semblait les attendre, pratiquement les demander, même insister jusqu’à les obtenir. Alors, finalement, les demandeurs de promesses ne peuvent plus guère justifier leur déception par une simple naïveté qu’on a trompée. C’est au récepteur qu’il convient de faire le tri alors que l’émetteur peut à peu près tout se permettre, au récepteur de faire preuve de vigilance. 

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24 juillet 2011 7 24 /07 /juillet /2011 10:00

            Un ordinateur vous manque et tout est dépeuplé, pour en juger plus ou moins objectivement, rien de tel qu’une bonne panne, car peut-on mesurer ce qu’est l’absence de ce qui est toujours présent ? L’imaginer certes, mais l’imagination est trompeuse, elle minimise ou maximalise tout sujet sur lequel elle s’interroge. S’interroge-t-elle d’ailleurs ? Ne se contente-t-elle pas de négliger ou de dramatiser, de sélectionner un aspect de la chose, dans le bon comme dans le mauvais, et de le pousser plus loin qu’il serait raisonnable de le faire dans la vie réelle ? Comme dans nos rêves, où l’on ne parvient pas à se dépétrer de situations embarrassantes alors que le réveil suffit à tout évacuer. Ou d’états bienheureux qui semblent échapper à la marche du temps et s’évanouissent brusquement dans l’instant.

 

            Une bonne panne, d’une certaine durée, un mois par exemple, comme dans d’autres circonstances une séparation ou une privation inhabituelle, permet de mesurer le « dépeuplement » occasionné et qui, pour la même gène si tant est qu’on lui l’évaluer, varie énormément d’une personne à l’autre et d’une période à une autre. A condition que cela reste l’exception, car à alterner pannes et bon fonctionnement plus ou moins régulièrement s’établit un rapport particulier entre l’homme et la machine, le premier considérant comme aléatoire le fonctionnement de la seconde.        

 

            Sans la moindre absence, en période qu’on peut qualifier d’habituelle, de courante, l’imagination peut n’être pas pour autant en repos, il en est à qui pratiquement il n’arrive jamais rien de réellement marquant (quel sens donner à réellement ?), mais qui vivent au gré de leur imagination, noircissant des tableaux plus que satisfaisants d’amplifications démesurées de défectuosités de détail ou agrémentant une situation globalement détestable de touches encourageantes, selon qu’ils sont pessimistes ou optimistes de nature, les unes et les autres se prétendant d’ailleurs simplement réalistes.    

 

            « Nous aurons le destin que nous aurons mérité », disait en son temps et dans sa grande sagesse d’un homme d’expérience Albert Einstein. Sans doute exprimait-il alors le destin de l’humanité toute entière, mais n’est-ce pas aussi une réflexion qui s’adresse à l’individu quel qu’il soit dès l’instant qu’il est un être conscient ? Conscient, car comme ne pas l’être et s’intéresser au futur. N’est-ce pas précisément la définition de la conscience que d’être capable de distinguer ce qui est de ce qui n’est plus certes mais surtout de ce qui sera…peut-être ?  

 

            Les définitions ne manquent pas dans le dictionnaire (Larousse en l’occurrence) pour tenter de définir la conscience : sentiment naturel de notre être, de ses facultés et de ses actes ; sentiment intime d’un fait extérieur ; sentiment du bien et du mal ; sentiment intérieur qui pousse chacun  à porter un jugement de valeur sur ses actes… Comment posséder ce sentiment, cette conscience sans avoir…celles des trois temps, passé, présent, futur ?

 

            N’allons pas imaginer que cette connaissance nous est arrivée brutalement, pour notre espèce en mangeant une pomme au jardin d’Eden par exemple, il suffit de suivre un jeune enfant pour se convaincre de la progressivité d’acquisition, comme si à chaque nouvel être le chemin était à refaire, plus rapidement il est vrai, c’est-à-dire qu’il n’y a pas la connaissance de l’écoulement du temps en trois périodes distinctes et ensuite la conscience telle qu’on l’imagine, mais que cela va de pair, en corrélation et non en relation de cause à effet.

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23 juillet 2011 6 23 /07 /juillet /2011 08:49

            Discussions de bistrots, de « café du commerce » comme on disait jadis dès que la conversation dépassait les quelques mots échangés entre deux personnes au comptoir, le temps de finir le verre de bière, de vin ou d’alcool, que l’on prenait, faute d’avoir mieux, un temps toutefois parfois suffisant pour refaire le monde en s’échangeant les tournées. Le temps des confidences, de ces confidences que l’on ne ferait pas à un proche, ni même à quelqu’un que l’on pourrait revoir en d’autres lieux, mais que l’on n’hésite pas à confier à un inconnu. Parce que l’on ne risque pas de revoir la question mise sur le tapis à un autre moment, un moment qui ne conviendrait pas. Comme si on s’adressait à un miroir nous renvoyant notre propre image donc toujours de notre avis. A-t-on jamais vu un miroir, magique comme celui de la reine dans Blanche-Neige, répondre aux questions autrement qu’en confirmer son accord ? Et le compère joue ce rôle, complaisamment, à charge de revanche, sans doute.  

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 08:33

               Il y a soixante ans, avec des moyens restreints, l’élève à 95 % qui n’avait que son CEP, sortait du primaire en sachant lire, écrire, orthographier, faire un problème et une petite rédaction. C’était pourtant dans une école, dite difficile, puisque implantée dans la cité minière de la commune. Les classes ne comptaient pas moins de cinquante, cinquante-cinq élèves et même soixante. Il n’aurait pas fallu manquer de respect au maître. La semaine était de cinq jours pleins et les vacances moins fréquentes. A ce que je sache, l’enfant de maintenant est aussi éveillé, même plus, que l’enfant d’hier. Alors, il faudra qu’on m’explique.

 

            Quelques lignes, et c’est suffisant, pour résumer l’avis qu’ont aujourd’hui la plupart de nos compatriotes qui ont l’âge d’être grands-parents en comparant l’école primaire qu’ils ont fréquentée en leur jeunesse, la majorité sans aller au-delà,  et les résultats de l’école élémentaire et du collège aujourd’hui. Un abîme qui ne devrait échapper à personne entre le jeune de quatorze ans d’alors et celui d’aujourd‘hui, pourtant considéré comme plus éveillé, plus précoce et disposant de beaucoup plus d’outils pour s’instruire efficacement.  

 

            La langue est la même, plutôt simplifiée, plus directe, moins ampoulée, le stylo à bille en remplaçant le porte-plume a considérablement facilité l’écriture, notamment pour les gauchers toujours en peine avec les pleins et les déliés, l’orthographe est moins stricte, on en admet même parfois deux pour le même mot, la grammaire aussi, le subjonctif est tombé en désuétude, les règles de l’arithmétique n’ont pas changé, comprendre un problème ou rédiger quelques lignes sur un sujet donné est encore plus indispensable aujourd’hui qu’auparavant, avec le prodigieux développement des communications. Et, à seize ans au lieu de quatorze, deux ans de plus quand même, les « bases élémentaires » sont de plus en plus rarement acquises.

 

            Faudra-t-il patienter jusqu’au Bac + 5 pour tous, et l’âge qui avec, pour espérer donner aux jeunes ce qu’ils sont quand même en droit d’attendre de l’Education nationale pour, à leur tour, se considérer comme des adultes dotés de responsabilités et capables de les exercer ? Pour ne pas en arriver là, ne faudrait-il pas en revenir à « l’école d’hier », à des mesures et des méthodes qui ont fait leurs preuves pendant de nombreuses générations ? Passer outre à tous ces états d’âmes, parfois justifiés mais toujours dévastateurs, qui encombrent l’enseignement au point de lui faire oublier sa vocation première : celle de donner à tous les enfants de la République les bases nécessaires pour devenir des citoyens à part entière. 

 

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 05:39

              L’automatisation de la récolte a réduit le profit du glanage. C’est une pratique tout à fait légale. Le glanage est autorisé lorsque la totalité du champ est récoltée. Que dire de ces quelques paysans qui, pour empêcher les glaneurs, laissent une bordure inachevée ? Ou, pire, de ceux qui mettent un panneau « Interdiction de glaner » ? Les uns comme les autres sont heureusement une minorité à préférer voir leurs derniers légumes pourrir sur place.           

 

            Glaner, c’est « recueillir les épis échappés aux moissonneurs », et nombreux encore sont ceux qui se souviennent de ces journées à passer dans les champs de blé que la moissonneuse-batteuse venait tout juste d’abandonner. Pas toujours de fructueuses récoltes, on n’était pas tout seul à le faire, mais on avait au moins la satisfaction d’aller jusqu’au bout des choses, de ne pas gaspiller ce blé, bientôt transformé en farine au moulin, au bord de la rivière ou tendant ses ailes vers le ciel, puis en pain, la base même de l’alimentation. Mais on ne se nourrit pas que de pain, et glaner, c’est aussi « cueillir ça et là, ramasser ce qui a été abandonné, en parlant de choses diverses », comme les fleurs sauvages dans la campagne (les trois couleurs notamment, le bleuet, la marguerite et le coquelicot). Aussi et encore de la nourriture, les légumes les plus divers que la récolte à grande échelle laisse sur place, avec toujours ce désir de ne pas gaspiller, quand ce n’est pas  la faim qui y pousse, souvenons-nous de la dernière guerre.

 

            On est passé de la campagne à la ville, mais ceux qui inspectent nos poubelles pour y trouver quelque déchet « pouvant encore servir », ne sont-ce  les glaneurs des temps modernes ? Et comme glaner, au figuré, c’est « en parlant des choses de l’esprit, recueillir pour faire son profit », ne sommes-nous pas tous des glaneurs ? « Interdiction de glaner », que pourrait-il y avoir de pire ?   

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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 18:51

            On a vu fleurir ces dernières années beaucoup plus d’indications en faveur des personnes âgées, des handicapés, des femmes enceintes, des mères accompagnées de leurs enfants, que par le passé. Des étrangers visitant notre pays pourraient s’imaginer que le pays des droits de l’homme fait ainsi honneur à sa réputation, que nos compatriotes se conduisent entre eux le plus humainement qu’il soit possible et que le rappel n’est là que pour les en aviser, eux qui dans leur propre pays n’ont peut-être pas les mêmes  égards vis-à-vis de leurs semblables. C’est hélas à nos compatriotes, au moins à ceux qui se croient tout permis, que s’adressent ces injonctions en français qu’il n’est donc pas nécessaire de traduire en d’autres langues.   

 

            N’allons pas jusqu’à prétendre que dans le passé tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, qu’une personne en difficulté se voyait offrir spontanément l’aide nécessaire, que les hommes valides se levaient d’un bloc dans les transports en commun pour proposer leur place assise, mais au moins ils éprouvaient une certaine gêne à ne pas le faire, ils avaient conscience des handicaps. Aujourd’hui, c’est du chacun pour soi pour beaucoup, ce qui gangrène la vie des autres, ceux qui continuent à penser qu’on voit en société et que cela entraîne à faire quelques concessions.

 

            Les obligations et les interdictions se font de plus nombreuses et visibles, mais ne sont guère  respectées. Que les contrevenants ne le font même pas par bravade – où se nicherait alors la bravoure ?- ni par mépris vis-à-vis d’inconnus, mais tout naturellement, sans même se poser de questions. Ils marchent plus vite que d’autres, ils occupent le terrain, tant pis pour ceux qui ne peuvent pas suivre. Et à se faire – de plus en plus rarement – épingler, ils se rebiffent, offensés au nom de la liberté qu’à chacun de faire ce qu’il lui plaît. Alors multiplier les panneaux ou demander à ceux qui croient en une certaine dignité humaine de réagir mieux et plus souvent devant les incivilités dont ils sont les témoins ? 

 

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19 juillet 2011 2 19 /07 /juillet /2011 07:27

             Enoncer une idée vague, mais qui déclenche de fortes réactions parce qu‘elle flatte des tendances dans l’air du temps…flatter des tendances dans l’air du temps, est-ce cela faire du populisme ? L’air du temps, dans le passé, c’était plutôt des idées émises par un cercle restreint d’individus qui parvenaient, par leur opiniâtreté  défendre et à promouvoir des idées a priori originales, à diffuser ces idées suffisamment pour que peu à peu, décalées dans le temps qu’elles étaient à leur émission, elles perdaient leur étrangeté et flottaient ainsi dans l’air du temps, tolérées sans pourtant être adoptées, sauf si, les mentalités ayant changé, elles devenaient au goût du jour. 

 

            Côté émission, ce qui a changé, c’est la facilité et la rapidité de la diffusion. On peut depuis quelques décennies diffuser des idées sur toute la Terre, et même « en temps réel », surtout depuis la mise en place du réseau Internet. Ce qui était jadis très confiné, au point de l’idée émise était le plus souvent dépassée dans son lieu d’émission avant de parvenir, passablement déformée, à l’autre bout de la chaîne, peut donc être interprété, discuté, mis en  pratique, avant que l’environnement immédiat de l’émetteur ne songe à réagir.

 

            On connaît ce jeu de « Jacques a dit » qui consiste à mettre en cercle les participants, de communiquer  un message  à l’un d’entre eux, qui le murmure à l’oreille se son voisin, et ainsi de suite, avec un retour à l’envoyeur sans rapport avec l’initial, malgré la bonne volonté supposée du groupe à ne transmettre que ce qui a été entendu, sans l’interpréter. Ce qui est une utopie, puisque à l’audition comme à l’émission, décodage et codage ne peuvent être évités.   

 

            A une époque où les idées ne circulaient qu’à une vitesse très limitée, avant l’invention du téléphone par exemple, on s’interrogeait sur la transmission à distance par télépathie, définie comme un « phénomène de communication directe entre deux esprits dont l’éloignement réciproque interdit toute communication par le moyen des sensations usuelles » selon Larousse ou « sentiment de communication à distance par la pensée : communication réelle extra-sensorielle » selon Robert.  

 

            Adversaires ou partisans de la télépathie ne se préoccupaient pas – et ne se préoccupent toujours pas – à faire entrer en ligne de compte la vitesse de la lumière, l’important n’étant pas de discuter si la « transmission de pensée » se faisait de manière instantanée, à vitesse infinie ou à 300 000 km/s ou en deçà.             Ne serait-ce que l’on peut pas isoler la durée de la transmission due à la distance des durées nécessaires à l’émission et à la réception.

 

            Il s’agit d’une pensée, de quelque chose de construit, qui se doit d’être codée au départ et décodée, comprise et interprétée à l’arrivée, pas d’une transmission par ondes magnétiques classique dont on a pu depuis longtemps calculer la vitesse constante c. On reste là dans une relation classique de cause à effet : une émission de pensée à un moment donné et une réception postérieure à l’émission. On ne parle évidemment de télépathie que lorsque l’on peut avoir dans l’ordre : émission > transmission >réception. Si la réception constatée venait avant l’émission, c’est qu’il y aurait changement de rôles entre l’émetteur et le récepteur. Car la télépathie peut-être évidemment biunivoque.

 

            On parle déjà de télépathie quand il s’agit d’une simple idée. Quand par exemple deux personnes proches l’une de l’autre (physiquement, mais pas pour autant mentalement) ont au même instant la même idée, même si celle-ci est apparemment sans relation avec l’environnement qui leur est commun. Le fait est extrêmement courant et chacun d’entre nous l’a certainement éprouvé, à moins d’être toujours replié sur lui-même au point de ne jamais percevoir de messages extérieurs échangeables.

 

            Brutalement l’autre vous parle d’une chose qui n’a aucun motif à être abordé à ce moment-là et vous éprouvez l’impression qu’il exprime votre pensée que rien pourtant ne la laissait deviner. Généralement après une phase de silence, ce qui rend l’échange encore plus inattendu. Il arrive même, et ce n’est pas exceptionnel, que les deux partenaires sortent la même phrase au même instant, ce qui dénote alors une communauté de la pensée jusque dans le mode d’expression.   

 

            On peut supposer qu’il s’agit alors d’une réminiscence d’un fait commun, que tous deux ont vécu dans ders conditions semblables, même à des moments différents et chacun de leur côté, mais que cette réminiscence soit alors simultanée a quand même de quoi surprendre. Simple coïncidence ? Admissible si cela ne se produisait qu’une fois, même exceptionnellement, mais c’est relativement souvent le cas. Il s’agirait plutôt d’un échange entre deux personnes totalement en phase à cet instant précis, même si cela ne dure pas.

 

            Il n’y a plus un émetteur et un récepteur différenciés l’un de l’autre, ni même alternativement l’un et l’autre, mais confusion des deux dans chacun des partenaires, ou plutôt, car parler de confusion compliquerait la situation, que l’idée trouve deux partenaires en phase avec elle. A généraliser, une idée se trouve dans l’air…d’un temps propice à sa réception.

 

            Il n’y a pas à la chercher, à déterminer où et quand elle se trouve, à la positionner dans l’espace et le temps tels que nous les concevons, mais c’est alors qu’à l’image des ondes électromagnétiques, nous rejoignons la mécanique quantique, nous la voyons s’émettre et être reçue, mais entre l’émission et la réception, pour nous mystère ? Elle est à la fois partout et nulle part dans l’espace, nulle part et partout dans le temps, dans le passé, le présent  et/ou ou le futur que nous nous définissons.        

 

            Mais alors, pourquoi des idées nouvelles, originales voient-elles le jour, sans jamais avoir été imaginées, formulées auparavant ? Dès qu’on parle de formulation, et auparavant de formulation, nous sommes dans notre univers fait d’espace et de temps. Ce n’est plus d’idée, d’élément de base dont nous parlons, mais d’une construction que nous avons assemblée, et c’est cet assemblage qui apparaît comme nouveau, comme une création jamais réalisée auparavant. 

 

            Dès que l’assemblage se complexifie, que le nombre d ‘éléments de bas s’accroît, la probabilité d’obtenir deux ensembles  identiques diminue rapidement. Il en va de même dans le domaine des idées. D’où la nouveauté de certaines, mais à les décortiquer, à les décomposer en leurs éléments de base, on trouve l’originalité dans l’assemblage, dans l’application en des circonstances qui ne sont plus les mêmes.

 

            A relire certains auteurs passés, à remonter les siècles pour se plonger dans la pensée d’auteurs grecs d’il y a deux millénaires et demi pas exemple, un bel exemple il est vrai, y a –t-il beaucoup d’idées nouvelles émises depuis ces temps reculés ? Encore que vingt-cinq siècles, c’est moins d’une centaine de générations, avec un cerveau qui n’a pas dû changer beaucoup.

 

            Nous avons certes acquis beaucoup de connaissances, mais de là à nous croire plus évolués que ces gens d’alors, ce serait faire preuve de vanité. Et pas très réconfortant, car au rythme accéléré du développement des informations en tous genres de notre époque, que serions-nous aujourd’hui par rapport aux êtres que nous serons demain ? Et qu’étions-nous, il y a quelques décennies, par rapport à ce que nous sommes devenus ?  Des minables ?

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18 juillet 2011 1 18 /07 /juillet /2011 14:29

 « Tout ce qui a un prix est de peu de valeur » (Friedrich Nietzsche) 

           La valeur, selon Larousse, est ce que vaut une chose selon l’estimation qu’on peut en faire, valeur marchande, et aussi l’estime qu’on a pour les capacités, les qualités morales, le mérite d’une personne. Selon le Petit Robert, c’est ce en quoi une personne est digne d’estime et aussi le caractère mesurable (d’un objet) susceptible d’être échangé, d’être désiré.

             Il ne serait pas raisonnable de s’appuyer sur un seul exemple pour rechercher les différences qui peuvent exister entre les deux dictionnaires, d’autant plus qu’ici il n’y a pas concordance de date entre eux, une vingtaine d’années pendant lesquelles l’évolution qui s’est manifestée dans le langage n’était pas à négliger.  

            Tout ce qui a un prix…, le marché fonctionnant sur l’offre et la demande, la valeur marchande est ce que vaut une chose selon l’estimation qu’on peut en faire, ou mieux sans doute, le caractère mesurable (d’un objet) susceptible d’être échangé, d’être désiré. Faire une estimation est une chose, changer de mains en  une autre, il suffit d’assister à une vente aux enchères pour s’en convaincre. On pense aux objets, mais n’en va-t-il pas de même pour les salaires par exemple, où l’on vend  son temps et son labeur à un employeur. On pense aux objets, mais à ceux qui peuvent être échangés, il est des objets qui « n’ont pas de prix », qui ont une valeur inestimable. 

           Une valeur immatérielle, et ce ne sont pourtant que des objets, que penser alors des valeurs morales ? A partir des valeurs matérielles mesurables, on aurait une tendance à vouloir chiffre les valeurs morales, comme ces tribunaux qui dédommagent les victimes, faute de mieux il est vrai, mais à partir des valeurs  morales, on relativise plus aisément les valeurs matérielles, celles qui n’ont qu’un prix estimable.

 

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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 08:39

Apprendre, c’est prendre certes, puisqu’en apprenant quelque chose, on s’empare de ce que l‘on avait pas, on augmente son propre capital, mais on le prend pas à un autre, ce que nous possédons en plus  nous devient présent au lieu du néant, une information qui de potentielle (puisque nous étions dans la possibilité de la recevoir) devient réelle. Mais en recevant cette information d’un autre, qui ne l’a pas perdu pour autant, ce n’est pas comme dans une transmission de relais, un passage de l’un à l’autre, tel que celui qui l’a donné ne l’a plus.

 

L’information non encore reçue par une personne donnée peut être considérée comme potentielle dans la mesure où cette dernière est capable de la recevoir. Qu’elle le sera à la réception. Car il ne suffit pas d’émettre une information, une connaissance, un savoir pour que la réception se fasse. Entre l’émetteur et le récepteur ce n’est pas aussi simple qu’un passage de relais, où l’émetteur se décharge de l’objet pour le donner à un autre (encore que là aussi ce peut-être défectueux). On peut parler dans le désert, les enseignants en savent quelque chose.                 

 

            Enseigner et apprendre, deux opérations complémentaires, encore que mot complémentaire, bien que signifiant la participation à une œuvre commune, ne met pas l’accent sur le fait que, loin de perdre, de céder quoi que ce soit, l’émetteur ne peut que s’enrichir de la relation (à moins de dévoiler un secret qui n’a donc pas à être divulgué, ce qui sort, on en conviendra, du cadre de l’enseignement) quelle que soit la réaction du récepteur.

 

            Même si celle-ci est nulle, à l’émetteur de tirer la conclusion qui s’impose, il s’exprime mal ou le récepteur n’en est pas un  pour le sujet traité, ce qui ne l’empêchera peut-être pas d’en tirer quelque chose.  La liaison ne peut se faire que si les conditions de l’échange sont bonnes. Quand un conférencier s’adresse à un auditoire qui ne dispose que d’un nombre extrêmement réduit de mots, il ne peut faire passer que peu  de choses.

 

            Citons une  enquête qui concluait que la plupart des jeunes délinquants qui se retrouvaient en prison ou à la disposition de la justice ne disposaient pour s’exprimer (et donc aussi pour interpréter correctement ce qu’on leur disait) que d’un vocabulaire de l’ordre de quatre cents mots (ce qu’un débutant pourrait apprendre en quelques heures en espéranto, grâce au caractère agglutinant de cette langue  universelle). Le vocabulaire n’est pas tout, mais comment s’exprimer, avec un aussi faible bagage ?

 

            On peut comprendre comment naissent beaucoup de manifestations violentes pour peu que l’individu soit un peu susceptible, et il l’est d’autant plus qu’il ne peut exprimer les nuances de sa pensée. Il n’est pas question évidemment de prétendre que la délinquance est inversement proportionnelle à la richesse du vocabulaire assimilé, le manque de culture c’est autre chose et de brillants discoureurs peuvent être des malfrats, mais quand on ne peut s’exprimer correctement avec le langage, on peut se retirer la tête basse ou alors devenir violent. Deux solutions guère porteuses de dignité.

 

           Situation globale d’autant plus regrettable que partager le savoir n’est pas en priver le donneur pour en faire profiter le receveur, comme c’est généralement le cas des biens matériels, mais au contraire de se retrouver chacun ensuite bénéficiaire. Surtout quand la transmission se fait bénévolement, car de nos jours, il en est qui ramènent tout action à un niveau matériel, du style « combien cela me rapportera-t-il ? »  

 

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16 juillet 2011 6 16 /07 /juillet /2011 05:40

« Qui promène son chien est au bout de la laisse » (Serge Gainsbourg)  

 

            Ce doit être pour cette raison que, dès que c’est possible, l’humain, presque inconsciemment,  le laisse courir à sa guise, car finalement ce n’est pas le maître qui commande au chien, mais bien celui-ci qui impose à l’autre sa manière de vivre. Deux sorties quotidiennes, au moins, le maître croit en choisir le moment et la durée. Se convaincre que c’est lui qui dirige les manœuvres lui suffit, comme l’enfant assis à côté de son père sur le siège avant de la voiture s’imagine la piloter.

 

            Un bon exemple de relation maître/serviteur, ce qui importe à l’être humain, c’est de se voir reconnaître comme le décideur, celui dont dépend le sort des autres, mais comme les autres ne se laissent pas faire, pour le même motif, il reporte ce  désir sur l’animal, notamment celui qu’il qualifie de domestique, un mot qui n’a disparu que très récemment du vocabulaire usuel, pudiquement effacé au profit de gens de maison, de sa maison, moins celle de briques ou de pierre que celle où il peut se satisfaire des apparences d’une autorité, guère reconnue par ailleurs. 

 

            A l’autre bout de la laisse, il y a le chien, celui qui se fiche d’obéir ou de commander, qui s’efforce plus simplement de faire ce dont il a envie. Qui considère son maître comme le plus fidèle de ses serviteurs, lequel le nourrit, le promène, est aux petits soins pour lui. Quelquefois cette servilité de l’homme à son égard lui pèse mais il n’en fait rien voir, à chaque avantage, il a conscience qu’un inconvénient s’y associe, et comme les avantages sont beaucoup plus importants à ses yeux que les inconvénients, il trouve même plaisir, en sage qu’il ne manque pas d’être, à les assumer.

 

            Un maître, un chien, et une laisse entre les deux, avec de temps à autre l’échappée à un bout, soit le chien qui tire brusquement trop fort, soit le maître qui se lasse de ne plus se sentir libre de ses propres mouvements et rend, provisoirement, la liberté à l’animal, comme une faveur qu’il dispense à son gré, n’est-ce qu’entre l’être humain et l’animal qu’on le constate, n’est-ce pas plutôt l’image même des relations entre deux êtres, la laisse figurant la relation qui les unit ou les sépare.

 

            Pas seulement entre le maître et l’esclave, le patron et l’employé, le professeur et l’élève, les parents et leurs enfants, e t c, mais entre deux êtres quels qu’ils soient, avec ou sans relation convenue a priori de supériorité et d’infériorité. Un contact se définit peut-être comme des corps qui se touchent, mais il ne s’agit là que d’une définition grossière, exclusivement matérielle.

 

            Une relation, c’est autre chose, un rapport qui relie un objet à un autre, une laisse entre deux individus qui convient à chacun, si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer. Un lien qui comporte des droits et des devoirs, qui donc opère dans les deux sens, simultanément et alternativement.  

 

            On peut se sentir d’égal à égal dans une simple relation entre deux êtres, mais lorsque à un bout de chaque laisse on trouve le même, celui-ci peut s’imaginer, prétendre même être le maître, mais dans cet échange de droits et de devoirs, il jouit de beaucoup moins de liberté qu’à l’autre bout. Peut-on continuer à appeler maître un être privé de liberté ? N’est-ce pas ceux qui sont à l’autre bout qui peuvent s’estimer les plus libres ? 

 

            A condition d’en prendre conscience, ce qui est loin d’être toujours le cas, beaucoup s’en plaignent, s’insurgent, voudraient être à l’autre bout, c’est-à-dire à avoir des droits et guère de devoirs, alors qu’ils estiment avoir des devoirs à remplir et n’avoir guère de droits. Mais quelques-uns n’établissent pas une telle relation d’inférieur réclamant des droits à supérieur imposant des devoirs, considèrent la relation, non comme un lien agissant toujours dans le même  sens, l’un qui impose et l’autre qui se soumet ou se démet, mais une communication d’égal à égal, en dignité, même si les circonstances du moment nécessitent que l’un soit du côté du collier et l’autre de la poignée.  

 

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