Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 09:34

               Par-delà les attaques qui visent les personnes mais qui atteignent l’Etat, le moment est sans doute venu de réhabiliter le mensonge. Qu’il s’agisse de travestir la vérité ou d’oublier de la mentionner, ce gros péché cimente le lien social. Sans le mensonge, la vie de couple, la vie politique et la vie en société ne seraient pas possibles. Car le pieux mensonge et le vilain mensonge ont pour même objectif d‘épargner des sensibilités et de dissimuler des turpitudes. Certes, l’affabulation n’est jamais très éloignée qui brode, qui grossit, qui invente. Moins par méchanceté et par désir de nuire que pour amuser la galerie et pour donner un peu de peps à une réalité trop souvent dépourvue d’imagination. Bref, méfions-nous de ceux qui ne nous mentent pas. S’ils n’ont rien à cacher, c’est aussi parce qu’ils n’ont rien  à montrer.    

 

            Mentir, c’est donner pour vrai ce qu’on sait être faux ou nier ce que l’on sait être vrai, nous indique le dictionnaire. A moins que ce ne soit donner pour vrai ce que l’on croit être vrai ou nier ce que l’on croit être faux, car la première définition suppose la connaissance de la vérité, ce qui n’est pas donné. On peut croire vrai ce qui ne l’est pas, ce qui fait qu’en mentant on peut dire la vérité.             Mentir serait-il dire le contraire de ce que l’on pense ? Mais ne pense-t-on pas à la fois à la fois ce que l’on croit être vrai et ce que l’on dit être faux ? En mentant à autrui, on peut sans doute différencier les deux pensées, ce que l’on croit être vrai et que l’on garde pour soi et que l’on croit être faux et que l’on donne comme étant vrai. Mais est-ce que ce qui n’est pas vrai est faux ou est-ce que ce qui n’est pas faux est vrai ? 

 

            Un problème  mathématique simple a une bonne solution, vraie, les autres sont fausses. Mais peut avoir aussi plusieurs solutions bonnes. Donner une solution vraie ne signifie pas que les autres soient fausses, puisque parmi celles-ci certaines sont vraies. Mais ce n’est pas mentir que de donner une solution fausse alors qu’on la croit vrai.  Est-ce mentir que de dire que le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest alors que l’on sait que c’est la terre qui tourne autour du soleil. Le dire à quelqu’un qui a notre culture, cela ne le trompe pas, mais à quelqu’un qui ne le sait pas, n’est-ce pas lui mentir ?  

          Il existe de pieux mensonges, destinés à épargner des sensibilités, toute vérité n’étant pas bonne à dire. Pourquoi faudrait-il annoncer des vérités à ceux qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas les entendre. Mais aussi de vilains mensonges, dissimulant des turpitudes. Enoncer une vérité ou un mensonge consiste rarement en une phrase courte et simple, dire vrai ou faux à répondre sommairement par oui ou par non.   

 

            Affabuler, c’est se livrer à une arrangement de faits totalement ou partiellement imaginaires, pas faire de la science-fiction, un auteur de science-fiction ne ment pas, ce qu’il raconte n’est pas vrai, puisque c’est de la fiction reconnue comme telle. Certains, notamment des jeunes, affabulent couramment pour épater leurs copains et enjoliver leurs récits. Tout est dans la mesure .A affabuler un peu, la réalité devient floue et il y a mensonge s’il y a intention de tromper. A affabuler beaucoup, on fait rire de soi, on  ne risque pas de gober l’histoire, même si on fait semblant d’y croire, peut-on parler de mensonge ?   

 

            Mentir est dans l’intention. Si c’est pour plaisanter, faire de l’humour, que de mensonges ne sortirions-nous pas à longueur de vie ? Si c’est par politesse également, est-ce mentir que de dire à quelqu’un qui vous a marché sur les pieds que ce n’est rien, alors qu’il vous a fait mal et que vous n’êtes pas content du tout ? Et dans bien d’autres circonstances, il faut savoir interpréter autrui dans la vie en société sans pour autant le prendre pour un fieffé menteur.        

            Mentir est dans l’intention, et l’on peut aussi mentir par omission, ne pas dire ce qui devrait être dit au moment où il faudrait que cela soit dit. En se trouvant d’excellentes excuses pour ne pas l’avoir fait, en se mentant à soi-même, car ceci est courant, se mentir à soi-même pour se donner bonne conscience, comme si on le faisait vis-à-vis d’un autre, un autre qui pourtant n’est que soi. Mentir est dans l’intention, et le plus grave, c’est le mensonge par méchanceté, par désir de nuire.

 

Partager cet article
Repost0
24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 06:57

                Il ferait le monde, voire l’univers, une heure durant, sans fiches ni interruption Marc Degrève, professeur de philosophie, a organisé avec Thélème un café-philo sur le thème du « corps et de l’esprit » à l’hôtel Rachel, entouré d’une trentaine d’habitués et de curieux pensifs Le professeur débute par une véritable conférence d’une heure, « simple à comprendre et bien ficelée » avec toujours une petite touche d’humour Car c’est bien connu, les grands penseurs ne se prennent jamais vraiment au sérieux ! » Orateur hors pair, Jean-Marc Degrève n’a pas besoin de documents, et encore moins de diapos Le grand bonhomme déploie ses connaissances sans filet Faisant de ses conférences un vrai exercice de style. Arrive ensuite l’heure du débat. Chacun y va de son point de vue. Le professeur, un peu fatigué et en retrait, écoute les échanges, un soda à la main Par humilité, il n’interviendra pas, ou presque. Alors, l’esprit est-il rattaché au corps, ou pas ? Sans surprise, l’assistance n’aura pas résolu cette question séculaire, «  mais nous aurons tous passé un bon moment, c’est toujours cela de gagné » (Frédéric Benkel)   

 

            Une formule qui semble plaire de plus en plus aux adultes qui ne cherchent pas spécialement à suivre des cours de philosophie, et notamment de faire la connaissance de tous ceux qui ont laissé leur nom à la philosophie, mais plutôt d’en faire, de se poser eux-mêmes les grandes questions (qui ont certes intéressé tous les philosophes, mais qu’ils n’ont pas épuisé en n’y apportant que leur propre réponse), et d’en discuter, notamment entre eux, hors de tout enseignement traditionnel.  Sans  animateur, ce genre va un peu dans tous les sens, le groupe se sépare petits groupes qui discutent presque en aparté, on ne s’entend plus parfois, aussi une formule semble réunir la plupart des avis dans ces réunions qualifiées de café-philo.                

 

            Dix, vingt personnes, pas beaucoup plus autour d’un animateur avec un certain sujet, comme celui-ci : « l’esprit est-il rattaché au corps ? », un animateur qui expose plusieurs points de vue de philosophes (ils ont tant écrit !) ou autres personnages, les accompagnant, on non, de sa propre position, une heure durant, et, après, le débat s’engage entre les participants, l’intervenant…intervenant le moins possible pour laisser chacun s’exprimer à l’aise. Et moins il intervient, plus on constate que chacun participe, alors que s’il est assez directif, il se retrouve avec un ou deux participants qui ne sont pas de son avis, bloquant le débat pour les autres. La qualité de l’animateur n’est pas liée à son érudition, celle-ci au contraire peut bloquer un certain nombre de participants qui n’osent pas intervenir dans un débat qui semble les dépasser, ni à ses titres universitaires ou autres, car ce ne sont pas les titres ronflants qui garantissent des talents de meneur de jeu, nous ne sommes pas dans une conférence mais un débat. 

 

            C’est précisément dans la participation du plus grand nombre que se mesure sa qualité d’intervenant. La philosophie se construit davantage de questions que de réponses, et c’est l’échange qui importe dans ces réunions. Après un certain exposé préliminaire, nécessaire pour centrer le débat, c’est aux participants…de participer activement. Et à la répartition de leur satisfaction qu’on apprécie le meneur.                  

 

            Lorsque le groupe est bien constitué, on peut même envisager que l’animateur ne soit pas toujours le même, et « passe la main » à des participants qui se sentent capables de tenir le rôle, c’est le signe que l’opération porte ses fruits. Car enfin, la philo pour adultes n’est pas un cours de  rattrapage pour étudiants attardés, elle ne s’adresse pas à des jeunes qui ont tout à apprendre d’une formation livresque, mais à des êtres humains qui ont vécu leur propre expérience, et chacune est  différente, ce qui fait  l’intérêt de ces débats, alors que dans la formation initiale, il y a un moule auquel il faut se conformer, si l’on veut réussir ses examens. En universités, on suit un enseignement de la philosophie, plus tard, dans la vie, on commence à philosopher, n’en déplaise aux professeurs de philosophie traditionnels de la vieille époque.    

 

Partager cet article
Repost0
23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 07:01

            Il est des jours où  l’inspiration manque, où on se retrouve devant la page ou l’écran blanc, sans savoir sur quoi écrire. Dans ces moments-là, on sait que faire, ce n’est pas comme dessiner, avec un crayon entre les doigts, la feuille blanche peut toujours être attaquée, quitte à la froisser et à la jeter au panier quelques minutes après, mais écrire, écrire à soi en fait, pas écrire une lettre à quelqu’un, car là on dispose déjà d’une piste, encore qu’a voir le rédigé de la plupart des cartes postales, ce n’est pas l’imagination débordante qui préside, quelques mots à aligner, mais c’est trop. 

 

            Une lettre c’est déjà différent, on ne peut pas, sur une feuille, n’aligner que quelques mots, où les mettrait-on ? Pourquoi plutôt à droite qu’à gauche, en haut qu’en bas ? Non, pour une lettre, il en faut un minimum, alors pour ceux qui sont avares de mots écrits, c’est le téléphone qui a remplacé la lettre, puis la carte. On ne s’écrit plus, on se téléphone.

 

            De plus, les communications téléphoniques ne laissent pas de traces - sauf cas d’écoute, mais c’est quand même exceptionnel, heureusement pour ceux qui devraient écouter tout ce qui peut se dire -, et sans traces, ma foi, on peut dire n’importe quoi, pas question de raturer, de chiffonner le fil pour faite disparaître le message, c’est à la va-comme-je-te-pousse, vous en connaissez beaucoup qui font un brouillon de tout ce qu’ils vont dire à leurs correspondants ?

 

            Un brouillon justement, plus d’une lettre en exige, pour peu qu’elle soit importante ou qu’on la considère comme telle. Des brouillons qu’on commence bien, clairement, de manière à pouvoir les recopier ensuite, sans la moindre faute, et qu’on continue négligemment lorsque, emporté par le sujet, les pensées se bousculent au bout de la plume, de la bille ou de la mine. L’ordinateur a bien changé les choses.

 

            Alors que jadis une feuille dactylographiée en exigeait une parfaitement manuscrite, deux personnes donc pour la sortir, chacun aujourd’hui fait tout lui-même, et cette révolution s’est faîte en quelques années sans soulever beaucoup de vagues. Avant l’informatique individuelle, quel ingénieur ou technicien se serait abaissé à taper du courrier ? Maintenant, tout le monde s’est mis à taper sur un clavier, les dactylos ont disparu et les secrétaires font tout autre chose que du travail de frappe répétitif. .

 

            Répétitif, un travail l’est souvent  quand c’est un travail de commande, reste à celui qui l’exécute que la partie la moins intéressante, tandis qu’à tout faire soi-même, de A à Z, l’ensemble des tâches chaque fois diffère. Rien à voir avec la caissière du supermarché qui, bien qu’elle détermine un montant différent pour chaque client qui passe devant sa caisse, ne trouve de diversité que dans les conversations qu’elle a avec sa voisine, et le trottinement de l’horloge qui la rapproche de la sortie lentement de la fin de son service.

 

               Devant l’écran de l’ordinateur donc, lorsqu’on se trouve en pleine liberté d’afficher ce qui nous plaît, sans la moindre contrainte extérieure, on pourrait croire la frappe facile. Mais la liberté a un revers, elle ne vous facilite pas les choses. Un  travail de commande, même pas toujours bien accepté, vous met sur les rails, sans lui vous risquez parfois de vous perdre en pleine nature…et renoncer à aller plus avant.

 

            Aussi est-il nécessaire de s’imposer quelques règles de conduite, de se mettre soi-même en liberté surveillée en quelque sorte, ne serait-ce que toujours terminer une page commencée, en faire deux dans la journée, e t c …Pas d’épuiser un sujet car comment pourrait-il s’épuiser s’il paraît intéressant ?   

 

Partager cet article
Repost0
22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 06:56

            Le temps physique est souvent présenté comme une abstraction, comme une réalité éthérée, inaccessible, impalpable Ce point de vue est exagéré. Il existe une expérience – proprement métaphysique – du temps physique qui est celle de l’ennui : lorsque rien n’advient, lorsque rien ne se passe, nous éprouvons l’existence d’un temps évidé, débarrassé de ses travestissements et de ses chatoiements, gagné par l’autonomie, d’un temps sans élasticité, qui semble s’être dissocié du devenir et du changement. C’est ce temps mis à nu, le temps physique, tel qu’il fut pour la première fois défini par Newton. L’ennui ressemble à une pièce de monnaie : il a une certaine valeur et une double face. Sur le côté pile, qu’on désignera comme le mauvais, il est l’indice d’un manque d’être, d‘une vacuité existentielle qui nous rappelle à chaque instant notre « éternullité », pour reprendre le mot de Jules Laforgue ; d’un homme intelligent, il est alors capable de faire « une ombre qui marche, un fantôme qui pense », pour parler comme Gustave Flaubert. Mais sur le côté face, le bon, il offre la possibilité d’un contact avec soi. Lui qu’on présente toujours comme une pure négativité, comme un enfer à fuir, une expérience à éviter, est en réalité capable de s’inverser en une occasion d’en apprendre sur soi. L’ennui opère alors des prodiges dont aucun tumulte n’est capable. Il existe un véritable miracle de l’ennui.       

 

            De l’ennui, on en retient habituellement que ce que Klein appelle l’aspect pile, l’indice d’un manque d’être, d’une vacuité existentielle, d’un temps physique sans élasticité, le temps mis à nu de Newton, le temps absolu qui semble ne pas pouvoir passer moins vite. Mais il appelle aussi ennui, son côté face, cette possibilité d’un contact avec soi, l’occasion d’en apprendre sur soi, un véritable miracle dont peu profite, préférant trouver absolument n’importe quel dérivatif pour y échapper. Car cette face-là, ce n’est plus à proprement parler de l’ennui, mais de la disponibilité d’esprit. Klein semble distinguer deux états chez l’individu : le plein emploi vis-à-vis de l’environnement, si l’on peut dire, le tumulte ambiant, l’impossibilité de se concentrer sur autre chose que le réactionnel, état que beaucoup ne quittent jamais…sauf pour s’ennuyer dans une vacuité existentielle, et ce que d’autres au contraire apprécient, sans passer par la case ennui, se retrouver dans leurs propres pensées, libérés de toutes ces réactions liées à l’environnement, et se plonger, souvent avec délices, dans ce que l’on peut peut-être appeler le transcendantal. 

 

            Mais entre ce que Klein appelle les deux faces de l’ennui, et qui est plutôt donc la disponibilité de l’esprit libéré des sollicitations extérieures, le temps de l’ennui semble se ralentir au point de donner l’impression de ne s’écouler que très lentement (est-ce à la limite la perception du temps physique par l’esprit de l’homme?), tandis que pour l’autre le temps physique, celui de nos horloges, semble passer très vite, au point de ne pas voir le temps passer.

 

            Deux états de l’esprit opposés, alors qu’un observateur peut les confondre et les considérer comme les deux faces de l’ennui, d’autant plus qu’à les interroger sur ce à quoi ils pensent, les deux répondront sans doute « à rien », le premier parce qu’il n’en a pas la conscience, le second parce que sa propre pensée est rarement « extériorisable », ou parce que, interrompue dans son développement, elle l’a tout simplement quitté, parfois hélas sans espoir de retour. A une personne qui semble ne penser à rien, vous lui rendez service à vous manifester dans un cas, vous l’importunez dans l’autre. Soyez attentif !

 

            Mais pourquoi donc, alors que l’observation, de l’extérieur par définition, semble la même, une absence totale d’activité mentale (« une ombre qui marche ») dans laquelle le temps semble interminable, et une activité mentale au paroxysme parfois, dans laquelle les minutes passent incroyablement vite ? Dans le premier cas beaucoup moins vite, dans le second beaucoup plus vite que ce qui est ressenti habituellement. Dans le premier, c’est dans le présent vécu que la durée se mesure, on ne fait même que cela. Dans le second, c’est dans le futur seulement que la durée s’estimera, dans le présent vécu elle disparaît de l’esprit. L’intensité de la pensée est telle que l’on croit toujours alors avoir pensé pendant une durée plus longue que celle indiquée par notre montre. .

 

               Eternité, durée éternelle, sans commencement, ni fin. Immortalité, qualité de ce qui est immortel, non sujet à la mort. Durée : période mesurable pendant laquelle se déroule une action, un phénomène. On peut douter que l’éternité soit une période mesurable, à moins de pousser la mesure jusqu’à l’infini, mais ces deux définitions ne font pas apparaître clairement la différence essentielle entre les deux termes parce que l’un comme l’autre ne connaît la fin, et c’est surtout la fin qui intéresse les êtres humains lorsqu’ils les utilisent.

 

            Eternité et immortalité ne connaissent pas de fin, la première n’ayant pas de commencement, la seconde en ayant un a priori, puisqu’elle ne fait qu’échapper à la mort, à la disparition d’une vie qui s’entend à partir d’une naissance. Donc, à se pencher vers le passé, l’éternel a toujours existé, l’immortel y a trouvé sa naissance, à se tourner vers le futur, tous deux existeront toujours. Le passé et le futur étant défini de la même manière, l’avant et l’après par rapport au présent sur l’échelle du temps, de ce temps qui s’écoule régulièrement du passé vers le futur en passant par le présent.

 

            A voir donc ainsi les choses, le passé ayant été ce qu’il a été, l’éternité et l’immortalité semblent ne pas différer en ce qui concerne le futur. Sur le plan physique, car mentalement, on peut concevoir que le futur, la continuation du présent s’appuyant sur un passé, celui de l’éternel ne soit pas celui de l’immortel. Que se passerait-il si, au lieu de disparaître un jour sans savoir quand, ce quand n’arrivait jamais ? Un mortel en sursis permanent, en quelque sorte. Les jours, de durée définie, vingt-quatre heures, la rotation de la Terre autour du soleil, ou les secondes si vous préférez, s’accumuleraient indéfiniment.

 

            Pour l’éternel, au contraire, le temps ne défilerait pas dans son futur, comme il n’a jamais défilé dans son passé, et qu’il ne défile pas dans son présent, puisque l’éternité n’a ni passé, ni futur, ni présent. Pas de jours, ni de secondes  dans un temps qui ne défile pas. L’éternité, a dit un humoriste, c’est long, surtout vers la fin, traduisant cette idée communément répandue que l’éternité en quelque sorte c’est l’immortalité dans le futur, mais aussi dans le passé, la vie immortelle à la fin dans le début et dans la fin.

 

            Dans l’immortalité, c’est le nombre d’unités de temps, aussi grande que soit cette unité, de   secondes, de jours d’années, de siècles, peu importe, qui croit jusqu’à l’infini, dans l’éternité, c’est l’unité de temps, aussi petite soit-elle, qui s’étale, au point de ne finir jamais. Encore que toujours et jamais perdent tout sens dans l’éternité. L’éternité, ce n’est pas ce qui dure toujours, puisqu’elle n’a pas de durée. La durée est une période mesurable et l’éternité ne peut pas être mesurée.

 

            Avant la relativité, on ne pouvait envisager l’éternité que comme ayant une durée infinie, pas de commencement donc existante avant toute autre durée mesurable, dans un passé à distance temporelle infinie de notre présent, pas de fin, à l’image de l’immortalité, dans un futur de durée infinie, à distance temporelle infinie de notre présent.

 

            On pouvait la représenter par une droite illimitée tant dans le passé que dans le futur, avec, sur cette droite, un point de départ dans le passé, la naissance de l’univers (évaluée aujourd’hui à 13,7 milliards d’années, une année d’alors valant une année d’aujourd’hui), chaque événement ou phénomène se positionnant parfaitement. Et, côté futur, un point d’interrogation concernant la fin de l’univers, à supposer qu’il ait une fin, cette fin ne pouvant qu’être finie, et l’éternité débordait tout cela, indéfiniment des deux côtés. Etre dans l’éternité, si c’était possible, ne pouvait que signifier recouvrir tout ce qui était fini, et au-delà, dans le passé, le nôtre, le présent, le nôtre, et le futur, le nôtre, dans leur globalité. La durée de l’éternité ? Un nombre infini d’unités de temps.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 07:28

             On aurait pu imaginer, il y a peu de temps encore, que l’usage du téléphone portable aurait été d’abord utilisé par ceux qui en avaient le plus besoin, comme le personnel de chantiers, les représentants de commerce, les services de sécurité, les médecins en tournée, peu d’attrait en l’occurrence pour beaucoup d’accessoires qui l’accompagnent, sous un format réduit donc pratique.

 

            Mais le portable a quasiment remplacé le fixe et chacun ou presque aujourd’hui en possède un. Pour des usages qui sont loin d’être toujours celui de la communication verbale de personne…comme ces adolescents lycéens ou collégiens qui ne quittent jamais leur petit appareil qui leur permet d’être à l’écoute de leur monde sans contrainte et sans contrôle de leurs parents notamment. A l’écoute et pas seulement puisque le portable peut à peu près tout faire et ce n’est qu’un début.

 

            Alors, au lieu de raconter leurs exploits auxquels les copains ne croient guère, pourquoi pas filmer des scènes dont ils sont les vedettes ? Ou filmer d’autres personnes à leur insu pour les humilier d’une manière ou d’une autre, où la violence et les situations scabreuses sont particulièrement appréciées et valorisantes aux yeux des copains, comme on exhibait jadis les photos de famille ou celles de vedettes à la mode.      

 

            Les adolescents plus que les adultes, soit plus méfiants sur les suites possibles, soit mieux équipés en matériel, les adolescents donc considèrent cela comme un jeu, un de ces jeux dont le portable permet l’accès, où le manipulateur est à la limite du réel et du virtuel, de ce virtuel dans lequel ils plongent en permanence. Mais un jeu qui parfois n’a plus rien d’innocent et peut les mener loin !

 

            On peut se demander, à les voir se livrer avec passion à certains jeux vidéo, si tous ce amateurs de sensations fortes ne se trouvent pas impliqués sans faire la distinction entre le réel – ou ce qui est considéré comme tel – et le virtuel, habitué qu’ils sont de considérer être l’acteur de ces jeux virtuels. Ne se prennent-ils pas parfois comme étant eux-mêmes les héros réels plus que virtuels ? Et plutôt que de se confronter aux difficultés de l’existence de se contenter de ces virtualités pour se construire un personnage, comme d’autres se réfugient dans leurs rêves pour s’imaginer  être autre chose que ce qu’ils sont.

 

            Ce n’est pas d’hier que cette substitution se fait. Depuis que le cinéma existe, que d’adolescents se sont pris pour les héros des projections auxquelles ils venaient d’assister, dès la sortie de la salle, comme si le mot fin ne s’était pas inscrit sur l’écran, signalant la fin de la fiction et le retour à la réalité, souvent beaucoup moins épique. Et  plus tard encore, entre copains, ne se distribuaient-ils pas des rôles à leur convenance.

 

            Pas seulement les enfants d’ailleurs, mais aussi des adultes en pleine maturité, fondant en larmes dans un mélo comme s’ils étaient intégrés à l’action au lieu d’être spectateur d’une simple fiction. Etre ainsi pris par un spectacle de temps à autre n’a rien d’étrange, loin s’en faut, c’est tout le talent des organisateurs qui s’exprime, mais de là en faire la permanence, à toujours s’imaginer être autre que soi, ne plus savoir faire la différence, c’est du dédoublement de personnalité !

 

Partager cet article
Repost0
20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 08:21

               Eternité, durée éternelle, sans commencement, ni fin. Immortalité, qualité de ce qui est immortel, non sujet à la mort. Durée : période mesurable pendant laquelle se déroule une action, un phénomène. On peut douter que l’éternité soit une période mesurable, à moins de pousser la mesure jusqu’à l’infini, mais ces deux définitions ne font pas apparaître clairement la différence essentielle entre les deux termes parce que l’un comme l’autre ne connaît la fin, et c’est surtout la fin qui intéresse les êtres humains lorsqu’ils les utilisent.

 

            Eternité et immortalité ne connaissent pas de fin, la première n’ayant pas de commencement, la seconde en ayant un a priori, puisqu’elle ne fait qu’échapper à la mort, à la disparition d’une vie qui s’entend à partir d’une naissance. Donc, à se pencher vers le passé, l’éternel a toujours existé, l’immortel y a trouvé sa naissance, à se tourner vers le futur, tous deux existeront toujours. Le passé et le futur étant défini de la même manière, l’avant et l’après par rapport au présent sur l’échelle du temps, de ce temps qui s’écoule régulièrement du passé vers le futur en passant par le présent.

 

            A voir donc ainsi les choses, le passé ayant été ce qu’il a été, l’éternité et l’immortalité semblent ne pas différer en ce qui concerne le futur. Sur le plan physique, car mentalement, on peut concevoir que le futur, la continuation du présent s’appuyant sur un passé, celui de l’éternel ne soit pas celui de l’immortel. Que se passerait-il si, au lieu de disparaître un jour sans savoir quand, ce quand n’arrivait jamais ? Un mortel en sursis permanent, en quelque sorte. Les jours, de durée définie, vingt-quatre heures, la rotation de la Terre autour du soleil, ou les secondes si vous préférez, s’accumuleraient indéfiniment.

 

            Pour l’éternel, au contraire, le temps ne défilerait pas dans son futur, comme il n’a jamais défilé dans son passé, et qu’il ne défile pas dans son présent, puisque l’éternité n’a ni passé, ni futur, ni présent. Pas de jours, ni de secondes  dans un temps qui ne défile pas. L’éternité, a dit un humoriste, c’est long, surtout vers la fin, traduisant cette idée communément répandue que l’éternité en quelque sorte c’est l’immortalité dans le futur, mais aussi dans le passé, la vie immortelle à la fin dans le début et dans la fin.

 

            Dans l’immortalité, c’est le nombre d’unités de temps, aussi grande que soit cette unité, de   secondes, de jours d’années, de siècles, peu importe, qui croit jusqu’à l’infini, dans l’éternité, c’est l’unité de temps, aussi petite soit-elle, qui s’étale, au point de ne finir jamais. Encore que toujours et jamais perdent tout sens dans l’éternité. L’éternité, ce n’est pas ce qui dure toujours, puisqu’elle n’a pas de durée. La durée est une période mesurable et l’éternité ne peut pas être mesurée.

 

            Avant la relativité, on ne pouvait envisager l’éternité que comme ayant une durée infinie, pas de commencement donc existante avant toute autre durée mesurable, dans un passé à distance temporelle infinie de notre présent, pas de fin, à l’image de l’immortalité, dans un futur de durée infinie, à distance temporelle infinie de notre présent.

 

            On pouvait la représenter par une droite illimitée tant dans le passé que dans le futur, avec, sur cette droite, un point de départ dans le passé, la naissance de l’univers (évaluée aujourd’hui à 13,7 milliards d’années, une année d’alors valant une année d’aujourd’hui), chaque événement ou phénomène se positionnant parfaitement. Et, côté futur, un point d’interrogation concernant la fin de l’univers, à supposer qu’il ait une fin, cette fin ne pouvant qu’être finie, et l’éternité débordait tout cela, indéfiniment des deux côtés. Etre dans l’éternité, si c’était possible, ne pouvait que signifier recouvrir tout ce qui était fini, et au-delà, dans le passé, le nôtre, le présent, le nôtre, et le futur, le nôtre, dans leur globalité. La durée de l’éternité ? Un nombre infini d’unités de temps.

Partager cet article
Repost0
17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 08:59

            Physicien au CEA, enseignant à l’Ecole centrale, docteur en philosophie des sciences, Etienne Klein est l’un de spécialistes de la question du temps en physique, comment résister au plaisir de lire son dernier livre, « Les tactiques de Chronos », au titre si évocateur lorsque l’in s’intéresse au temps. Mais autant les premières pages laissaient présager l’exposé des dernières connaissances en ce domaine, la lecture des quelque deux cents pages nous laisse sur notre faim.

 

            Rien de bien nouveau donc en ce domaine, dans un sens c’est réconfortant, puisque cela nous confirme que nous ne sommes pas dépassés par de nouvelles théories révolutionnaires. Nous pensions y puiser de multiples informations, ce ne fut pas le cas, peut-être ce livre s’adressait-il, comme beaucoup d’autres aux néophytes dans un but de vulgarisation, quel scientifique aujourd’hui n’y va pas de son petit bouquin à l’usage du grand public ? Ce qui ne nous empêche pas peut-être d’y glaner ça et là des paragraphes intéressants. 

 

            Le mythe est une forme symbolique qui propose une explication du monde, plus précisément une explication du sens du monde En narrant la genèse, il vise à donner une vérité. La science, elle, ne se préoccupe pas, a priori, de la question du sens. 

 

            La science ne se préoccupe pas, a priori, de la question du sens, ce serait aux mythes de proposer une explication au sens du monde, à condition de présupposer que le monde ait un sens. Il semble pourtant que ce sont souvent ceux qui ont vocation d’être des scientifiques qui proposent un sens au monde, sans doute parce que dans le cadre de leurs activités scientifiques ils en sont privés et que cela leur manque. Car que serait un scientifique qui se refuserait à chercher un sens aux études auxquelles il se livre ? Un chercheur qui n’aurait aucun idée de ce qu’il recherche, serait-ce un  chercheur ?

 

            Certes, on pourrait envisager des scientifiques qui seraient, en quelque sorte, des exécutants au service des créateurs de mythes, utilisant les découvertes scientifiques pour construire des ensembles cohérents donnant un certain sens au monde La cohérence une fois atteinte, l’action scientifique deviendrait alors inutile pour le mythe ainsi défini. Non seulement inutile, mais dangereuse. Car le mythe n’a pas pour vocation d’être provisoire, alors que les résultats scientifiques le sont.toujours.  .    . 

 

            Ils le sont parce que la moindre contradiction remet tout en cause. On cherche à l’intégrer, tant bien que mal, mais si on n’y arrive pas, il faut se résoudre et trouver autre chose. Pour le mythe, par contre, il conserve sa propre cohérence, au mépris des découvertes scientifiques. Il ne devient pas absurde aux yeux de ceux qui lui sont et lui restent fidèles, les croyants. Ces deux attitudes semblent contradictoires lorsqu’on les rencontre chez le même individu. Qu’importe ! On en est arrivé à considérer que les deux domaines, celui de la science et celui de la croyance, de la foi, peuvent parfaitement coexister. Un modus vivendi étrange en vérité !

 

            Il est un sentiment qui circule dans le mouvement de la science, que sans atteindre jamais vraiment aucune vérité universelle, on y tende, d’une façon asymptotique, en s’y rapprochant davantage à chaque nouvelle découverte, que le progrès est continu en quelque sorte, qu’une théorie nouvelle, lorsqu’elle détrône une plus ancienne, l’intègre comme un cas particulier, comme la théorie d’Einstein englobe celle ce Newton. Ce qui permet aux scientifiques de se croire toujours sur le bon chemin, celui de la réalité. On peut quand même en douter dans certains cas. Les révolutions scientifiques existent. Pour les mythes, c’est différent, Ayant donné un certain sens à l’univers, ils n’ont plus à y revenir.

Partager cet article
Repost0
16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 07:25

            Pour  Einstein, cette limitation absolue de la vitesse ne constitue pas une brimade, mais une nécessité. Il montrera par la suite que le monde perdrait sa cohérence si des signaux pouvaient se déplacer instantanément, car le passé et le présent se télescoperaient…

 

              Depuis que l’homme existe, à part ces quelques derniers siècles, et qu’est-ce donc que quelques siècles dans l’histoire de l’humanité, il ne s’est pas posé la question de savoir si la lumière avait une vitesse limite, et gageons que de nos jours la plupart des êtres humais l’ignorent et que parmi ceux qui le savent, ils conduisent leur existence comme s’ils croyaient toujours en une transmission immédiate de la lumière, telle que Newton l’envisageait dans sa physique.

 

            On peut comprendre que dans ces conditions l’univers pouvait être considéré existant depuis toujours, avec ses sphères concentriques à notre Terre. Sauf qu’exister depuis toujours alors tout par ailleurs naît, vit et meurt, peut sembler impossible, alors pourquoi ne pas envisager une création, telle que celle décrite dans la genèse de la Bible ? Qu’un être, forcément extérieur au monde connu, comme l’artisan l’est par rapport à l’œuvre qu’il crée, l’ait créé, que donc cet être soit au-dessus de tout ce qui habite cet univers, quelque part dans une haute montagne inaccessible ou dans l’infini des cieux, peu importe, à chacun se conception de ce qui lui est supérieur.    

 

            Que la vitesse de la lumière soit infinie, que le présent donc soit partout en même temps, que le passé des uns soit le passé des autres, et le futur aussi, quoi de plus évident ! A ne vivre que dans un espace réduit, mais à sa mesure c’est-à-dire pratiquement infini pour soi, un espace limité t à son propre horizon, pas de problème. Mais imaginer des relations lointaines, par exemple l’envoi de messages sur une autre planète, aurait fait apparaître des absurdités. Imaginons donc un jeu de miroirs entre deux lieux très éloignés l’un de l’autre et un faisceau lumineux entre eux, que les miroirs se réfléchissent de l’un à l’autre. A tour de rôle ?

 

            Mais, avec une vitesse de transmission infinie, le temps de transmission est nul, dans quel sens circule le signal ? Peut-on le voir circuler ? Circule-t-il ? Il se trouve exister en permanence    de façon continue entre les deux points. Il est partout entre ces deux points, partout et nulle part en même temps. Supposons qu’il s‘agisse d’un éclair, d’une durée très courte, un instantané en quelque sorte. Pour celui qui l’a créé, l’éclair ne semble jamais quitter son lieu d’émission, puisqu’il s’y trouve à tout moment. Mais pour le récepteur, l’impression est la même, il peut croire que l ‘éclair s’est  créé chez lui, que son miroir l’a produit. Pour l’un comme pour l’autre, le monde perdrait sa cohérence si des signaux pouvaient se déplacer instantanément, car le passé et le présent se télescoperaient.

 

            On peut s’interroger sur ce que deviendraient les notions d’ondes et de corpuscules avec une vitesse infinie. Que deviendrait l’expérience des fentes de Young par exemple ? Un photon qui part et arrive simultanément, pourquoi pas le considérer aussi logiquement sortir de l’écran pour aller vers la source qui pourtant l’a produit ? Un jeu d’interférences qui se réduirait en un seul point ?

 

Le temps qui ne s’écoule plus, c’est par la pensée que nous reconstituerions un parcours lumineux en accord avec notre façon de voir, les deux sens de « circulation » étant aussi logiques, ou aussi absurdes l’un que l’autre, puisqu’il n’y aurait plus de circulation. Le point de départ et le point d’arrivée se confondant dans le même temps, deux points pourtant distincts dans l’espace. Le passé et le présent, comme le présent et le futur, se télescoperaient. L’un pourrait y voir un début avant une fin, l’autre la fin avant le début, fin et début perdant leurs sens. Ne nous égarons pas, une vitesse supérieure à celle de la lumière ne nous permettrait pas de remonter le temps.       

Partager cet article
Repost0
15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 06:47

             Le cinéma et la télé transforment les casseurs en héros, et si ce n’était que dans les films sur grand ou petit écran, pourrait encore se défendre le fait que ce n’est que du virtuel et que chacun se devrait de le distinguer du réel. Mais la violence s’étale avec complaisance dans ce qui devrait être des informations réelles objectives, donc relatant une réalité plus ou moins complexe, avec diverses variantes, au lieu de s’appesantir précisément sur les événements violents Pour « passer à la télé », ce qui est peut-être un rêve pour pas mal des gens, mieux vaut faire un mauvais coup que de se conduire en honnête citoyen, sauf dans ce cas à se plaindre de mauvais agissements d’autrui, ce qui revient à mettre, encore et toujours, l’accent sur la violence.

 

            Quant à cette nouvelle manie de filmer avec son portable des scènes de violence dont on est soi-même l’auteur, elle semble bien témoigner d’une banalisation dangereuse autant que d’une fierté à se conduire en héros de pacotille pour épater des copains qui n’iraient pas eux-mêmes aussi lion, et du passage de l’acte anonyme secret à l’étalement de ses propres turpitudes. A se demander à quoi pourront servir les portables de futures générations, qui remplaceront avantageusement toute une équipe de tournage, et permettront une retransmission en temps réel. De quoi épater la galerie. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, épater la galerie pour ceux qui ne voient que ce moyen pour se donner la certitude d’exister, de se donner une certaine consistance.        

 

            Un  autre exemple, présent, de se sentir exister. Un petit moustachu fait partie de l’équipe d’entretien d’un groupe d’immeubles avec rue intérieure privée où, faute de suffisamment d’emplacements disponibles, certains automobilistes ne se garent pas toujours correctement et parfois stationnent à des endroits qui peuvent gêner les autres. Notre homme leur appose un autocollant d’interdiction de stationner, c’est son rôle sans doute d’opérer ainsi, mais au lieu de le faire en maugréant contre le sans-gène de l’automobiliste, il le fait avec un sourire en coin en songeant sans aucun doute à la difficulté d’enlever ensuite cette affichette, à la colle puissante. Il prend plaisir à ce travail parce que la conséquence en sera le mal de l’autre au décollage. Il existe !    

Partager cet article
Repost0
14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 08:33

               Rien ne lui paraît si naturel que de ne jamais laisser son esprit en repos. Comment imaginerait-il que la réflexion peut être pour la plupart des hommes un exercice imposé supposant un effort de concentration mentale, qu’elle répond à une nécessité : résoudre un problème, prendre une décision, comprendre un événement et que, le reste du temps, tout un chacun laisse sa pensée vagabonder, sautant d’une idée à l’autre, d’un air de musique à un souci quotidien, du dernier repas à la prochaine rencontre, ce que l’on appelle : «  ne penser à rien ». Albert, lui, pense tout le temps, de façon méthodique, cohérente et organisée, sur un objectif précis. 

 

            La réflexion pour la plupart des hommes serait un exercice imposé supposant un effort de concentration mentale répondant à une nécessité. Le reste du temps la pensée vagabonde, c’est alors « ne penser à rien » Mais alors pourquoi seulement « pour la plupart des hommes » ? N’est-ce pas le cas de l’animal, sinon de tous les animaux, au moins de tous ceux qui disposent d‘un cerveau suffisamment développé ? Qui aurait-il de spécifiquement humain dans la réflexion par nécessité ?

 

            N’est-ce pas même peut-être la marque du vivant que de devoir réfléchir ainsi ? Ne pas penser vraiment, laisser sa pensée vagabonder, lorsque ne se manifeste pas de nécessité, lorsque l’on se trouve dans un certain équilibre avec le milieu ambiant, une espèce de pensée délayée jusqu’à l’infini, disponible certes, en attente de zoom. Un changement dans les conditions extérieures, et c’est (ou ce n’est pas d’ailleurs) la réaction. 

 

            Est-il possible qu’entre errance de la pensée et nécessité de réagir à une sollicitation extérieure suite à une rupture nécessitant la recherche d’un nouvel équilibre, la plupart des hommes ne trouvent pas la place pour de profondes réflexions, dégagées des contraintes environnementales. A admettre que la réflexion est un exercice imposé supposant un effort de concentration mentale, un travail intense à fournir par rapport à un état mental relâché, la loi du moindre effort qui est pratiquée naturellement doit triompher dans la plupart des cas.

 

            Mais comment concevoir qu’un être humain laisse en friche un cerveau aussi développé, en se contentant, même pas de rester sur la défensive, ce qui exige au moins un effort de vigilance, mais de se laisser aller à ne pouvoir répondre à une interrogation : « je ne pensais à rien ».            Qu’il le fasse parce qu’il n’éprouve pas l’envie de se confier, oui, personne en effet ne peut s’introduire dans un état mental autre que le sien, et chacun peut conserver le secret de sa pensée, mais qu’il réponde ainsi parce que, sincèrement, il ne pense pas…qu’il pensait à quelque chose, que son cerveau hibernait en quelque sorte, se comprend mal.                    

 

            A moins qu’il ait suffi de s’entendre poser la question pour que ce à quoi il pensait se soit envolé, souvent sans espoir de retour. Car, si dans une réflexion en réaction à une sollicitation extérieure, on peut imaginer que la construction de cette réflexion se fait dans le cerveau de l’agressé, en est-il de même des pensées qui nous assaillent parfois et qui semblent, et sont peut-être des pensées qui ne sont pas de nous. Comme si l’on se trouvait sur leur chemin, que notre esprit les avait captées, sans qu’elles nous soient spécialement destinées et qui nous quittent comme elles nous ont abordés, sans laisser de traces, sinon celle d’être persuadés qu’elles ont existé et que, sans doute, elles sont, quelque part, ailleurs.

 

Partager cet article
Repost0