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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 14:19

            Comme si l’adaptation aux conditions mouvantes du milieu signait autre chose que docilité, servilité et idées courtes… tout dépend de l’état d’esprit dans lequel se fait cette adaptation, et de quelle adaptation il est question. Si l’être humain ne s’était pas adapté aux conditions naturelles, il n’aurait pas conquis toute la terre, et l’espèce humaine se serait peut-être éteinte. Mais nous ne sommes pas là dans les conditions mouvantes du milieu.

 

            L’espace naturel, le climat, sauf catastrophe brutale, ne varie que très lentement, à un rythme qui n’est pas très perturbant pour l’espèce humaine, au cours de générations successives. Les variations climatiques sont relativement bien supportées. Ce n’est que lors des catastrophes que l’adaptation ne se fait guère, ou demande beaucoup du temps, et que l’espèce en subit les conséquences parfois désastreuses. Pensons aux épidémies, aux pandémies, choléra, peste, grippe, e t c…aujourd’hui au sida, au danger de la grippe aviaire…

 

            Est-ce docilité, servilité, idées courtes que de s’adapter, mais qu’est-ce que s’adapter ? N’est-ce pas le contraire,  constater le changement et réagir au mieux de sa personnalité au lieu de se laisser aller. Mais ici Rey nous parle de l’adaptation qui est devenue la valeur éducative de référence, comme si l’éducation donnée à nos enfants par l’école essentiellement devait en permanence tenir compte des évolutions permanentes de la société, et non s’en tenir à permettre à la personnalité des élèves de s’exprimer, les enfermer dans un système qui évolue au gré des mouvances sociales, économiques, politiques. 

 

            L’Education nationale lance de multiples réformettes, et ce pendant la vie scolaire et universitaire d’un même individu. Entre trois ans, et l’on tend à envisager la maternelle obligatoire dès trois ans, plus sans doute pour régler des problèmes chez ses parents que pour son bien propre, en fait de le scolariser dès qu’il est propre, comme l’on dit, entre trois ans donc e tau moins seize ans plutôt vingt et au-delà, de combien de réformes aura-t-il été la victime ? Et difficile de croire que pendant cette période ses enseignants se soient modifiés en profondeur.

 

           Ou l’élève s’y conforme parfaitement, c’est-à-dire qu’on peut penser qu’il est docile, servile, et qu’il a les idées courtes, les siennes, puisqu’il adopte indifféremment toutes celles qu’on lui impose, soumet, ou il se forge une personnalité à accepter celles qui lui conviennent et se rebelle contre celles qui ne lui conviennent pas, s’adapte donc à sa manière, sans docilité ni servilité.   

 

           Bien dit, le vide n’est pas le néant, c’est l’élément dans lequel naissent et flottent nos représentations, nos images, nos pensées. Si c’était le néant, on ne pourrait le meubler par l’éducation, où rien n’est, rien ne naît. C’est un certain vide, un certain vide parce que chacun élève, chaque individu a son propre vide, ce dont une éducation globalisée ne tient pas compte hélas, un vide, un espace à remplir, où peuvent naître, où l’on prend la mesure, la conscience de la naissance, car est-ce une naissance ou un constat d’existence, une prise en compte de représentations, d’images, de pensées.

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 06:31

            Il a l’ait tout à fait normal, voilà une simple réflexion qui semble nous étonner, tant il est rare, rarissime d’entendre parler d’un coq ayant deux paires de pattes. On a peine à en imaginer l’aspect, et en d’en faire un croquis sans l’avoir vu. Mais ce qui devrait être intéressant, ce n’est pas la réaction humaine face à ce phénomène, tout dépend de la réaction que l’on peut avoir face à l’inattendu,la face à face avec l’impossible, parce que on ne l’envisage pas dans notre conception des choses qui nous entoure.

 

            Un coq n’est qu’un élément d’une longue, d’une interminable lignée de poussins à deux pattes, comment  pourrait-il naître avec quatre pattes ? Toujours ce déterminisme que nous considérons a priori absolu jusqu’à ce que nous nous trouvions face à une contradiction. Et malgré cette exception nous continuerons  à penser qu’un coq  a toujours deux pattes.

 

             Mais si aucun déterminisme n’était considéré comme absolu, si nous étions rôdés à ce qu’il ne s’agit que d’une forte probabilité, une probabilité tendant vers l’unité, mais ne l’atteignant jamais, nous ne serions plus sujet à la surprise et perdrions peut-être ainsi une belle partie de nous-mêmes, et sans cette surprise à découvrir de l’insolite, notre soif de recherche. On peut être blasé en certains domaines, mais pas dans tous. L’indifférence s’enchaîne avec la foi en la causalité, encore nous reste-il alors la recherche des causes cachées. .     

 

             Ce qui serait intéressant, ce serait de connaître la pensée du coq lui-même, se sent-il handicapé, se prend-il pour un monstre, a-il pris conscience de sa différence ou vit-il ainsi comme s’il n’avait que deux pattes, comme tous ses congénères ? N’y a-t-il que l’être humain qui souffre, ou s’honore, de sa spécificité ? Faut-il suivre Andersen lorsqu’il nous conte l’histoire du vilain petit canard ?

 

            Et les êtres humains eux-mêmes, ne se rendent-ils compte de leur spécificité particulière qu’en s’examinant dans le regard des autres ? Quelle peut-être la pensée d’un être isolé de son espèce, comme un enfant - loup, ou même celle d’un être vivant dans la plus complète solitude depuis très longtemps, porte-t-il encore un regard sur lui-même ? 

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22 juin 2011 3 22 /06 /juin /2011 07:43

            Passer trois heures en voiture pour faire soixante-dix kilomètres dans les embouteillages pour revenir de la mer un dimanche soir de juin sous une chaleur accablante, cela personne (sauf exception toujours possible, on ne peut connaître ce qui se passe dans la tête des autres) n’aimerait le faire, et pourtant ils sont nombreux dans ce cas, si nombreux que pas un ne doute que ce sera la curée pour rentrer. Alors, où en est la pensée humaine, l’être humain est-il un être raisonnable ou n’obéit-il qu’à de grégaires instincts ?

 

            A moins que ce  ne soit que pour avoir le lendemain un sujet de conversation, et rien ne vaut mieux que de l’avoir vécu quand on veut donner de la véracité à un récit. Le vraisemblable présente toujours quelque détail qui peut faire douter, tandis que le souvenir pathétique a un profond accent de vérité qui se partage. On croit plus facilement un récit orné de quelques précisions, et pour se  recouper rien de tel que du vécu, même si on pousse en exagérant un peu.

 

             Les trois heures, c’est peut-être beaucoup, mais en précisant que, partant à huit heures, vous êtes arrivé tandis que onze heures sonnaient à votre carillon, qui donc doutera ? Mettre de la vraisemblance dans un récit imaginaire, c’est bien, dans un récit vécu, c’est mieux, d’autant plus que le vécu n’est pas toujours vraisemblable et ce qui compte, dans les grandes comme dans les petites choses, c’est de convaincre.  

 

             Quand le téléphone était relativement peu répandu, que les appareils étaient fixes, une conversation téléphonique apparaissait toujours un peu discrète, comme si les deux interlocuteurs s’isolaient du reste du monde, ils parlaient bas et  s’enfermaient même dans des cabines spécialisés. Avec le portable, c’est dépassé, il faut que tout le monde entende depuis la petite sonnerie jusqu’au terme de l’entretien tout ce qui se dit.

 

              Il paraît regrettable que ces engins ne soient pas équipés de hauts parleurs suffisants pour qu’on puisse suivre la conversation dans son ensemble et pas seulement la moitié. Encore que l’on peut, la plupart du temps, imaginer les paroles de l’autre, car la plupart des échanges sont d’une banalité telle qu’il ne faut pas beaucoup d’imagination pour compléter le texte manquant. C’est cette banalité sans doute qui en autorise beaucoup à adopter un niveau de voix permettant au public présent d’en profiter sans être pour autant accusé d’indiscrétion.

 

            Est-ce que pour autant toutes les conversations deviennent publiques, que plus personne n‘ait rien à cacher dès l’instant qu’elle se trouve en présence d’inconnus, réservant la discrétion et le secret à ses proches ? Retournement de situation par rapport au passé : on pouvait estimer alors qu’être proche de quelqu’un, c’était mieux connaître ses habitudes, ses goûts, ses penchants et aussi, pourquoi pas, ses pensées les plus courantes, sinon les plus secrètes.

 

            Aujourd’hui, on n’a plus beaucoup de réserve devant les inconnus, non pour leur faire honneur de confidences, ce qui serait respect, mais comme s’ils n’existaient pas, comme s’ils n’étaient qu’un simple décor. Dans quelle mesure, en effet, dans ces conversations entre portables, la teneur des entretiens varie-t-elle en fonction de la présence ou de l’absence de  témoins ?

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 07:51

             Les jeunes (on n’ose plus dire les ados, par crainte d’être accusé de discrimination en tenant compte de l’âge des intéressés, tandis que jeunes a une consonance qui ne froisse personne, même pas les centenaires qui prétendent l’être toujours), les jeunes donc ont été les premiers à comprendre qu’une montre, un banal objet qui n’est capable que de donner l’heure qu’il est, devenait ringard, réservée à quelques arriérés qui en étaient restés à leur cadeau de communion solennelle.

 

            A moins que cette montre ne soit de luxe, Rolex et divers, qu’elle vaille une petite fortune, d’un luxe tel qu’elle attire tous les voleurs de bon goût, mais alors sa fonction n’est plus de donner l’heure. Tous les jeunes, les vrais, ont aujourd’hui leur portable, et, paradoxe peut-être, c’est en donnant l’heure qu’ils se le font voler. 

 

            On est toujours, autant que nos ancêtres, à nous interroger sur le temps qui passe, il y a moins d’un siècle, l’heure se lisait encore sur les clochers des églises (et certains s’en méfiaient, pour peu qu’il n’avaient l’esprit religieux peut-être), ou sur les frontons des mairies et des gares (et tout bon républicain lui faisait confiance), puis les horloges d’abord, les montres ensuite se sont généralisées, indiquant parfois l’heure qui convenait à leur propriétaire (on connaissait des villageois qui en restaient à l’heure solaire), et puis, la technique évoluant, toutes les montres se mirent à indiquer la même heure, et à la seconde près. Pourquoi donc alors avoir chacun la sienne au poignet ? Tandis qu’avoir son portable, c’est autre chose, quelque chose à la fois personnel et universel !

 

 

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20 juin 2011 1 20 /06 /juin /2011 11:15

            Le mois de juin est avant tout le mois des plus longs jours, jusqu’au solstice d’été, le 21, les jours allongent, nous donnant donc à la fois les matinées et les soirées les plus longues. Raisonnablement, on ne se lève pas avant le lever du soleil (03 h49) pour se coucher après lui (19 h 56), en temps universel rappelons-le et non en heure d’été,  il nous faut choisir, et nous privilégions en général les soirées.

 

            La plupart des gens éprouvent plus de difficultés à se lever de bonne heure et tardent à se coucher, alors qu’on pourrait croire que, fatigués par une journée d’activités, ils se reposent de bonne heure dans la soirée et se réveillent, frais et dispos, le lendemain de bon matin. Paradoxe de la vie moderne peut-être, mais ils n’y retrouvent pas leur compte, à voir la tête qu’ils font au réveil, ou juste après, lorsqu’on les croise en ville.  

 

            Evidemment ils n’ont pas le loisir de se lever au chant du coq (c’est un symbole car tous les coqs ne chantent pas à la même heure, loin de là), ou si vous préférez, au lever du soleil, même lorsqu’il est caché par les nuages, et de se coucher en même temps que lui, mais même s’ils avaient ce loisir, et d’aucuns l’ont, ils ne respecteraient pas ce principe pourtant si naturel, ave c de courtes journées d’hiver et de longues journées d’été.    

 

            Rappelons quand même qu’à l’époque romaine, il y a quelque deux millénaires, ce n’est si ancien dans l’histoire de l’humanité, une bonne soixantaine de générations, les vingt-quatre heures se répartissaient en douze heures de nuit et douze  heures de jour, avec donc des heures de jour courtes l’hiver et longues l’été. On n’ose imaginer ce que cela donnerait aujourd’hui, alors qu’un simple lundi de Pentecôte travaillé ou chômé a déjà présenté pour certains le comble de l’absurdité.

 

            Mais revenons à notre mois de juin, parasols ou parapluie (le pluriel pour parasols, c’est plus probable, le singulier pour parapluie, c’est moins probable) ? Pourquoi faudrait-il que les prévisions de beau temps soient systématiquement justes ? Ce ne serait plus des prévisions, lesquelles supposent, on devrait écrire exigent, une marge d’incertitude. Et si le temps était, non prévisible, mais certain, à quoi servirait la météo ?

 

            Si les nuages (car le soleil est toujours, la journée, derrière eux, si les nuages donc apparaissaient et disparaissaient avec une régularité parfaite, aussi parfaite en tous cas que la rotation de la Terre autour du soleil, quelle serait notre vie ici-bas ?  Plus aucun imprévu climatique, plus de supputations sur le temps qu’il fera, plus de conversations sur le sujet, chacun consulterait un calendrier perpétuel d’une précision remarquable. Et le moindre dérèglement, à supposer qu’il puisse se produire, apparaîtrait catastrophique, et de celui-là alors on pourrait faire le sujet d’innombrables conversations.  

 

            Mais on en est loin, et chacun de se plaindre du temps qu’il a fait, qu’il fait ou qu’il fera, à quelques exceptions près, au lieu de se limiter à ne considérer que les situations dangereuses, dramatiques, tragiques que d’autres subissent. Tenter de prévoir les catastrophes, oui, mais vouloir absolument connaître le temps du prochain week-end, est-ce donc si important ?  Etre tributaire du temps qu’il fait, où en sommes-nous alors de la liberté humaine ?


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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 07:08

            On ne peut évidemment que s’offusquer des rémunérations que s’offrent certains dirigeants d’entreprises privées, même florissantes et elles ne le sont pas toutes, pour qui l’exercice du pouvoir s’accommode de revenus faramineux, au point qu’on ne sait plus très bien ce qui prime chez eux, la passion d’entreprendre, et on peut s’enorgueillir d’avoir de tels hommes d’action, ou l’appât du gain, ce qui peut les conduire à des décisions infiniment regrettables.  

 

            Certes, ils ont quasiment tous des comptes à rendre au conseil d’administration de leur entreprises, mais ce n’est pas quelques réunions annuelles à l’ordre du jour soigneusement sélectionné qui les brident beaucoup dans leurs initiatives, bonnes ou mauvaises, et le cas de Vinci, remerciant son président, est si rare qu’il a retenu pour cette raison l’attention, encore a-t-il fallu que l’initiative en revint au numéro 2 de l’entreprise ! Quant aux actionnaires convoqués une fois l’an en assemblée générale, ils ne font qu’entériner des décisions qui souvent les dépassent, ne réagissant que lorsqu’il est trop tard.

 

            Un bémol donc, être un bon patron, c’est aussi avoir le sens de la mesure, et c’est le cas de la majorité d’entre eux, mais où le bât blesse, c’est l’indifférence avec laquelle le public accepte les sommes que peuvent en amasser d’autres, qui n’ont guère de responsabilités à grande échelle (car des responsabilités on a tous à son niveau), et qui amassent de jolies fortunes, qu’ils puisent finalement dans la poche (relativement bien plate pourtant) de leurs concitoyens, même si ceux-ci sont consentants. . 

 

            Certes, ils ont eu la chance - et parfois le mérite - de sortir du lot des anonymes, de se faire un nom dans le spectacle, le sport et autres, mais de là à se faire de tels cachets, il y a une indécence qui ne semble choquer personne, ou presque, puisque le système prend de plus en plus d’extension. Un but par ci, une chanson par là, un air de musique inattendu, un film commercial, une présence à la télé, c’est parfois bon pour le moral du peuple, ça peut avoir un certain prix. Mais de là à se construire des fortunes à faire pâlir d’envie les gros gagnants des jeux de hasard (là aussi, il y aurait à dire), ne faudrait-il pas collectivement réagir ? Car il suffirait d’une simple réaction collective et c’est tout le système qui s’écroule, puisque c’est la collectivité qui l’entretient à ses dépens.

 

            La réaction n’est pas en vue, comme si on en était resté aux temps anciens de la féodalité ou de la lutte des classes. A revenus du même ordre, les patrons, les gros comme les petits, ne peuvent s’enrichir que sur le dos des travailleurs qu’ils exploitent, tandis que ceux qui sont sortis de l’anonymat – vedettes de tous ordres ou gagnants à des jeux – font rêver leurs compatriotes par leur réussite. A revenus égaux toujours, on méprise les premiers, on porte les seconds au pinacle. Pour être considéré, mieux vaut amuser la galerie que de procurer du travail.

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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 08:55

           A moins de quarante ans, s’inquiéter à être traité de « vieux » par un ami, c’est de pas se sentir  bien dans sa peau de trentenaire et appréhender les années qui viennent. Tenter de se justifier est déjà se placer dans la mentalité d’être un « vieux »  et chercher les arguments contraires pour s’en dissuader, ce qui  prouve à quel point la notion de jeunesse a évolué ces dernières décennies, d’une génération une autre.

 

            Jusqu’à récemment, le jeune était cet être incomplet, en formation, qui avait beaucoup à apprendre de la vie, pour espérer devenir un humain à part entière, en pleine possession de ses moyens. Pour construire ensuite sa vie, d‘autant plus que l’espérance de cette vie était plus courte que maintenant, il ne fallait donc pas rater ce départ dans l’existence en mettant le maximum de chances de son côté. Les « vieux » d’alors, c’étaient vraiment les vieillards.

 

            Entre les deux, l’âge mûr, celui de la pleine maturité, la majorité de la population, qui socialement avait en charge la formation des jeunes et l’aide à apporter aux vieillards. Trois âges donc : la jeunesse, qui avait le temps devant elle, celui de la formation ; l’âge adulte, qui était de son temps, celui de la maturité ; la vieillesse, qui avait le temps derrière elle, celui du retrait progressif, au milieu de siens. 

 

            Aujourd’hui, pour beaucoup, pas tous heureusement, il faut être « jeune » ou rien, c’est-à-dire par opposition « vieux ». Avec la coupure vers les quarante ans ! Comme si, avec le sens actuel de ces mots, il n’y avait pas des vieux de vingt ans et des jeunes de quatre-vingts, dans la tête évidemment. Des vieux de vingt ans qui ne sont déjà plus dans le coup, s’ils l’ont été un jour, qui n’aspirent pas au futur, tant celui-ci leur paraît sombre alors qu’ils ne connaissent encore rien ou presque de la vie.

 

            Des jeunes de quatre-vingts qui ont la forme encore et toujours (deux mots qui situent dans le temps donc superflus ici), riches de leur expérience, dans ce qu’elle a de bon ou de mauvais, qui vivent pleinement leur présent regardent devant eux au lieu de ressasser le passé, pour le regretter ou le maudire.

 

            Evidemment les premiers ont la meilleure forme physique, pour peu qu’ils l’utilisent à bon escient et ne la galvaudent pas dans des entreprises hasardeuses, mais les seconds ont une force mentale et un équilibre cérébral bien supérieurs. Entre ces vingt et quatre-vingts ans-là (pour des fixer les idées, pas les limites), il y a tous les autres, dont la plupart semblent aujourd’hui à la merci des sollicitations sociétales et environnementales.

 

            A un moment, ils se sentent en pleine jeunesse pour peu que le fléau de la balance penche d’un côté, une bonne nouvelle, même minime au regard de tout ce que peut réserver l’existence, le moment d’après les voilà déprimés, se sentant terriblement vieux, ne serait-ce que par une simple éventualité qu’un risque se présente, jamais en équilibre stable et prêts à réagir valablement dans le bon sens, mais toujours sur un qui-vive, dans l’attente du décrochage. Ne voir de secours que dans l’assistance des autres, sans songer à s’en sortir par eux-mêmes ! Comme si on pouvait faire l’impasse de la maturité, passer d’une enfance, où par manque d’expérience on doit être guidé, à une vieillesse, où l’expérience acquise ne suffit plus dans un monde qui évolue.

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17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 09:09

            On réécrit l’histoire, mais aussi la préhistoire, au fur et à mesure des découvertes qui, depuis quelques décennies et étant donné les moyens techniques mis à disposition des chercheurs, progressent à grands pas. Ce qui, d’une part, met fin à certaines théories, et les rejettent dans l’erreur, ce qui confirme que la science n’est pas une progression constante vers une certaine vérité en fonction du temps qui passe, mais une progression qui n’hésite pas parfois à brûler ce qu’elle a adoré. Il faut aussi se méfier de penser que chaque nouvelle découverte nous fait avancer vers la réalité du monde.

 

            Ce n’est pas la reconstitution d’un puzzle dont le nombre de pièces manquantes nous serait connue, avec dans un avenir plus ou moins lointain, l’histoire du monde telle qu’elle s’est réellement déroulée, mais la nécessité, à chaque nouvelle découverte fondamentale, de reconstruire un ensemble cohérent, répondant à nos exigences de penser. Et c’est parce que, dans les pensées qui nous préoccupent, il en est toujours qui ne sont pas convaincus des schémas  proposés, qui cherchent autre chose, que l’esprit humain  ne se repose jamais sur des critères définitifs, ne serait-ce que la curiosité n’est pas la même d’une époque à l’autre, ne se passionne pas sur les mêmes sujets.   

 

            On exprime souvent l’idée que la raison et la foi sont de deux essences différentes, comme si le même cerveau, travaillait différemment, sur deux circuits indépendants, à la demande (à la demande de qui ou de quoi ?) suivant qu’il raisonne plus ou moins scientifiquement, ou qu’il se soumet à certains dogmes, à certaines vérités, sans faire intervenir un quelconque raisonnement. Une manière certes d’éviter des conflits sans fin, dans un esprit de tolérance.

 

            En fait, il ne s’agit pas d’une différence de nature, mais plus simplement d’un degré dans la  persévérance, d’une appréciation différente du doute. Quand on ne doute pas, ou plus, on ne cherche pas à aller plus loin, quand on doute, on poursuit sa quête. Comme dans une randonnée, il en est qui s’arrêtent au premier bistrot qu’ils rencontrent, d’autres  à la petite auberge d’aspect bien sympathique, et d’autres, jamais satisfaits, toujours à douter, qui poussent plus loin l’aventure, parfois ne trouvent rien, mais peut-être que leur but n’était pas de trouver, mais de chercher.

 

            Comme ceux qui veulent se rendre à un certain endroit par le chemin le plus court – avoir une solution qui leur évité de s’interroger - et ceux qui veulent aussi, et peut-être surtout, explorer minutieusement le chemin. Qui a raison, qui a tort ? La question  n’a probablement pas de sens. Mais que celui qui s’arrête au bord du chemin n’empêche pas l’autre de poursuivre sa route en prétendant détenir la seule et unique vérité !

 

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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 08:00

            Dans l’Antiquité, on préférait le tirage au sort des citoyens plutôt que les élections. Comme on tire aujourd’hui au sort les jurys de cour d’assises parmi les électeurs, les considérant comme égaux entre eux pour cette mission délicate, comme il se doit dans une démocratie. Mais tirer au sort tous les responsables politiques n’est une solution valable que dans la mesure où les citoyens ne sont pas trop nombreux, ce qui rend l’idée d’une certaine rotation acceptable. Et ce tirage au sort suppose aussi que pour exercer des fonctions publiques, les qualités humaines du citoyen prime la simple compétence. Ce qui était sans doute moins discutable alors qu’aujourd’hui.

 

            Imaginez, en France, en 2012, porter à la présidence de la République un homme, ou une femme, tiré au sort…parmi les candidats au poste, il y aurait encore plus de candidats qu’aujourd’hui, et comment rattacherait-on une telle façon d’opérer à un idéal démocratique. Car cela passe de nos jours par l’expression du suffrage universel, chaque voix en valant une autre. Suffrage universel qui d’ailleurs n’est pas universel puisqu’il élimine un certain nombre de compatriotes, notamment les mineurs d’âge, mais les femmes aussi en France il y a soixante ans. 

 

            Faudrait-il faire voter les étrangers, qui contribuent à la vie du pays ? Si c’est à l’enrichissement, la chose peut se discuter, mais alors à éliminer ceux qui sont à sa charge serait discriminatoire, et les accepter serait mettre en danger les Français eux-mêmes pour peu que l’afflux serait important.

 

            On en voit les exemples lorsque certaines municipalités en comportant beaucoup les font voter. Et pourquoi alors ne pas admettre comme électeurs que ceux qui payent l’impôt par exemple, comme cela se faisait jadis ? Mais est-ce le portefeuille qui détermine si vous êtes ce que l’on eut appeler un bon Français ?

 

            Démocratie et élection devenant indissolubles avec le suffrage universel, on a associé régime libéral et démocratie, mais la réalité est autre. L’opinion publique n’est plus que celle de la majorité des citoyens, la minorité n’a pas de pouvoir, mais ce sont les lobbies, pourtant très minoritaires, qui imposent leurs points de vue aux gouvernants.

 

            Le suffrage universel n’établit d’ailleurs pas une égalité de fait entre les citoyens, car les élections ne se remportent pas à la proportionnelle, les voix des électeurs ne se valent pas, des millions de votants ne sont pas représentées. Pour qualifier la suffrage d’universel, il faudrait être à la proportionnelle, car ce qui importe n’est pas de pouvoir glisser un bulletin dans l’urne, mais que celui-ci, quel qu’il soit, soit  pris en compte. Ce qui est loin d’être cas, entre la théorie du suffrage universel à sa pratique, beaucoup de considérations particulières viennent s’intercaler. 

 

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15 juin 2011 3 15 /06 /juin /2011 08:14

            Au lieu des contre-indications affichées en gros caractères sur les paquets de cigarettes qui                    ne font guère hésiter les fumeurs à en tirer une, une à la fois mais le paquet y passe rapidement, de faire des paquets de 19 au lieu de 20 pour tenter de diminuer la consommation de 5  %, on passe à des images horribles de malades du tabac, l’image impressionnant davantage que le texte.

 

            Tolérer, somme toute, la vente de produits interdits au nom de la santé publique. Compenser la baisse de consommation par des marges supplémentaires accordées aux débitants, leur faire vendre autre chose, comme des préservatifs aux lycéens et aux collégiens, lesquels utilisateurs sont montrés en exemple comme étant de bons citoyens, soucieux de leur santé et donc, sans doute, de l’équilibre de la Sécurité Sociale.   

 

            Evidemment, dans une dictature, on n’opérerait pas ainsi. Parions qu’en Corée du Nord, on ne va pas étudier à la loupe la diminution progressive de la consommation du tabac au cours des prochaines années en se félicitant que les incitations portent leurs fruits lentement mais sûrement. Plus de possibilité d’entrée à l’université pour un fumeur, c’est évidemment une manière de le réduire à n’être qu’un piètre consommateur.

 

            Surtout s’il n’aime pas la musique, tant militaire que civile. En France évidemment, dans un pays aussi démocratique, la musique est partout, à condition d’appeler musique tout ce qu’on nous fait écouter, et qui n’a plus grand-chose de classique. Alors quel est le pourcentage de ceux qui connaissent la musique ? De même pour l’informatique, dont les connaissances sont très variables d’un individu à l’autre, d’un simple consommateur qui ingurgite tout ce qui se présente indistinctement, à celui qui, le considérant comme un outil, en tire ce qui lui convient. Un outil formidable, à notre service, et  non l’inverse. 

 

            Ce n’est pas une raison suffisante pour préférer un régime dictatorial à notre démocratie plus tolérante, évidemment. Nous sommes dans le moins mauvais des régimes, comme le disait Winston Churchill, mais le sentiment de jouir de la liberté est très relatif. Que n’entend-on des personnes d’horizons divers se plaindre, non des difficultés de l’existence dont une bonne part ne dépend pas du régime sous lequel on vit, mais se plaindre des atteintes à la liberté qu’on trouve dans un pays aussi démocratique que le nôtre.    

 

            Peut-être l’est-il trop, car à laisser trop de libertés, on tombe dans le laxisme, qu’un dictionnaire Larousse d’il y a trente ans seulement définissait comme « disposition à abaisser la barrière élevée par la morale chrétienne entre le permis et le défendu » et qu’un Petit Robert plus récent définit prudemment comme « tendance excessive à la conciliation et à la tolérance (s’oppose à purisme) »

 

            A noter l’évolution des définitions. On est passé de la morale chrétienne, à la barrière rigide qu’elle élevait entre le permis et le défendu, avec la notion de péché de véniel à mortel, morale d’essence divine qui avait le dessus sur toute notion de morale ou d’éthique civile, à la notion de tolérance et de conciliation entre êtres humains qui, sans la moindre règle, laisse la porte ouverte à tous les dérèglements, puisque plus rien ou presque n’est réglementé...et ce qui l’est est combattu au nom de la liberté !

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