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15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 13:57

            Pas le droit (E.L. le flâneur) 

 

            Être ou ne pas être, on pourrait partir de là et développer, d’autres l’ont fait avec plus ou moins de bonheur et de clarté, tout un système philosophique sur l’être. Être…ou ne pas être…, avec les points de suspension qui nous mettent dans l’attente de quelque chose, c’est occulter l’être lui-même, dans son entité, pour se contenter de ne s’intéresser qu’à une seule de ses facettes, lesquelles sont innombrables. Non par manque d’ambition, mais par désir d’approfondir la chose. Et pour approfondir, il faut définir et on ne peut définir que, sinon en rejetant tout ce qui n’est pas la chose, au moins en le reléguant au second plan.

 

            Cela n’a rien de logique, mais nous est nécessaire, c’est une exigence de l’esprit humain. Nous y échappons parfois, exceptionnellement, mais ne pouvons alors l’exprimer, ni à autrui car le langage, des mots comme des signes ou des expressions, nous impose des limites – et ces limites sont d’autant  plus étroites qu’il est pauvre – ni à nous-mêmes, car à chercher l’expression, nous nous plaçons dans un dédoublement de notre personnalité, nous tentons de nous examiner comme si nous étions extérieurs à nous-mêmes, difficile alors de se prétendre dans la plus stricte objectivité.     

 

             C’est une exigence de l’esprit humain que de reléguer au second plan, de négliger même  tout ce qui n’est pas le point sur lequel il se concentre, et ce faisant d’extraire de tout un ensemble environnemental ce sur quoi il porte son intérêt. On comprend que ce qui n’est qu’un détail, qui n’existe même peut-être pas pour un individu peut constituer pour un autre, ou lui-même à un autre moment, puisqu’il est alors devenu un autre lui-même, l’essentiel de ses préoccupations.

 

            S’il n’en était pas ainsi, si chaque fait prenait la même importance par lui-même et non par les perceptions différentes d’un individu à l’autre, si nous n’étions donc que de simples récepteurs interprétant identiquement les messages, et les retransmettant de la même manière, pourrions-nous nous prétendre des êtres pensants Où en serait même la notion d’individu ?

 

            On peut se demander si ce n’est pas le cas des êtres primitifs, ou considérés généralement comme tels par notre espèce, dans le règne animal par exemple. On peut par exemple identifier une fourmi parmi beaucoup d’autres, parce que nos capacités cérébrales, non seulement le permettent, mais l’exigent dès qu’on s’intéresse à l’une d’elles plus qu’aux autres, mais la fourmi peut-elle avoir conscience d’exister en tant que telle, même en donnant à la conscience le sens le plus large ?  

 

            Et ramenons cela à notre propre espèce. De même qu’il peut sembler raisonnable de penser que nous constituons un tout, n’envisageant pas que telle ou telle autre partie de notre corps puisse avoir des velléités propres, avoir ou conquérir une certaine indépendance, on peut imaginer qu’au moins en certains circonstances, l’unité de base n’est plus l’individu, mais un ensemble d’individus indiscernables les uns par rapport aux autres, que le groupe constitue l’unité de base.

 

            Qu’il s’opère une dépersonnalisation totale des individus composant le groupe. Ce n’est d’ailleurs plus en fait un certain nombre d’individus constituant un groupe, ce qui peut être éventuellement ressenti à l’extérieur par ceux qui n’en font pas partie, mais un ensemble considéré unique, indissociable de l’intérieur.  

 

            Un individu, une voix, voilà ce qui apparaît comme très démocratique, qu’une voix en vaille une autre. Il n’en a pas toujours été ainsi et cela d’ailleurs n’existe pas partout et nulle part en toutes circonstances. Prenons l’exemple français, pourtant souvent considéré comme un modèle du genre. La Déclaration des droits de l’homme, notre constitution, affirment l’égalité des hommes en droit, on peut se demander pourquoi pas en devoirs, car obtenir des droits de la part d’une société sans en retour avoir des devoirs envers elle n’est pas logique, ni même raisonnable.

 

            Mais cela passe très bien parce qu’il ne s’agit pas de constater l’égalité entre les individus et de vouloir les maintenir en l’état en évitant toute dérive, mais de constater les inégalités existantes et de vouloir les réduire, c’est-à-dire de favoriser le plus faible face au plus fort pour aller vers un certain équilibre. Le résultat en est que chacun réclame le respect de ses propres droits dans ce qu’il les voit lésés, sans accepter, ni même souvent envisager en contre partie, la nécessité de remplir ses devoirs. Et comme le plus fort a plus d’arguments à faire valoir ses droits que le plus faible, les inégalités subsistent. Et même s’accentuent.             .

 

           Dans une société statique ou qui n’évoluerait que très lentement, car il n’y a de vie que dans le mouvement, lequel amène une évolution sauf à être parfaitement cyclique, on pourrait poser des bases solides sur lesquelles on pourrait s’appuyer pour définir une tendance vers l’égalité, mais même ce qui serait également réparti à un moment donné ne le serait plus quelque temps plus tard. Chacun ayant des capacités différentes, des êtres placés au départ sur un plan d’égalité arriveraient très rapidement à des états différents, avec des faibles et des forts, et tout serait à recommencer.

 

            Un individu, une voix, cela apparaît juste, théoriquement seulement, partant du principe qu’un être humain constitue une entité, il suffit que la majorité des individus, considérés comme égaux en droits, se déclare favorable à une certaine action pour qu’elle soit acceptée. Exemple des droitiers et des gauchers, lesquels ne constituent, semble-t-il, que 15 % environ de la population. C’est dire que les 85 % de droitiers constituent une confortable majorité qui ne risque pas de s’effriter, même dans un avenir lointain puisqu’il ne s’agit pas d’opinion plus ou moins versatile mais de constitution, d’inné et non d’acquis.   

 

            Démocratiquement, pourrait-on dire, les us et coutumes acquis tout au long de notre histoire se sont conformés à la structure largement majoritaire, ce qui paraît juste, mais sans tenir compte d’une minorité non négligeable mais pourtant toujours négligée. Un simple exemple, à table, les couteaux sont à droite et les fourchettes à gauche, c’est parfait, cela permet une présentation impeccable, le même mouvement de bras permet d’éviter les heurts entre convives, on peut être très proche l’un de l’autre, on pourrait se croire à la parade : gauche, droite. Mais que faire un gaucher, un vrai, avec ses couverts ainsi disposés : rien. Ni couper la viande, un geste habituel, ni par exemple peler une pomme. Car interdit de se servir de « la sale main » pour des actions nobles. Le pire, pour l’enfant gaucher, c’était l’école, avec en supplément d’apprentissage par rapport aux droitiers, celui de l’usage correct de sa main droite. Pas question, comme en sports, de faire au mieux quel que soit le bras utilisé, et les gauchers sont alors de dangereux pour les droitiers, mais de se plier à la règle commune…sauf d’attendre que le prof  ait le dos tourné pour en profiter et déroger prestement. Mais, il faut toujours tirer partie de ses difficultés, et beaucoup de gauchers sont devenus ambidextres par nécessité, et alors plus adroits que la plupart des droitiers, quasiment manchot d’un bras, le gauche évidemment.            

 

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14 juillet 2011 4 14 /07 /juillet /2011 08:59

            On a transformé la vie sociale en un spectacle. Être spectateur du plus grand nombre de spectacles possible semble être devenu un but dans l’existence pour la majorité d’entre nous. Ne jamais se trouver en face-à-face avec soi, faire de la solitude le pire des maux, au point parfois de déranger ceux qui pourtant la recherche en vain, tuer le temps en passant d’un spectacle à l’autre, ne plus penser par soi-même sur des sujets personnels, mais seulement réagir à ceux de notre environnement, se précipiter sur tout ce qui bouge, qu’on nous présente de nouveau, d’inédit, d’exceptionnel, de spectaculaire.

 

            Donc, au détriment de tant d’autres aspects de la société humaine, être en osmose avec les autres, ceux dont nous entretiennent les médias, pas pour autant avec ceux qui nous sont proches. Comme les moutons de Panurge, suivre la mode, le goût du jour, s’extasier, se lamenter, critiquer, aimer, haïr, quand il le faut, aux yeux du monde, quels que soient ses propres sentiments que l’on relègue au second plan quand ce n’est pas aux oubliettes. Surtout ne pas se suffire à soi-même, un être quelconque. A partager l’avis commun, on se sent exister dans la communauté.  

 

            Mais certains veulent aller plus loin que de se conformer au commun, pour être reconnu en tant que différents de la masse, ils cherchent à se singulariser, à devenir les « héros » pour cette foule indifférenciée, prête à applaudir n’importe quoi pourvu que cela la sorte de son  triste ordinaire. Et pour ces champions de l’insolite, on se retrouve bien loin des trois sphères de reconnaissance d’Axel Honneth : celle de l’amour, qui donne confiance en soi, celle du droit, qui prodigue le respect, et la sphère du travail qui procure l’estime de soi. Trois sphères aujourd’hui très fragilisées

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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 07:00

            Si tous les sujets de société deviennent des thèmes électoraux, c’est que, à l’approche des élections, les candidats n’ont plus de programmes consistants, construits et homogènes, qui pourraient les opposer sur le fond des problèmes qui se posent à notre société. Aussi se contentent-ils plus prosaïquement de prendre au jour le jour l’actualité qui se présente, comme le font les médias pour d’autres raisons, celles de vendre leurs productions.

 

             Pour les politiques, il s’agit d’exister et ils ne peuvent plus que répondre « présent » dès que se profile une quelconque nouvelle. De la plus importante à la plus insignifiante, ils s’imaginent qu’à rester cois et à laisser faire les choses, à rester dans les coulisses au lieu d’être en scène, ils ne tarderaient pas à être mis à l’écart, la pire des choses qui puissent leur arriver. Comme pour la plupart des artistes (sauf ceux qui ont du talent évidemment) qui doivent se montrer le plus souvent possible, dans ces spectacles de variétés qui se multiplient pour leur permettre d’y faire de la figuration, à croire qu’ils n’ont rien d’autre à faire,                    

 

            Mais pourquoi donc un politicien devrait-il avoir réponse à tout, affirmer une position déterminée vis-à-vis d’une affaire avant de se donner le temps de l’étudier, de la décortiquer, de peser soigneusement le pour et le contre, envisager le suivi, comme devrait le faire le plus commun des mortels. Non, il affiche sa  position, qu’il est allé puiser dans les consignes de son parti, au bistro du coin, dans la rue ou…nulle part, mais il lui fallait absolument avoir un avis sur une question qui par ailleurs le laisserait complètement indifférent, pour ne pas être laissé en touche, la pire des situations. 

 

            Comme dans cette histoire du CV anonyme. Idée oh combien généreuse que de prôner l’égalité des chances à l’embauche. Chaque être humain a sa propre personnalité, a droit au respect de sa dignité. Côté demandeurs d’emploi, on constate des discriminations intolérables qui font que certains ont plus de chances que d’autres de trouver un travail. L’idéal serait que l’employeur tire au sort (en présence d’huissier comme dans les jeux télévisés) les enveloppes des CV qu’il reçoit et engage sans le connaître l’heureux élu, pas de  discrimination, ni positive, ni négative. Qu’il convienne ou pas au poste proposé.   

 

            Ce serait absurde évidemment, ainsi le futur employeur devrait-il se contenter d’informations générales ne risquant pas d’individualiser, de personnaliser l’individu. Après seulement, il pourrait découvrir la surprise. A supposer que cela puise être envisagé dans une grosse société lors d’engagements massifs de personnel, ce qui pourrait permettre ensuite une certaine répartition des nouveaux embauchés, ce n’est certainement pas cas de celui qui recherche un collaborateur devant répondre à des besoins spécifiques.  

  

            Dans le domaine des discriminations, chacun voit midi à sa porte… Discrimination est un mot qui fait bondir beaucoup de monde, et pourtant : action de séparer, de distinguer deux ou plusieurs êtres ou choses qui ne peuvent être confondus, cela n’a rien au départ de contraire à la dignité de l’être humain, tout au contraire car c’est dans la reconnaissance de nos différences que réside cette dignité.

 

            Comme si une loi pouvait mettre un terme aux discriminations à l’embauche, comme si, lorsque que la demande d’emploi est forte, l’employeur ne pouvait pas avoir de critères de choix à sa disposition, des critères de choix qui s’offrent aux salariés, lorsque l’offre d’emploi est importante. C’est une autre loi qui s’applique tout naturellement, celle de l’offre et de la demande. 

 

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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 09:40

            A force de toujours vouloir réglementer, on en arrive à ne jamais être satisfait. Réglementer, c’est se donner le temps d’examiner une certaine situation « qui ne peut plus durer », d’étudier des possibilités de solutions convenables, donc de se concerter avec les intéressés, afin de trouver ce qui constituera une amélioration de la situation antérieure, d’opérer sur un terrain d’essai restreint pour valider les nouvelles dispositions envisagées, de généraliser ensuite.

 

            En étant toujours disposé à un retour éventuel en cas de problèmes qui peuvent se superposer aux existants plutôt que de les éradiquer, et alors inscrire dans la loi les nouvelles dispositions qui deviennent légales, l’essentiel dans un Etat de droit. Et au plus ces dispositions plongent dans la précision, dans le concret de la vie quotidienne, plus il faudra envisager d’exceptions à la rège commune. Tout cela demande du temps, beaucoup de temps.     

 

            Et entre temps, la situation a changé ! Qui donc aurait pensé à réglementer spécifiquement les rollers avant que des piétons ne s’en chaussent pour en faire un mode de locomotion ? Il n’existait pas de réglementation (on peut le supposer sans en être certain car si nul n’est sensé ignorer la loi, personne ne prétend la connaître dans le détail) sur le port des chaussures classiques dans les espaces publics, faudrait-il maintenant considérer celles-ci comme un cas particulier de « chaussures à roulettes », lesquelles seraient sous le coup d’une réglementation, l’absence de roulettes constituant l’exception permettant d’y échapper ?   

 

            Un individu monté sur roulettes est-il plus piéton ou plus véhicule ? Angoissante question. Piéton, il l’est quand il porte ses rollers en bandoulière, mais deviendrait-il véhicule en se chaussant ? Ce serait raisonnable de le penser puisque depuis les temps anciens, la présence de roues, et les  rollers n’en manquent pas, caractérisent les véhicules de tous types.

 

            Encore que le véhicule se définit non par ses roues mais comme un moyen de transport par terre, avec ou sans roues (comme les traîneaux par exemple qui glissent mais ne roulent pas) par opposition aux transports maritimes ou aériens (encore que les avions soient équipés de roues mais ne les utilisent pas pour le transport, le déplacement d’un point à un autre, proprement dit)

 

            Moyen de transport par terre ? Pourquoi, puisque non motorisé - pas encore mais qui sait demain ?- ne pas les assimiler aux bicyclettes ? Mais alors leur interdire les trottoirs réservés aux piétons et les obliger à utiliser les chaussées en l’absence de pistes cyclables, pas très répandues dans notre pays malgré les efforts de certaines municipalités ? Voyez où cela nous mènerait. A la disparition des rollers faute de piétons encore suffisamment valides pour les chausser. On peut supposer que ce ne soit pas le but recherché.    

 

          Motorisés sur les chaussées, non motorisés sur les trottoirs (c’est un cas courant aujourd’hui pour les piétons sans roulettes de devoir partager les trottoirs avec les cyclistes, pourquoi pas avec les piétons à roulettes ?). Mais si les deux-roues alors sont dans l’illégalité, faudrait-il que les rollers le soient aussi ?  La conclusion qui s’impose pour l’instant, c’est que le piéton à roulettes est un être non répertorié qui donc a tous les droits, puisqu’on ne lui  a pas défini de devoirs.

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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 06:14

                Pour ce qui est du confort, le logement doit comporter : 

 

-un système de chauffage adapté à sa taille et à ses caractéristiques ;

 -un système fiable d’alimentation en eau portable ;

-des installations d’évacuation des eaux ménagères ;

-une cuisine (ou un coin cuisine) ;

-une installation sanitaire intérieure (WC) séparée de la cuisine et de la pièce où sont pris les repas ;

-un réseau électrique permettant un éclairage intérieur suffisant et l’utilisation d’appareils ménagers courants.

 

            Chaque époque a sans doute sa définition du logement décent, car à prendre connaissance de tous les éléments qui composent la décence, aujourd’hui, il ne devait pas en avoir un grand nombre jadis, et beaucoup d’occupants vivaient dans un certain confort dans des logements qui seraient aujourd’hui montrés du doigt comme insalubres. Mais au fait, ne pas être décent, est-ce être insalubre ?

            Est insalubre, ce qui est malsain, nuisible à la santé, est indécent, ce qui manque de pudeur, qui est contraire à l’honnêteté, aux bienséances. Il semblerait donc qu’un logement insalubre l’est à toutes les époques tandis que le logement indécent l’est suivant l’usage, les normes couramment admises. A la limite, en plaçant la barre au plus haut, la plupart des logements pourraient être indécents. On comprend que la définition de la décence demande une liste assez longue de conditions à respecter et que cette liste évolue avec le temps.

           Il est à craindre qu’un grand nombre de logements « anciens » soient indécents sans être pour autant insalubres. Comme par exemple les résidences secondaires ou les locations de vacances où l’on se sent plus près de la nature que du respect de la réglementation. Or ces bâtiments ont été construits pour durer, ce qu n’est plus toujours le cas aujourd’hui, et la mise aux normes est coûteuse et parfois impossible techniquement. Pourtant il est devient d’entendre un vacancier parler d’indécence, peut-être parce que des améliorations sont couramment entreprises, mais de là à respecter tous les critères, c’est une autre affaire ! 

 

            Et pourtant, la plupart sont satisfaits d’avoir leur petite maison, acquise après le plus souvent pas mal de sacrifices, heureux d’avoir enfin quitté leur appartement HLM ou autre, où ils avaient la sensation de vivre dans des clapiers, même si les normes étaient respectées. Ira-t-on, demain, expertiser leur demeure et dresser la liste des améliorations à y apporter avant une date limite ?  Pourtant la vie d’un propriétaire est aussi précieuse que celle d’un locataire, pourquoi l’une serait-elle protégée et l’autre pas ?           

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10 juillet 2011 7 10 /07 /juillet /2011 08:53

            Si l’on réfère au Petit Robert, un ghetto est en 1, un quartier où les juifs étaient forcés de résider (qui ne se souvient du ghetto de Varsovie ?), en 2, au figuré, un quartier où une communauté est à l’écart. Un dictionnaire étymologique, celui de Dauzat (1938, avant Varsovie) nous précise : mot italien attesté à Venise en 1516, paraît avoir désigné d’abord des fonderies dans le quartier où les Juifs se seraient installés. Venise, une référence souvent présentés sous un beau jour, 1516, l’an suivant celui de la victoire de François Ier à Pavie, près de cinq siècles.

 

            Mais le mot de ghetto évolue et depuis 1944 ne désigne plus que la misère, on a même créé la ghettoïsation pour caractériser les quartiers perdent peu à peu leur âme, comme dans ces périphéries de grandes villes, parce que s’y retrouvent une même tranche de la société, en l’occurrence « les plus défavorisés », comme on les appelle pudiquement aujourd’hui. Mais pourquoi pas alors qualifier aussi de ghettos, ces quartiers où ne se trouvent plus que « les plus favorisés », comme on semble aujourd’hui appeler ceux qui disposent de revenus très nettement supérieurs à la moyenne.        

 

            Non que la notion de favorisés ne se rattache qu’à l’importance des revenus, loin s’en faut même dans un monde matérialiste, mais parmi ceux que la fortune semble avoir comblé d’euros, il en est qui en tire la conclusion  primaire qu’ils constituent une communauté qui ne se mélange pas avec les autres et qui ne sentent à l’aise que parmi leurs égaux, en revenus s’entend. Et ce n’est pas d’hier, ni le fait de nouveaux riches qui abuseraient d’une fortune acquise plus ou moins honnêtement, mais plutôt une survivance de traditions du passé,  la France n’a t-elle- pas connu une longue période de féodalité qui a marqué les esprits ? 

 

            Une histoire vécue, remontant à une trentaine d’années : nous nous promenons en famille, un couple et deux jeunes enfants, un peu égarés parmi des allées, des sentiers qui semblaient ne mener nulle part , lorsque nous sommes interpellés, le mot est faible, par un olibrius, pardon par un des propriétaires du lieu sans doute, manifestant sa mauvaise humeur de voir ainsi des étrangers se balader sur son sol et nous invitant, le mot est encore faible, à quitter les lieux rapidement. Nous venons, à notre insu et sans la moindre mauvaise intention, au contraire, de pénétrer dans un ghetto, un de ces lieux où une communauté vit à l’écart. Un lieu sans grilles pourtant, sans panneaux d’interdiction de quoi que ce soit, où la nature invitait à la promenade.

 

            Un  autre exemple, en bout du parc, l’avenue ouverte à tous et les piétons qui la parcouraient dans les deux sens et, parfois, prenaient quelque repos en s’asseyant sur l’herbe.  S’asseoir sur « l’herbe d’autrui, quel crime  abominable », on le fit bien voir en la fermant aux manants par des grilles adéquates. Et sans doute chaque habitant du lieu de s’en féliciter. Les protections de toutes sortes se multiplient, non seulement parce que la profession dispose de bons vendeurs – il n’en faut pas plus parfois pour généraliser l’usage d’un produit – mais par cet instinct séculaire de se protéger de l’inconnu. Et comme l’inconnu se trouve dans tout ce que l’on connaît pas, on se retrouve dans ce que les autres peuvent très exactement appeler un ghetto, même si le terme est rejeté par les intéressés pour lesquels le ghetto, qu’ils n’hésitent pas à employer, c’est ce qui se trouve de l’autre côté des grilles qu’ils ont fait installer autour de leur pré carré.   

 

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9 juillet 2011 6 09 /07 /juillet /2011 15:10

            Quel que soit le sujet que l’on aborde, tout est dans la manière de le présenter, de poser une question, de façon à entraîner l’assentiment ou l’opposition. Non seulement à répondre par oui ou par non, ce qui constitue une absurdité, au moins une tromperie car comment peut-on admettre une réponse aussi simple à un sujet qui ne peut-être que plus complexe. C’est une des raisons pour lesquelles la valeur des sondages ne peut être que très relative. Or on est aujourd’hui envahi par des résultats de sondages de toutes sortes, tant sur des futilités que sur les sujets les plus graves. Il n’est pas question de mettre en doute le soin, le « professionnalisme » avec lequel sont faits certains, parmi tant d’autres qu’on peut se contenter d’estimer plus que légers.

 

            Il est des phrases interrogatives qui semblent ne pas demander, tant elles paraissent affirmatives, de réponses et qui pourtant ne devraient être que l’amorce d’un débat ; ainsi, celle-ci : « Comment peut-on être militant d’un parti et ne pas en respecter les règles ? » dans un contexte de candidature à l’élection présidentielle, de candidature à la candidature pour employer une expression à la mode. 

 

           Pour être un de ces candidats à l’intérieur d’un parti, il faut en être un militant. Cela peut paraître évident, comment un parti pourrait-il se reconnaître dans une personnalité qui ne soit pas un militant qui  « joue un rôle actif » dans le parti ? Et cependant ce n’est pas toujours le cas. C’est alors le parti qui se retrouve dans les idées présentées ou dans les actions entreprises par celui qui devient alors son candidat. Au lieu de dire donc que la personnalité en question a adhéré aux idées du parti, disons que celui-ci se range sous la bannière de celui qui désormais le représente.

  

            Mais est-ce que militer pour un parti donné, c’est faire abstraction de ses pensées, de ses idées personnelles, de sa personnalité propre et se soumettre à toutes les directives du parti ? Est-ce négliger l’élément qu’est l’individu au bénéfice de l’ensemble, est-ce se fondre dans un tout qui nous dépasse ? Et cela dépasse la simple notion politique, c’est une question qui se pose en toutes circonstances, même dans des domaines a priori indiscutables.  

 

            C’est tout le sens des rites qui, dans une assemblée quelconque, vous mettent en condition, en condition de faire passer au second plan, quand ce n’est pas à la trappe, ce qui vous est propre afin de vous réduire, car ce ne peut être qu’une réduction au niveau individuel, à un point tel d’être, ainsi élagué, intégré au groupe. N’en déduisons pas que l’appartenance à un ensemble entraîne une réduction globale de la valeur de l’individu.

 

            Ce qui est perdu dans la spécificité de l’individu peut être largement compensé par les apports qu’il reçoit de l’ensemble, et cela est très variable, dépendant tant du groupe que de la personne. Le tout étant de retirer plus de bénéfices (au sens le plus large évidemment) que de pertes, une question somme toute d’efficacité, de rentabilité, si ces termes n’étaient pas galvaudés car ramenés le plus souvent à des considérations purement matérielles, quand ce n’est pas en « espèces sonnantes et trébuchantes » : combien cela peut-il rapporter ? 

 

            Théoriquement, on pourrait concevoir qu’à partir d’un noyau donné, lequel peut se réduire au départ à un seul individu, l’arrivée d’un nouveau venu soit l’occasion pour ce noyau de composer avec lui, de créer donc un ensemble plus important répondant à des « règles du jeu », car il en faut pour définir un ensemble homogène qui se distingue d’autres ensembles, mais que ces règles puissent progressivement évoluer en fonction de la taille du groupe.

 

            Mais comment prétendre former un groupe, un ensemble homogène – et s’il est hétérogène est-ce un ensemble ? – en en faisant varier les règles à chaque nouvelle arrivée ? C’est envisageable dans un petit groupe de quelques unités, mais très vite on arrive à formuler « un règlement intérieur », des statuts (pas seulement pour répondre à des nécessités légales ou administratives), des rites, des habitudes, qui s’imposent aux nouveaux arrivants. Un noyau dur, encore une expression relativement récente, se forme et impose sa loi.

 

            Une loi qui a généralement beaucoup de peine à évoluer par la suite, car le conservatisme prend souvent l’avantage sur le changement, la tradition sur les apports nouveaux. On en arrive parfois à la dissidence quand les bénéfices que tire une fraction de son appartenance au groupe disparaissent devant les difficultés à se faire écouter et à apporter sa participation aux changements désirés.

 

            Les dissidents ne reconnaissent plus une autorité à laquelle ils obéissaient jusqu’alors, autorité qui ne leur semble plus fondée puisque ne répondant pas à leurs nouvelles aspirations. Ils sont le plus souvent considérés comme des renégats, des « personnes qui abjurent leurs opinions et trahissent leur passé », mais est-ce trahir son passé que de changer d’opinion ?

 

            L’être humain n’évolue-t-il pas tout au long de sa vie, tant physiquement – c’est ce qui importe le moins car cela ne devrait ou ne pourrait concerner que lui  - que mentalement – et c’est qui importe dans ses relations sociales au premier chef -, pourquoi conserverait-il toujours les mêmes critères de sélection dans ses aspirations, toujours les mêmes relations avec autrui ? Qui seraient celles de statuts écrits, de rites prônés par d’autres, en d’autres temps, en d’autres lieux, en d’autres circonstances ?

 

            Les rites, les règlements, les lois ne devraient pas être faits pour limiter la liberté de l’individu, mais au contraire permettre à chacun d’exercer sa liberté dans un cadre qui ne nuit pas à la liberté des autres. Si nous étions tous semblables, ces clones les unes des autres, le cas serait bien différent, mais nous sommes tous dissemblables et il nous faut une « réglementation » commune, car ce qui convient à l’un peut ne pas convenir à l’autre et pourquoi l’autre devrait-il en compatir ? 

 

           « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis », entend-on parfois, en réponse au reproche que l’on fait à celui qui change d’avis sur un problème donné, mais l’inverse, les gens intelligents changent d’avis plus facilement, ne l’est pas davantage. Et aussi prétendre que c’est une traîtrise de varier dans ses opinions n’est pas plus juste.

 

            D’un être non affilié à une quelconque organisation, on aura tendance à le qualifier d’instable, ne sachant pas ce qu’il veut, parce que si nous défendons notre capacité au changement, nous l’admettons difficilement des autres, car on ne peut apprécier son propre changement que par rapport à l’immobilité relative de ce qui nous entoure. Mais dans un groupe qui est censé ne pas changer, ou de faire d’une façon déterminée, celui qui n’est pas synchronisé avec le reste du groupe fait figure de traître.    

   

            Revenons à la réflexion initiale : comment peut-on être militant d’un parti et ne pas en accepter les règles ? Phrase qui s’adresse à une militante qui serait candidate à la candidature visant à désigner le futur président de la République. On peut demander à un militant de base de ne pas avoir d’opinions personnelles et d’épouser celles de son parti, ou d’aller voir ailleurs, mais comment imaginer que le président de demain devrait être aux ordres du parti qui l’a soutenu, alors qu’il est le président de tous, et n’a de compte à rendre qu’à la nation ? En attendant, on connaît la formule : se soumettre ou se démettre mais se soumettre  à qui, ou  à  quoi ?  

 

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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 08:18

            Ce qui présente les apparences de la vérité. Mais ce n’est pas du tout ou rien, les apparences peuvent être trompeuses, et chacun accorde plus ou moins son crédit à telle ou telle apparence et ce crédit peu varier d’un moment à l’autre en fonction de peu de chose, liée ou non à la vérité qu’il recherche. A supposer que cette vérité existe évidemment. Comme le sexe des anges, que de discussions (dans le passé quand même) pour savoir si les anges étaient des hommes ou des femmes, où pouvait se trouver la vérité ?

 

            Vous vous faîtes une idée d’une chose, et si d’autres constatations viennent la corroborer, vous en faîtes une certitude. Et inversement, si ce n’est pas le cas, vous changez d’avis. C’est tout le travail de ceux qui cherchent à convaincre. Ils vous assomment de preuves – qui n’en sont pas – si tant est que les preuves ne sont que très rarement irréfutables. Tout dépend de leur accompagnement.  Thomas disait qu’il ne croyait qu’après avoir vu, mais n’arrive-t-il pas que l’on puisse douter de sa propre vision ?

 

            Il est des vraisemblances pour certains qui apparaissent comme des invraisemblances pour d’autres, car nous ne jugeons pas d’un phénomène en fonction de ce qu’il est, si tant est qu’il est hors de toute observation, mais avec tout notre esprit, l’état dans lequel nous nous trouvons certes, mais aussi l’état dans lequel nous nous trouverons suivant le degré de vraisemblance que nous lui attribuerons.

 

            Car ce que nous sommes occupés à examiner présentement ne fait pas référence uniquement à notre passé, mais aussi à nos projections sur l’avenir. Un avenir qui ne nous est pas donné d’avance, mais nous nous construisons inlassablement. Passé, présent, avenir se mêlent, au point  que parfois nous ne savons plus si un événement fait partie de notre passé ou de notre futur, et pas seulement lorsque nous en rêvons.   

 

            Nous ne sommes pas là dans les prémonitions et autres phénomènes de voyance de ce genre, plus ou moins fantaisistes, mais dans une imbrication du temps que nous classons toujours en passé, présent et avenir. Mais qui sait si ce classement est fondamental ou ne correspond qu’à une certaine structure de notre cerveau qui se doit de classer ainsi les phénomènes dans sa nécessité de s’y retrouver ? 

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7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 09:22

            Il paraissait déjà étrange dans le passé qu’on puisse récompenser d’une médaille ceux qui accomplissaient toute leur vie professionnelle dans la même entreprise, sauf évidemment pour les personnes – et il y en avait - qui gravissaient, le temps aidant, tous les échelons de la hiérarchie, débutant coursiers pour terminer directeurs de fabrication par exemple.

 

            Mais comment pouvait-on féliciter ceux qui, entrés à un certain niveau, en ressortaient avec toujours, ou presque, la même qualification, avec un salaire n’évoluant qu’en fonction d’augmentations générales, c’est-à-dire impersonnelles ? En les distinguant de leurs collègues, n’était-ce pas au contraire leur signifier publiquement à quel point leur inertie à évoluer (dans l’entreprise ou en changeant) pouvait mener à la stagnation dans l’emploi ?

 

            Comment en outre pouvaient-ils se trouver motivés à exercer la même profession, à reproduire les mêmes gestes des décennies durant, dans le même environnement, sans que leur rentabilité ne s’en ressente fortement ? Quelle qu’ait été leur formation initiale, ils avaient mis un certain temps à apprendre leur métier, à arriver à bien le posséder et à travailler avec un maximum d’efficacité, pour ensuite, comme tout un chacun, devenir moins productif pour l’entreprise et pour eux-mêmes, et souvent terminer leur carrière dans un état d’esprit peu satisfaisant, attendant la retraite avec impatience ou résignation. Est-ce par compensation à cette triste existence qu’on leur décernait une médaille, accompagné il est vrai d’une petite enveloppe ?

 

            On pensait alors - encore une étrange idée - que si les êtres humains  avaient une durée de vie prévisible et limitée, les entreprises, elles, étaient vouées à l’immortalité. A entrer dans l’une d’entre elles, on pouvait y passer son existence, y faire entrer sa progéniture, sa famille, sans devoir jamais se soucier de devoir chercher ailleurs. Le tout était de voir ses conditions de travail améliorées en fonction de progrès techniques.

 

            Les temps ont bien changé, parce que sans doute rien ne dure indéfiniment, mais les mentalités ne peuvent évoluer que très lentement. Ah, si alors la  mentalité la plus répandue eût été de ne pas hésiter à changer d’emploi, d’assurer soi-même une formation permanente au lieu de se reposer sur sa formation initiale, de veiller à la meilleure culture générale possible, cette culture qui libère et ouvre de vastes horizons, comme le faisaient certains, mais certainement pas les plus nombreux, loin de là, nous aurions passé plus aisément les dernières décennies.

 

            Mais que voulez-vous, on parle encore ces « trente glorieuses » comme si c’était l’âge d’or où tout pouvait nous tomber dans les mains sans le moindre effort, un paradis perdu. C’est oublier un peu vite qu’alors tout n’était pas rose, mais cela permet aujourd’hui à beaucoup de se donner l’occasion de justifier leurs plaintes. Et d’éviter de s’en sortir. Car, enfin, l’être humain, dont on a tant vanté les capacités de tous ordres, s’est-il éteint parce que les difficultés surgissaient ? N’est-ce pas au contraire le propre de l’homme que de savoir s’adapter à toutes les circonstances ?   

 

            Etrange résurgence du passé que ces remises de médailles du travail à des personnes qui auront passé trente, quarante ans et parfois plus encore dans la même entreprise. A y gravir tous les échelons, du coursier au directeur de fabrication comme ce fut parfois le cas, passe encore, mais le plus souvent à occuper le même poste pendant tout ce qu’on peut appeler la vie publique, une vie pourtant si absorbante qu’elle ne permettait guère d’écarts. Comme si, tout jeunes, elles avaient été inféodées à une entreprise considérée comme immortelle. L’être humain pouvait mourir, même à la tâche, il ne faisait que passer dans une entreprise sur laquelle le temps semblait ne pas avoir prise.  

 

            Etrange résurgence d’un passé fait de stabilité, et aussi d’inertie, dans un monde qui bouge plus vite peut-être qu’il ne devrait, mais où se maintenir en place signifie reculer, se soustraire de la mouvance, rester en rade, où il faut toujours se remettre en question pour maintenir la tête hors de l’eau, voire faire partie des gagnants. Quelle signification donner alors aujourd’hui à des remises de médailles commémoratives, celles du travail comme les autres d’ailleurs ?  Donner encore une fois aux récipiendaires le sentiment d’exister dans une société qui les expédie dans l’oubli ? N’est-ce pas un jeu cruel ? 

 

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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 07:02

            On peut s’interroger sur la nécessité de faire apprendre une deuxième, voire une troisième langue à des élèves – ils sont nombreux - qui ont d’importantes difficultés à assimiler correctement leur propre langue maternelle. Certes, cela peut partir d’une intention parfaitement défendable, la facilité qu’aurait les plus jeunes à ingurgiter les connaissances (sic), mais l’enfer aussi est pavé de bonnes intentions.

 

            Et n’est-ce pas un enfer pour ces jeunes d’ingurgiter quelques notions d’anglais par exemple, en lequel ils ne seront jamais capables de s’exprimer correctement, alors que, dans la même charge de scolarité, quelques heures de « rattrapage » en français leur feraient le plus grand bien ? Aujourd’hui, prétend-on, comment se défendre dans la vie, si on ne connaît pas une au moins une langue étrangère ?

 

            Mais pour ne pas être minable à l’étranger, il faut non seulement connaître des mots, mais parler couramment, mieux, se mettre à penser dans la langue du pays, et comment peut-on imaginer que celui qui baragouine dans sa propre langue excellera dans une autre parce qu’un programme scolaire le lui aura imposé ?  On prétendra que l’anglais est une langue si répandue aujourd’hui (demain, le chinois peut-être et après-demain, pourquoi pas l’arabe ou le russe) qu’elle est LA langue d’échange incontournable, comme l’était d’ailleurs le français jadis.

 

            Mais la langue maternelle d’un peuple entraîne la dominance – intellectuelle toujours et souvent politique - de ce peuple sur ceux qui utilisent cette langue qu’ils ne maîtrisent qu’imparfaitement, à quelques exceptions près évidemment, lesquels prennent l’ascendant sur leurs compatriotes pour se faire les intermédiaires entre le peuple dominant et les dominés. La colonisation à grande échelle du passé est là pour en témoigner, mieux vaut imposer sa langue, et les manières de vivre qui vont avec, que de déployer des bataillons.    

 

            Une langue d’échange pour toujours mieux se comprendre, oui, mais pas la langue des uns qui s’impose aux autres par l’usage répandu qu’on en fait, une langue qui n’appartient à personne, que tout le monde peut parvenir à manier aisément parce que relativement facile à apprendre, pourquoi pas l’espéranto ? Pourquoi ne pas l’inscrire au programme scolaire des langues vivantes, puisqu’on tient à en enseigner au moins une ?

 

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