Après les attentats de Paris et surtout celui de Nice du mois dernier, le mot d’ordre était de montrer aux terroristes que l’on n’avait pas peur, et que, loin de se retrouver moins nombreux désormais dans les manifestations, tout au contraire on veillerait à augmenter encore le nombre de participants, les forces de sécurité se déployant en conséquence. Et chaque organisation se félicitant ou se désolant suivant les cas.
Mais ces horribles meurtres ne devraient-ils pas aussi être l’occasion, si possible, de prendre un peu de recul et de se poser une question : les manifestations de masses imposantes sont-elles la meilleure expression du « bien vivre ensemble » ? N’est-ce pas au contraire, dans des manifestations collectives d’ampleur plus raisonnable que peut mieux s’exprime ce noble sentiment ?
Dans une foule énorme, nous ne sommes plus nous-mêmes, mais anonymes parmi d’autres tous aussi anonymes, tandis que dans une assemblée d’ampleur plus modeste, nous entretenons avec notre voisinage de véritables relations humaines et pouvons apprécier individuellement le plaisir de « bien vivre ensemble », quelles que soient notre origine, notre condition sociale, notre religion, notre passé, chacun étant un cas different des autres.
Et si le carnage de Nice avait changé, dans le bon sens, nos comportements, les innocentes victimes n’auraient pas été lâchement assassinées sans que nous en tirions un enseignement de vie en société dès à présent. Pour rendre hommage à leurs sacrifice, nous leur devons bien cela, n’est-ce pas ?