Ai-je l'impression de perdre mon temps au volant dans les embouteillages ? Ça dépend , et ce n'est pas une réponse de Normand. Car, avec près de deux millions de kilomètres au compteur, j'en ai coonu, des embouteillages, et je les classerai pour simplifier en deux types : les ralentissements et les bouchons.
Les ralentissements, les vrais, c'est l'horreur. Ça dure un temps fou, on avance pas à pas (si l'on peut dire) sur dix ou vingt kilomètres, sans cesse sur ses gardes, car, s'il s'agit de ne pas heurter la voiture qui est devant, toujours rester maître de sa vitesse même lorsque celle-ci tangente le zéro, il s'agit aussi de ne pas se faire enfoncer par derrière, de la faute d'un conducteur que l'on estime par principe moins prudent que nous. L'horreur donc, impossible de se concentrer sur autre chose que la route pour occuper notre esprit. C'est vraiment du temps perdu !
Tandis que les bouchons, les vrais, c'est autre chose. A moins de devoir y passer la nuit, dans le brouillard, la neige ou le verglas, encore qu'alors ça laisse un fameux souvenir par la suite qu'on peut raconter une fois à bon port, non, les bouchons classiques, ceux où l'on est vraiment coincé, au point que certains n'hésitent pas à couper le contact pour éviter de tomber en panne de carburant, alors là, ce n'est pas du temps perdu.
On peut s'adonner à ses pensées en toute sérénité, et, pour peu qu'elles n'aient pas trait à la circulation routière, elles permettent parfois de régler des problèmes qui nous trottaient dans la tête depuis longtemps et pour lesquels on ne prenait jamais le temps nécessaire à leur résolution. Avec cette remarque que nous sortons tout naturellement : « Ah ça alors, je n'ai vraiment pas perdu mon temps ! » Et le bouchon entre temps a disparu, on en est presque déçu !