Le blog de Francis Baussart

Ecrire est une activité humaine qui se perd, non seulement à la plume, mais aussi au stylo à bille. Beaucoup de nos compatriotes passent des journées entières sans tracer le moindre signe sur le papier, à part une signature de temps à autre sur un document pré rempli. La frappe sur un clavier a remplacé l'écriture manuscrite, mais, même alors, qui donc remplit encore des pages et des pages d'écriture pour exprimer ce qui lui passe par la tête ?

Heureusement que le blog est né, ce qui a redonné à bon nombre d'entre nous le goût d'écrire. Des blogs, il y en a de toutes sortes, beaucoup trop d'anonymes certes, mais n'est-ce pas satisfaisant pour l'esprit que de le savoir. Tous ne sont pas intéressants pour le lecteur, sinon pour l'auteur, mais lorsqu'on en sélectionne un bon, c'est-à-dire celui qui convient à nos propres dispositions, on ne le lâche pas, mieux, on lui envoie nos commentaires, lesquels alors sont le témoignage d'un contact que l'auteur du blog apprécie, car ils lui apportent la preuve qu'il n'écrit pas que pour lui.

L'un d'eux n'écrivait-il pas : « Si mon blog s’intitule « De la simple opinion à une plus mûre réflexion », ce n’est pas parce que, lorsque le sujet porte sur des articles dont j’ai pris connaissance, je considère qu’ils n’émettent qu’une simple opinion que je me dois de transformer par une plus mûre réflexion, je n’ai pas cette prétention, mais que la simple opinion que je pourrais avoir, et d’autres aussi, à leur sujet, vaut bien de ma part, tant ils retiennent mon attention, un approfondissement tout à fait personnel. Je ne perçois pas pour autant la nécessité de voir cette réflexion s’imposer aux autres comme étant une quelconque vérité, attendant de leur part davantage d’objections que d’approbations ».

Vivre en permanence dans un monde aussi bruyant que le nôtre, le jour mais aussi parfois, et même souvent la nuit, on serait tenté de croire que le premier souci qu'aurait tout être humain urbain normalement constitué serait de s'échapper de ce monde dès qu'il en a la possibilité, c'est-à-dire de passer ses loisirs dans un endroit le plus calme possible afin de « recharger ses batteries » pour se retrouver en forme et affronter le brouhaha dès son retour.

Eh bien, non, la plupart des gens recherchent des loisirs tout aussi bruyants que ceux qu'ils subissent dans leur vie quotidienne, ils fuient les lieux où rien ne se passe, et donc ne trouvent pas l'équilibre qui pourtant leur serait nécessaire. Ils craignent plus que tout de s'ennuyer et pour éviter cela, se voient créer des loisirs qui ne différent finalement bien peu de leur vie quotidienne habituelle sauf que, peut-être, ils ont la liberté de les choisir alors que le travail leur apparaît fastidieux parce que toujours imposé.

Mais alors, s'ils recherchent la liberté pour se sentir heureux, pourquoi n'adopteraient-ils pas, au lieu de faire ce que l'on aime, la formule aimer tout simplement ce qui est à faire et que l'on fait ? On peut être alors satisfait, tant les jours de travail que ceux de repos, c'est-à-dire tous les jours de l'année !

On n'arrête pas le progrès ! Chaque jour qui passe, chaque heure peut-être, nous apporte son lot de créations inédites, de choses très diverses qu'on n'imaginait même pas juste avant, et qui, non relevées de suite, sont aussitôt balayées par d'autres, chacune nous étant pourtant présentée comme étant d'un intérêt certain, et toujours, absolument toujours, fait pour nous faciliter l'existence, cette existence que pourtant on trouve de plus en plus difficile à vivre... Chose utile ou nouveau gadget ? On peut quand même se poser la question avant d'en faire l'achat...

Ce qu'il nous faudrait, à tous, c'est, de temps à autre, un temps de pause pendant lequel aucune information nouvelle ne nous parviendrait, où notre souci serait d'assimiler ce qui existe déjà, d'en tirer la quintessence, et pas seulement le superficiel, mais cela, collectivement, dans le cadre de la mondialisation, nous est impossible, Alors, reste à chacun d'entre nous, pris individuellement, de prendre de bonnes résolutions, comme celle de savoir prendre son temps, un certain recul, au lieu de s'emballer sur les nouveautés, et, parfois, de savoir faire une vraie pause alors que le monde s'affole ou tourbillonne autour de nous... Evidemment, pour en être capable, il faut avoir un certain bon sens, et ce n'est plus aujourd'hui ce qui est le mieux partagé...

Pas sûr que chaque passant apprécie la moindre note de musique qui s'échappe d'un instrument tenu par un de ces musiciens qui utilisent le trottoir pour décliner les notes de la gamme. Là comme ailleurs, il y a les meilleurs, les bons, les moins bons, et les franchement mauvais. Mais une chose est sûre, celui qui espère recevoir quelque monnaie en retour de sa prestation, s'attelle au donnant-donnant, au lieu de vouloir recevoir sans rien donner, même pas un sourire.

Et parmi ces musiciens, les bons évidemment, il en est dont la présence est désirable, comme au temps jadis où leurs ancêtres peuplaient les rues. Nous n'en avons pas individuellement le souvenir, mais on nous l'a raconté dans nos livres d'histoire, on en a fait des films, c'était, à y croire, le bon temps où la rue vivait pleinement, ce qui n'est vraiment plus le cas aujourd'hui.

Les temps ont bien changé, le progrès est passé par là et pourtant une question se pose : les gens du Moyen Âge se sentaient-ils, globalement, plus malheureux que nos compatriotes maintenant, lesquels retrouvent, avec leurs musiciens de rue, un plaisir d'écoute qu'ils croyaient avoir à jamais perdu. Un retour aux sources en quelque sorte...

Qu'un viol se produise et ne soit jamais rendu public, on peut le comprendre (ce qui ne signifie nullement l'excuser), mais, au XXIème siècle et en France, le pays des Droits de l'Homme, qu'un violeur puisse agir impunément pendant dix ou vingt ans sur des mineurs et ne pas être inquiété, cela dépasse l'imagination. Quelle loi du silence permet ainsi d'accomplir l'impensable, même si, presque par hasard, la vérité parvienne finalement à éclater ?

En des temps plus anciens, on pouvait encore l'admettre mais aujourd'hui, alors que tant d'informations circulent, qu'on est littéralement noyé sous des nouvelles sans la moindre importance, comment se fait-il que de tels crimes puissent rester impunis, qu'un violeur en série puisse encore espérer, avec un peu de « chance », s'en tirer et ne jamais être découvert ?